PLUS DE COFFRE
Jusqu'à présent, Peugeot n'avait réservé
sa motorisation 180 ch qu'à sa 206 RC et sa 307 CC. Certes,
la cousine Citroën C4 VTS en est également dotée,
mais la 307 berline n'en avait pas le droit. L'acheteur de sportives
devait se contenter des maigres 137 ch de la version essence la
plus performante. L'oubli est enfin réparé à
l'occasion d'un petit face-lift opéré sur la gamme,
mais malheureusement il est peut être un peu tard. Bien que
l'effort soit louable, les 177 ch de la Peugeot 307 risquent bien
d'être un peu courts pour faire sortir les griffes de la lionne
dans un segment très disputé...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Dans le segment très disputé des compactes sportives,
la concurrence est âpre et bien que nos chers gouvernants
nous laissent croire à la fin de la voiture plaisir et populaire,
les GTI n'ont jamais été aussi présentes :
Citroën
C4 VTS, Alfa
Romeo 147 GTA, Audi
A3, VW
Golf GTI, Ford Focus ST, Renault
Mégane RS, Opel
Astra et GTC
Finalement les VW
Golf I GTI et autres Peugeot
309 GTI16 ne sont pas mortes et la descendance est assurée.
Enfin pour presque toutes, car Peugeot
aura pris de court tous les amateurs des sportives de la marque
au lion. Alors que les années 80 et 90, Sochaux nous avait
gratifié de petites teignes toutes aussi efficaces et sportives
les unes que les autres (Peugeot
205 GTI, 1.6,
1.9,
Rallye,
106
S16, 106
Rallye, 306
S16, XSI
),
les années 2000 sont, pour Peugeot, le retour à la
période bourgeoise qui avait prévalu aux destinées
de Peugeot dans les années 60 et 70. Tant pis pour vous et
pour nous. Seule la 206
RC semble faire de la résistance puisque la 206
S16 est retirée du catalogue (snif !). Bon, Peugeot semble
tendre une oreille complaisante vers notre revendication et a décidé
à l'occasion du face-lift de la Peugeot 307 de lui greffer
le moteur de la 206 RC. En réalité, cette brillante
mécanique n'est pas une nouveauté dans la gamme 307,
puisque la 307 CC en avait jusqu'ici la primeur (lire
notre dossier 307 CC 180 ch).
DESIGN
Pas de surprises, la Peugeot 307 est désormais familière
à nos yeux d'automobilistes. Et ce n'est pas le face-lift
qui a profondément modifié la physionomie de la compacte
sochalienne. Alors que sa cousine la Citroën C4 s'offre une
robe moderne, Peugeot revient au classicisme de bon aloi, qui lui
a tant plu dans les années 60 et 70. Globalement, la Peugeot
307 conserve son look de croisement entre une Golf et un monospace.
Résultat, une auto haute sur pattes avec une aérodynamique
peu flatteuse. Nous sommes loin des formes sensuelles et élégantes
des Peugeot 306. Le face-lift a redonné une touche d'agressivité
qui faisait défaut jusqu'alors à la 307. Petits feux
anti-brouillards subtilement intégrés, bouclier très
aéré avec protections en plastique noirs réduites,
Lion béant au dessus du bouclier
Si la silhouette générale
manque de sport et de grâce, les artifices de style sont en
progrès ! Seul signe distinctif pour identifier de l'extérieur
une 307 Féline 180 ch, c'est le petit logo sur les portes
avant " 180 ch ". A l'intérieur, tout est pratiquement
inchangé. Tout au plus note-t-on une console centrale légèrement
redessinée. La présentation est sérieuse, avec
une finition correcte mais un équipement de série
honnête, surtout rapporté au prix de l'auto (moins
de 25000 euros). Quelques touches " sport " agrément
cet habitacle lumineux qui se distingue malheureusement par une
position de conduite monospacisée
MOTEUR
Le deux litres qui équipe la 307 Féline dérive
du quatre cylindres 2 litres à 16 soupapes (type EW10) de
138 ch qui équipe depuis 1999 la 206 S16. Peugeot a confié
la préparation de sa mécanique à une société
étrangère. En effet, c'est Lotus
Engeenering, spécialiste des préparations de moteurs
pour la compétition, qui a été chargé
de "gonfler" le 2L atmo initialement prévu pour
la 206 RC. Pour offrir plus de puissance et plus de couple, les
principales modifications ont porté sur le haut moteur avec
notamment une nouvelle culasse dont l'usinage est confié
à Mécachrome. Contact, démarreur, le 2.0L Franco-Anglais
de la RC s'éveille en émettant une sonorité
rauque et métallique bien agréable. L'optimisation
du remplissage du moteur à l'admission et de l'échappement
dont la ligne spécifique utilise un nouveau collecteur de
type 4 en 1 et un silencieux plus volumineux, s'entend dès
le ralentit. L'arbre à cames d'admission est équipé
d'un système à calage variable continu (type VVC)
qui favorise le remplissage des cylindres quel que soit le régime
du moteur. Et effectivement, celui-ci délivre maintenant
177 ch à 7000 tr/mn. Le couple maximum de 20,6 mkg est atteint
à 4750 tr/mn, mais 80% de cette valeur sont disponibles dès
2000 tr/mn. Un peu creux sous les 3000 trs, le 2.0 Peugeot pousse
ensuite plus sensiblement et avec une pleine respiration à
partir de 5000 l'aiguille monte sans jamais fléchir vers
le rupteur fixé à 7300 tr/mn. Avec cette brillante
mécanique, saluons le travail accompli par les motoristes.
Dommage que la 307 emporte avec elle 211 kg de plus ! Cela se ressent
très nettement dans les chronos avec 220 km/h en pointe,
et surtout un kilomètre départ arrêté
effacé en 29,3 secondes. Pas plus qu'une 205 GTI 1.9 de la
belle époque et surtout nettement moins bien que feue la
309 GTI16. Evidemment, la consommation, en raison du poids et d'une
boîte 5 rapports trop longs, est tout de même coquette
avec 11 litres aux cents en conduite active.
CHASSIS
Sur route ouverte, même à allure soutenue et active,
la 307 Féline se révèle sûre en toute
circonstance. Mais rapidement on détecte ses poids noirs
: ESP castrateur dans les excès de zèle, et un poids
élevé qui se ressent au volant. Pour une fois, une
Peugeot sportive, si on peut la considérer comme telle, n'est
plus diaboliquement agile. Alors qu'une 206 S16 ou RC est vive,
notamment de l'arrière train, la 307 Féline se montre
presque pataude. Equilibrée mais sans grâce dans les
petits enchaînements. Et malgré sa brillante mécanique,
c'est trop juste pour compenser la prise de poids. Il faut admettre
que dans la catégorie les leaders sont motorisés avec
des mécaniques entre 200 et 250 ch. Alors évidemment,
les 177 ch de la 307 sont trop juste pour faire honneur dans la
catégorie. Les freins sont efficaces car se sont les seuls
éléments redimensionnés par rapport aux autres
307. Pour le reste, pas de ressorts courts, d'amortisseurs sport
ou de barre anti-roulis de plus forte section
No comment !
Dire que les Peugeot étaient auparavant citées en
référence. Cela rappelle que le regretté André
Costa jugeait même qu'une 205 GTI 1.6 pouvait à l'époque,
sur des petites routes sinueuses, tenir la dragée haute à
une Porsche
911 Carrera 3.2
Les temps changent, parfois malheureusement
!
:: CONCLUSION
Après une abstinence incompréhensible sur le segment
des compactes sportives, Peugeot revient avec sa 307 face-liftée
sous la forme de la Féline. Mais avec un poids élevé,
un châssis sain mais non sportif et surtout un moteur desservi
par une boîte trop longue, la 307 Féline n'affole pas
les chronos et ne suscite pas la passion. On se prend à rêver
d'une vraie 307 RC, avec une vraie tenue de méchante et un
moteur atmo pêchu et pointu d'au moins 220 ch. Mais pour l'instant,
c'est à la concurrence qu'il convient de s'adresser pour
trouver une vraie GTI compacte...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Féline mais pas sauvage. La 307 s'offre enfin une personnalité,
des perfs décentes et un semblant de caractère. Mais
en ne recourant ni à l'appellation, ni au traitement "
RC ", Peugeot n'a pas souhaité faire de sa grosse compacte
une sportive. Mission accomplie !"
ECHAPPEMENT - septembre 2005 - Peugeot 307 Féline 180
ch. |