INFINITI G37 Coupé (2009 - )
A LA CONQUETE DE L'OUEST
Récemment arrivée sur notre territoire, la marque Infiniti n’entend pas faire de la figuration. Disposant d’une gamme complète, la division luxe de Nissan cultive également le concept de la voiture plaisir avec le Coupé G37. Beau, puissant et performant, il compte bien jouer les troubles-faits dans la hiérarchie des coupés Gran Tourisme, secteur dominé par les premiums allemands. Et force est de constater qu’il a pour lui de sacrés arguments...
Texte :
Maxime JOLY
Photos : Sébastien DUPUIS
Soufflant tout juste ses 20 bougies, Infiniti est méconnu auprès du grand public français. Pourtant, sans le savoir, il est possible que vous ayez déjà croisé quelques modèles Infiniti importés par des particuliers, dont le très prisé crossover FX35. Bien implantée aux Etats-Unis et en Russie, la marque japonaise se donne les moyens de ses ambitions pour se faire une place dans notre parc automobile d'Europe de l'Ouest. C’est pourquoi, plusieurs nouvelles concessions (Infiniti préfère utiliser le terme « centre ») vont ouvrir leurs portes d’ici trois ans. Ce n’est pas hasard si le mot concession n’est pas employé car le souhait de se démarquer de ses concurrents est ancré dans l’esprit des dirigeants d’Infiniti. Pour y parvenir, l’accent a été mis sur l’accueil des clients et nul doute que la présence d’un voiturier devrait procurer son petit effet auprès d’une clientèle haut de gamme friande de ces petites attentions.
PRESENTATION
Sans être follement original, le style du coupé Infiniti G37 s’éloigne du classicisme de ses concurrentes germaniques en proposant une alternative intéressante. La ligne est suffisamment agressive pour affirmer son tempérament sportif (grosses sorties d’échappement, jantes 18 pouces, entrées d’air latérales factices…) mais n’en fait pas trop pour ne pas froisser la clientèle visée. Il ne faut pas perdre de vue que la cible privilégiée d'Infiniti est avant tout une clientèle préférant la sobriété et le style pur à un déluge d’artifices en tout genre. La face avant reprend la calandre des autres modèles de la marque et conserve un véritable air de famille avec le coupé qu’il remplace, le G35 (jamais importé en France), tout en étant plus large et plus long que celui-ci. La partie supérieure de l’arrière tombe de façon abrupte pour laisser l’espace nécessaire au coffre, et garder un design de vrai coupé, par conséquent sans hayon. Dans la rue, le design fait mouche.
Nombreux sont les regards tournés sur cette belle japonaise ; phénomène accentué par la curiosité qu’elle suscite. On se prend d’ailleurs à sourire d’entendre les réflexions des passants, beaucoup se trompant sur le nom de la marque. Soulignons que les noms évoqués sont plutôt flatteurs… Cette Infiniti permet donc de rouler différemment tout en roulant « chic ». Un excellent moyen de se faire envier par son voisin sans subir les stéréotypes et autres préjugés négatifs.
HABITACLE
La vie à bord a été très soignée pour que le conducteur et les passagers se sentent à l’aise sur les longues distances. Le G37 se positionne incontestablement comme une petite GT. Dans ce domaine, les constructeurs allemands restent pourtant intouchables et malgré une présentation flatteuse pour les yeux, la qualité des matériaux y est moins remarquable. L’horloge qui s’inspire un peu de ce que l’on peut trouver dans les Maserati n’est pas du meilleur goût. Heureusement, l’Infiniti se rattrape largement dans les autres domaines. La clé de contact est de type mains libres donc une simple pression sur le bouton Start permet de démarrer le moteur. Et là, c’est un peu la stupéfaction tant le silence est maître à bord et au ralenti, on se croirait presque à bord d’une voiture électrique. Confirmation que les amateurs de sportivité pure et dure ne sont pas visés…
L’équipement, y compris de série, est conséquent et s’échelonne sur trois finitions. Tout d’abord, la version « de base » qui offre la climatisation automatique bi-zone, le toit ouvrant, les phares bi-xénon avec projecteurs directionnels, un système audio Bose 7 hauts-parleurs ou encore le réglage électrique des sièges chauffants conducteur et passager. Mais attention, pas de sellerie cuir, pour cela il faut opter pour la version GT (de notre essai), qui améliore les réglages possibles pour les sièges et offre leur mémorisation, ainsi que celle de la colonne de direction et des rétroviseurs, pour 1600 € supplémentaires. Si vous rajoutez encore 2500 €, il y a la version S dont nous verrons les caractéristiques un peu plus loin. L’écran multifonctions fait partie du Pack Multimédia (en option au tarif de 3200 € sur les 3 finitions) mérite que l’on s’attarde un peu sur lui car il propose quelques petits "plus" dont une caméra de recul, finalement bien utile ! Au début, on peut penser que c’est un pur gadget alors qu’on se prend facilement au jeu de s’aider de cet outil malicieux, compensant une visibilité arrière limitée. Quelques espaces de rangement (avec portes-gobelets…) sont disponibles entre les deux sièges, à l’avant et à l’arrière et le coffre, quant à lui, n’est pas des plus volumineux bien que la banquette rabattable peut sensiblement augmenter sa contenance. Que les joueurs de Golf se rassurent, Infiniti a pensé à eux. Les deux places arrières ne sont pas anecdotiques contrairement à bon nombre de coupés mais souffrent du design cassant de la lunette arrière. De ce fait, quiconque mesurant plus d’1m75 devra se contorsionner un tant soit peu pour éviter de se cogner la tête sur la vitre arrière. Dommage car l’espace pour les jambes est appréciable.
MOTEUR
Commercialisé avant son cousin 370Z de chez Nissan, l'Infiniti G37 a eu le privilège d’étrenner le nouveau VQ37VHR, qui dérive du V6 3.5 313 ch qui équipait le 350Z dans sa dernière évolution. Malgré l’accroissement de la cylindrée, les chiffres évoluent peu avec une puissance qui ne gagne que 7 chevaux accompagné d’un gain de coupe 2 Nm (360 Nm désormais). La différence est notable dans la courbe du couple, grâce au VVEL (calage variable de l’admission), où ce 3696 cm³ se montre à la fois plus à l’aise en reprise à bas régime, mais aussi plus rageur, avec un couple maxi à 5200 tr/min. Très discret dans l’habitacle, ce moteur prend toute sa dimension une fois les 4000 tr/min passés. Extérieurement, c’est une autre histoire et les passants profiteront davantage des vocalises du 6 cylindres que les occupants du coupé. Pour plus de « watts », Infiniti propose le changement du silencieux, contre un surplus de 1500 €…
Ce gros V6 a du caractère, et va à l’encontre de la production actuelle chez les motoristes concurrents, délaissant de plus en plus les moteurs atmosphériques au profit de motorisations suralimentées. En tout cas, nous on adore ! Le revers de la médaille est sa consommation élevée qui obligera un passage régulier à la pompe, défaut en partie compensé par un prix de vente inférieur à la concurrence.
Les boîtes automatique 7 rapports et manuelle 6 vitesses sont les mêmes que sur le 370Z. Le mode manuel de la boîte auto ne nous a pas convaincu, à cause d’un temps de passage des vitesses trop long et une fâcheuse tendance qu’a la boîte à s’auto-gérer. Les coups de gaz à chaque rétrogradage restent amusants. De notre point de vue, la boîte mécanique semble être un meilleur choix, sentiment renforcé pour la version S.
SUR LA ROUTE
Avant tout, il faut préciser que les versions G37 GT (dont traite ce paragraphe) et G37 S ont deux orientations sensiblement différentes en terme de conduite. Ce qui ne change pas entre ces deux configurations est la grosse satisfaction délivrée par la direction à assistance hydraulique qui est excellente. A vrai dire, nous craignions quelque peu une conduite à « l’américaine », surassistée et sans feeling, mais le constructeur nippon a revu les caractéristiques de son véhicule par rapport à la version vendue aux Etats-Unis, pour le hisser au niveau des standards européens. Assumant son caractère GT, le coupé Infiniti a tout de même deux personnalités opposées offrant la possibilité d’avoir une conduite coulée en ville sans que ça ne soit contradictoire avec une conduite dynamique sur route ou autoroute. L’impression de vitesse gommée rend difficile l’évaluation de l’allure réelle de la voiture et oblige à rester concentré sur le compteur sous peine de dépasser les limitations en vigueur…
Le châssis autorise certaines latitudes et les aides électroniques pardonnent les maladresses du conducteur. Pour les pilotes plus chevronnés, il est possible de déconnecter entièrement l’ESP pour profiter des déhanchements du train arrière et éviter par la même occasion que le tableau de bord ne se transforme en sapin de Noël… Sur chaussée mouillée, pas de mauvaise surprise à signaler, le comportement routier demeure très sain. Par rapport au G35, la nouvelle plate-forme est 36% plus rigide. Le défaut de l'Infiniti G37 vient d’un surpoids évident dont on sent la présence en conduite soutenue, à fortiori dans les passages en courbe rapides sur routes sinueuses ce qui n’aide pas le freinage, bon mais dont l’endurance fait singulièrement défaut si la pédale est trop souvent sollicitée. Sur ce point la G37 S apporte aussi une réponse avec un freinage redimensionné.
G37 : UNE GAMME DANS LA GAMME
A l’instar de la série 3 de BMW, l'Infiniti G37 est une gamme complète comprenant un coupé, un coupé-cabriolet mais aussi une berline. 9000 € plus cher que son frère coupé, le cabriolet (coupé-cabriolet pour être exact) est une pure GT faite pour « cruiser ». D’ailleurs, pas de version S pour cette déclinaison cheveux au vent, Infiniti estimant que la clientèle visant n’est pas à la recherche de ce type de prestations. On appréciera un design réussi et ne trahissant pas trop la ligne du coupé original, ce qui est assez rare dans la catégorie des CC. Dommage que l’embonpoint se monte à 200 kilos. La berline G37 se négocie quant à elle à partir de 41600 € et permet aux pères de famille de bénéficier des joies du V6 tout en préservant l’aspect pratique des berlines. Disponible en version S comme le coupé, il est également possible d’opter pour une transmission intégrale.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
INFINITI G37 Coupé
MOTEURType : 6 cylindres en V à 60°, 24s
Position : longitudinal AV
Alimentation : Gestion électronique + VVEL
Cylindrée (cm3) : 3696
Alésage x course (mm) : 95.5 x 86.0
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 320 à 7000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 360 à 5200
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6) ou automatique (7)
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés (320/308) + ABS
Pneus Av-Ar : 225/50 R18 - 245/45R18
POIDS
Données constructeur (kg) : 1706
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 5,3
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 250
400 m DA : 14
1 000 m DA : 25"6
0 à 100 km/h : 5"8
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 10,6
PRIX NEUF (01/2010) : 43.600 €
PUISSANCE FISCALE : 23 CV
CONCLUSION
:-) Design V6 rageur Boîte manuelle disponible Comportement routier ESP déconnectable Permet de rouler autrement Vraie 2+2 Tarifs compétitifs Version S pour le sport… |
:-( …mais en option Poids Consommation élevée Intérieur trop insonorisé Manque d’image ? |
Bien qu’Infiniti soit une nouvelle marque pour nous français, son expérience parle et les moyens mis pour que ce pari, compliqué, devraient inspirer nos marques nationales. Pour les personnes désireuses de rouler dans un véhicule peu commun tout en conservant un haut niveau de prestations, ce coupé G37 mérite d’être pris en considération. Il ne lui manque finalement qu’une finition digne de son statut pour ne pas avoir à rougir totalement de la concurrence venant d’Outre-Rhin.