SUR
DU VELOURS
Depuis la reprise de Jaguar par
le groupe Ford en 1987, la marque ne cesse de s'étendre et se développer
selon un schéma stratégique bien établi. Ainsi, l'engagement dernier
sous la marque Jaguar en Formule 1 n'est pas étranger à cette stratégie.
Jaguar doit venir chasser sur les terres de Mercedes-Benz et BMW.
Côté gamme particulière, l'élargissement a commencé par la S-Type,
qui a connu en 2002 la commercialisation de la S-Type R, réponse
aux BMW M5 et Mercedes Classe E55 AMG. Moteurs…
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Chez Jaguar, pendant des années,
depuis 1968 pour être plus précis, la gamme des berlines
s'est résumée aux très belles XJ. D'évolutions
en remodelages, les XJ ont connu des mécaniques 6 cylindres
en ligne, V12 et V8. Mais leur positionnement très haut de
gamme, leur fermait la porte de la grande diffusion. Ainsi, après
des années de monoculture en matière de berlines,
Jaguar présente en 1999 une nouvelle Jaguar qui vient se
positionner sous la XJ : la S-Type. Concurrente directe des Audi
A6, BMW Série 5, Mercedes Classe E
, la Jaguar S-Type
reprend le patronyme d'une illustre devancière des années
60 et donne l'opportunité à Jaguar de doubler ses
ventes dans le monde ! Techniquement, cette nouvelle berline haut
de gamme partage la même plate-forme technique que la Lincoln
LS, politique de groupe oblige. Mais que les Jaguaristes convaincus
se rassurent, la propulsion est toujours là et l'ambiance
si typiquement propre à la marque aussi
REMINISCENCES DU PASSE
Les Jaguar ont toujours été reconnues pour leur
élégance intemporelle et leur charme fou. Tout le
monde attendait évidemment Jaguar au tournant pour sa future
Jaguar. Nous ne furent pas déçu par le choix des designers.
S'inspirant délibérément d'une Jaguar mythique,
la berline MkII des années 60 qui contribua grandement à
la renommée de la marque, les références à
son illustre ancêtre sont nombreuses. Le profil général,
la face avant et la partie arrière reprennent le style d'antan
pour notre plus grand bonheur. La S-Type R est dotée en outre
de petits appendices aérodynamiques du plus bel effet. Ils
sont suffisamment discrets pour ne pas tomber dans le panneau de
l'excès comme sur la MG 190 ZT. Bien campée sur ses
jantes de 18" aérée laissant entrevoir ses étriers
de freins siglés "R", la S-Type R dégage
cette impression de puissance contenue propre aux modèles
puissants des constructeurs prestigieux.
INTIMITE ANGLAISE
Monter à l'intérieur d'une Jaguar, c'est s'adonner
à un certain art de conduire. A bord d'une Jaguar, on ne
vit pas la route, on la déguste ! La S-Type ne déroge
pas à cette tradition. Par son habitabilité contenue
comparée à la concurrence, la tradition est (malheureusement
?) respectée. Le cuir est bien entendu omniprésent
et les traditionnelles boiseries virent ont déteint pour
offrir une touche plus sportive. Sur les S-Type R, la partie centrale
de la planche de bord profite du nouveau dessin plus heureux et
plus valorisant que les premières planches de bord de S-Type.
Certes, on retrouve toujours ça et là quelques commodos
issus de la production de Dearborn
, mais globalement l'harmonie
de la présentation et la finition sont à la hauteur
du rang affiché par cette belle anglaise. On regretta tout
au plus, comme sur toutes les berlines hautes performances, des
sièges pas assez enveloppants pour le maintien du corps en
conduite dynamique.
MOTEUR
Si l'on se réfère au passé, les MkII des
années 60 étaient dotée du célèbre
six en ligne Jaguar tandis que les Daimler qui avaient la même
carrosserie étaient encore équipée du V8 d'origine
Daimler. Aujourd'hui Jaguar s'est inspiré des MkII pour le
look, mais c'est un V8 que l'on retrouve sous le capot de la S-Type
R. Et quel V8 ! Certes, comme pour beaucoup de mécaniques
anglaises, ce V8 de 4,2 litres n'est pas des plus mélodieux
et surtout il présente une courbe de couple et de puissance
plus axée confort et bas régime et n'aime pas les
très haut régimes. Mais que le sportif se rassure,
lorsque l'on écrase la pédale de droite, il "envoie
les watts" et vous enfonce dans le cuir souple des sièges.
Avec le facelift des S-Type, Jaguar a opté pour une boîte
automatique ZF à 6 rapports. Cela sied parfaitement bien
avec le caractère de l'auto et les 56,4 mkg de couple du
V8. Pour atteindre les 406 ch annoncés, Jaguar a fait appel
comme sur les XJR et XKR au compresseur Eaton. Malheureusement,
la sonorité du compresseur est quelconque.
SUR ROUTE
Elle est là tapie sur ses grosses jantes de 18",
avec un physique prêt à bondir. La porte se referme
dans un bruit sourd et l'odeur de cuir vient me chatouiller les
narines. C'est un véritable plaisir des sens et les dimensions
intérieures mesurées mariées avec l'imposant
tunnel central accentuent l'effet d'intimité. Moteur en route
et immédiatement le caractère de la S-Type R se révèle.
Très douce, elle demeure très facile à emmener
aux allures de circonstance. Une fois accepté le principe
de la boîte auto ZF, on en vient même à apprécier
la sélection manuelle avec la grille en "J". Puisque
cela se passe très bien, augmentons alors l'allure. Quelle
tenue de route ! Equilibrée, prévenante, elle reste
facile à mener en toute circonstances. Evidemment lorsque
la chaussée se dégrade ou que les conditions d'adhérence
deviennent précaires, il faut avoir le pied léger,
propulsion et près de 2 tonnes obligent. Certes moins efficace
qu'une BMW M5 par exemple, elle reste en usage routier un objet
très efficace et doté d'un charme indéniable.
:: CONCLUSION
Lorsque l'on aime les belles autos puissantes et racées, on ne peut
que féliciter Jaguar pour ce retour dans le cercle fermé des berlines
de luxe très performantes. Et bonne nouvelle, Jaguar poursuit sa politique
"agressive" sur les tarifs, puisqu'elle reste près de 15 à 20 000
€ moins chère que ses rivales directes (A6 RS6, M5 et E 55 AMG Kompressor).
Alors, lors d'un achat passion, il ne faut pas oublier la belle Jag',
d'autant plus que les problèmes de fiabilité des années 70-80 ne sont
plus que de lointains souvenirs. A quand la vôtre ? |