AUDI 80 quattro Compétition (1994)
L'Audi des champions !
Pour valider l'engagement sportif de sa berline 80, Audi Sport a besoin de réaliser une petite série d'homologation. Pourtant bien loin d'une bête de course, l'Audi 80 quattro Compétition va surtout faire le bonheur des adeptes de séries limitées...
Texte & photos : Sébastien DUPUIS
En novembre 1994, la 4ème génération d'Audi 80 (Typ 8C, aussi appelé B4) va s'effacer pour laisser la place à la nouvelle A4 (B5). Mais avant de lui faire ses adieux, la marque va offrir aux clients une série limitée à la présentation sportive. Si elle ne brille pourtant pas spécialement par ses performances, la 80 "quattro Compétition" permet néanmoins à la marque de valider l'homologation de la "vraie" 80 Competition dans le nouveau championnat allemand Super Tourenwagen Cup (STW), créé en 1992 après le départ de BMW et Audi du DTM. Profitant de l'occasion, Audi France trouve une manière de célèbrer les 3 victoires successives de la 80 Supertourisme dans le Championnat de France (1991, 1992 et 1993) en s'octroyant une grosse partie de la production. Il en reste un véritable petit collector pour passionné averti des 4 anneaux...
PRESENTATION
Vendue exclusivement en Europe, l'Audi 80 quattro Compétition repose fondamentalement sur une banale berline 80 2.0 16V quattro. Pour renforcer sa présentation sportive, elle reçoit cependant le kit carrosserie complet de la S2 berline, avec ses boucliers avant et arrière spécifiques. S'y ajoutent un inédit becquet en aluminium sur la malle arrière livré avec deux réhausses pour arriver à la configuration piste, des jantes Ronal de 16" à 6 branches avec cache central et une suspension sport qui abaisse la caisse de 40 mm. Les baguettes latérales, coquilles de rétroviseurs et poignées de portes sont peintes couleur carrosserie. Autre particularité de la 80 "quattro Compétition", le choix de coloris issu de la palette Audi sport était limité au rouge Laser, gris Argent métallisé et noir Volcan nacré.
HABITACLE
L'équipement intérieur de la 80 Compétition est lui aussi exclusif puisqu'il intègre des sièges baquets et des contreportes habillés en tissu "Quattro" et des cadrans d'instrumentation supplémentaires en bas de la console centrale (pression et température d'huile + voltmètre) provenant de la S2. Une plaque en aluminium "Audi competition" apposée sur la planche de bord côté passager assure le caractère exclusif de cette série limitée mais non numérotée.
Le reste de l'équipement était plutôt classique à ce niveau de gamme avec un ABS en série, un volant à quatre branches avec airbag, des vitrages teintés verts avec commande électrique à l'avant et condamnation centralisée.
MOTEUR
Sous le capot, l'Audi 80 B4 se distinguait de la 90 par ses moteurs 4 cylindres. Après l'abandon de la 90, en 1991, elle récupère la panoplie de 5 cylindres en ligne ainsi qu'un gros V6 de 2.6L. Mais le moteur le plus sportif dans l'âme, S2 mise à part, reste certainement le 2 litres à 16 soupapes de 137 ch issu du 1800 cm3 "KR" de la Volkswagen Golf 2 GTI 16S. Issu car il ne s'agit plus vraiment du même moteur même s'il appartient toujours à la famille (EA827) inaugurée par l'Audi 80 B1 en 1972.
Comme l'indique par ailleurs leur code différent, ce n'est pas non plus exactement le même moteur que dans la VW Golf 3 GTI 16V (ABF sur la Golf, ACE pour l'Audi 80). Globalement, la principale modification concerne l'injection dont les réglages visent à favoriser le couple et la consommation plus que la puissance, ce qui explique que l'Audi affiche 10 ch de moins.
En performances, le 2.0 16s s'approche de la version de base du 5 cylindres 2,3 litres mais il se voit privé de sa sonorité si caractéristique et plaisante. Hélas...
SUR LA ROUTE
La quatrième et dernière génération de l'Audi 80 reprend dans les grandes lignes le châssis de la B3. Déjà profondément revu sur la précédente génération, Audi s'est contenté ici d'optimiser quelques réglages.
Ainsi, la différence majeure concernait le nouveau train arrière partagé avec les Volkswagen Passat et Golf contemporaines, entrainant un allongement de l'empattement de 8 cm. Cette modification ayant impliqué un nouveau réservoir à carburant en position horizontale sous la banquette arrière rendit aussi possible le dérivé break de la 80 (Avant), proposé à partir de 1992.
Mais revenons à notre 80 quattro compétition. Techniquement, elle repose donc sur la version 2.0 16v quattro, un modèle d'efficacité et de sécurité mais dont le châssis peinait à jouer les sportives face aux BMW 318is. Avec l'arrivée de la S2, Audi disposait toutefois d'un amortissement revu qui permettait enfin de réduire le roulis et le sous-virage copieux dont souffrait la 80. Abaissée de 40 mm (ce qui n'est pas rien !), le centre de gravité repositionné devenait beaucoup plus propice aux enchaînements de courbes. Par ailleurs, chaussée aussi généreusement que la S2 mais avec seulement 185 Nm à passer au sol, la 80 Compétition peut compter sur une motricité infaillible en toutes circonstances.
Le moindre poids du 2.0 16s face au 5 cylindres était aussi l'autre avantage de cette version. Bien que la direction demeurait très assistée et peu informative, la 80 quattro compétition n'usurpe pas totalement sa filaition sportive en se montrant effectivement plus dynamique que ses soeurs bourgeoises. Pas de quoi faire trembler une BMW Série 3, mais suffisant pour encanailler le bon père de famille qui misait avant tout sur la sécurité active, point fort des Audi de l'époque...
ACHETER UNE AUDI 80 quattro Compétition
L'Audi 80 quattro compétition est une des versions les plus rares de la génération B4, après la S2, avec seulement 2500 exemplaires produits, vendus essentiellement sur les marchés français et allemand. Mais contrairement à la S2, la 80 competition se trouve difficilement en bon état car elle a longtemps souffert de l'anonymat et de ses performances relativement modestes. Souvent "bidouillée" et entretenue à moindre coût, son statut de "fausse S2" la rend encore très abordable sur le marché de l'occasion. Un youngtimer pour collectionneur averti qui se fait discret et dont le plus dur sera de pouvoir le dénicher...
Attention toutefois car un prix d'achat bas pourra exiger des frais de remise en état importants (vérifier l'entretien du Torsen) malgré une qualité de fabrication et une fiabilité générale de très haut niveau chez Audi à cette époque. Premier point à vérifier : la présence du kit carrosserie dans son ensemble, y compris les jantes et les réhausses d'aileron.
Globalement indestructible, le bloc Audi souffre néanmoins de quelques problèmes connus. Un ralenti instable que certains ont résolu à tort en supprimant le starter automatique !), une jauge de température d'eau récalcitrante, un chauffage défaillant, le totaliseur kilométrique qui parfois posait des soucis. Sinon structurellement aucun problème sauf en cas de choc mal réparé, la carosserie étant galvanisée dans son ensemble.
L'AUDI 80 EN COMPETITION
Dès 1989 Audi se lança dans le championnat français de Supertourisme. Le 2.0 turbo développant alors près de 400 ch à 8000 tr/mn permit à Xavier Lapeyre de remporter le titre en 1991, suivi de Marc Sourd en 1992. En 1993, Audi Sport s'interressa à ce championnat et engagea l'Audi 80 quattro 16V moins lourdement préparée suite à un changement de règlement. La puissance passait à 270 ch, en atmo. Frank Biela remporta ce championnat, signant le triplé consécutif pour Audi en Supertourisme. L'Audi 80 B4 Competition (de course) a été construite par Audi Sport en 1994 pour courir le nouveau championnat allemand de supertourisme 2 litres FIA, le Super Touren Wagen (STW) et l'ITC, le championnat italien. Les pilotes Audi, précédemment engagés dans le DTM, étaient Franck Biela, Emmanuele Pirro et Hans-Joachim Stuck. En face de l'Audi 80 Competition, Johnny Cecotto et sa très performante BMW 318 is (E36) prit pourtant l'avantage de la saison 1994, puis ce fut Joachim Winkelhock en 1995 avec la 320i avant qu'Emanuele Pirro offre le titre à Audi avec la nouvelle A4 en 1996.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
AUDI 80 quattro Compétition
MOTEURType : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection électronique Bosch CIS-E Motronic
Cylindrée (cm3) : 1984
Alésage x course (mm) : 82.5 x 92.8
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 140 à 5900
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 185 à 4500
TRANSMISSION
4x4 permanente
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés - Disques pleins + ABS
Pneus Av-Ar : 205/55 R16
POIDS
Données constructeur (kg) : 1370
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 9,8
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 206
400 m DA : 17"4
1 000 m DA : 32"1
0 à 100 km/h : 9"8
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 8,6
PRIX NEUF (1994) : 148.900 FF
COTE (2015) : 4.000 €
PUISSANCE FISCALE : 11 CV
CONCLUSION
:-) Présentation soignée Confort Sécurité Qualité / fiabilité Collector abordable... |
:-( ... mais peu connu Poids élevé Performances moyennes Comportement peu sportif Ralenti instable |
Assez loin d'une véritable berline sportive, l'Audi 80 quattro Compétition joue sur son statut de pièce rare pour attirer la convoitise des collectionneurs de la marque aux 4 anneaux. Fiable, confortable, bien finie et plaisante à rouler, elle n'en demeure pas moins une excellente routière malgré des performances tout à fait quelconques...
Nos remerciements à Stéphane P. et Jérôme T. pour l'aide apportée à ce dossier.
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Merci pour cet article assez complet. Pour commencer un petit détail, les jantes ne sont pas des Bolero comme vous le dites mais des Ronal/Votex en 7.5X16 équipée en 205/55/16. Son aileron arrière est en aluminium. Il semblerait qu'Audi livrait les Competition avec des rehausses d'aileron dans le coffre, sauf que personne n'en a eu en France. De même il existe un rare porte clé Competition avec les signatures des vainqueurs de championnat et un numéro (qui ne correspond à rien sur l'auto d'après nos recherches, il aurait été diffusé par lot sans lien de N° de chassis ou autre). Enfin cette auto n'est certes pas une S2, mais très agréable au quotidien, mais est très performante en changements d'appuis et en courbes. Les fauteuils avant maintiennent mal et ne sont pas du tout confortables (dossier) et le dosseret latéral gauche du conducteur est souvent élimé/usé/déchiré. Les tissus de panneaux de portes se décollent (la mousse et colle se délitent). Le relais de lève vitres electriques est souvent défectueux (siememns 79FA404) et il peut retrouver un second souffle en refaisant les points de soudure.
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