CADEAU D'ANNIVERSAIRE
Pour fêter ses 70 ans d'activité,
Pininfarina offre à Ferrari un spider surprenant sur la base
du coupé 550 Maranello. Toutefois, cet exercice de haute
couture, ô combien désirable, demeurera comme toutes
les oeuvres d'art : une pièce de collection rare et chère...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
La toute première réalisation
du maître carrossier italien pour le petit constructeur de
Maranello fût la 166MM, en 1947. C'était en effet déjà
une "Barchetta", tout de rouge flamboyant vêtue
et mû selon la coutume, par un V12. Par la suite, la collaboration
donnera naissance à l'un des plus beaux et durables (50 ans)
partenariats industriels, pour ne pas dire artistique. Certes, à
environ 1 400 000 FF, Le prix est en rapport avec le prestige de
la marque Ferrari, titrée championne du monde de F1 en 2000
et 2001, et l'exclusivité de l'oeuvre : 448 exemplaires,
exactement. Mais avec Mickaël Schumacher comme VRP pilote démonstrateur,
qui oserait encore trouver cela cher ?
DESIGN
Présentée à Paris au mondial de l'automobile
2000, la Ferrari 550 Barchetta Pininfarina faisait la fierté
de Luca Di Montezemolo, illustrant admirablement le dynamisme de
la marque fraîchement titrée en F1. Pour le look, on
pourrait résumer la 550 Barchetta à une simple Ferrari
550 Maranello dont on aurait tronçonné le toit.
Mais la manoeuvre est heureusement plus subtile. Le pare-brise est
plus bas de 10 cm et d'un style très particulier, avec une
partie haute de couleur noire et deux demi-montants de la couleur
de la carrosserie. Le principe du spider renoue avec la tradition
des autos de sport des années passées, à bord
desquelles, les sensations de vitesse étaient décuplées
par la griserie du plein air. Dans cet esprit, la Ferrari 550 Pininfarina
n'offre qu'un simpliste toit manuel en toile en cas d'averse inopinée.
Une solution qui a pour motif de compenser la prise de poids liée
aux nombreux renforts de structure. La 550 Barchetta Pininfarina
se démarque aussi par les emblèmes maison apposés
sur les ailes avant et des jantes deux partie en alliage léger
ainsi qu'un bouchon de réservoir spécifique. Travaillée
en tunnel aérodynamique, la barchetta conserve la grande
stabilité du coupé Maranello, sans pour autant recourir
à des artifices disgracieux. Du grand art. Cette voiture
est donc faite pour rouler cheveux au vent, que l'on s'en félicite
! Après tout, même si on ne pourra en profiter que
sous le soleil, ce n'est qu'un maigre sacrifice comparé au
plaisir de rouler un tel joyau. Avec ses arceaux gainés de
cuir, logés derrière de superbes sièges baquets
très enveloppants et des éléments de carbone
apposés ci et là, la Ferrari 550 Barchetta prends
des airs de compétition. Pour le reste, on retrouve intégralement
les éléments de la 550.
MOTEUR
La 550 Barchetta Pininfarina utilise strictement le même V12
5,5L à 48 soupapes que celui de la Ferrari 550 Maranello.
Ce moteur de feu, apparu sous le beau capot de la 456 GT, délivre
485 ch @ 7000 tr/mn, et un couple maximum de 570 Nm à 5000
tours. Le bloc-cylindres, les culasses sont réalisées
en alliage léger de Nikasil et d'aluminum. L'emploi de titanium
garantit également une meilleure résistance aux régimes
de rotation élevés du V12. L'ensemble de la ligne
d'échappement avec son collecteur en spaghettis, est l'élément
le plus visible des retombées de la course dans les modèles
de série Ferrari. Tout est optimisé pour favoriser
la combustion et le rapport volumétrique. Le calage variable
des soupapes d'admission à rattrapage de jeu hydraulique,
est lui aussi inspiré de la compétition. Désormais
très répandu, ce système favorise le remplissage
à tous les régimes. Sur un brevet Ferrari, le système
intègre un troisième plenum dans le collecteur d'admission
qui varie les caractéristiques des flux d'air. Accouplé
à une transmission à 6 rapports, en position arrière,
commandée via la caractéristique grille en double
H, le V12 distille toute sa force aux roues arrières, accompagné
par un différentiel autobloquant à glissement limité.
La répartition des masses idéale de la 550 Maranello
n'a donc d'égal que le bonheur procuré à chaque
montée en régime de son V12 ! Quel bonheur... La Barchetta
revendique d'ailleurs le titre du cabriolet le plus rapide du monde,
avec une pointe à 300 km/h, soit 20km/h seulement en moins
par rapport au coupé. Hormis cela, les performances de ce
spider d'exception sont similaires. Le rapport poids/puissance de
3,48 Kg/ch est assez évocateur et identique au coupé.
Malgré ses 1690 kilos tout de même, les accélérations
de la 550 Pininfarina n'ont certes pas de quoi impressionner ce
cher Mickaël, mais pour le commun des mortels, seulement 4,4
secondes pour passer de 0 à 100km/h, c'est un chiffre qu'on
se représente assez difficilement...
CHASSIS
On s'en doute, la 550 décapotée a du subir un travail
de rigidification considérable. La voiture est construite
autour d'une structure cadre tubulaire en aluminium de sections
variables, soudées avec du Feran. L'expérience de
la marque en compétition est bien évidemment le garant
d'une extrême précaution dans la conception de ce cabriolet
super-sport. La sécurité accompagne la maniabilité
et le plaisir de conduite est bien entendu au rendez-vous. Parfaitement
équilibrée, la Maranello n'est pas aussi agile qu'une
petite GTI mais surprend par une vivacité que ne laisseraient
pas supposer son poids ni son gabarit. Avec ses suspensions indépendantes
à bras triangulés aux quatre roues, elle préserve
même un certain confort, chose encore plus bluffante, autorisée
par sa gestion électronique. Les barres anti-roulis avant
et arrière conjuguées aux larges roues en magnésium
de 18", chaussées de pneus à flancs bas favorisent
une excellente tenue en courbe. Développés par Brembo,
les étriers rouges à 4 pistons ont une tâche
difficile pour stopper les élans de la Ferrari 550 Barchetta
Pininfarina. Les larges disques perforés remplissent presque
intégralement les intérieurs de jantes ! Les plaquettes
et les disques bénéficient de l'expérience
de Brembo en Formule 1 pour maintenir uen température de
liquide acceptable en toutes saisons, même en usage sportif
sur circuit. Un ABS à quatres canaux est également
implanté pour assister le pilote. Longtemps récalcitrant
vis à vis des aides électroniques à la conduite,
Ferrari offre sur la 550 Barchetta un ESP maison, ou "contrôle
dynamique de stabilité", ajustable par le pilote dans
ses paramètres de sensibilité. Selon le mode choisi,
le système intervient en coupant le couple délivré
par le moteur, ou, en coordinationa vec l'ABS, en freinant les deux
roues arrière indépendamment. Le système intervient
également en fonction des réglages de suspension choisis.
La direction à assistance variable ZF s'adapte aussi à
la vitesse, procurant à tout moment un excellent feeling.
Mais qui en aurait douté !
:: CONCLUSION
Si vos amis sont assez aisés, vous pouvez leur demander ce
beau cadeau d'anniversaire qu'est la Ferrari 550 Barchetta. Elle
sublime les qualités intrinséques de la Maranello
en décoiffant, le mot est faible, la tête de son pilote.
Les sensations sont décuplées, tout comme le plaisir,
et dans un agréable parfum de compétition on se laisse
griser par le son merveilleux du V12. S'il y a un paradis sur terre,
Pininfarina en a mis un petit bout dans l'habitacle de la Ferrari
550 Barchetta... |