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MASERATI MISTRAL (1963 - 1970)

maserati mistral
© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (05/09/2011)

LA MARSEILLAISE

Moins de dix ans après avoir vendu son premier modèle de route, Maserati s’agrandit et commence à disposer d’une gamme complète. En parallèle à sa première berline, le Trident fait sensation en présentant son nouveau coupé 2 places. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, un Spyder s’invite rapidement au catalogue…...

Texte : Maxime JOLY
Photos : Étienne ROVILLÉ

C’est totalement par hasard que l’opportunité de découvrir la Maserati Mistral s’est faite. C’est en nous rendant au Garage du Trident pour une Karif et une Shamal que la belle nous a gentiment été proposée. A nous le Mistral gagnant…

PRESENTATION

mistral armistral ar

La Mistral fut la première Maserati à utiliser le nom d’un vent. Soyons fiers que ce soit un français qui ait été choisi et que cette initiative ait été lancée par l’importateur de l’époque, John Simone. Présentée au salon de Turin de novembre 1963, en même temps que la Quattroporte I, elle reçut pour première dénomination « 2 Posti » (Due Posti) Iniezione, qu’elle garda une année. Ces deux chef d’œuvre esthétiques viennent d’une seule et même personne, Pietro Frua qui jusque là s’était principalement cantonné à des petites productions, dont de nombreuses sur bases Maserati. La Tipo AM 109 était donc son premier vrai gros projet, vendu à presque 6 millions de lires l’exemplaire. Chaussée sur des jantes 15 pouces Borrani, quelques détails stylistiques plutôt osés attirent l’attention, comme le pare-choc placé très haut, surplombant le trident. Le capot se retrouve un peu bosselé pour laisser arriver de l’air sur le moteur.

HABITACLE

interieur maserati mistral

Avec son grand coffre à hayon, cette stricte deux places prend la succession de la mythique 3500 GT Touring et offre un espace de chargement sans pareil. L’intérieur était très réussi pour l’époque, avec juste ce qu’il fallait comme information. Pas de fioriture, si ce n’est l’abondance de cuir, de bois précieux (y compris sur le volant à trois branches) et de moquette. Oui, on a beau être dans une voiture de sport – graduée jusqu’à 300 km/h, Maserati cherchait déjà à s’imposer en tant que constructeur de luxe et puisque les Etats-Unis étaient un marché prisé, ils se devaient de proposer la climatisation. Elle était proposée en option au même titre que la radio. L’absence de ceinture de sécurité nous rappelle que l’italienne va bientôt souffler ses 50 bougies. En 1966 fut proposée au Motor Show de Genève la Tipo AM109.A1. Derrière cette subtilité, il faut y voir la Mistral 4.0 ou 4000. La seule différence notable est la présence d’ouïes latérales.

CARACTERISTIQUES


MASERATI MISTRAL
moteur mistral
MOTEUR
Type : 6 cylindres en ligne, 12 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection indirecte mécanique Lucas
Cylindrée (cm3) : 3694
Alésage x course (mm) : 86 x 106
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 245 à 5500
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 373 à 3600
TRANSMISSION
AR + différentiel autobloquant Ranger
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle ZF (5)
ROUES
Freins Av-Ar : disques pleins
Pneus Av-Ar : 205 VR x 15 Cinturato HS Pirelli
POIDS
Données constructeur (kg) : 1430
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 5,1
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 250
0 à 100 km/h : 6"4
CONSOMMATION
Moyenne constatée (L/100 Km) : 15
PRIX NEUF (1963) :
COTE (2011) : 50.000 €

PUISSANCE FISCALE : 22 CV

MOTEUR

Bien qu’équipant le prototype avant d’être finalement greffé sur le Spyder, la Mistral délaisse d’abord le 3485 cm³ à double allumage hérité du modèle de course, la 350S, remanié pour la grande série sur les Sebring et 3500 GT. Au lieu de cela prend place un 6 cylindres en ligne de plus grosse cylindrée. Il s’agit d’un 3.7, toujours à double arbre à came en tête, avec le même alésage de 86 mm et une course allongée à 106 mm. Les chambres de combustion sont hémisphériques et chaque cylindre dispose de deux bougies. Véritable mécanique sportive, le vilebrequin adoptait la même technologie que celle utilisée en compétition, y compris sur la 250F pilotée par Fangio. Avec sa course longue, la mécanique donne le meilleur d’elle-même en dessous des 5.000 trs/min mais fort heureusement, avec un couple passant à 373 Nm, l’agrément de conduite y gagne beaucoup et les reprises avec. Les matheux auront remarqué une valeur de 100 Nm/l, plus que respectable. La puissance augmente de façon plus mesurée avec une hausse de seulement 10 chevaux pour arriver à un total de 245. Les Mistral étaient livrées de série avec la transmission manuelle ZF à cinq vitesses à débattements courts mais, marché américain oblige, une boîte automatique Borg-Warner à trois rapports était disponible en option. Inutile de préciser que cette dernière est à éviter autant que possible et qu’au pire des cas, un changement de boîte est le plus approprié. Dans le genre inutile mais toujours sympa à relever, l’ordre d’allumage des cylindres indiqué en dur sur le bloc ; 1-5-3-6-2-4 pour les moins courageux !

SUR LA ROUTE

essai maserati mistral

La Mistral laisse de côté le châssis tubulaire de la 3500 GT. A la place, Maserati a opté pour une solution éprouvée en course sur les Birdcage. Les différentes parties du châssis sont soudées les unes aux autres. Les châssis faits de tubes de section carrée étaient fabriqués par Maggiora à Turin avant d’être terminés chez Officine Padane à Modène. L’empattement mesuré est de 240 cm et est par conséquent 20 cm plus court que celui de la 3500 GT. Les suspensions avec ressorts à lame n’étaient pas réputés pour leur douceur mais plutôt pour une certaine fermeté. A l’arrière sont montées les deux barres stabilisatrices et le classique pont rigide Salisbury, que l’on retrouvera jusque sur la première Biturbo S tandis qu’il était possible d’opter pour un différentiel à glissement limité. Considérée comme facile à conduire, la Mistral ne devient piégeuse qu’une fois poussée dans ses retranchements où son côté naturellement survireur de propulsion reprend le dessus, en particulier à cause de ses moteurs richement dotés en couple. Autrement, pas de mauvaise surprise, elle sait même se montrer rassurante. Avec ses quatre freins à disque, elle dispose d’un freinage de bonne facture, à condition évidemment de ne pas espérer freiner avec la même vigueur que sur une voiture moderne…

EVOLUTION

Une ultime évolution du 6 en ligne, cubant 4 litres - 4014 cm3 exactement, avec un alésage de 88 mm et une course de 110 mm - finit par voir le jour. Ce sera donc la dernière version de cette mythique lignée, avant le passage au V8 initié par les Quattroporte II et Mexico. Cette fois-ci, c’est la puissance qui fut privilégiée avec 265 ch à 5200 tr/mn revendiqués pour 382 Nm, toujours au régime de 3.500 tours. Cette version franchissait fièrement le cap des 250 km/h et passait de 0 à 100 km/h en 6"2. Malgré les soucis rencontrés avec l’injection indirecte Lucas, il ne fut pas jugé opportun d’en changer et de la remplacer par des carburateurs. En résulte un trou à l’accélération, typique de cette alimentation, nécessitant une mise à température adéquate pour être performante.

mistral spyderMASERATI MISTRAL SPYDER
Le salon de Genève 1964 marque la présentation du Spyder Mistral qui sera vendu jusqu’en 1970. Comme les autres Spyders Maserati de cette époque, il fut produit en très petite quantité, en faisant un collector très prisé. Un nombre illustre bien ce fait puisque seulement 12 Spyders 3500 (AM 109.S) furent produits. Le 3.5 litres de 235 chevaux avait été jugé suffisant pour motoriser ce cabriolet avant tout destiné au cruising. La logique fit que les 3.7 (AM 109.S1) et 4 litres (AM 109.SA1), pour respectivement 76 et 37 exemplaires, rejoignirent à leur tour le Spyder, dopant sérieusement ses performances. La carrosserie des cabriolets Mistral était principalement en acier, avec le capot, les portes et le couvercle du coffre en alliage. A l’instar de la Ghibli Spyder, un rare hard-top fut construit spécialement pour celle qui gagna en 1968 le concours d’Élégance de Pebble Beach.

ACHETER UNE MASERATI MISTRAL

Il y a encore cinq ans, une Mistral était située dans une zone de prix bien inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui. Depuis, la cote ne cesse d’exploser et il n’y a plus de bel exemplaire sous les 50.000 €. Pour les Spyders, les tarifs sont dans une toute autre dimension. Comme évoqué, le talon d’achille de la Mistral réside dans son injection Lucas. Difficile à régler, ne fonctionnant correctement que quand sous certaines conditions, si elle est parfaite pour la compétition, elle se révèle trop contraignante sur une voiture de série. C’est pourquoi plusieurs propriétaires ont préféré passer aux carburateurs. Le joint spi demande lui aussi une attention particulière et demande, généralement, à être remplacé à intervalle rapproché.

Production Maserati Mistral coupé : 828 exemplaires / Mistral Spyder : 12 exemplaires en 3.5 + 76 ex. 3.7 + 37 ex. 4.0

CONCLUSION

:-)
Dessin somptueux
6 cylindres en ligne
Châssis de course
4 freins à disque
Ambiance des années 60
Cote en hausse
:-(
Injection Lucas problématique
Prix des pièces
Spyder inabordable

Aussi raffinée que belle, la Mistral ne manque pas d’exclusivité avec moins de 1.000 exemplaires produits. Dernière classic à profiter des six cylindres en ligne de la marque, elle peut, et ce malgré une cote élevée, s’avérer être un excellent placement pour l’avenir. Et puis franchement, dans cette gamme de prix, qu’avez-vous chez la concurrence ?

Nous remercions chaleureusement Pierre Nallet du Garage du Trident pour la présentation de cette superbe Maserati Mistral et le site maseratitude.com pour ses infos complémentaires.

PHOTOS


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