© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (25/04/2005)
230 KM/H !
La première 200 Turbo apparaît en 1979, sous l'appellation "
200 5T ". Celle-ci doit permettre à la marque aux anneaux de pénétrer
le domaine des berlines haut de gamme par son niveau de performance,
de qualité et de confort au dessus de la moyenne. AUDI, alors peu
connue dans ce créneau, ne réussira pas à imposer sa berline face
aux Mercedes 280 SE et autres BMW séries 7, en raison notamment
d'une ligne jugée trop banale… Fort de cette expérience, la 200
réapparaît alors 3 ans plus tard sous l'appellation " 200 Turbo",
en se dotant de solides arguments, pour affronter à nouveaux une
concurrence toujours très affûtée. L'objectif est claire : remettre
en question l'hégémonie de BMW et MERCEDES dans le domaine du grand
tourisme, en produisant tout simplement la berline de série la plus
rapide du monde...
Texte :
Jérôme TILLARD
Photos : D.R.
DESIGN
Descendante directe de l'AUDI 100, cette 200 Turbo ne peut renier
son origine, tant le dessin d'ensemble est identique. Cela ne pose
aucun problème particulier, d'autant plus que la 100 est reconnu
pour son Cx tout à fait exceptionnelle dans la catégorie (0,30).
C'est donc sur cette base très prometteuse que les ingénieurs d'Ingolstadt
auront la tache de greffer le déjà fameux 5 cylindres Turbo. Etudiée
dans ses moindres détails, cette ligne sobre et fidèle aux autres
productions de la marque, se trouve dénué de tout ce qui pourrait
empêcher l'air de glisser dessus. Les vitres affleurantes, guidées
sur leur face intérieure par des rainures, l'absence de gouttières,
les rétroviseurs profilés et des soubassements étudiés, sont autant
de raffinements technologiques qui s'avèreront payants puisque le
Cx de l'auto atteint l'exceptionnelle valeur de 0,33. Le dessin
de la calandre se verra quand à lui modifié afin de faciliter le
refroidissement du turbo, sans pour autant sacrifier l'aérodynamique
de l'ensemble. Les optiques à 4 projecteurs et de très belles roues
en alliage viennent compléter le tout. Cela donne au final une auto
extrêmement cohérente, respirant le sérieux et à l'abri des assauts
de la mode.
HABITACLE
A l'intérieur, le conducteur se retrouve face à un tout
nouveau tableau de bord, plus moderne évidemment que celui de la
5T. L'assemblage et la finition ne souffrent aucune critique, certain
lui reprocheront un aspect sinistre, d'autres s'émerveilleront devant
sa rigueur. Quoi qu'il en soit, les cadrans sont fonctionnels, température
d'huile, ordinateur de bord, check control, les sièges confortables
et enveloppants, les vitres électrique, à l'avant comme à l'arrière,
bref, tout ce qu'on est en droit d'attendre d'une berline de ce
rang est présent et de très bonne facture. L'intérieur sera totalement
redessiné en 1988, afin de rejoindre les nouveaux standards de la
gamme et notamment ceux du futur modèle " V8 ". Le bois fera alors
sont apparition sur le tableau de bord et les contre-portes, ainsi
que 3 manomètres placés au centre de la console. Les poignées de
portes sont intégrées aux portières et de nouvelles jantes font
leur apparition.
MOTEUR
Dans une conjoncture très peu propice à ce segment automobile, l'adoption
d'un cinq cylindres 2,2 litres turbocompressé aurait pu prêter le
flanc aux critiques les plus venimeuses. C'est sans compter sur
les évolutions technologiques importantes, apportées par les ingénieurs
sur ce moteur, afin d'en optimiser le rendement. La plus importante
se situe au niveau du turbo, avec l'adoption d'un échangeur air/air,
chargé de refroidir l'air d'admission et, du même coup, de rehausser
le taux de compression (8.8) à équivalence d'un moteur atmosphérique.
Le couple en profite au passage (25,7 m/kg à 3600 trs/mn) et permet
d'obtenir contre toute attente des chiffres de consommation très
correcte. Une injection mécanique ventilée Bosch K-Jetronic est
adoptée, bénéficiant d'une coupure à la décélération, ainsi qu'un
allumage entièrement électronique, équipé d'un détecteur de détonation,
comme sur la Quattro. Ce moteur développe donc au final 182 ch à
5700 trs/mn avec un régime maximum fixé à 6500 tours, le tout avec
la sonorité typique et sympa du 5 cylindres. L'examen visuel de
ce moteur révèle un montage soigné et visiblement conçu pour durer.
Une boite 5 rapports mécanique précise, agréable et bien étagée
vient en lieu est place de l'ancienne 4 + E, une automatique à 3
rapports étant également disponible en option (une 4 rapports fera
son apparition par la suite). L'appellation d'époque " la Porsche
à 5 places" n'est pas usurpée, tant les performances mesurées sont
élevées : 232 km/h, 16,3 sur 400 m, 29,8 sur 1000 m départ arrêté,
le tout avec seulement 182 ch ! La AUDI 200 Turbo survole alors
les débats et se place comme étant effectivement la berline la plus
performante du moment.
CHASSIS
Pour arriver à de telles performances, une aéro soignée secondé
d'un moteur efficace, mais limité en puissance ne suffisent pas.
C'est pourquoi AUDI s'est appliqué à faire une auto légère (1335
kg) la dotant d'un rapport poids/puissance de 7,3 kg/ch, tout à
fait convenable en regard du gabarit et de l'équipement embarqué.
La 200 Turbo reprend les mêmes caractéristiques que la 100 pour
ce qui est des suspensions, mais avec des réglages différents. Train
avant de type Mc Pherson, avec triangles inférieurs, barre anti-roulis
et déport négatif du plan des roues. L'arrière, quand à lui, utilise
un essieu à torsion, à bras longitudinaux et barre Panhard. Les
jambes de force inclinées et les voies élargies améliorent la tenue
de route à grande vitesse, ainsi que la prise de roulis. Les roues
de 15 pouces ont nécessité une nouvelle géométrie, tandis que les
tarages de ressorts se trouvent durcis de 20% à l'avant et 8% à
l'arrière. La simplicité a donc prévalu, optimisée tout de même
par un expert en provenance du service courses de Ford Allemagne,
M. Ammerschlager. A signaler également la mise en place d'un système
anti-blocage de roues ABS (Bosch " Bayreuth "), qui se distingue
des précédents par le fait que chaque roue réagit indépendamment
des trois autres. Ce détail n'en est pas un puisqu'il inclus la
possibilité d'être adaptable sur des voitures à 4 roues motrices…
Cet ABS est déconnectable pour les réfractaires à ce type de système.
Sur la route, la direction assistée fait acte de douceur et de précision,
aidé par un châssis décidemment déconcertant d'efficacité. Comme
tous les modèles traction de la marque, un démarrage puissant se
traduit invariablement par un délestage du train avant assez prononcé,
plus désagréable que réellement pénalisant. La prise de roulis est
très bien gérée et contribue à un confort de très haut niveau.
ACHETER UNE
AUDI 200 Turbo
Aujourd'hui, même s'il n'est pas forcément difficile de trouver
une AUDI 200 Turbo sur le marché de l'occasion, il est quasiment
impossible que celle-ci ne soient pas fortement kilométré. Véritable
machine à rouler, elle s'adressait en premier lieu à de gros consommateurs
d'autoroutes, ce qui est un gage de fiabilité. Le revers de cette
médaille est un entretien très souvent bâclé des propriétaires successifs,
ce qui peut alourdir copieusement la facture lors d'une remise en
état, voire d'une restauration. Le modèle Quattro de 1988 peut-être
considéré comme un aboutissement incontournable de ce modèle, avant
l'avènement des modernes 20 soupapes en 89. A noter qu'un modèle
" Avant " a également été fabriqué, ainsi qu'une 200 atmosphérique,
non importées en France. En outre et comme souvent, mieux vaut se
méfier des modèles en provenance d'Allemagne.
CHRONOLOGIE AUDI 200
1983 : Présentation des Audi 100 et 200.
1984 : Commercialisation de la version break "Avant" et
de la transmission Quattro.
1988 : Restylage et évolution de puissance à 200 ch.
1990 : Seconde évolution de puissance à 220 ch.
1991 : Arrêt de la commercialisation de l'Audi 200 Turbo.
PRODUCTION AUDI 200 TURBO
200 TURBO (1984 - 1989) : 18 578 exemplaires
200 TURBO QUATTRO (1984 - 1989) : 8644 exemplaires
:: CONCLUSION
" La technique est notre passion ". Après la 80 et le Coupé Quattro,
la devise de AUDI trouve une nouvelle fois tout son sens, avec cette
berline à hautes performances. Conçu pour l'autoroute tout en restant
très précise et sécurisante sur petites routes, cette 200 Turbo
raccourci réellement les distances, en permettant à son propriétaire
de croiser à plus de 220 km/h, et ce, en toute décontraction...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Une nouvelle race de berline… L'Audi 200 turbo nouvelle série
est une sorte de voiture idéale : ligne agréable, Cx record, perfectionnement
technique poussé, performances époustouflantes (il va falloir que
la concurrence réagisse et vite !) et qualités routières hors pair,
c'est une sorte d'anti-voiture de sport, qui cache sous des allures
de berline " tranquille " un tempérament de feu. (…) Acheter une
de ses concurrentes revient maintenant à dire que l'on ne veut pas
une Audi, mais une Mercedes, une BMW ou une..."
AUTOHEBDO - 1983 - ESSAI AUDI 200 TURBO. |