SOLEIL LEVANT
Lorsque Toyota décide de
s'attaquer aux ténors du segment haut de gamme, c'est à
visage couvert qu'il se présente sous le label Lexus. Si
dans nos contrées la marque Lexus ne rencontre qu'un faible
écho, il n'en est rien au Japon et aux USA. Afin de compléter
sa gamme en pleine construction, Lexus a présenté
depuis son roadster SC430. Son objectif ? Concurrencer directement
la star du segment : le Mercedes SL !
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
A l'instar de Honda avec sa marque
Acura, Toyota a créé la marque Lexus pour concurrencer
plus nettement les constructeurs européens spécialisés
dans le haut de gamme (Mercedes, BMW et Audi) mais également
Cadillac. Si jusqu'à présent, Lexus avait pris comme
modèle Mercedes-Benz, depuis quelques années, des
modèles spécifiques à la marque voient le jour.
Pendant plusieurs millésimes, Lexus avait commercialisé
aux USA avec succès un coupé baptisé Lexus
SC400. Pour renouveler ce coupé qui a rencontré un
franc succès outre-Atlantique, Lexus a adopté une
démarche différente en optant pour le concept du coupé-cabriolet.
On connaît en effet l'avantage de ce type de configuration
qui permet à son utilisateur d'avoir une auto multi-usages.
Avec son SC430, Lexus parvient-il à chambouler la hiérarchie
établie dans son segment ?
CONCEPTION
La Lexus SC430 bénéficie d'un design qui est réellement
innovant. Il n'est plus question pour les designers de Lexus de
singer la marque à l'étoile. Le résultat obtenu
est d'ailleurs très réussi puisqu'il donne une impression
perçue de qualité et robustesse. L'équilibre
général du dessin est très réussi et
donne un profil très lisse et pure. L'un des points forts
de ce roadster SC430 est évidemment son toit rigide escamotable
électriquement. En seulement 25 secondes, on peut ainsi passer
du coupé au cabriolet, à l'arrêt et même
en roulant à très faible allure !! Côté
équipements électroniques de sécurité
active et passive, Lexus s'est lâché puisque tout ou
presque est monté en série : VSC (contrôle de
stabilité en courbe), TRC (antipatinage), EBD (freinage d'urgence
couplé au répartiteur électronique)
Les
places arrières sont plus symboliques que réelles.
AMBIANCE LUXE !
Pour son modèle amiral, Lexus s'est rappelé au
bon souvenir de tous et fait honneur à la réputation
japonaise. Comme souvent le dessin de la planche de bord est très
classique, mais ce qui impressionne le plus est la qualité
d'assemblage et des matériaux employés. Quelques mariages
de tons tant dans les garnitures que dans les cuirs sont parfois
osés, mais la finition ne souffre aucunement la critique.
Toujours dans la tradition japonaise, la dotation de série
est réellement impressionnante surtout à ce niveau
de prix. Si bien entendu le cuir et le bois sont de la partie, les
sièges sont électriques et chauffants, une chaîne
CD 440 W flatte vos tympans, et un GPS DVD vous évite les
mauvaises surprises sur la route.
MOTEUR
Il convient d'être très clair dès le départ.
Le V8 4,3 litres atmosphérique de la Lexus SC430, est tout
sauf un moteur sportif. Avec ses 32 soupapes, il ne développe
" que " 286 ch à 5 600 tr/mn et 43,5 mkg de couple
à 3 500 tr/mn. Il est donc très orienté sur
le couple et le confort que sur la sportivité pure et les
haut régimes. Sa puissance spécifique est d'ailleurs
relativement faible rapportée à la cylindrée.
Lisse et discret, ce V8 met à profit sa distribution variable
(VVTi) et ses quatre arbres à cames en tête pour offrir
une onctuosité de fonctionnement. Pour accompagner ce V8
moelleux, rien de mieux qu'une boîte automatique à
5 rapports.
SUR LA ROUTE
Lorsque l'on est installé à bord du Lexus SC430
avec le toit fermé, le silence est de mise. Malgré
le V8 sous le capot, il presque inaudible, à l'instar des
grosses berlines Lexus LS et GS. Dommage car un bon feulement de
V8 flatte toujours l'oreille du connaisseur. Boîte auto sur
Drive et la Lexus glisse sur l'asphalte. Quelle douceur de fonctionnement
! Les passages des rapports sont imperceptibles et le couple suffisant
du V8 autorise une onctuosité de tous les instants. A noter
que lorsque le toit est fermé, le coffre dispose d'une contenance
très honorable pour la catégorie. La planche de bord,
bien que très classique est agréable à l'il
et offre surtout un équipement pléthorique. Bon, testons
un peu les capacités routières de ce coupé-cabriolet
nippon. Une fois le toit replié et les lunettes de soleil
sur le nez, bousculons un peu cette belle auto. Dès les premiers
virages enchaînés à vive allure, il faut se
faire une raison. Si vous maîtrisez un tant soit peu le volant,
l'électronique et la boîte automatique se chargeront
de vous remettre dans le droit chemin. Et lorsqu'ils n'agissent
pas, c'est le châssis qui va avouer très rapidement
ses limites. En effet, dès que la chaussée se dégrade,
le SC430 perd de sa superbe et fait remonter des vibrations. Et
lors de passages appuyés dans les courbes, la caisse montre
des signes de rigidité insuffisante et on retrouve alors
les sensations procurés par le lot commun des cabriolets
peu rigides : tortillements, perte de précision dans les
trajectoires et petits grincements. Rassurez-vous, cela arrive tout
de même à des vitesses déjà répréhensibles
par le législateur. Il faut donc utiliser le roadster SC430
comme une vraie auto de luxe, une découvrable cossue et bourgeoise
avant tour conçue pour le marché américain
qui en absorbe environ un petit millier chaque année. Dire
que la version américaine a des suspensions plus souples
!
Restent les accélérations qui sont honnêtes
avec 27,3 secondes au kilomètre départ arrêté
et environ 7 secondes pour le 0 à 100 km/h. Rapide, mais
sans sensations.
:: CONCLUSION
Considéré ou même juger la Lexus SC430 comme
une auto sportive serait une erreur fondamental. Elle n'a pas été
conçue pour cela. Toutefois, l'offre de Lexus sur ce segment
de marché est cohérente, et dispense des arguments
de poids : rapport prix/équipements, look, finition et exclusivité.
Après tout, pour celui qui est soucieux de son image et est
amoureux des belles autos, et qui ne souhaite pas froisser le ministre
des transports, la Lexus SC430 est un choix opportun. Et puis vous
roulerez décalé, ce qui n'est pas pour nous déplaire
CE
QU'EN PENSENT NOS CONFRERES :
"A
l'exception du brake-by-wire, la Lexus SC 430 dispose des même
aides à la conduite (ABS, EBD, BA, TRC, VSC). Elle s'offre
de série le contrôle de pression des pneus que la Mercedes
(Mercedes SL NDLR) n'a qu'en option. La SC européenne diffère
de l'américaine par des réglages de suspension revus
à la fermeté. Un bon choix si l'on se cantonne dans
les revêtements proches du billard. Par contre, les roues
de 18 pouces digèrent mal les surfaces dégradées.
La carrosserie - toit replié surtout - est alors prise de
tremblement typique des cabriolets flasques. Ce côté
invertébré vient gâcher un bilan flatteur :
on imagine mal que des secousses puissent traverser un monument
de silence et de bien-être."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 11 avril 2002.
"La
Lexus SC430 reprend trains roulants et moteur (V8 4,3 litres) de
la GS. Sa suspension à double triangulation rivalise avec
celle des meilleures berlines allemandes alors que la rigidité
structurelle de la caisse limite au maximum les effets pervers de
la torsion. Saine et sereine, la propulsion japonaise n'exige aucune
propension particulière au contre-braquage. D'autant qu'elle
possède une panoplie d'aides électroniques à
la conduite, digne des plus luxueuses Mercedes-Benz. [
] La
SC souffre, à l'évidence, d'un diamètre de
braquage anormalement élevé pour une propulsion à
moteur longitudinal."
AUTOMOBILES CLASSIQUES - Septembre 2001.
"Ce
coupé/cabriolet de grand luxe tente de rouler sur les plates-bandes
de la Mercedes SL. Comme l'allemande, la Lexus propose un toit rétractable
et un environnement haut de gamme. La qualité de réalisation
est à l'avenant. Mais pour ce qui concerne les sensations,
elles sont de la même veine que celles vécues à
bord du SL, c'est-à-dire
très édulcorées
! Le V8 est onctueux mais manque gravement d'enthousiasme, et les
commandes sont trop filtrées. On peut donc voyager rapidement
comme à bord d'un TGV, mais pour les sensations
"
SPORT AUTO - Juin 2003. |