ADIEU TESTAROSSA...
En 1991, la Ferrari Testarossa a mué en 512 TR, un profond remaniement visant à corriger ses principaux défauts. On aurait pu croire que ferrari se contenterait de cette évolution pour laisser finir tranquillement sa carrière à ce modèle ô combien emblématique. Toutefois, cette supercar sur le déclin devait affronter une sérieuse concurrence et sa remplaçante tardait à arriver avec des ambitions nouvelles. Ainsi fût la raison d'être du 3ème et dernier volet de la trilogie Testarossa : la F512M..
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Lancée en octobre 1994 au salon de Paris, la Ferrari F512 M (M pour Modificata) termine l'épopée du 12 Cylindres à plat présenté pour la première fois sur la 365 GT4 BB au salon de Turin en 1971, puis décliné sur la sublime 512 BB et enfin la très charismatique Testarossa. Cette architecture largement plébiscitée sur les Ferrari de Formule 1 a permis de faire de la Testarossa l'une des supercars les plus performantes de son époque. Toutefois, avec une concurrence sans cesse plus agressive (Bugatti EB110, Lamborghini Diablo, Jaguar XJ220, etc.) le début des années 90 marque une apogée du genre et le déclin de ce monstre sacré. Plus légère, plus performante, plus aboutie, la F512M produite à seulement 500 exemplaires en guise d'adieu restera l'ultime évolution de ce modèle.
PRESENTATION
Tout d'abord, le nouveau patronyme indique que la "Testa" rejoint le reste de la famille avec un "F" devant ses lettres d'identification, comme la berlinette à succès du moment, la F355. Esthétiquement, la carrosserie tout aluminium a une nouvelle fois été remodelée par Pininfarina, ce qui ne fera d'ailleurs pas l'unanimité comme pour la 512 TR. Reprenant un bouclier avant façon F355, la F512M abandonne aussi les fameux phares escamotables au profit d'optiques plus modernes et efficaces, intégrées dans le capot sous des bulles de plastique (Lexan). Autre trait de style spécifique, les jantes en deux parties à "effet turbine" empruntées au concept-car Mythos. A l'arrière, la large grille noire est plus étroite et laisse désormais admirer quatre petits feux ronds dans un style très cher à la marque.
HABITACLE
A l'intérieur, la profonde remise à niveau de la 512TR est conservée quasiment tel quel. Il faut dire que c'était certainement l'un des plus gros défauts de la Testarossa qui avec son intérieur de Fiat Uno ne faisait guère honneur à son rang, ni à son tarif... Un nouveau volant Momo et un pédalier ajustable améliorent sensiblement l'ergonomie de cette GT qui reste très typée 80's. En option, on pouvait choisir deux superbes baquets "racing" signés Recaro mais les sièges d'origine offrent déjà un maintien très correct. Au rang des détails, notons la présence d'un vide-poches supplémentaire au sommet de la console centrale et un petit logo F512m tout à droite de la planche de bord.
MOTEUR
Sous le capot, le 12 cylindres à plat de 4943 cm3 reçoit une ultime évolution pour délivrer 440 ch à 6750 tr/mn, soit 12 de plus que la 512 TR obtenus principalement par un taux de compression augmenté à 10,4:1, des pistons forgés, un vilebrequin allégé, des chambres de combustion redessinnées et un nouvel échappement. La gestion M2.7 Bosch Motronic se charge du bon allumage des 12 trompettes qui sonnent la charge avec toujours autant d'enthousiasme. Les performances font un léger bond, mais demeurent exceptionnelles puisque la F512M passe désormais de 0 à 100 km/h en 4,7 secondes et franchit la borne en 22"7.
SUR LA ROUTE
Plus que les 12 chevaux supplémentaires, c'est surtout le gain de poids qui permet à la 512M de creuser l'écart. De 1520 on descend ainsi à 1455 Kg. Certes, 70 Kg ce n'est pas énorme, mais l'ensemble chevaux+poids est bien sensible. Très stable mais un peu pataude en entrée de courbe, virile à la conduite, la F512M est l'une des dernières Ferrari sans aide électronique, hormis un ABS. Sa conduite impose donc maîtrise et respect, car lorsque les 550 Nm déboulent, mieux vaut tenir le cap fermement et enfoncer avec intelligence la pédale de droite ! Pour le reste, la belle de Maranello vous catapulte ensuite dans les hautes sphères des supercars, avec toujours en trame de fond la part de rêve et de magie liée à chaque réalisation marquée du cheval cabré. Ce rêve on peut se l'offrir aujourd'hui contre moins de 100.000 euros...
:: CONCLUSION
C'est dans ce dernier habit de lumière que la Ferrari Testarossa cédera la place à la 550 Maranello, qui consacrera le retour de Ferrari au moteur V12 monté à l'avant. Au terme d'une lignée mémorable, la F512M s'impose donc logiquement comme la plus aboutie techniquement, la plus performante et aussi la plus rare. De quoi lui assurer un bel avenir en collection ! |