LEGENDE
La lignée des Ferrari 250 comporte les plus beaux joyaux de la marque, celles qui battent régulièrement tous les records d'enchères à travers le monde. Parmi ces trésors, la légendaire 250 Testa Rossa attise la passion des collectionneurs. Produite à seulement 19 exemplaires, cette redoutable voiture de course offra à Ferrari le titre de champion du monde des constructeurs de voitures de sport et un nombre spectaculaire de victoires. Aujourd'hui encore, cette barquette de piste offre des performances impressionnantes.
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : RM Auctions
En 1956, la Commission Sportive Internationale (CSI) est amenée à reconsidérer les règlements du sport automobile après le tragique accident de 1955 aux 24 Heures du Mans, doublé d'une autre tragédie à la Mille Miglia 1957 qui conduria à l'arrêt de l'épreuve. Après de multiples négociations, il est finalement décidé de limiter la cylindrée à 3000 cm3 pour la saison 1958. Mais bien avant l'annonce officielle en septembre 1957, Ferrari avait déjà mis en chantier sa nouvelle voiture de sport : la 250 GT avec un V12 3.0L de 260 ch. Alors que de nombreux autres constructeurs se montrent hostiles à la nouvelle règlementation (Jaguar, Lotus et Aston Martin notamment vont se retrouver pris au dépourvu), Ferrari poursuit la mise au point de son nouveau moteur. Aux 1000 km du Nürburgring, le même moteur 3.0 est monté dans un châssis de 290 MM qui devient le premier prototype de la 250 TR (n°0666). Un second prototype avec un moteur légèrement réalésé à 3,1L pour 320 ch à 8000 tr/mn est confié à la carrosserie Scaglietti qui va réaliser une surprenant barquette à "ailes pontons" dont la ligne deviendra aussi légendaire que le palmarès sportif. La 250 TR est née. Dotée d'un essieu arrière De Dion sur les voitures d'usine (contre un essieu rigide sur les modèles client), la 250 Testa Rossa destinée à remplacer la 500 TRC, est présentée à Maranello le 22 novembre 1957 dans sa version compétition-client.
CONCUE POUR LA COMPETITION
Bien que jugée légèrement obsolète par la presse avec ses feins à tambours et sa structure tubulaire en acier plutôt lourde, la Ferrari 250 TR démontre rapidement son potentiel en compétition. Le principal rival étant Maserati avec sa 300 S qui remplace la redoutable 450 S devenue inéligible. La première voiture engagée par l'usine dans le championnat est le prototype équipé du nouveau 3 litres dérivé du V12 Colombo équipant la 250 GT.
LES CULASSES ROUGES
Un important travail a été effectué sur les culasses, qui sont peintes en rouge comme sur la 500 TR. TR, comme Testa Rossa, pour "tête rouge" et 250 pour la cylindrée unitaire de chaque cylindre . Pour atteindre le rendement spectaculaire de 100 ch/L, l'alimentation est assurée par une batterie de 6 carburateurs Weber double corps de 38 mm. Le châssis utilisé est celui de la TRC, dont on a allongé l'empattement de 10 cm (2m35).
DANS LA COURSE !
Le début de la saison 1958 donne raison à Ferrari et l'absence de concurrents sérieux concède une écrasante domination à la 250 TR. A la Targa Florio, aux 100 km de Buenos Aires, aux 12H de Sebring, victoire Ferrari. Il n'y a qu'aux 1000 km du Nurburgring où à la faveur d'un changement de règlement sur la quantité de carburant autorisée pénalsiant Ferrari, Aston Martin empoche la victoire avec sa DBR1. Aston est d'ailleurs le seul rival capable de contester la victoire du championnat. En juin, aux 24H du Mans, Ferrari qui a sécurisé le titre constructeur engage 2 Testa Rossa au nom de la Scuderia Ferrari. Elles sont appellées 250 TR58, pour se démarquer des 8 autres 250 TR clients. Phil Hill et Oliver Gendebien confirment la victoire générale de Ferrari dans le championnat et à l'épreuve reine de l'endurance. Deux autres Testa Rossa privées terminent la course 6ème et 7ème tandis que Mike Hawthorn s'offre le meilleur tour en course à la vitesse moyenne de 195,4 km/h !
FIN DE CARRIERE
A la fin de l'année 1958, 19 exemplaires de la 250 TR auront été construits et livré, Ferrari mettant un terme au modèle pour se consacrer à ses évolutions "usine", la 250 TR/59 (ou "Spider Fantuzzi", 5 exemplaires dessinés par Pininfarina allégés à 750 kg et dotés de freins à disques), la 250 TRI/60 et 250 TRI61 (nouveau châssis plus rigide de type space frame). Jusqu'en 1961, la 250 TR empochera 10 victoires dans 19 championnats internationaux. Mais un nouveau changement de règlement obligera finalement Ferrari et les autres constructeurs à abandonner les 250 TR pour utiliser des versions GT de leurs voitures dans le championnat mondial 1962. Les voitures d'usines furent donc ensuite revendues à de très bons clients privés. L'expérience de la 250 TR restera toutefois majeure dans l'histoire de la marque et profitera directement à la non moins fabuleuse 250 GTO...
RM Auctions en association avec Sotheby’s mettra aux enchères cette magnifique Ferrari 250 TR de 1957 (chassis no. 0714TR) à l'occasion de la vente "Ferrari Leggenda e Passione" à Maranello, le 17 mai 2009. www.rmauctions.com
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