SYNERGIE GAGNANTE
Depuis la reprise en main de Maserati
par le groupe Fiat et son intégration dans le giron de Ferrari,
Maserati n'a jamais été aussi bien. Un coupé
V8 4200 GT au mieux de sa forme, un spyder équipé
du même moteur une Quattroporte au caractère bien trempé
sont au catalogue Maserati cette année. Une gamme déjà
bien complète pour un constructeur de la taille de Maserati.
Mais avec son intégration dans le giron Ferrari et le partage
de certaines compétences, Maserati a récupéré
la structure de la Ferrari Enzo, ainsi que son moteur pour en extrapoler
une voiture de compétition éligible au championnat
GT. L'Enzo a pour mission d'être la meilleure sur " route
", tandis que la Maserati MC12 doit être la meilleure
sur circuit...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Maserati semble enfin sorti de l'enfer. Il
aura fallu attendre l'intégration de Maserati dans le giron
Ferrari et la sortie du coupé 3200 GT avec son V8 biturbo
et ses feux boomerang pour qu'enfin la marque au Trident relève
la tête. Depuis, ses propriétaires se sont attachés
à préserver la tradition Maserati tout en développant
et améliorant une véritable gamme autour du même
moteur : le V8 4,2 litres atmosphérique. Ainsi, la Maserati
Coupé, la Maserati Spyder, la GranSport, la Quattroporte
en sont équipées. Puissance et sonorité Ô
combien divine caractérisent ce beau V8 italien. Mais la
stratégie du retour en force de Maserati ne s'arrête
pas là. Un engagement en compétition, plus marquant
que le Challenge Tropheo, doit rappeler à tous que Maserati
a déjà écumé dans le passé les
circuits du monde entier avec de beaux titres et belles victoires
au palmarès. On se souviendra du titre de Juan-Manuel Fangio
au volant d'une Maserati 250F en 1957 au Championnat du Monde de
Formule 1. Depuis, c'est Ferrari qui a écrit les plus belles
pages de l'histoire de la F1, et il est peu probable que le groupe
Fiat accepte de mettre deux de ses marques dans la même course
au regard des investissements demandés. Et comme Michael
Schumacher n'a toujours pas de jumeaux
C'est donc le championnat
GT qui vise Maserati, mais pas avec les coupés V8. C'est
une Enzo revisité, toujours équipée du moteur
V12 et avec une aérodynamique spécifique qui va aller
tenter de conquérir le championnat GT : la Maserati MC12.
DESIGN
Suite au projet initié en 2001 pour la conception et la fabrication
de la Maserati MC12, les ingénieurs Maserati sont allés
puiser dans le catalogue du groupe Ferrari-Maserati. Et ils ont
sélectionné le meilleur. Dès lors, la Ferrari
Enzo se révélait être une très bonne
base de départ. Mais n'allez pas croire pour autant que Maserati
s'est contenter d'habiller un châssis d'Enzo. C'est bien plus
complexe que cela. Puisque la Maserati MC12 devait avant tout être
conçue pour la compétition, l'aérodynamique
a été un des facteurs clés de sa conception
et son design. Pour offrir une tenue de route optimale, la carrosserie
doit générer le maximum d'appui. La Maserati MC12
en privilégiant l'appui aérodynamique a donc du augmenter
ses dimensions par rapport à la Ferrari Enzo. L'empattement
est ainsi passé de 2,65 mètres à 2,80 mètres.
Mais malgré les contraintes d'efficacité aérodynamique,
Maserati a fait confiance à Giorgetto Giugiaro pour le dessin
final de la Maserati MC12. Il faut en effet que l'auto soit belle
et désirable afin qu'elle séduise les collectionneurs
(fortunés !) et qu'elle conserve par la suite une cote soutenue.
Il vaut mieux pour les acheteurs, car à 717 600 euros le
morceau, il vaut mieux espérer qu'elle conserve une cote
soutenue¼ L'intérêt de la Maserati MC12 sur
le plan du style est multiple. Non seulement elle ressemble à
un proto des 24 Heures du Mans, mais en plus elle autorise de rouler
découverte puisque le toit est amovible comme sur la Ferrari
F50. Tout en elle respire la course avec ses jantes de 19 pouces
à écrou central, ses entrées d'air béantes,
les grilles, l'extracteur arrière en carbone (splendide !!)
ou sa prise d'air sur le toit.
A BORD DE LA MC12
Une fois installé, le pilote
est vraiment assis par terre ! La position de conduite est excellent
et réglable tandis que les sièges baquets maintiennent
idéalement le corps. Vu les performances annoncés,
c'est mieux ainsi. Toute la platine centrale est recouverte d'aluminium
et l'habitacle est traité luxueusement (cuir, carbone apparent
et aluminium). Pas de surcharge excessive mais un coordonné
de bleu et gris partout dans l'habitacle de la Maserati MC12. Vous
ne trouverez pas de levier de vitesses et pour cause puisque la
boîte est robotisée avec palettes derrière le
volant. Pour les coloris, les acheteurs n'ont pas le choix, puisque
les 50 versions route sont obligatoirement livrées en blanc
nacré avec bandes bleues.
MOTEUR
En reprenant le moteur V12 de la Ferrari Enzo, Maserati ne pouvait
difficilement faire mieux pour motoriser sa MC12. Mais pour conserver
une sorte de hiérarchie dans le groupe, la Maserati MC12
version route est légèrement moins puissante que la
Ferrari Enzo avec 630 ch au lieu de 660 ch. Cela reste toutefois
une valeur tout à fait exceptionnelle pour une voiture de
" route " et à la vue des performances annoncées
par l'usine (0 à 100 km/h en 3,8 secondes, 330 km/h en pointe
et le km DA en 20,1 secondes !!!), peu d'autos sont capables de
telles performances. S'il en existe une dizaine différente
sur le marché, c'est un grand maximum. C'est dire si le cercle
des élues auquel appartient la Maserati MC12 est restreint
et prestigieux. Ce V12 Ferrari a tout de même été
revu sur différent point pour le ré-adapter à
un usage compétition, bien que nous soyons en présence
d'une version routière. La distribution, la cartographie
moteur et quelques autres " bricoles " ont été
revus. Que cela soit sous le capot de la Ferrari Enzo, ou celui
de la Maserati MC12, la sonorité de ce V12 est digne des
plus grands et vient vous glacer le sang. Les 50 propriétaires
de Maserati MC12 version route jouiront d'un plaisir auditif rare
et intense. Pour la boîte de vitesse, n'allez pas croire qu'il
s'agisse d'une boîte Cambiocorsa, bien qu'elle en porte le
nom. C'est en réalité une boîte séquentielle
accouplée à un embrayage bidisque qui se charge de
transmettre la puissance aux roues arrière. Et comme en compétition,
les rapports passent du bout des doigts...
CHASSIS
C'est Giorgio Ascanelli qui a travaillé sous la direction
de Claudio Berro pour la conception du châssis. Il a donc
imaginé une cellule centrale en carbone sur laquelle est
fixé deux berceaux en aluminium supportant les trains roulants
et l'ensemble moteur-boîte. Au bout des bras de suspensions,
de très belles jantes de 19 pouces de diamètre sont
montées et chaussées de très larges pneus en
245/35 à l'avant et 345/35 à l'arrière ! Les
50 propriétaires des versions routières ont même
la satisfaction d'avoir des jantes un poil plus grandes en diamètre
que celles des MC12 de course puisque la FIA interdit de monter
des jantes de plus de 18 pouces. Les freins sont également
touchés par les limites du règlement imposé
par la FIA en GT. Les disques au diamètre conséquent
pincés par des étriers Brembo six pistons, sont en
acier et non en carbone. Cela tend à confirmer que la Maserati
MC12 a d'abord été conçue pour la course, puis
seulement après une version route a été extrapolée.
En complément pour la version routière, un ABS est
monté et un antipatinage vient épauler le pilote pour
maîtriser la puissance du V12 en sortie de virage. Là
encore, la version course n'a pas le droit à ces aides à
la conduite. Sur circuit, la Maserati MC12 est à son aise
et affiche une tenue de route à toute épreuve. Elle
semble collée à l'asphalte tant les limites d'adhérence
sont repoussées. Mais n'imaginez pas que l'on peut prendre
le volant d'une auto de plus de 600 ch, qui affiche un rapport poids-puissance
de voiture de course et faire des temps au tour. Il conviendra d'avoir
de solides notions de pilotage, ce dont, nous n'en doutons pas,
les 50 futurs propriétaires de l'engin disposent.
PRODUCTION MASERATI MC12
2004 : 25 exemplaires
2005 : 25 exemplaires
TOTAL : 50 exemplaires
:: CONCLUSION
La Maserati MC12 est bien plus qu'une simple copie de la Ferrari
Enzo. C'est une véritable nouveauté qui a été
conçu tout d'abord pour la compétition. Cela se sent
tant dans sa définition que son caractère. Avec sa
rareté exceptionnelle comparée à la Ferrari
Enzo, son tarif délirant, ses performances hors du commun
et une ligne plus accessible, la Maserati MC12 s'érrige en
l'une des Supercars les plus désirables du moment. Et comparé
à certaines de ses rivales (Pagani Zonda, Edonis, Koenigsegg
)
elle possède un vrai nom à l'histoire chargée
en patrimoine et en palmarès en compétition. En effet,
si la Pagani Zonda doit beaucoup à Juan-Manuel Fangio, la
Maserati MC12 peut afficher fièrement un blason avec lequel
le célèbre pilote argentin fut sacré champion
du monde de Formule 1 en 1957...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Dans ces conditions, peut- on imaginer qu'une marque comme
Maserati ait pris le risque de développer une voiture susceptible
de n'être pas homologuée ? A l'époque des Mercedes
CLK GTR, Porsche GT1 et Toyota GT One, les constructeurs étaient
déjà allés explorer les limites de l'admissible,
pariant sur la complicité des autorités sportives.
Mais il arrive que la FIA se rebiffe. Certains se souviennent que
la Ferrari 250 LM devait, initialement, courir en catégorie
GT. Les autorités sportives de l'époque, échaudées
avec la 250 GTO à laquelle la 250 LM devait succéder,
n'ont pas avalé deux fois le même plat de couleuvres.
Reclassée en catégorie Sport, la 250/275 LM s'est
tout de même offert un beau doublé au Mans en 1965.
Voilà le genre de lot de consolation qui pourrait suffire
à Maserati, si les choses tournent au pire pour la MC12."
SPORT AUTO - août 2004 -Maserati MC12. |