UN
R A LA SAUCE BRITANNIQUE
Chez Jaguar, la berline statutaire
XJ est devenue une institution. Depuis plus de 30 ans, la XJ hante
les routes et les esprits, et elle se drape dans son intemporelle
élégance pour snober le modernisme de ses rivales.
Toutefois, la concurrence est devenu plus rude que par le passé,
et la reprise par Ford de Jaguar en 1987 a porté ses fruits.
La nouvelle XJ est totalement inédite et dispose d'un V8
compressé de 395 ch dans sa version R. Moteur !
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
En 1968, Jaguar dévoile sa nouvelle
berline qui va succéder à la lourde mais néanmoins
élégante 420 G. Elle va d'ailleurs reprendre toute
la partie avant, mais c'est l'arrière et le profil de l'auto
qui vont être affinés. La Jaguar XJ, puisque c'est
son nom, va alors marquer les esprit et posséder une aura
sans pareille. Cette aura va lui permettre de traverser les décennies
avec son élégance coutumière. La Jaguar XJ
connaîtra trois évolutions majeure et ce n'est qu'en
1993 qu'elle disparaîtra définitivement au profit de
la génération XJ 40. En réalité, dès
87 la première XJ est remplacée, mais uniquement en
version 6 cylindres, car la nouvelle carrosserie des XJ 40 n'a pas
été prévue pour accueillir le V12 ! Au milieu
des années 90, exit les lignes et les phares carrées,
et Jaguar et sa X300 renoue avec des lignes fluides des premières
XJ avec des double optiques séparées. Autre bonne
nouvelle, la fiabilité ne cesse de progresser au fil des
générations. Alors que les premières générations
de 1968 à 1993 ont connu bien malgré elles les conséquences
des errements de British Leyland, avec une fiabilité catastrophique.
Mais le pouvoir de séduction des Jaguar est tel, que la marque
a réussi à affronter les tempêtes. Pour remplacer
la génération X300, Jaguar a revu sa copie mais en
préservant l'esprit XJ
LA PLUS BELLE BERLINE DU MONDE !
Lors de la présentation de la première XJ en
1968, très rapidement, et à l'unanimité, on
lui colla l'étiquette de " la plus belle berline du
monde ". Et il est vrai qu'au fil des génération,
la lignée des XJ a toujours dégagé une classe
à part, une sorte d'art de vivre. On achète une berline
allemande pour son homogénéité, son compromis
général, tandis que l'acheteur d'une Jaguar achète
un art de vivre. Alors cette nouvelle XJ ? Fidèle aux traditions
? Assurément, car si l'on jette juste un coup d'il
à la nouvelle venue, on constate une fidélité
absolue à la lignée des XJ avec une parenté
marquée aux premières XJ. Ainsi, même la poupe
reprend le léger décrochement sur la malle provenant
du dessin des feux. Avec sa parure de sportive, les monogrammes
" R " fleurissent sur la carrosserie, les jantes à
bâtons prennent du volume et l'auto semble plus basse sur
ses roues. Si on détaille l'ensemble de l'auto, on constate
néanmoins de vraies différences qui marque l'évolution
de Jaguar pour se rapprocher des standards du segment. L'empattement
a été allongé, le porte-à-faux avant
à été raccourci, tandis que la hauteur de la
carrosserie est supérieure à la génération
X300 ce qui se ressent à la garde au toit pour les passagers
arrière, et également à la hauteur de coffre.
N'allez cependant pas croire que désormais une Jaguar est
aussi habitable qu'une Mercedes Classe S ou une Audi A8. L'ambiance
cosy et confinée des berlines de Coventry est préservé
FINITION SO BRITISH !
A l'inverse de BMW et ses choix osés en matière
de style et d'habitacle, Jaguar est resté fidèle aux
traditions de la marque. Un intérieur d'une XJ se doit de
comporter du cuir, du bois, du luxe et de la moquette épaisse
le tout avec une planche de bord au dessin classique. Ouf ! Tout
les ingrédients du félin bondissant sont là
! La seule différence par rapport à avant est l'équipement
très haute technologie (pour une Jaguar) qui est masqué
par cet univers classique. Tous les derniers raffinements en matière
de confort et d'équipements sont présents, et Jaguar
n'a désormais plus à rougir face à ses rivales
prestigieuses.
MOTEUR
Le V8 présent sous le capot de la Jaguar XJR, est bien
connu des fans de la marque, puisqu'il est déjà sous
le capot de la S-Type R et du coupé XKR. Ce V8 de 4,2 litres
est déjà monté en version atmosphérique
dans des variantes intermédiaires. Mais ici, un compresseur
volumétrique Eaton amène un surcroît de puissance
et de couple. Les 395 ch et surtout les 541 Nm de couple à
3 500 tr/mn sont donc bien appréciables et autorise des performances
de premier ordre. La boîte automatique est imposée.
C'est la boîte ZF à 6 rapports qui a avantageusement
remplacé les anciennes boîtes auto qui étaient
montées auparavant sur les premières Jaguar S-Type.
SUR ROUTE
A la rédaction de l'Automobile Sportive, nous avons
toujours eu des difficultés à demeurer impassible
devant les lignes Jaguar. Cette nouvelle mouture de la lignée
XJ ne déroge pas à notre sentiment. Quelle ligne !
Quelle prestance ! Est-ce sa nouvelle coque tout en alu (méthode
Space Frame comme sur les Audi A8) qui lui donne ce sentiment de
légèreté et de finesse ? Visuellement certes
pas, mais plus tard, volant en main, la différence avec la
génération X300 sera significative. A l'intérieur,
le plaisir des yeux et des sens se poursuit. Luxe et raffinement
sont présents avec des touches High Tech sans tomber dans
les excès de la dernière BMW série 7. Il subsiste
toujours quelques commodos et quelques plastiques déplacés,
issu du groupe Ford. Mais ne faisons pas trop la fine bouche, car
cette XJ s'aligne au niveau de ses concurrentes. Une fois ce V8
en température, il est temps de bousculer un peu cette belle
britannique. Kick-down sur la boîte ZF et le V8 gronde sous
le long capot avant. Les poussées sont bien là et
les reprises vigoureuses. Ce qui surprend finalement, comme avec
ses concurrentes directes, c'est la facilité déconcertante
à rouler fort et vite. La suspension CATS (amortissement
piloté) fait merveille la structure plus légère,
grâce à la coque alu, se fait sentir. Si les anciennes
XJR (en X300) étaient performantes mais pataudes, la nouvelle
se veut plus agile et efficace. Tant sur le chrono que sur les sensations
de conduite. Un bémol cependant : l'agilité de la
XJR, si elle est en progrès, est encore à la peine
dès que les routes se rétrécissent et se tortillent.
Pour la spéciale de rallye, passez votre chemin. Ce n'est
certes pas son objet premier, mais on regrette que les performances
et le potentiel réellement époustouflant de ce V8
compressé ne puisse être utilisé partout et
toutes circonstances. Le freinage est d'une efficacité et
d'une endurance prouvée grâce à l'emploi notamment
d'étriers Brembo, comme sur le coupé XKR. Avec 25
secondes et des poussières sur le mille mètres, vous
serez en plus à l'abri des berlines mazoutées, ce
qui évidemment nous fait énormément plaisir.
:: CONCLUSION
Une Jaguar belle à mourir avec un respect de la tradition et
un gros cur sous le capot n'est pas pour nous déplaire,
bien au contraire. Le compromis global offert est tel, que nous craignons
même que le coupé XKR y laisse de nombreuses plûmes
et n'offrant en échange que sa ligne inimitable. Les prestations
offertes avec la nouvelle XJ (garantie et entretien) rassure en outre
définitivement l'acheteur sur les affres du passé en
matière de fiabilité. La seule interrogation concerne
la capacité du réseau Jaguar européen à
réparer les caisses en alu
Sinon, cette nouvelle XJ satisfera
pleinement les amateurs de la marque de Coventry, et pourrait même
tenter des nouveaux fidèles.
CE
QU'EN PENSENT NOS CONFRERES :
"Ainsi,
la XJR avec son V8 compressé est à peine plus lourde
qu'une Audi S4. Cela se ressent évidemment à son volant
puisqu'il est difficile de se rendre compte que l'on est à
bord d'une berline de plus de 5 mètres de long. Pourtant,
si la nouvelle XJR ne manque pas d'agilité, elle ne prétend
pas être une sportive. Elle préfère offrir luxe
et raffinement à son bord plutôt que d'aller jouer
sur circuit. Il n'empêche que les 395 ch de son 4,2 litres
lui assurent des performances plus que respectables et la mettent
hors de portée des " mazout " aux dents longues.
La suspension CATS privilégie le confort au détriment
de l'efficacité sportive sans pour autant engendrer des mouvements
de caisse inconsidérés. Dotée d'un comportement
rigoureux, d'un charme britannique indéniable et de performances
alléchantes, la Jaguar peut prétendre attirer des
clients lassés des voitures allemandes."
AUTO HEBDO - 20 août 2003.
"Un
châssis plus typé sport n'aurait sans doute pas fait
de tort pour contrer le manque d'agilité et ce nez qui "
s'écrase " dans les courbes serrées. De même,
une monte pneumatique plus adaptée aux velléités
sportives de l'engin aurait été la bienvenue. En revanche,
côté freinage, pas de souci : les disques et les étriers
Brembo du coupé XKR veillent au grain."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - Guide d'achat 2003-2004. |