© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (20/05/2004)
MISSILE SOL-SOL !
Il aura fallu attendre plus de huit
générations de Mitsubishi Lancer sportives pour qu'elle
soit importée officiellement en France. Mieux vaut tard que
jamais ! Notre patience a toutefois été récompensée
tant la Mistubishi Lancer Evo VIII s'annonce performante, efficace
et recèle en son sein une transmission intégrale des
plus évoluées. La digne représentante de toute
une dynastie
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
C'est en 1973 que Mitsubishi a commercialisé
la première Mitsubishi Lancer. Depuis, huit générations
se sont succédées. En marge de la gamme Lancer traditionnelle,
c'est en septembre 1992 que Mitsubishi dévoile sa première
Lancer Evo I. Auparavant des Mitsubishi Lancer RS et GSR ont vaillamment
défendu la marque au diamant dans les rallies du monde entier.
La Mitsubishi Lancer Evo I développée à partir
de la berline a été conçue pour être
homologuée en championnat du Monde des Rallies en groupe
A. En 1993, Mitsubishi passe à l'Evo II et passe de 250 à
260 ch. Copie revue en 1995 avec l'Evo III et un moteur optimisé
de 10 chevaux supplémentaire. Les changements aérodynamiques
son mineurs. Basée sur la Lancer 5ème génération,
l'Evo IV est commercialisée en 1996. Elle est déjà
dotée d'une système de contrôle actif AYC. En
1998, l'Evo V, puis l'Evo VI en 1999 vont poursuivre la conquête
de Mitsubishi en rallies. En janvier 2001, la Lancer Evo VII sort
des chaînes de production. Basée sur la 6ème
génération de Lancer, elle inaugure un nouveau différentiel
central actif ACD et un répartiteur de freinage EBD. Malheureusement
pour la France, nous n'avons jamais bénéficié
d'une importation officielle et régulière des Mitsubishi
Lancer Evo. Il a certes existé un spécialiste dans
le sud de la France qui les importait sur demande et les homologuait
au cas par cas, mais pour tous les problèmes de garantie
et d'après-vente, l'affaire était complexe et rebutait
l'acheteur. Pour cette huitième génération
de Lancer Evo, Mitsubishi a enfin accepté que le duel qui
existe en championnat du monde WRC soit présent commercialement
avec la lutte fratricide entre la Subaru Impreza et la Mitsubishi
Lancer !
PRÉSENTATION
Toute l'évolution technique et physique de la Mitsubishi
Lancer Evo VIII répond avant tout à des besoins d'homologation
et d'efficacité en WRC. A l'instar de sa grande rivale, la
Subaru Impreza STI, la Mitsubishi Lancer Evo VIII affiche un design
très agressif. Ce sont en réalité une multitude
d'appendices aérodynamiques suggestifs et efficaces qui réhaussent
une ligne d'origine plutôt fade et sans imagination. Par rapport
à l'Evo VII, toutes les modifications aérodynamiques
ont permis de réduire la traînée et la portance
afin d'offrir une meilleure maniabilité et stabilité.
Pour y parvenir, la calandre, les ouies de ventilation, les prises
d'air, le spoiler, les jupes latérales et le becquet arrière
ont été modifiés. Un spoiler arrière
en carbone vient améliorer la stabilité, ce qui est
une première mondiale pour une berline de série à
quatre portes. Il est toutefois possible pour les timides d'opter
pour un aileron moins grand. Posée sur de belles jantes Enkeï
de 17 pouces, la Mitsubishi Lancer Evo VIII en impose.
A BORD DE LA LANCER EVO VIII
Comme pour
sa compatriote rivale de toujours, la Subaru Impreza STI, l'habitacle
est très sportif dans son traitement mais ne peut masquer
la banalité de son design, et les quelques imperfections
de finitions ou de qualité de plastiques employés.
Toute la panoplie de la supersportive est présente dans l'habitacle
: volant Momo trois branches, compteurs rétroéclairés
rouges, sièges avant baquets Recaro très enveloppants
La dotation de série est très complète avec
la climatisation, l'autoradio laser, les vitres électriques
,
tandis que l'option pack Luxe comprend la sellerie cuir, un becquet
arrière et une planche de bord carbone.
MOTEUR
Répondant au nom de code 4G63, le quatre cylindres deux litres
turbocompressé qui officie sous le capot de la Mitsubishi
Lancer Evo VIII est un dérivé de celui qui a servi
à la Mitsubishi Galant VR4 de 1989 en rallies. Mais les nombreuses
évolutions techniques l'ont profondément modifié.
Ainsi, un collecteur d'admission dont la résistance à
l'écoulement d'air a été réduite de
20% et un échappement plus léger ont été
montés. Le cur du moteur accueille des bielles et des
pistons renforcés et allégés. Cela a pour effet
d'améliorer le couple moteur et la puissance qui s'établit
à 280 ch pour le marché japonais mais qui chute à
265 ch en raison des normes anti-pollution (pose d'un catalyseur
supplémentaire). Pour la transmission, Mitsubishi fait en
revanche appel à une classique boîte mécanique
à 5 rapports seulement.
TRANSMISSION MAGIQUE
La transmission intégrale permanente élaborée
par Mitsubishi est très sophistiquée. C'est même
l'un des points forts du véhicule lui autorisant ainsi, on
le verra, des vitesses de passage en courbe élevées
et une maniabilité sans égale. Outre son différentiel
à glissement limité classique de type Torsen entre
les roues avant, la Mitsubishi Lancer Evo VIII bénéficie
de deux organes déjà en fonction sur l'Evo VII, mais
revus et corrigés. L'ACD est un différentiel actif
situé entre le groupe moteur/boîte qui contrôle
la répartition de puissance entre le train avant et arrière.
Dans des conditions d'adhérence normales la répartition
de la puissance est de 50% sur l'avant et 50% sur l'arrière.
L'électronique veille pour modifier cette répartition
en cas d'adhérence dégradée. Le pilote peut
également à loisir sélectionner manuellement
trois position pour l'ACD : " Tarmac " pour le bitume,
" Gravel " pour les graviers ou la terre et enfin "
Snow " pour la neige. En complément de l'ACD, Mitsubishi
a équipé sa Lancer Evo VIII du système de contrôle
actif de lacet (Super AYC). Il augmente la traction sur la roue
arrière qui se situe à l'intérieur du virage
afin d'améliorer encore la motricité. La gestion du
différentiel ACD et de l'AYC sont gérés électroniquement
et varient en fonction de la vitesse, l'accélération
longitudinale et transversale, l'angle d'ouverture du papillon du
moteur.
SUR LA ROUTE
Dès que le moteur tourne et les ceintures sont attachées,
on se prend vite au jeu du pilote de rallye. Le plus délicat
est de s'accoutumer aux performances de l'auto et surtout à
sa vivacité en courbe. Dès les vitesses les plus lentes,
on devine le travail efficace des trois différentiels. En
changeant la sélection du différentiel ACD, on perçoit
mieux les différences de comportement et de réglages.
Accélérer la cadence au volant de cette Evo VIII est
d'autant plus un régal que la commande de boîte est
ferme et précise et surtout le 2 litres turbocompressé
se réveille à partir de 2 500 tr/mn. Cela nous ramène
quelques décennies en arrière à l'époque
des turbos " coups de pieds au fesse " ! Si la transmission
intégrale vous met en confiance, notamment à allure
modérée, pour aller chercher des performances élevées,
il faut soigner son pilotage. Si vous savez piloter (et non pas
simplement conduire
) finement vous atteindrez alors des vitesses
de passage en courbes et dans des lacets totalement impressionnantes.
L'adhérence est épatante, même sur adhérence
dégradée. Il n'y a guère que sur chaussée
dégradée que la fermeté des suspensions met
à mal le confort de roulement et de conduite. Vous l'aurez
compris, la Mitsubishi Lancer Evo VIII n'est pas faite pour les
longs trajets, car sur autoroute l'arrêt à la pompe
à essence est de rigueur plus que de coutume et surtout les
nombreux appendices aérodynamiques entraînent de nombreux
bruits d'air et grincements fatiguant à la longue. Cette
Mitsubishi Lancer doit évidemment être choisie pour
ses qualités, et en ce sens elle est devenue à nos
yeux la nouvelle référence du marché, supplantant
la Subaru Impreza STI. Un fameux compliment...
:: CONCLUSION
Une technologie de pointe, des performances canon, une efficacité
routière irréprochable et une image de championne
pour un prix contenu. Devant tant de qualités, l'autonomie
ridicule et l'appétit en précieux or noir ne sont
que des détails. Assurément une auto à acheter
avant tout le monde, qui bénéficie enfin d'une importation
officielle et d'une garantie 3 ans ou 100 000 km. Quand signez-vous
?
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"La goûter, c'est l'adopter. Explosive à tous
les niveaux, cette huitième Evo s'inscrit dans la lignée
des précédentes Lancer. Son caractère démoniaque
et son comportement viril satisferont sans doute la plupart des
sportifs. Pour le principe, nous devons lui reprocher sa puissance
au " rabais " -15 chevaux de moins qu'au Japon- ou l'absence
d'une boîte à 6 rapports, équipement pourtant
disponible sur d'autres marchés. Mais, bien qu'inexcusables,
ces travers ne peuvent pas gâcher le bonheur ressenti lorsque
l'on chevauche une telle machine."
ECHAPPEMENT - mars 2004 - Mitsubishi Lancer Evo VIII.
"Posé sur des ressorts plus
raides, la Lancer n'apparaît pas aussi facile à conduire
que l'Impreza sur les routes bosselées, mais l'agilité,
la vivacité que lui procurent sa direction directe et sa
transmission plus " intelligente " en font un modèle
d'efficacité sur les routes sinueuses. Beaucoup plus incisive
en entrée de virage, elle saute d'un appui à l'autre,
tandis que son différentiel arrière AYC permet à
son conducteur de ré-accélérer plus tôt
en sortie de virage sans appréhension, restant sur des rails
lorsque la Subaru commence à sur- ou sous-virer selon le
rayon de courbe. Belle démonstration de savoir-faire des
ingénieurs japonais !"
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 6 mai 2004 - Mitsubishi Lancer Evo VIII. |