© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (19/04/2004)
LA FAMILLE AU GRAND AIR
Le concept du coupé-cabriolet
gagne petit à petit la plupart des constructeurs et s'étend
à d'autres segments que le simple roadster dont le SLK de
Mercedes fut l'initiateur. Peugeot, fort de son expérience
avec la 206 CC, tente de rééditer le "coup de
coeur" sur base de 307, avec cette fois, 4 vraies places...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Vous rêviez d’une voiture capable de transporter
toute votre petite famille mais les monospaces n'ont jamais fait
vibrer votre coeur ? Réjouissez-vous, les constructeurs ne
sont pas restés sourds à votre appel et à celui
de nombreuses autres personnes. En effet, aujourd'hui, les mots
coupé ou cabriolet ne riment plus avec célibat ! Peugeot
propose même une voiture à la fois élégante, capable
de bonnes performances et ayant la possibilité d’être selon vos
envies, un coupé ou un cabriolet avec un zeste de sportivité,
et qui plus est, pour quatre personnes ! La voiture idéale
?
DESIGN
Les lignes du Coupé-Cabriolet Peugeot 307 ne vous sont certainement
pas totalement inconnues puisqu'en Octobre 2002, Peugeot les dévoilait
à Paris sous la forme d'un concept-car très proche
du modèle définitif. Disposant d'une imposante malle
arrière destinée à y loger le toit "pour
quatre", la 307 CC se distingue essentiellement de la berline
307 par des feux arrières inédits à diodes
et un bouclier laissant apparaître une sortie d'échappement
chromée. Moins élégant en revanche, le porte-à-faux de la
malle est plus long de 14 cm que sur la berline. Les roues en alliages
de 17" de diamètre, sur cette version équipée
du 2.0 de 180 ch, font ce qu'elles peuvent pour alléger une
ligne assez massive, bien que joliment dynamisée. On s'en
doute, les designers ont été confrontés à
un problème de taille, lorsqu'il a fallu trouver un moyen
élégant de camoufler le toit, tout en préservant
un volume de coffre intéressant en configuration coupé (350 dm3)
ou cabriolet (204 dm3). Mais en dépit d'une ligne moins sexy
que celle de la 206 CC, la 307 CC se rattrape au niveau de la conception,
ayant profité des erreurs et défauts de sa soeur aînée
pour se rapprocher de l'irréprochable. Par exemple, au lieu
d'une bombe anticrevaison, Peugeot a eu la délicatesse de
loger une vraie roue de secours, en alliage s'il vous plaît,
au fond de la malle. Toujours dans le lot des améliorations,
le toit se déverrouille entièrement automatiquement
et il ne faut pas plus de 25 secondes pour transformer le coupé
307 en cabriolet. Au passage, notez que ce n’est plus le Français
Heuliez qui fournit les modules toit-coffre, mais l’Allemand CTS
(Car Top System) qui travaillait déjà pour Mercedes
(SL et SLK).
HABITACLE
Autre témoin d'une conception avancée,
qui saute d'ailleurs aux yeux avant de découvrir l'habitacle,
lorsque l'on tire sur la poignée pour ouvrir la porte, la
vitre de celle-ci s'abaisse automatiquement de quelques centimètres.
Stupéfiant ! Ensuite, contrairement à la 206 CC, la
Peugeot 307 CC est un cabriolet quatre places (et non un pseudo
2+2), à priori capable d'accueillir des passagers arrière
dans un confort plus acceptable sur long parcours. Toutefois, ne
vous faites pas trop vite de grandes illusions. Comme dans tout
cabriolet, c'est bien devant qu'on est le mieux ! Exposées
aux remous et exiguës pour les grands gabarits, les deux places
arrières sont globalement peu confortables pour des adultes.
Mais le coupé cabriolet 307 se veut aussi plus cossu et luxueux.
Le tableau de bord reprend le dessin de celui de la berline 307,
avec seulement quelques légères modifications comme
les cadrans sur fond blanc qui accompagnent, pour la note sportive,
les pédales ajourées et le levier de vitesses à pommeau chromé.
Enfin, trois inserts façon alu égayent les trois branches
du volant cuir. Plus remarquable, la sellerie (cuir et de tissu
de série), s'habille en option du "cuir intégral"
proposé en quatre teintes, qui porte bien son nom puisque
même le tableau de bord se trouve couvert de peau. Sublime
! Ces éléments renforcent l'ambiance cossue et sportive du modèle,
confirmant bien sa vocation. L'équipement est d'ailleurs à la hauteur
des ambitions de la 307 CC et cela, dès l'entrée de gamme. La finition
haut de gamme (180 ch) reçoit un nombre important d'équipements
haut de gamme comme le radar de recul, une alarme avec supercondamnation,
les rétros rabattables électriquement, l'aide au freinage d'urgence,
4 airbags, le correcteur de trajectoire électronique ESP, la climatisation
automatique, l'ordinateur de bord, le régulateur de vitesse, l'allumage
automatique des phares, la radio CD… Au niveau de la sécurité, soulignons
que Peugeot ne lésine pas non plus, avec des arceaux déployables
automatiquement en cas de retournement. Dès la prise de contact,
les choses sont claires. Même à l'arrêt, la 307
CC est une invitation au voyage plus qu'au pilotage, que l'on veuille
le faire cheveux au vent ou non.
MOTEUR
En entrée de gamme, la Peugeot 307 CC est animée par
le 2.0 16V 137 ch de la berline XSI. Jugeant ce moteur un peu trop
juste vu le poids conséquent de la voiture, nous lui avons
préféré, pour notre essai, la seconde motorisation
disponible qui n'est autre que celle équipant déjà
la plus virulente bombinette de Sochaux, la 206 RC. Dérivé
du quatre cylindres 2 litres à 16 soupapes type EW10, l'EW10J4S
a été développé en partenariat avec
Lotus Engineering, spécialiste des préparations moteur
pour la compétition. Pour offrir plus de puissance et plus
de couple, les principales modifications ont porté sur le
haut moteur avec notamment une nouvelle culasse dont l'usinage est
confié à Mécachrome, société
ayant largement fait ses preuves en compétition. L'arbre
à cames d'admission est équipé d'un système
à calage variable continu (type VVC) qui favorise le remplissage
des cylindres quel que soit le régime du moteur. Et effectivement,
celui-ci délivre maintenant 177 ch à 7000 tr/mn, soit
40 ch de plus que la version de base ! Le couple maximum de 202
Nm est atteint à 4750 tr/mn, mais 80% de cette valeur sont
disponibles dès 2000 tr/mn. L'optimisation du remplissage
du moteur à l'admission et de l'échappement dont la
ligne spécifique utilise un nouveau collecteur de type 4
en 1 et un silencieux plus volumineux, s'entend dès le ralentit.
Plutôt linéaire et moins démonstratif qu'espéré,
le 2.0 souffre de l'obésité manifeste de la 307 CC.
Alors qu'il transfigure la 206 en redoutable sportive, il se limite
à faire de la 307 CC une voiture dynamique. Un peu creux
sous les 3000 trs, le 2.0 Peugeot pousse ensuite plus sensiblement
et avec une pleine respiration à partir de 4500 l'aiguille
monte sans jamais fléchir vers le rupteur fixé à
7300 tr/mn. Comme le moteur, la transmission de la 307 est héritée
de la 206 RC. On retrouve donc la boîte manuelle à
5 vitesses dont l'étagement est plutôt court et le
premier rapport a été rallongé. Dommage que,
comme à l'habitude chez Peugeot, la commande de boîte
soit un peu floue dans son guidage et ses verrouillages et que le
régime moteur plutôt élevé sur autoroute
se montre fatiguant sur long parcours. Du côté du chronomètre,
rien de bien excitant, avec 220 km/h en pointe et moins de 9,5 secondes
pour passer de 0 à 100 km/h. Les 1000 m départ arrêté étant effectués
en 29,5 secondes. Notons également la gloutonnerie du 2.0L
Peugeot qui se contentera jamais de moins de 10 L de Super sans
plomb par 100 km en moyenne, accusant là encore l'embonpoint
de la caisse qui s'établit à 1511 Kg, soit 400 de
plus que la 206 RC !
SUR LA ROUTE
Contact, démarreur, le 2.0L Franco-Anglais de la 307 s'éveille
en émettant une sonorité rauque et métallique
bien agréable. Des signes de bonne augure qui nous donnent
déjà envie de tirer le maximum du châssis, bien
que la vocation de la voiture soit plus tranquille... Peugeot ayant
une réputation à défendre en matière
de comportement routier, la marque de Sochaux semble ici avoir placé
la barre bien plus haut que le potentiel mécanique ne l'exigeait.
Le châssis, garant d'une tenue de route exceptionnelle sur
l'ensemble de la gamme 307, est spécialement rigidifié
sur la CC. Un ensemble de renforts en tous genres qui justifie en
grande partie la hausse de poids. A la différence de la 206
CC, la 307 du même nom se distingue dès les premiers
kilomètres par l'absence de bruits parasites. Avec le toit
fermé, on a réellement l'impression de roulerà
bord d'un véritable coupé, même lorsque la route
est dégradée. Dès progrès impressionnants
qu'il convient de saluer ! Même en cabriolet, la rigidité
est étonnante et comparable à celle de cabriolets
4 places bien plus hauts de gamme. Suspendue à l'avant par
une barre anti-dévers tandis que le train arrière
bénéficie de barres de torsion, la 307 CC se comporte
sur la route comme la berline 307. Procurant un sentiment de sécurité
élevé, ce cabriolet abandonne ainsi l'ancienne école
de Sochaux qui prônait pour des châssis agiles et "à
tendance" survireuse dont la 206 semble être le dernier
élève. L'avant comme l'arrière reçoivent
des amortisseurs hydrauliques maison. Les réglages des suspensions
et de la direction, très assistée, affichent clairement
une orientation qui privilégie le confort et l'efficacité
au détriment d'un excellent feeling. Au-delà de la
performance pure, la précision du comportement demeure véritablement
époustouflante pour la catégorie. La motricité
et l'adhérence sont excellentes, merci aux grandes roues
de 17 chaussées de pneus Pirelli P7000 en 205/50
contribuant efficacement au résultat obtenu. Directe, agile,
précise et stable, la 307 CC démontre pleinement des
aptitudes dynamiques à défaut d'être réellement
sportives. Le travail des freins à disques (ventilés
à l'avant) est sans surprise, il se montre efficace et résistant.
LESP, qui se connecte automatiquement au-dessus de 50 Km/h,
cumule les fonctions antipatinage et contrôle de lacet. Les
bruits aérodynamiques sont assez présents à
grande vitesse tout comme le grondement de la mécanique,
sympa les premiers kilomètres mais qui devient vite envahissant.
A 90 Km/H, c'est tout à fait correct, mais sur autoroute...
Enfin, les sièges assez fermes maintiennent très bien
le corps et la position de conduite, un peu haute, n'est pas fatiguante.
:: CONCLUSION
La 307 CC est une auto qui peut paraître paradoxale à
beaucoup. Son moteur 2.0 16V plutôt sportif manque de couple
pour faire face au poids élevé et un V6 aurait donné
un mariage plus idéal à ce cabriolet dont la vocation
n'est pas pas d'aller taper des chronos. Néanmoins, le moteur
se montre vivant et le châssis irréprochable. Pour
couronner le tout, la qualité de fabrication est vraiment
remarquable pour une française. Alors, franchement, laissez-vous
séduire, vous ne le regretterez pas !
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"La Peugeot 307 se montre beaucoup plus vivante à l'usage.
Son comportement sans faille et sa mécanique pétillante,
inhabituelle pour ce type d'auto, n'engendrent pas l'ennui. Elle
remporte la confrontation."
SPORT AUTO - N°501 - MATCH PEUGEOT 307 CC/RENAULT MEGANE
Coupé-Cabriolet. |