LE DEBUT DE LA GLOIRE
Pour combattre avec les Maserati et les Alfa Romeo, Enzo Ferrari doit rapidement faire évoluer son moteur V12. La cylindrée grimpe ainsi à 166 cm3 unitaires, ce qui donnera naissance à plusieurs variantes de la Ferrari 166, dont la mythique 166 MM...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
En 1948, la Ferrari 166 Spider "Corsa" remporte la célèbre Targa Florio et les fameux Mille Miglia. Ces succès en compétition vont faire connaître Ferrari encore plus largement et de nombreux clients, des "gentlemen drivers" vont manifester leur intérêt pour acquérir des moteurs et châssis de la marque. Basée sur le même châssis que la 125 S et la 159, avec un empattements allongé (2m40), la 166 Sport va donner naissance à 3 variantes initiales, coupé et barquette carrossées chez Allemano et un coupé Touring notamment, qui va faire entrer pour la première fois Ferrari sur le marché des "Grand Tourisme" par le biais de la 166 Inter.
FERRARI 166 MM
Au salon automobile de Turin, le 14 septembre 1948, la Ferrari 166 Inter Berlinetta fait son apparition, accompagnée par la 166 MM (pour Mille Miglia) Barchetta qui repose sur un empattement de 2200 mm. C'est la Carrozeria Touring Superlegerra basée à Milan qui est chargée d'habiller ce châssis avec une carrosserie fixée par panneaux sur une charpente de minces tubes d'alliage léger et non sur une charpente en bois comme avant-guerre. La 166 MM était, selon le souhait d'Enzo, en complète rupture avec la tradition des voitures de sport d'alors qui utilisaient principalement des carrosseries étroites avec des roues non carénées, ou simplement pourvues de garde-boues type "mobylette".
Bien sûr, des châssis nus sont aussi vendus et carrossés au choix du client. On peut citer notamment la Stablimenti Batista, maison fondée par le grand frère de Pinin, ou Alfredo Vignale et Giovanni Michelotti, tous deux transfuges de chez Farina, ou encore Zagato et Ghia.
LA 166 MM BARCHETTA
La "Barchetta" introduisait un tout nouveau concept qui fût ensuite largement repris. Le journaliste Giovanni Canestrini, de la "Gazzetta dello Sport", définissait la "Barchetta" comme une ligne plus proche du bateau que du Spyder. Le génie de cette prouesse ne revient pas qu'au carrossier puisque Gioachino Colombo était aussi l'un des rares à pouvoir adapter la mécanique au dessin.
Le moteur de la 166 était son 12 cylindres en V à 60° inauguré sur la Ferrari 125 S, et dont la cylindrée avait grimpé à 1995 cm3 (166 cm3 par cylindre) pour atteindre une puissance variant de 110 ch, avec 1 carburateur double-corps Weber 32 DFC (comme sur la 166 Inter ou la MM engagée au Mans, volontairement "bridée" pour favoriser fiabilité et consommation), à 160 ch à 7200 tours/mn sur la 166 MM avec 3 Weber 32 1F4C.
LA FERRARI 166 MM EN COMPETITION
L'année 1949 est un grand cru pour Ferrari qui va s'imposer pour la première fois aux 24h du Mans avec le couple de pilotes Chinetti-Selsdon aux volant d'une 166 MM, face aux plus grands constructeurs : Delage, Aston Martin, Talbot et bien d'autres. L'écho international de cette compétition va assoir la position de Ferrari au sommet des constructeurs de voitures de sport.
1949 consacre la première présence de Ferrari au salon de Paris, où deux barquettes 166 MM entourent un coupé 166 Inter Touring sur le stand au cheval cabré. 32 exemplaires de la 166 MM et 37 166 Inter seront construits. |