ESPRIT DE FAMILLE...
BMW, à l'instar de DaimlerChrysler
et sa marque Mercedes-Benz ou VAG avec Audi, cherche à conquérir
de nouvelles parts de marché. Avec un segment des berlines
traditionnelles en disgrâce, et malgré une stratégie
sur les SUV très attractive et percutante, BMW se devait
d'élargir sa gamme. C'est désormais fait avec la Série
1 qui va s'attaquer aux Golf, Audi A3 et autres compactes de luxe.
Nous avons donc pris contact avec le modèle le plus sportif
de la gamme pour l'instant : la BMW 120i Sport...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
BMW, à l'image de ses rivaux directs
nationaux, Mercedes-Benz et Audi, poursuit sa stratégie d'élargissement
de gamme vers le bas. Après les Série 3 compact qui
ont rencontré un franc succès (et ont autorisé
de nouvelles parts de marché) et la New Mini qui va chasser
sur des terres inexplorées jusque-là par le constructeur
bavarois, c'est l'heure d'aller titiller le segment des compactes.
Les VW Golf, Audi A3, Alfa Romeo 147 et autres compactes en finition
haut de gamme des constructeurs généralistes n'ont
qu'à bien se tenir. BMW vient en effet apporter sa pierre
à l'édifice du segment avec ses arguments " familiaux
". Son moteur longitudinal et ses roues arrière motrices,
BMW conserve son patrimoine et nous rappelle surtout le temps où
les Ford Escort, Opel Kadett et d'autres faisaient également
appel à ce mode de propulsion. C'était jusque dans
les années 70
Mais en plus de la technique " à
la BMW ", c'est toujours l'équipe de Chris Bangle qui
tient les crayons. Avec réussite ?
DESIGN
BMW avait, comme la plupart de ses concurrents, habilement laissé
filtré des photos espions qui avait ainsi permit à
la presse de dévoiler à l'avance le style de la nouvelle
BMW Série 1. Chris Bangle et son équipe, qui sont
devenus en pleine maîtrise de leur art après les errements
de la Série 7, ont réalisé un dessin en droite
lignée de la saga maison. Dans la Série 1, on retrouve
de la Série 5, de la Série 6 et du Z4. Sa plate-forme
alliée à un moteur longitudinal nécessaire
par la transmission de la puissance aux roues arrière a imposé
un long capot avant. Les naseaux BMW (le double haricot) sont toujours
présents, et les blocs optiques avant reprennent le dessin
du coupé Série 3 face-lifté. Le profil de la
BMW 120i est très dynamique grâce aux jeux de la luminosité
sur les flancs concaves et sculptés. Le seul reproche pourrait
être apposé à l'avant un peu massif de profil.
La découpe des portes arrière reprend le fameux angle
" BMW " déjà usité sur les BMW des
années 70. Le montant C est assez massif, bien dans l'air
du temps (VW Golf V, Peugeot 307
) et inspire la confiance
et la sécurité. L'arrière de l'auto est de
la même veine avec un hayon et des feux arrière plus
classiques. On pourrait presque trouver une ressemblance avec la
poupe des Mégane Scénic II ou des nouvelles Opel Astra.
Nous trouvons que le design global de la BMW 120i est une réussite
à plusieurs niveaux : elle permet en effet d'afficher sans
détour la filiation BMW, le capot avant proéminent
amène un vent nouveau sur un segment qui a tendance à
singer trop souvent les monospaces, et les différentes lignes
de l'auto permettent des jeux de lumière qui mettent en valeur
les peintures et la carrosserie.
HABITACLE
A l'intérieur, le design
est très inspiré des autres modèles de la marque.
La position de conduite est comme toujours chez BMW excellente et
efficace pour la conduite sportive. Et, bonne nouvelle, on n'a enfin
l'impression d'être assis dans une voiture, et non pas dans
un monospace, comme c'est le cas avec les compactes modernes. Avec
la finition sport, la largeur des sièges avant est même
réglable ! Le volant multi-fonctions BMW est d'un dessin
agréable et autorise une bonne prise en main. La qualité
des matériaux employés pour la planche de bord est
parfois en deçà du standing affiché par BMW,
mais l'ergonomie est en revanche efficace. Une tradition inaugurée
dans les années 70 avec les planches de bord tournées
vers le conducteur. Un petit bouton " Start " à
droite du volant permet de démarrer le quatre cylindres.
Avec 330 dm3, le coffre n'est pas un modèle de capacité
de chargement, mais avec ce type d'architecture, il est difficile
d'avoir des grands coffres.
MOTEUR
Véritable spécialité de BMW, nous attendions
la BMW 120i Sport au tournant. Avec quatre cylindres en ligne, ce
deux litres, installé en position longitudinal, développe
150 ch à 6 200 tr/mn et 200 Nm de couple à 3 600 tr/mn.
Ses deux arbres à cames simples, profitent d'un système
de distribution particulier (calage des arbres à cames et
ouverture des soupapes variables). Petite particularité de
la BM', sa procédure de démarrage. Il faut en effet
débrayer pour que la pression sur le bouton " Start
" autorise le réveil du quatre cylindres bavarois. Chrono
en main, la BMW 120i Sport est décevante, puisque jugée
comme la variante essence la plus puissante pour le moment dans
la gamme BMW Série 1. Dans un an sont prévues des
variantes à moteur 6 cylindres essence, mais n'anticipons
pas trop sur l'avenir. Avec 217 km/h de vitesse maximale, un 0 à
100 km/h en 8,7 secondes et le kilomètre départ arrêté
en 29,7 secondes, nous sommes loin de valeurs exceptionnelles. Ces
performances étaient atteintes déjà dans les
années 90 par la BMW
318 ti Compact ! Mais au volant,
une fois oublié l'orgueil du propriétaire de l'auto
sur ses performances pures (que seul un flashe automatique pourra
vous confirmer à vos dépens !), cette BMW 120i Sport
se révèle agréable. Mais assez rapidement,
ce deux litres, mélodieux à souhait, va se révéler
creux à bas régime, et un peu paresseux en montées
en régime. Nous sommes loin du brio d'un deux litres Alfa
Romeo, sans parler de la rage d'un Vtec Honda. Mais justement, il
faut juger la mécanique de la 120i Sport par rapport à
sa destination première voulue par BMW : le Grand Tourisme.
L'appellation " Sport " concerne plus la présentation
et la finition qu'une réelle, et il faudra attendre les vraies
versions sportives, voire peut être une M1(?!) pour donner
un jugement plus fin et objectif sur la relation entre le sport
et la Série 1. D'ailleurs, c'est clairement les volumes des
ventes qui ont été choisis en priorité, car
la version la plus puissante de la gamme est dotée d'un moteur
diesel ! Triste époque. La boîte de vitesses mécanique
à 6 rapports offre un maniement " BMW ", à
savoir toujours ferme, précis et agréable. Superbe
!
SUR LA ROUTE
On le sait, les roues avant motrices, malgré les progrès
de la technologie sur les trains roulant, ont toujours des difficultés
à passer de fortes puissances au sol sans remontées
dans la colonne de direction, et des problèmes de motricité.
L'arrivée de la BMW 120i Sport dans le segment avec les roues
arrière motrices autorise d'espérer une efficacité
redoutable. Toutefois, la puissance relative et le couple quelconques
du deux litres allemand, ne permettent pas de tirer pleinement parti
des avantages liés à la propulsion. Sur le papier
tout du moins, car volant en main, là encore, les sensations
et l'efficacité sont différentes. La BMW 120i affiche
une répartition des masses idéales de 50/50. Le train
avant fait confiance à des suspensions de type Macpherson
et barre antiroulis, et l'essieu arrière multibras, lui aussi
doté d'une barre antiroulis, assure la mobilité et
l'efficacité du train arrière. La direction est assistée
hydrauliquement et supprime l'absence de feeling que la BMW Z4 offre
avec sa direction assistée électriquement. L'ensemble
trains roulants et direction, offre un comportement très
équilibré et précis. La taille des pneumatique,
généreuse avec du 195/55 R16 contribue à l'efficacité
globale. L'autre bonne initiative de BMW est d'avoir donné
la possibilité au conducteur de déconnecter partiellement
ou totalement le DSC III (contrôle électronique de
trajectoire). Avec un tel châssis, le plaisir de conduite
est au rendez-vous. En revanche, l'absence d'autobloquant pour une
auto à la prétention sportive (même si le punch
relatif du moteur ne le nécessite pas impérativement)
est regrettable. Il suffit de braquer les roues avant pour inscrire
le train avant dans le virage. Puis vous ré-accélérez,
et la BMW 120i Sport pivote naturellement avec efficacité
dans la courbe. Un vrai régal, que seules les propulsions
peuvent offrir pleinement. On en vient à regretter que la
puissance soit si mesurée
Attendons donc les prochaines
variantes plus affirmées, avec peut être un badge "
M ". En conduite normale, la BMW 120i Sport fait preuve d'un
bel agrément et d'un compromis confort/efficacité
remarquable. Pour les amateurs du genre confort total, il vaut mieux
opter pour la finition " Luxe " qui n'a pas de série
les suspensions sport avec le châssis raffermi.
:: CONCLUSION
Pour sa première apparition dans le créneau des compactes
5 portes, BMW fait fort. Un châssis efficace et agréable
qui distille un plaisir de conduite réel, un caractère
affirmé au niveau du style, et surtout un mode de propulsion
oublié dans le segment depuis plus de 20 ans. Mais pour l'instant,
la 120i Sport n'offre pas encore un moteur à la hauteur du
potentiel du châssis et du patrimoine de la marque. Pour les
sportifs érudits et intégristes (comme nous !!
)
il faudra encore attendre des variantes plus musclées. Le
tarif affiché rappelle en revanche à tous que c'est
bien une BMW. Un tarif cher payé en regard des performances
affichées. Une Alfa Romeo 147 2 litres semble plus convaincante,
même avec ses roues avant motrices...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Authentique. Tout en réussissant son entrée
dans ka catégorie des compactes, BMW a certainement raté
l'inscription de cette 120i dans celles des sportives confirmées
faute d'un moteur performant. Encouragé par les qualités
esquissées du châssis. Encouragés par les qualités
esquissées du châssis, nous réclamons donc avec
fermeté la présence d'un six cylindres qui permettrait
alors de contester la suprématie des plus turbulentes Alfa
147 GTA, Audi A3 3.2 ou Mégane RS, pour ne citer qu'elles.
Quand au fait de savoir si cette Série 1 est une vraie BMW
notre réponse est sans ambages : oui, elle en est Une."
ECHAPPEMENT - Juillet 2004 - BMW 120i Sport.
"On reconnaît bien-entendu
la patte stylistique de Chris Bangle, le responsable du style chez
BMW, mais les dimensions contenues de la Série 1 semblent
avoir évité tout excès stylistique. La Série
1 devrait ainsi échapper à la controverse qu'ont suscitées
les Série 7 et 5, non sans se distinguer par son Cx de 0,29
excellent dans ce segment. Reste qu'en regardant la Série
1, une question nous vient à l'esprit : serions-nous en train
de nous accoutumer au fameux style Bangle ? Car force est de constater
que les ingrédients préférés du styliste
américain font une fois de plus partie de la recette : des
muscles apparents aux blocs optiques débordant sur les flancs
aux courbes concaves-convexes en passant par la face arrière
inspirée des variantes Touring des plus grand modèles."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 25 mars 2004 - BMW 120i Sport.
"Ce n'est pas tant par ses 150 ch
que ce 2.0 en impose, mais surtout par sa disponibilité et
sa douceur de fonctionnement. Techniquement évolué
(calage en continu des arbres à cames Vanos, levée
variable de soupapes Valvetronic), ce 4 cylindres semble volontaire
à défaut d'impressionner par son "coffre"
(200 Nm de couple à 3 600 tr/mn). Docile, "présent"
sous le pied droit et bien relayé par sa boîte six
vitesses, il offre un réel agréement de conduite.
Certes il se révèle moins rageur qu'un deux litres
Alfa Romeo dans ses montées en régime. Cela étant,
dès 4 500 tr/mn, il s'exprime d'un façon magistrale,
tant sur le plan dynamique qu'accoustique. les ingénieurs
BMW ont pensé au plaisir des tympans..."
L'AUTOMOBILE MAGAZINE - Août 2004 - BMW 120i Luxe. |