L'EXIGEANTE
Lotus, un grand nom de l'automobile et pourtant un très petit constructeur. Le petit artisan a justement le chic pour faire parler de lui et nous mettre régulièrement la bave aux lèvres avec des créations extraordinaires. L'Exige 240R fait partie de ces sucreries acidulées comme on les adore. Commercialisée en très petite série au cours de l'année 2005, l'Exige 240R concentre le meilleur du savoir faire de la firme d'Hethel. Un plaisir de collectionneur, à déguster sans modération, et sur circuit avant tout...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
En 2005, Lotus a présenté au salon de Genève une nouvelle version de l'Exige, baptisée "Lotus Sport Exige 240R". Une petite série limitée, insignifiante à l'échelle d'un marché national, mais une nouvelle qui a fait grand bruit. Imaginez que la Lotus Exige, avec son 1.8 toyota déchaîné n'avait djà pas l'allure d'une flemmarde, mais là, Lotus sort carrément le grand jeu. Construite et assemblée au siège de la marque à Hethel, la voiture a été dévelopépe et peaufinée sur la célèbre piste d'essai de la maison par le département compétition "himself", à savoir Lotus Sport...
DESIGN
Comme tout collector, l'Exige 240R marque sa différence : choix de couleur extérieure jaune "Lotus Sport Yellow" ou noir "Lotus Sport Black", idem à l'intérieur, cuir noir et jaune imposé, et aucune option au catalogue ! Un bon moyen d'arriver plus rapidement... à la fin du bon de commande. D'ailleurs, il ne fallait pas traîner car les 50 exemplaires se sont arrachés dans la semaine qui suivit la présentation officielle ! Malgré tout, l'Exige 240R n'est étonament pas avare d'équipements : air conditionné, lèves vitres électriques, fermeture centralisée des portières et antidémarrage avec alarme à commande à distance sont ainsi fournis de série. Le pilote appréciera encore plus les superbes sièges baquets avec harnais 4 points homologués FIA. Une fois arnaché dedans, difficile de s'en extraire, d'ailleurs les grands gabarits se trouveront un peu à l'étroit dans l'Exige. Tournée avant tout vers le sport, la Lotus Exige 240R n'oublie pas un zest de superflu, comme l'autoradio CD/MP3 haut de gamme sensé couvrir les hurlements et les sifflements du moteur. Une plaque numérotée en aluminium est fixée au châssis côté passager. Ultime attention, surement très appréciée de tout amateur d'automobile d'exception, une lithographie numérotée en correspondance avec la voiture était livrée sous verre à son propriétaire avec le véhicule. La classe, comme on dit. Faisons justement un petit tour du propriétaire. La 240R se donne indéniablement des allures de voiture de course avec ses nombreux dispositifs aérodynamiques : Fond plat, aileron arrière, bouclier avant déporteur, extracteur d'air arrière, écopes d'alimentation d'air latérales, jantes noires (avec la teinte jaune, grises avec le noir) en aluminium forgé et chaussées de pneus semi-slick Yokohama; aucun doute que tout ça n'est pas là pour la frime ! L'intérieur comporte des sièges sport et des harnais 4 points fixés à une barre transversale. Les nouvelles jantes 5 branches en aluminium forgé sont plus larges que sur la Lotus Exige standard afin de permettre le montage des pneus Yokohama A048 livrés en standard.
MOTEUR
Depuis 2004, Lotus a abandonné le petit 1.8 K Rover au profit - et ce n'est pas peu dire (!) - du 4 cylindres en ligne de 1796cc d'origine Toyota type 2ZZ-GE VVTL-i. Véritablement débridé, ce moteur atmosphérique nippon associe une excellentte fiabilité à un caractère extrêmement sportif, délivrant son couple et sa puissance dans les plus hautes rotations à l'image des célèbres VTEC Honda. Malgré tout, l'Exige n'étant plus toute légère, façon de parler car 875 Kg à vide en version de base c'est remarquable, certains client très exige-ants pouvaient lui reprocher un léger manque de punch en reprises. Aussi, la solution ne s'est pas faite attendre, Lotus Sport ayant déjà expérimenté avec succès la suralimentation sur le moteur Toyota, il fût décidé de lui adjoindre un compresseur volumétrique basse pression Eaton, aidé par un changeur air-air situé au dessus du moteur et alimenté par une prise d'air située sur le toit. Toute la partie allumage et injection électronique possède une cartographie spécifiquement adaptée par Lotus tandis qu'on peut également noter un graissage par carter humide avec accumulateur de pression d'huile anti-déjaugeage "Acusump" disposé dans le coffre arrière. Après greffe, le 1.8 sort de ses trippes une puissance remarquable de 247 ch DIN à 8000 tr/min pour un couple maxi de 236 Nm à... 7000 tr/min ! Amateur de moteur pointu bonjour ! Le rendement spécifique est de haut niveau, dépassant 137 ch/L tout en respectant les émissions polluantes normalisées grâce au catalyseur 3 voies. Particularité du nouveau moteur, un pic de régime à 8500 tr/mn est autorisé pendant 2 secondes seulement, le rupteur "normal" étant fixé à 8000 tr/mn. Malgré tout, le moteur gagne énormément en souplesse à bas régime et le creux observé sur la version atmo entre 5 et 6000 tr/mn disparaît complétement. Dès 4500 tr/mn le moteur entre en pline respiration et affiche quasiment tout son couple, ce qui se ressent par un surplus de punch évident, ainsi que des reprises bien plus franches. Plus linéaire, il est vrai, le 1.8L anglo-japonais ne perd pourtant rien en caractère, bien au contraire. le comrpesseur permet d'ailleurs de conserver une progressivité et un relief proche d'un moteur atmo, contrairement au turbocompresseur. Seul le sifflement obstinant du compresseur vient ternir le tableau sur le plan sonore.
La transmission, aux roues arrières comme il se doit, utilise une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports d'origine Toyota également, positionnée transversalement sous le moteur. Son maniement est du genre "bien ferme" et la commande pêche un peu
par un guidage approximatif. On s'étonne également de l'absence d'autobloquant compte-tenu du coffre supplémentaire du moteur. Côté performances, Lotus annonce une vitesse maximale de 249 km/h, un 0 à 96 Km/h en "moins de 4 secondes" et pour passer de 0 à 160 km/h, il faudrait "moins de 10 secondes". C'est un peu vague mais en même temps très explicite sur le potentiel réel de l'engin. A la vitesse maximale, les dispositifs aérodynamiques génèrent un appui de 113 kg permettant d'augmenter l'adhérence, la stabilité et, de fait, l'efficaicté et la sécurité.
CHASSIS
Avec son châssis coque en aluminium extrudé et collé (brevet Lotus) la Lotus Elise se distingue, depuis sa sortie en 1996, par une rigidité irréprochable. L'Exige en rajoute même une petite couche avec son toit en dur. L'ensemble supporte moteur et suspensions par l'intermédiaire de faux-châssis avant et arrière rapportés, selon la tradition Lotus. Les sièges et l'habitacle sont fixés directement sur la "baignoire". La suspension à 4 roues indépendantes avec triangles superposés et combinés ressorts courts Eibach amortisseurs Öhlins à l'avant se complète d'une barre anti-roulis réglable. La géométrie du train avant est entièrement réglable selon les goût du client, ou la configuration du circuit. Les amortisseurs télescopiques à réservoir séparé sont réglables séparément en compression et détente tandis que même la hauteur de caisse est réglable par corps fileté. A l'arrière, même traitement : triangles superposés et barre de parallélisme, combinés ressorts-amortisseurs et géométrie entièrement réglable. la direction à crémaillère, non assistée, offre un feeling digne d'une voiture de course, avec 2,8 tours de butée à butée.
Le freinage évolue peu sur l'Exige 240R. On trouve toujours à 4 disques ventilés percés de 282 mm de diamètre et 26 mm d'épaisseur, avec double circuit croisé et assistance par servo à dépression. Lotus Sport ajoute des plaquettes renforcées dans les étriers avant à double pistons d'origine AP Racing. les quatre sont peints en jaune, même si ceux de l'arrière sont de simples étriers flottants monopiston Brembo. En complément, Lotus fait une entorse à sa tradition, avec un ABS 4 voies monté d'office et non déconnectable. Optimisé pour usage circuit, il n'intervient que discrètement, juste pour vous éviter de faire des plats sur les magnifiques pneus Yokohama Advan type A048 montés sur des jantes en alliage léger forgé. Vous vous en doutez donc, c'est sur circuit que l'on pourra goûter pleinement les saveurs de cette super sportive. Mais elle supporte aussi les petites escapades sur du bîtume moins lisse, à condition d'avoir un dos en bonne santé !
:: CONCLUSION
Au final, Lotus Sport livre là une Exige Cup à peine civilisée et homologuée pour vous rendre sur circuit sans avoir recours à un plateau. A 63.500 € TTC livrée en France, en 2005, la Lotus Sport Exige 240R est donc un bien beau joujou que seuls quelques très rares passionnés ont pu s'offrir. Ajoutez à ça un quasi sans faute sur le plan dynamique, et vous avez là une bonne garantie de revente ! Un authentique collector même. Mais ne soyez pas triste, Lotus a depuis mis à son catalogue une certaine Exige S qui offre à peu de choses près le même plaisir de pilotage... |