COUP DE JEUNE AU MORRIS GARAGE !
Après avoir digéré le rachat d'Austin-Healey,
la BMC consent enfin à donner une remplaçante plus
actuelle aux antiques MG TD et TF. Avec la MGA, le " A "
signifie qu'une nouvelle lignée est en marche, la BMC entend
bien renouer avec le concept du roadster anglais et rencontrer le
succès, notamment outre-Atlantique. Avec les vieilles recettes,
mécanique de la série éprouvée et une
ligne craquante, la BMC va exploser les scores de ventes aux USA,
dépassant même toutes les prévisions les plus
optimistes...
Texte :
Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Pour bien comprendre la genèse de la MGA, il faut remonter
à l'année 1951. En juin, Syd Evener dessine un prototype
" EX 172 " sur la base de la MG TD pour le photographe
Georges Philipps et participe aux 24 Heures du Mans. Sa ligne est
très semblable à la ligne de la future MGA. Les premières
esquisses sont là. L'année suivante, à l'automne,
le projet " EX 175 " voit le jour : le châssis est
élargi et carrosserie inspirée de la MG du Mans 1951
" EX 172 ". Ce projet est présenté à
la direction de BMC pour rajeunir la MG TD. Mais la direction refuse
et c'est l'antique et peu novatrice MG TF qui sera commercialisée.
La direction donne pour l'instant la priorité à l'essor
de la marque Austin-Healey, récemment acquise par la BMC.
En 1953, c'est le patron de la BMC d'alors, Leonard Lord, qui donne
son accord pour l'étude de la MGA. Parallèlement,
la BMC a mis au point un 1500 cm3 (commun avec les Austin A-50 et
Morris Oxford) qu'elle mettra à disposition de la MGA. En
juin 1955, MG engage 3 prototypes MG " EX 182 " à
cette édition sinistre des 24 Heures du Mans (accident d'une
Mercedes-Benz pilotée par le français Levegh qui s'envole
embrasée dans les tribunes). Ils préfigurent la MGA.
Deux sur trois des MG protos finiront la course. Au salon de Francfort
de la même année, MG dévoile sa MGA.
DESIGN
C'est donc les prototypes MG
de course qui donnèrent leurs lignes à la MGA. Nous
sommes encore dans les années 50 et les lignes pontons commencent
à se chercher avant de triompher pleinement. La MGA hésite
donc entre les formes anciennes des MG TD et TF et les formes pontons
intégrales. C'est donc une formule intermédiaire avec
une ligne rehaussée au niveau des ailes arrière. La
simplicité et la pureté des lignes prime sur la MGA.
Seuls la calandre devant, dans le prolongement et inclinaison du
capot moteur avec les pare-chocs chromés viennent agrémenter
cette ligne monacale. Les plus observateurs remarqueront le pare-brise
qui bénéficie de deux petits renforts fixés
sur la coque. Les MGA 1500 étaient dotées de roues
en tôle ou à fils. Dans les deux cas, un écrou
central papillon était fixé et il fallait alors utiliser
le maillet fourni à cet effet pour pouvoir les desserrer.
La poupe de la MGA est d'une finesse extrême et sur les premiers
millésimes, seuls deux feux arrière simples (des doubles
seront montés par la suite) viennent agrémenter cette
partie de la MGA.
HABITACLE
L'habitacle est dans la plus pure des traditions
des roadsters anglais. Simplicité dans la présentation,
des manos à profusion pour faire sport et tout de même
indiquer l'état de forme du rustique 1500 culbuté
et deux petits baquets caractérisent l'habitacle de la MGA
1500. Le volant à 4 fines branches complète à
merveille ce tableau digne des films des années 50. En résumé,
la MGA 1500, c'est une réussite esthétique incontestable
qui a fait date et l'a transformé en un grand classique du
milieu de la collection automobile.
MOTEUR
Pour motoriser son futur roadster à succès, les dirigeants
de la BMC vont faire jouer la synergie de groupe. Déjà
à l'époque ! C'est donc le moteur 1,5 litres de 68
ch SAE à 6500 tr/mn qui équipe les Austin A-50 et
Morris Oxford qui sera repris. Avec son bloc et sa culasse en fonte,
ce moteur est on ne peut plus traditionnel avec 8 soupapes en tête
à culbuteurs et son arbre à cames dans le bloc. Typiquement,
les amateurs des envolées lyriques des moteurs Alfa Romeo
contemporains en seront pour leurs frais. Plus typé confort
et couple, cette vénérable mécanique est vaillante
en toute circonstance mais jamais sportive.
C'est ce qui poussera
les ingénieurs de la BMC à monter par la suite un
1,6 litres, puis un 1,6 litres Twin Cam. Le 1500 fait d'ailleurs
ce qu'il peut et propulse la MGA 1500 à la vitesse respectable
(pour l'époque) de 157 km/h et établit un 20,2 secondes
au kilomètre départ arrêté. Les mesures
de l'époque n'étalonnaient alors pas encore toutes
sur le kilomètre départ arrêté, exercice
qui serait un supplice pour les anciennes sportives
Véritable
mécano à l'anglaise, le moteur vient d'autres modèles
et la boîte à 4 rapports provient de la MG Magnette.
CHASSIS
Si la plastique de la MGA 1500 était alors moderne et innovante
comparée aux MG TF et TD, il n'en est pas de même de
ses dessous qui sont à l'image de sa mécanique : classique.
Tellement classique, qu'il reste encore du bois (du contreplaqué
de marine)
au niveau des planchers ! Rassurez-vous, le reste
est en acier. C'est donc un châssis séparé constitué
de deux bouts de longerons emboutis et soudés, reliés
par un important tablier d'auvent porteur et des traverses. La caisse
est en acier avec ses ouvrants en aluminium et est fixée
sur le châssis par quatre points de fixation. Les trains roulants
de la MGA sont fixés sur le châssis et constitués
à l'avant de triangles inférieurs en tôle, articulés
sur des bagues caoutchouc, des ressorts hélicoïdaux,
des triangles supérieurs réalisés par les bras
des amortisseurs à levier. L'essieu arrière se contente
d'un pont arrière rigide. Les quatre freins sont à
tambours et sans assistance tandis que la direction utilise une
crémaillère, montée en avant du train avant.
La MGA 1500 avec ses solution techniques éprouvées
permet ainsi d'offrir à son conducteur un comportement routier
efficace et sportif. Seule la mécanique discrète sur
le point de vue des performances ne permet pas de mettre plus en
valeur le châssis de la MGA 1500. Le comportement routier
est réellement le point fort de la MGA 1500 même si
on aurait souhaité un freinage plus mordant et résistant.
Heureusement qu'il y a tout juste plus de 900 kg à ralentir.
Les sensations et le confort sont d'époque, et cela contribue
bien évidemment au charme de la MGA 1500 aujourd'hui. On
n'imaginerait mal en effet vouloir rivaliser avec une " vulgaire
" TDI sur route ouverte
ACHETER UNE
MG MGA 1500
Les MGA 1500, si elles sont les plus diffusées avec près
de 60% de la production totale, ne sont pas toujours les plus recherchées
par les amateurs de MGA en raison de la placidité de leur
mécanique. Pourtant, loin d'être éclipsées
par une sacro-sainte MGB populaire à souhait, la MGA 1500
possède de nombreux adeptes et admirateurs qui permet d'accéder
au roadster anglais des années 50 sans payer la cote des
Triumph contemporaines et sans tomber dans l'archaïsme des
MG TD ou TF. Comptez donc autour de 15 000 euros minimum pour une
belle MGA 1500. Cette génération est esthétiquement
la plus pure et la plus fluide et peut donc constituer un achat
passionné et raisonné. "Raisonné",
car la MGA 1500 c'est du plaisir sans souci ou presque !
Certes,
toute trace de corrosion doit être scrupuleusement traquée
tant à l'achat qu'après. La corrosion, c'est la maladie
des anciennes
Le train avant, précis et agréable,
est souvent sujet à des vieillissement en raison de sa technique.
Rien de grave, mais du jeu est souvent constaté et doit être
remis en ordre. Comme pour toutes les anglaises anciennes, toutes
les pièces sont disponibles à des prix variables selon
les domaines et les fournisseurs. Moteur et transmissions sont très
fiables, et la boîte notamment ne doit pas faire de bruits
lors du fonctionnement. Tout au plus décèle-t-on parfois
quelques synchros de secondes défaillants avec le temps.
Quelques fuites d'huile moteur ne devront pas vous inquiéter
outre mesure, vous êtes avec une vieille anglaise. Les carburateurs
SU ne sont pas toujours évidents à synchroniser. Experts
ou connaisseurs requis
Une MGA 1500, en raison de la facilité
et disponibilité des pièces et des spécialistes,
doit être entretenue régulièrement selon les
préconisations de MG. Sans ce précieux sésame,
il serait risqué d'acheter une auto à l'historique
flou et sans certitude. Evitez également les MGA 1500 qui
seraient reconverties avec des moteurs 1600 ou des présentations
MGA Twin Cam. Sinon, la MGA 1500, c'est un achat plaisir et raison
qui permet de goûter au monde de l'ancienne en toute sérennité
CHRONOLOGIE MG A
1951 : En juin, Syd Evener dessine un prototype " EX
172 " sur la base de la MG TD pour le photographe Georges Philipps
et participe aux 24 Heures du Mans. Sa ligne est très semblable
à la ligne de la future MGA.
1952 : A l'automne, le projet " EX 175 " voit le
jour : châssis élargi et carrosserie inspirée
de la MG du Mans 1951 " EX 172 ", ce projet est présenté
à la direction de BMC pour rajeunir la MG TD. Mais la direction
refuse et c'est l'antique et peu novatrice MG TF qui sera commercialisée.La
direction donne pour l'instant la priorité à l'essor
de la marque Austin-Healey, récemment acquise par la BMC.
1953 : C'est le patron de la BMC d'alors, Leonard Lord, qui
donne son accord pour l'étude de la MGA. Parallèlement,
la BMC a mis au point un 1500 cm3 qu'elle mettra à disposition
de la MGA.
1955 : En juin, MG engage 3 prototypes MG " EX 182 "
à cette édition sinistre des 24 Heures du Mans (accident
d'une Mercedes-Benz pilotée par le français Levegh
qui s'envole embrasée dans les tribunes). Ils préfigurent
la MGA. Deux sur trois des MG protos finiront la course. Au salon
de Francfort, MG dévoile sa MGA : roadster anglais deux places
avec caisse acier et ouvrants en alu et moteur 1,5 litres de 68
ch SAE. Le moteur est commun avec les Austin A-50 et Morris Oxford.
La boîte à 4 rapports provient de la MG Magnette. Châssis
séparé, pont rigide, train AV à roues indépendantes
dérivé des MG TF.
1956 : En septembre, au salon de Londres, à Earl's
Court, MG commercialise la version coupé de sa MGA. C'est
le premier coupé officiel MG depuis 1935. Le moteur est poussé
à 72 ch SAE sur le roadster et sa capote arrière reçoit
une lunette arrière trois parties.Aux Etats-Unis, la MGA
devient la voiture de sport la plus vendue.
1958 : En septembre, pour répondre à la demande
des amateurs de voitures sportives, MG commercialise sa MGA Twin
Cam avec moteur 1600 cm3 de 108 ch SAE. Elle est reconnaissable
à ses roues tôle à écrou central et ses
4 freins à disques et est disponible en coupé ou cabriolet.
Elle possède un châssis spécial et des trains
roulants renforcés.
1959 : En mai, MG muscle son roadster à succès
en remplaçant le 1500 cm3 par un 1600 cm3 de 80 ch SAE (dénommé
15 GD). La MGA se dote alors de disques de freins avant, de ressorts
renforcés et de feux arrière séparés.
Sur le roadster, les vitres avant son coulissantes en série.
1960 : En avril, Les châssis invendus (environ 500
exemplaires) sont proposés avec un 1600 cm3 standard et dénommés
MGA 1600 Deluxe.En juin, c'est la fin de la production des MGA Twin
Cam.
1961 : En avril, MG amène quelques modifications sur
son roadster. La MGA MkII conserve toujours un moteur 1600 cm3 mais
réalésé à 1622 cm3 au lieu des 1588
cm3 et développe 91 ch SAE. La présentation est différente
avec nouveaux feux arrières, nouvelle calandre à barettes
verticales en retrait
1962 : En juin, la MGA tire sa révérence après
101 381 exemplaires produits.La MGB, autre roadster à succès
incontournable remplace la MGA.
PRODUCTION MG A
MGA 1500 : 58 750 exemplaires
MGA 1600 Twin Cam : 2 111 exemplaires
MGA 1600 MkI : 31 501 exemplaires
MGA 1600 MkII : 8 719 exemplaires
Total : 101 081 exemplaires (dont vendus aux USA : 81 153 exemplaires)
:: CONCLUSION
La MGA 1500 est peut être l'un des meilleurs " premiers
" achats pour accéder au milieu de la voiture ancienne
sans pour autant se fâcher avec son banquier et son garagiste.
Fiable, facile à vivre et sans histoire, la MGA 1500 devrait
vous permettre de rouler cheveux au vent sur les petites départementales
sinueuses et redécouvrir les joies et plaisirs de nos grands-parents
à l'orée de cette période des 30 glorieuses
qui a profité à toute une génération
de français... |