LEGENDE VIVANTE !
En 1959, Sir Alec Issigonis, alors
à la British Leyland Corporation, présente la Mini.
La nouvelle venue surprend par ses choix techniques et son gabarit.
Avec la version sportive, développée par John Cooper
himself, une légende est née. Aujourd'hui BMW renouvelle
avec talent la Mini...
Texte :
Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Conter l'histoire riche et dense de la Mini
en un simple dossier relève de la gageure. Il faut surtout
retenir que la Mini, produit génial inventé et mis
au point par Sir Alec Issigonis et son équipe, a eu et a
toujours un tel impact que les vicisitudes des différentes
marques qui l'ont distribuée (Morris, Riley, Woleseley, Austin,
Rover, Innocenti, BMC, BMW...) n'ont jamais entaché son image.
C'est bien là le propre des légendes sur quatre roues
qui sillonnent nos rubans bleus. Sa conception initiale est déjà
un exploit pour l'époque et relève du génie
tant la concurrence d'alors est très loin des standards "modernes"
: traction AV, moteur en position transversal AV avec la boîte
accolée sous le moteur, dimensions réduites, visibilité
maximale... Ses adversaires en sont encore aux propulsions avec
parfois le moteur à l'arrière, dotées d'un
habitacle étriqué et peu lumineux. La réelle
force de la Mini, au-delà de son physique craquant, est sa
tenue de route diaboliquement efficace. Les roues rejetées
aux quatre coins de la caisse, le centre de gravité très
bas et une suspension efficace à défaut d'être
confortable en font une petite teigne accrochée au bitume.
C'est par son excellent châssis qu'elle compense en compétition
(essentiellement les rallies) sa faible puissance pour tenir la
dragée haute à des adversaires autrement plus puissants
et prestigieux (Porsche, Alpine,...). Ainsi, à la belle époque
des sixties, Cooper s'est fait connaître en F1 en remportant
des courses et en imposant le moteur central AR, et confirme sa
renommée en rallye avec sa puce anglaise. Dès 1961,
Austin et Morris commercialisent une Mini Cooper dont le moteur
réalésé à 997 cm3 alimenté par
deux carburateurs SU développe 55 ch à 6 000 tr/mn.
Si aujourd'hui les perfs de l'auto font sourire, 140 km/h n'est
pas à l'époque à la portée de toutes
les autos. Deux ans plus tard, la Cooper S de 1 071 cm3 et 70 ch
est commercialisée. Le loup est lâché et la
Mini Cooper S se pose en référence des sportives "populaires".
Une GTI avant l'heure... En 1964, la Mini est retouchée,
techniquement s'entend, car l'esthétique si sympa ne connaît
heureusement aucun changement. Les Mini accueillent la suspension
Hydrolastic qui sera même montée sur les Austin Metro
! Les Cooper héritent de deux nouveaux moteurs en septembre
avec un 970 cm3 qui développe 65 ch à 6 500 tr/mn
et un 1 275 cm3 de 76 ch à 5 800 tr/mn. Mais dès l'année
suivante, les versions 970 cm3, initialement conçues pour
être admises en groupe 2, sont retirées du catalogue.
Après les "gros" changements dans la gamme Mini
avec les MkIII en 1967, les Cooper sont arrêtés en
1969. Les Mini MkIII sont présentées en 1970 et 71
voit l'arrêt des accords passés entre John Cooper et
British Leyland. La S n'est donc plus produite.
LES ANCIENNES MODERNES
Au rythme des changements de marque, la Mini est bientôt vendue
sous le label Rover, propriété de Honda. En 1991,
Rover dévoile la Cooper 1.3. C'est le 1 275 cm3 qui l'anime
gavé par un carburateur. Le conducteur peut compter sur les
61 ch de la belle dont la ligne semble intemporelle. Sa boîte,
son physique carré et ses roues de 12 pouces alliées
à la faible puissance pénalisent lourdement la Mini
Cooper en vitesse de pointe, puisqu'elle plafonne à 148 km/h
! Pour une sportive, on a vu mieux. Mais le plaisir de la Mini Cooper
1.3 n'est pas là. C'est essentiellement les sensations et
l'ambiance qu'elle distille qui ont sa force. En 1993, la Mini devient
écologiquement correcte. Elle est dotée d'un pot catalytique
et par conséquent de l'injection électronique ! Mais
pas d'affolement, car la puissance progresse peu ou prou avec 2
ch supplémentaires et une vitesse maxi de 151 km/h. En 1995,
la fin s'annonce doucement avec la commercialisation d'une série
spéciale Monte-Carlo. Les caractéristiques techniques
demeurent inchangées. En 1997, la marque Mini est créée
par BMW. C'est l'occasion d'un baroud d'honneur pour la doyenne
du marché avec la Cooper S et sa présentation "musclée".
Avec ses ailes larges, ses roues de 13 pouces, sa finition à
toit tet rétros blancs et les deux bandes blanches qui ornent
son capot, cette Mini fait tourner les têtes. En revanche,
les perfromances sont moins bonnes que celles des Cooper 1.3i. Qu'importe
le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse...
MINI 2, LE RETOUR !
Pour BMW, les Mini sont plus qu'une légende à entretenir.
C'est l'opportunité de descendre en gamme sans apposer directement
le badge BMW, comme à tenter de le faire Mercedes-Benz avec
la smart. Après la validation du style et de la technique,
BMW commercialise les New Mini en 2001. Deux versions sont disponibles
: La One ete la Cooper. Si elles possèdent toutes les deux
un moteur 1,6 litres, la One, par une bride électronique,
développe 90 ch contre 115 ch pour sa soeur. Entrée
de gamme pour l'une, attrait sportif pour l'autre. La presse est
unanime sur les qualités routières et le caractère
(esthétique, ambiances et sensations...). Si le concept original
de la Mini s'est adapté à notre époque, l'esprit
est toujours là ! Depuis 2002, la Cooper S, dotée
du 1,6 litres compressé développant 163 ch, se pose
en vraie sportive. Ses performances (218 km/h et 29,5 secondes au
km DA) sont en phase avec les GTI du moment. Efficace, bien amortie
et joueuse, en un mot parfaite... Et l'avenir ? Nous aimerions que
la Cooper S réédite les exploits de ses ancêtres
en compétition, mais la priorité est aujourd'hui celle
du... diesel (beark !!). Il ne faut pas oublier les réalités
économiques, car si BMW France a vendu plus de 44 000 véhicules
en 2003, près de 11 000 sont des Mini. Preue que l'auto a
encore de beaux jours devant elle : techniquement, elle conserve
la même architecture que celle de 1959, ce qui n'est pas le
cas de la New Beetle !
ACHETER UNE MINI COOPER
Pour les New Mini, elles sont logiquement toutes encore en période
de garantie ou presque, donc l'entretien a du être suivi dans
le réseau officiel. Pour les anciennes Coopr 1.3, 1.3i et
1.3i S, il est rare d'avoir un carnet à jour et complet.
Il faut surtout vérifier que tout l'entretien mécanique
a été réalisé (vidanges régulières)
et que les règles d'utilisation classiques ont été
respectées (laisser chauffer la mécanique avant de
tirer dessus...). Depuis quelques années maintenant, les
clients effectuent finalement à leurs dépens la mise
au point finale de leurs autos. Sur les New Mini, quelques problèmes
de synchros de seconde résolus depuis 2001 sont à
déplorer, quelques pannes d'admission des gaz sur les One.
Egalement à surveiller une direction assistée bruyante
et sans solution à ce jourde même que des soucis de
décharge de batterie jusqu'au millésime 2001 (dysfonctionnement
de la fonction "sleep"). Pour les Cooper 1.3, 1.3i et
1.3i S, l'entretien, s'il est simple, peut vite ressembler au parcours
du combattant si l'on veut à tout prix passer par le réseau
officiel. Le nouveau réseau (en clair, celui mis en place
par les concessionnaires BMW) ne connait pas ces autos "anciennes"
et ne possède pas l'outillage nécessaire, et l'ancien
réseau Rover n'est pas forcément enchanté de
vous accueillir. Alors heureusement, de nombreux spécialistes
des anciennes Mini n'attendent que vous ! Si les New Mini peuvent
être achetées d'occasion dans le réseau officiel,
les anciennes sont largement présentes dans les petites annonces.
Il convient donc d'être prudent lors de l'achat et de ne pas
céder à la tentation immédiatement. L'offer
étant vaste, allez en voir plusieurs avant de vous décider.
CHRONOLOGIE MINI COOPER
1959 : Présentation des premières Austin
Seven et Morris Mini Minor (848 cm3 - 37,5 ch !).
1961 : Lancement des Austin et Morris Mini Cooper équipées
d'un moteur quatre cylindres de 997 cm3 et 55 ch.
1963 : En mars est présentée la Cooper S dont
la cylindrée a été portée à 1
070 cm3. La puissance développée atteint un superbe
70 ch.
1964 : Nouveau moteur de 998 cm3 avec une puissance identique
mais une course plus faible et des suspensions Hydrolastic.
La Cooper S est disponible en deux versions : 970 cm3 et 65 ch ou
1 275 cm3 et 76 ch.
1967 : Commercialisation des Mini MkII avec une calandre
et un intérieur modifiés, des vitres AR et des feux
agrandis et une boîte synchro sur les S.
1971 : Fin de production à l'été de
la Cooper S.
1973 : Innocenti produit sous licence sa Cooper S 1,3 litresavec
sa présentation spécifique et ses 71 ch.
1975 : Fin de production des Innocenti Cooper S.
1991 : Nouvelle Rover Mini Cooper au moteur 1,3 litres de
61 ch.
1992 : La Cooper hérite de l'injection et s'appelle
désormais Cooper 1.3i. Elle gagne 2 ch.
1995 : Commercialisation de la Mini Cooper Monte-Carlo à
la présentation spécifique.
1997 : Présentation du concept et création
de la marque Mini par BMW au salon de Francfort.
1998 : Commercialisation de la Mini Cooper S 1.3i à
présentation spécifique (ailes larges, roues 13 pouces...)
sans augmentation de puissance.
2001 : Commercialisation à l'automne en France des
versions New Mini One et Cooper.
2002 : Commercialisation de la Mini Cooper S au début
de l'année.
:: CONCLUSION
A la différence de VW et sa New Beetle, BMW n'est pas tombé
dans le panneau de l'effet de mode. La New Mini reprend exactement
le même concept, tant technique qu'architectural de la Mini
connue de tous. Il s'en dégage ainsi le même esprit
chic et le même caractère. Bien entendu, la New Mini
est très actuelle dans de nombreux aspects, mais avoir réussi
à prolonger l'esprit de famille à ce point mérite
les félicitations du jury...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Atypique au possible, la Mini du troisième millénaire
évoque sans détour son ancêtre des sixties.
Un style néo rétro qu'elle fait d'ailleurs chèrement
payer : près de 15 000 euros (100 KF) la Mini "premier
prix". Nettement plus spacieuse - mais toujours 4 places !
-, cette légende roulante est devenue une "vraie"
voiture, moderne, sérieuse. Si l'habitacle regorge de clins
d'oeil nostalgiques, l'ergonomie est soignée à l'extrême.
Très bien installé, le conducteur prendra un plaisir
fou au volant ; châssis rigoureux, amortissement judicieux,
direction et commande de boîte précises."
AUTO PLUS - 500 ESSAIS - 1992. |