FILER A L'ANGLAISE !
Le groupe MG-Rover n'est toujours
pas sorti d'affaire. Les négociations avortées avec
un premier groupe d'investisseurs chinois ont débouché
sur une énième négociation, plus sérieuse
à première vue avec le groupe SAIC qui a produit en
2003 625 000 véhicules. L'avenir de MG-Rover est d'atteindre
des volumes minimums et également des coûts de production
abaissés. La Chine sera-t-elle la planche de salut pour le
groupe anglais ? Pourtant, pour la promotion du label MG, le groupe
MG-Rover est allé aux USA pour donner plus de caractère
à sa berline sportive. Un cocktail étonnant et anachronique
qui nous rappelle de bons souvenirs
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Le groupe British-Leyland n'est plus qu'un
lointain souvenir. Beaucoup de constructeurs se sont disputés
les reste d'un groupe qui a tout perdu dans les méandres
des marques, des grèves à répétition
et de la fiabilité précaire au cours des années
70. Véritable lambeau du groupe British-Leyland, le groupe
MG-Rover se bat pour sa survie. Cela ne se fait pas sans quelques
sacrifices : licenciements, replâtrages des modèles
actuels, accord avec Tata pour la petite Rover
Depuis la renaissance
de la MG F et de la marque MG, le groupe Rover a tenté de
redonner des couleurs à cette vieille marque à la
renommée synonyme de sport à l'anglaise. C'est toute
la gamme Rover qui est passée à la sauce MG avec plus
ou moins de bonheur. Nous avions déjà eu l'occasion
de vous présenter un essai de la MG ZT 190 qui nous avait
convaincu par son charme et sa polyvalence plus que pour sa sportivité
trop timide à notre goût. Le groupe MG-Rover a planché
sur sa berline fétiche, héritage de la période
BMW, pour y installer un V8 sous le capot avant et surtout la passer
en propulsion ! Un pari osé qui donne un résultat
étonnant. Il est temps pour nous de filer à l'anglaise
DESIGN
Les premières photos qui avaient été diffusées
par MG pour la future MG ZT 260 avaient été prises
avec l'ancienne carrosserie des MG ZT. Depuis, l'élégante
ligne des Rover 75 et MG ZT a été subtilement retouchée
pour la mettre au goût du jour. Si l'arrière et le
profil demeurent inchangés, la face avant reçoit notamment
des feux au dessin nouveau. Fini les double optiques et place à
un globe regroupant les deux optiques. Suffisamment différents
pour faire nouveau, mais cette petite " supercherie "
ne nous semblait pas nécessaire tant la ligne initiale était
réussie et harmonieuse. Pour le reste, on prend une ZT 190
et c'est la même présentation extérieure. A
noter tout de même les très belles jantes alu de 18
pouces qui remplissent bien les arches de roues et concourent à
l'équilibre des proportions générales de l'auto.
L'usage des chromes est réduit à sa plus simple expression,
les Rover 75 endossant déjà le statut de " bourgeoises
". Petit détail qui trahit le big bloc sous le capot
: les deux doubles sorties d'échappement avec une fine protection
sur chaque encoche dans le bouclier arrière.
A BORD DE LA MG ZT260
L'habitacle
conserve également cette ambiance inimitable propre aux berlines
anglaises. Ici, pas de sensation d'espaces inutiles, une sorte d'intimité
cosy comme on la ressent également dans les Jaguar. Certainement
le plus beau compliment que l'on puisse faire à la MG ZT
260. La planche de bord conserve le même dessin que sur les
premières Rover 75, et sa finition, tant sur les assemblages
que sur la qualité des matériaux employés est
très correcte. Peu de plastique dur et un équipement
très complet caractérisent l'habitacle de notre anglaise
du jour. Une sellerie cuir recouvre l'habitacle tandis que les amateurs
de teintes claires seront déçus, puisque le noir et
le gris anthracite dominent l'habitacle. A noter que pour 44 000
euros, vous avez même le système de navigation de série.
MOTEUR
Une fois le capot moteur soulevé, c'est la surprise. Sur
le boîtier d'admission moteur galope le cheval bien connu
des Mustangers. C'est en effet le V8 de la Mustang qui est enchâssé
dans les entrailles de la MG ZT 260. Mais n'espérez pas un
V8 diabolique débordant de puissance et de couple, et encore
moins de compresseur. Exit le V8 des Mustang de pointe donc, puisque
c'est le V8 4,6 litres culbuté à 2 soupapes par cylindre
qui a été retenu avec sa puissance contenu de 260
ch à 5 000 tr/mn. Comme tout moteur atmosphérique
américain à l'ancienne qui se respecte, c'est surtout
par un coupe gargantuesque qu'il se distingue : 410 Nm à
4 000 tr/mn. Par rapport aux V8 versions US, la cartographie moteur
a été revue pour passer les normes anti-pollution
européennes et l'espace intérieur sous le capot a
été réadapté. Pour diriger d'une main
de fer ce V8 qui glougloute à souhait, les ingénieurs
MG ont monté une boîte manuelle à 5 rapports
Tremec TR 3650 d'origine nord américaine. C'est notamment
le fournisseur de Chevrolet pour la Corvette C6 pour les boîtes
mécaniques. D'un maniement ferme, elle rappelle à
tous que les boîtes mécaniques ne sont pas la spécialité
des américains, et que passer les 410 Nm par les synchros
de boîte nécessite quelques contraintes. Une fois la
clé de contact tournée, le V8 s'ébroue et émet
une sonorité très agréable à l'oreille.
Ses échappements retravaillés pour l'occasion participe
à ce bonheur sonore qui vous ferait presque penser à
Franck Bullit, le célèbre inspecteur à la Mustang,
interprété avec brio par le regretté Steve
McQueen. Comme les V8 traditionnels US, n'espérez pas aller
chatouiller le comte tours. Très à l'aise en reprise
dès les plus bas régimes, le V8 de la MG ZT 260 rechigne
à monter en haut et perd de sa voix. Les performances notées
n'ont rien d'exceptionnelles avec moins de 28 secondes au kilomètre
départ arrêté et moins de 8 secondes pour le
0 à 100 km/h. Mais elles suffisent d'une part pour perdre
quelques précieux points sur notre feuillet rose, et surtout
sont suffisantes pour donner son petit lot de sensations. Le poids
de la MG ZT 260 en hausse depuis le passage à la propulsion
se fait tout de même sentir dans la dynamique des accélérations.
Pas de mystère avec un poids en hausse, un moteur qui ne
monte pas réellement dans les tours et c'est toute l'attente
de sportifs intégristes qui s'étiole. En revanche
les amateurs de reprises et de conduite façon GT seront comblés.
La consommation d'essence est à l'image du moteur, mais le
réservoir est trop petit pour permettre une autonomie décente.
CHASSIS
Avec le passage à la propulsion, la MG ZT 260 a été
modifié. Toutefois, l'habitacle n'a pas trop souffert de
ce changement car un imposant tunnel traversait déjà
l'habitacle. En effet, dès la conception, la propulsion arrière
avait été envisagée. Avec ce changement majeur,
c'est toute la suspension arrière qui a été
revue. L'essieu arrière dispose d'une suspension arrière
multibras inédite ancrée sur un faux châssis.
L'intérêt de cette nouvelle suspension arrière
est de pouvoir accueillir un différentiel. Ce dernier est
à glissement limité Hydratrac d'origine Dana fonctionnant
à la manière d'un coupleur Haldex via une pompe hydraulique.
Les deux roues postérieures sont guidées par quatre
bras. C'est auprès d'Eibach et Bilstein que les ingénieurs
de MG se sont approvisionnés pour les combinés ressorts/amortisseurs.
Les barres antiroulis ont forcit comparées à celles
des MG ZT 190. Pour les freins, seuls l'essieu arrière profite
d'étriers AP Racing améliorés. Un ABS est monté
de série, mais pas question en revanche de trouver une aide
au freinage d'urgence, et c'est tant mieux pour le pilote qui sommeille
en vous. Dommage en revanche de n'avoir pas monté des étriers
plus performants à l'avant, car le freinage manque un peu
de mordant et d'endurance. Les aides au pilotage sont bannies sur
cette anglaise qui fleure bon les propulsions à l'ancienne.
Seul un antipatinage, déconnectable totalement, est monté
de série. Alors petits pilotes apprentis ou novices en la
matière, évitez tout excès d'optimisme. Sur
sol sec, la MG ZT 260 se distingue par un très bon grip et
une direction très directe sur un train avant efficace et
précis permettant d'inscrire la MG dans chaque virage. Le
mode d'emploi est alors vite assimilé (sur circuit bien entendu
).
Une fois le train avant inscrit dans la trajectoire, on remet les
gaz avec générosité et le différentiel
et votre pied droit font le reste. En forçant les gaz, la
roue arrière intérieure, malgré le différentiel
parvient encore à quelques pertes d'adhérences se
traduisant par des cirages de roues. Avec 410 Nm de couple, le contraire
eut été étonnant. Quel plaisir ! Cela faisait
longtemps que nous n'avions pas pris le volant d'une berline sportive
dotée d'un tel caractère. Avec un sol humide, il convient
de rester prudent, car le survirage guette. Cette MG 260 ZT nous
rappelle un peu les BMW des années 80 : performante, surtout
sur sol sec, un comportement sain et prévisible fait de dérives
contrôlées pour qui sait en faire et une prudence requise
sur sol gras ou humide. Un comportement à l'ancienne qui
nous a enthousiasmé
Le confort est assez ferme mais
est bien compensé par des sièges confortables et bien
dessinés.
:: CONCLUSION
Difficile de donner un avis rationnel sur une auto au caractère
trempé, riche en défauts et en qualités. Sportive, avec son comportement typé propulsion et un gros V8 qui glougloute, cette MG ZT 260 proposée à
un tarif serré est une auto excitante. Certes, l'image incertaine de MG, les performances
décevantes et l'autonomie ridicule peuvent amener à
réfléchir, mais notre choix est fait : nous approuvons
pleinement cette démarche en ces temps d'électronique
absolue. Et puis un V8 à 44 000 euros, cela ne court pas
les show-rooms en Europe...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Prenez une MG ZT, greffez-lui le V8 4,6 litres de la Ford
Mustang entraînant ses roues arrière et vous obtenez
la MG ZT 260, une voiture très virile, tout en couple, agréablement
musicale et dotée d'un comportement diablement efficace.
A contre-courant du sécuritairement correct actuel, la ZT
260 fait d'ailleurs l'impasse sur le programme de stabilité
dynamique, laissant au pied droit du conducteur le soin de maintenir
la cavalerie sous contrôle. Dommage que la commande de boîte
lente et revêche vienne quelque peu ternir le tableau. Dotée
d'une forte personnalité sous une robe relativement discrète,
la MG ZT 260 n'en reste pas moins une vraie sportive
qu'il
faudra savoir apprivoiser. En attendant les vrais nouveaux modèles,
voilà en tout cas qui revigore considérablement l'image
du petit constructeur anglais."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 7 octobre 2004 - MG ZT260.
"Différente. Même si elle marque un progrès
colossal par rapport à la 190, la ZT260 n'est pas parfaite,
loin de là, mais elle vit ! Ni vraiment sportive, ni vraiment
performante, elle constitue ainsi une alternative pour ceux qui
estiment que le pilotage représente une fraction marginale
de l'usage, et sauront savourer son excentricité le reste
du temps."
ECHAPPEMENT - octobre 2004 - MG ZT260. |