MISSILE
VON STUTTGART
Depuis la 500E, Mercedes
nous a habitué à garnir son catalogue d'une berline
surpuissante. Le cahier des charges est toujours le même :
un gros moteur, une boîte automatique, une tenue de route
exceptionnelle et toujours la qualité et le luxe Mercedes.
Avec sa nouvelle Classe E, Mercedes ne déroge pas à
la règle à une exception près. On ne parle
plus de performances, mais d'un missile !
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Dans les années 70, certains ingénieurs
de Stuttgart avaient eu la bonne idée de glisser sous le
capot des berlines S un gros V8 de 6,9 litres surpuissant. Le cocktail
était plutôt réussi, même s'il fallait
une bonne dose de savoir-faire pour mener cette berline rapide à
la baguette. A la fin des années 80, Mercedes a dévoilé
un nouveau V8 de 5 litres avec 306 ch présent sous le capot
du nouveau SL R129. Dix ans plus tard on le retrouve dans la Mercedes 500E (W124), popularisée par le film
Taxi. Tout les dessous de la belle étaient alors spécifiques
et avaient été assemblés et conçus à
Stuttgart chez
Porsche. Les Performances étaient alors
excellentes et elle a marqué les esprits au point d'être
devenue une référence pour les amoureux de la marque
à l'étoile. Sur la génération suivante,
AMG étant devenu une filiale sportive de Mercedes-Benz, c'est
dans leurs ateliers que sont conçus et développés
les modèles sportifs. Les Classe E (W210) furent donc dotées
d'un V8 5 litres (E50 AMG), puis 5,5 litres atmosphérique
(E55 AMG). Avec cette nouvelle génération de Classe
E, dénommée W211 chez Mercedes, AMG a affûté
sa préparation, à tel point que la comparaison avec
ses devancières n'est plus possible
L'ELEGANCE MERCEDES
Depuis désormais plusieurs années, Mercedes nous
a habitué progressivement à des carrosseries beaucoup
plus fluides et élégantes que par le passé.
La nouvelle Classe E, lancée en grande pompe et dévoilée
dans le film MIB II, se révèle être un réel
succès commercial. Son design n'y est certainement pas étranger.
Lorsque AMG appose sa griffe, il n'y a pas de révolutions
stylistique par rapport aux modèles standards. Seul l'initié
repérera au premier coup d'il les jantes larges spécifiques
en 18", les ailes élargies et les boucliers très
discrètement retravaillés. Mais à la différence
de sa sur le SL 55 AMG Kompressor, la E55 AMG Kompressor perpétue
la tradition d'élégance propre à la marque.
Côté look on est donc plus dans la tendance de la Jaguar
S Type R que de la BMW M5.
FINITION MERCEDES
Révolution progressive à l'extérieur donc
chez Mercedes, mais également à l'intérieur.
Les intérieurs austères mais irréprochables
de la marque à l'étoile, sont devenus avec le temps
beaucoup plus sexy. Les lignes sont plus douces et harmonieuses,
en phase avec le design de l'auto, et la technologie embarquée
est plus présente et visible. Chaque détail est traité
avec soin, et les habitués de la marque ne seront pas dépaysés
sur la qualité des matériaux toujours exceptionnelle.
Les compteurs sont lisibles et toutes les informations importantes
sont à " portée d'il " immédiatement.
Enfin, le fin du fin demeurent les sièges multi-contours,
non seulement très confortables mais également efficace
en conduite soutenue. Comme d'ordinaire chez Mercedes, les options
sont nombreuses et diverses. Elles permettent entre-autre d'opter
pour le système Distronic (radar de maintien de vitesse),
du Parktronic (aide de parking), du toit panoramique et également
de finitions Designo évoluées permettant de choisir
des coloris et finitions à la carte
MOTEUR
La mécanique est évidemment le cur de la
bête. D'origine, le V8 5,5 litres Mercedes revu par AMG développe
tout de même 354 ch sur les CLK, ML et les anciennes Classe
E AMG. Mais là, le compresseur greffé au cur
du V8 met les watts et annonce 476 ch. Seulement ?! Oui, il est
vrai que le SL 55 AMG Kompressor équipé du même
moteur est désormais annoncé à 500 ch. Mais
quelle importance, car dans un cas, comme dans l'autre la performance
est bien là. Mais plus que la puissance maximale, c'est le
couple atteint dès 2 700 tr/mn de 700 Nm (!) qui impressionne
et en dit long sur les prestations de la Classe E. On imagine les
contraintes supportées par la boîte automatique à
5 rapports imposée aux clients potentiels. Mais à
l'usage, on s'aperçoit que la boîte auto convient bien
à ce missile sur 4 roues, et elle se démarque ainsi
nettement de la BMW M5, sa grande rivale. Il faut savoir que les
moteurs AMG ne sont pas assemblés chez Mercedes, mais chez
AMG et à l'instar d'Aston Martin, chaque moteur assemblé
reçoit une plaque sur laquelle est gravée le nom du
mécanicien qui l'a assemblé.
SUR LA ROUTE
Allez ne boudons pas notre plaisir et notre impatience de prendre
les commandes de cet engin surpuissant, peu en phase avec la répression
routière actuelle. Direction l'Allemagne et ses autoroutes
libres sur certains tronçons. A allure soutenue, cela nous
permet de nous familiariser avec l'auto. Dès les premiers
kilomètres parcourus, le décor est planté.
La suspension pneumatique Airmatic DC offre un compromis confort-sport
excellent, la direction assistée paramétrique s'adapte
à merveille aux conditions de circulation et le V8 compressé
distille sa sonorité sans pareille, tantôt rauque et
tantôt aigu suivant l'inclinaison de la pédale d'accélérateur.
A chaque péage, nous profitons de l'accélération
dantesque de cette berline. En moins de 5 secondes nous sommes déjà
à 100 km/h, et au bout de 22 secondes et des poussières,
vous avez déjà franchi un kilomètre !! Pour
aller chercher cette diablesse, il n'y a guère que quelques
très rares productions de Stuttgart turbocompressées,
ou en Italie avec Lamborghini et Ferrari. Sur les petites routes,
à l'attaque, nous ne pouvons qu'apprécier l'efficacité
du freinage SBC, déjà monté sur le SL qui autorise
des décélérations impressionnantes en toutes
circonstances et même en courbe. Enfin le pannonceau "
Welcome to Germany " ! Passé la frontière, plein
gaz
En quelques secondes nous sommes déjà à
250 km/h, vitesse maximale limitée électroniquement.
Le trafic alors très fluide (rare en Allemagne) nous permet
ainsi de réaliser des moyennes indécentes, et la discipline
légendaire des teutons et leur habitude des autos rapide
nous permet de conduire des heures durant à un tel rythme
en toute décontraction. Seule la contenance limitée
du réservoir rapportée à la consommation déçoit
un peu. Sur le chemin du retour, nous ne cessons de jouer avec les
reprises et le kick-down de la boîte auto. Bon, il faut la
rendre, et comme souvent, au fond de nous même, une petite
voix nous dit : " même si c'est dans 15 ans, j'en aurai
une
".
::
CONCLUSION
Quelle auto ! Rapide, euh non très rapide, efficace, à
la portée de n'importe quel conducteur habitué à
rouler sport, belle à mourir et bien fini, cette nouvelle
Classe E 55 AMG Kompressor se pose en référence en
la matière. La vieillissante BMW M5 accuse trop le poids
des ans pour être pleinement comparée à la dernière
Mercedes. Nous attendons évidemment avec impatience la future
M5 qui devrait être équipée d'un V10 atmo avec
boîte mécanique pour juger. Mais il va falloir qu'à
Mûnich les ingénieurs se surpassent, car la Classe
E55 AMG Kompressor frappe très fort et rappelle en son temps
feu la 500E, si présente dans nos esprits. |