TOUT POUR LA COURSE !
Chez Porsche,
la généalogie des RS n'est pas un vain mot. Chaque
génération a le droit depuis la 964 à sa version
RS. La 996, n'échappe pas à cette règle, en
allant encore plus loin dans la démarche. Véritable
objet de culte produit à 200 exemplaires seulement, la 911
GT3 RS s'annonce déjà comme une icône incontournable
de l'Automobile Sportive, tant dans le monde des sportives, que
sur votre site préféré
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Lorsque Porsche présenta en
1972 sa Carrera 2.7 RS, avaient-ils seulement imaginé qu'elle
deviendrait alors une des représentantes les plus célèbres
des automobiles sportives. Avec des performances, pour l'époque,
exceptionnelles (25 secondes au km DA tout de même !), et
un caractère affirmé, la Porsche 911 Carrera 2.7 RS
s'est de plus forgé une réputation sur les circuits
du monde entier. Aussi à l'aise sur route que sur circuit,
la Porsche 911 Carrera 2.7 RS était finalement l'héritière
de l'illustre Ferrari 250 GT, qui avait alors permis à nombre
d'amateurs (souvent fortunés) de courir et d'aller de circuits
en circuits au volant de la même voiture. Polyvalente, aussi
incisive en compétition, que " docile " sur route
ouverte. Ensuite à part quelques tentatives éphémères,
il faudra attendre les Porsche 911 type 964 pour voir le concept
des RS revenir. Baptisées " Carrera RS ", les 911
type 964 étaient modifiées et surtout très
allégées. Le but de Porsche était double :
une quête du plaisir de conduite et la conception d'une GT
efficace en compétition. La cote actuelle toujours soutenue
des 964 Carrera RS en occasion prouve le bien-fondé du concept.
La 993 prolonge l'expérience avec succès, mais toujours
en série limitée, et la Porsche 911 type 996 inaugure
les GT3. Vous avez déjà eu l'occasion de consulter
nos dossiers consacrés aux 911 GT3 et GT3 MkII, mais Porsche
a souhaité aller plus loin encore dans le concept avec la
GT3 RS. Plus extrême et plus provocante, la Porsche 911 GT3
RS est limitée à 200 exemplaires seulement, ce qui
va continuer de maintenir une cote élevée et alimenter
le mythe des Porsche 911 extrêmes.
CONCEPTION
Pour bien comprendre les modifications apportées sur la Porsche
911 GT3 RS, il faut assimiler l'objectif des ingénieurs de
l'usine Porsche : alléger la 911 pour garantir une efficacité
de pilotage accrue. Pour y arriver, les ingénieurs ont réétudié
les points d'ancrages de nombreux éléments (biellettes
liées à la direction, épure de suspension avant,
bras arrière multi-bras, porte-moyeux arrières moulés
en une seule pièce
). Cela permet ainsi d'abaisser au
maximum le centre de gravité de l'auto pour garantir une
adhérence optimale, et également de supporter les
contraintes du circuit et de pneus slicks. Pour la partie allégement,
de nombreuses pièces de carrosserie sont en carbone (capots
avant et arrière, coque de rétroviseurs et aileron)
et la lunette arrière est souple en polycarbonate. La ventilation
de la mécanique est encore optimisée par rapport aux
GT3. A noter les pneus Pirelli P Zero Corsa System, qui sont des
gommes issues de la compétition à peine retaillés
pour la route, remplace avantageusement les pneus Michelin Pilot
Sport, pourtant déjà très efficaces) montés
sur la GT3.
AMBIANCE COMPETITION
Les habitacles des Porsche 911 GT3 étaient déjà
dépouillés, mais là Porsche a encore essayé
de gagner quelques kilogrammes. On retrouve la planche de bord déjà
connue des 911 type 996, inspirée de celle des Boxster. Mais
le dépouillement est total. Sans demande express du client,
vous n'aurez pas d'autoradio, pas de climatisation
Tous ces
accessoires sont cependant disponibles en option gratuite. A ce
niveau de prix on en attendait pas moins. Le volant est recouvert
d'Alcantara pour un meilleur grip, de même que les sièges
baquets Recaro qui assurent un maintien optimal. Un arceau de sécurité
cage a pris place dans l'habitacle pour sécuriser la cellule
de survie du pilote.
MOTEUR
Le Flat 6 de la GT3 RS est le même moteur que celui monté
dans la GT3 standard. Pour mémoire, ce flat " liquide
" est issu du moteur victorieux au Mans en 98 sur la Porsche
911 GT1, et est le même que celui monté dans la 996
GT2 et Turbo. Peu de modifications en fait par rapport à
la GT3, hormis une alimentation en air frais optimisée et
un volant moteur mono-masse offrant moins d'inertie qui est le même
que celui monté sur la GT3 Clubsport. La transmission de
la 911 GT3 RS présente l'avantage d'avoir été
étudiée pour être adaptable à différentes
épreuves en compétition. Les pignons de boîtes
sont notamment emmanchés sur l'arbre au lieu d'y être
usinés comme sur la GT3 standard. Cela permet notamment de
les changer pour adapter les rapports de boîte. Bonne nouvelle
pour les intégristes du sport pur et dur, le PSM, l'ESP Porsche,
n'est pas au programme.
CHASSIS
Le tour du propriétaire effectué, je suis déjà
bien calé dans le siège baquet Recaro. Le temps est
clair et sans vent, et je vois déjà au loin de la
longue ligne droite de notre circuit du jour la première
courbe qui m'appelle comme une sirène me chanterait sa mélopée.
Je démarre le Flat qui résonne très fort dans
mon dos tant les insonorisants ont été retirés.
Cela réconcilie même avec le flat liquide que tous
les fans trouvent trop discret par rapport aux derniers moteurs
des 993. Avant de démarrer, je regarde l'habitacle totalement
dépouillé et je m'imagine alors à la place
de Steve McQueen dans le film Le Mans. Première enclenchée,
je relâche la pédale d'embrayage et l'auto avance sereinement.
Deux tours de circuits vont me donner les premières impressions
qui me donneront confiance par la suite pour trouver les limites
du châssis. Plus les tours défilent, plus la cadence
augmente. La 911 GT3 RS y révèle son vrai visage.
Nous aurions pu craindre un comportement pointu d'auto de compétition,
rétive et caractérielle. Il n'en est rien. La Porsche
911 GT3 RS se révèle étonnement facile à
mener vite avec quelques notions de pilotage. On se surprend même
à soigner ses trajectoires tant le châssis est précis
et donne des informations sur la route. Le freinage est signé
Porsche, à savoir efficace et endurant. L'option freins en
céramique facturé en option à
8 000
euros (!!) semble superflu sauf pour ceux qui courront sur circuit.
Dans les lignes droites, les montées en régimes et
les accélérations sont effarantes. Le Flat tonne et
rugit dans les tours, et vous atteignez très rapidement des
vitesses élevées. Le potentiel du châssis met
en avant les très bons pneus Pirelli, et il serait intéressant
de constater, volant en main, ce que donne sur circuit une GT3 RS
avec des pneus slicks. Pour conclure, la Porsche GT3 RS est certainement
la plus efficace, la plus charismatique et la plus cohérente
dans sa démarche par rapport à ses deux rivales que
sont la BMW M3 E46 CSL et la Ferrari Challenge Stradale.
:: CONCLUSION
Bien que charismatique et emblématique, la Porsche 911 GT3
RS est réellement facile sur circuit. Même avec juste
des notions de pilotage, l'amateur (fortuné) pourra prendre
énormément de plaisir en sentant la justesse de ses
trajectoires, et étant plaqué dans son baquet Recaro
à chaque accélération ses tympans goûteront
sans retenu à un Flat 6 ayant retrouvé ses vocalises
d'antan. De purs moments d'extase, mais limité à 200
exemplaires et sur circuit. A propos, ne cassez plus votre tirelire,
les 200 Porsche 911 GT3 RS sont déjà toutes vendues
CE QU'EN PENSENT NOS CONFRERES :
"Voiture de course
développée à partir des contraintes d'homologation
d'un engagement en compétition et sommairement adaptée
à un usage routier, la GT3 RS est sans doute la plus pure,
la plus emblématique des 911 actuelles, atmosphériques
et turbo confondues. La plus authentiquement RS aussi, conforme à
l'esprit d'un coupé (très) sportif, entièrement
dédié à l'efficacité et au plaisir de
pilotage, tel que pouvait l'être la Carrera 2.7 RS en 1972.
Proscrit sur nos routes, ce genre automobile est appelé à
se développer en fréquentant les circuits, où
il s'exprimera pleinement en toute sécurité. C'est clairement
la raison d'être de la GT3 RS et c'est là qu'elle se
retrouvera d'ailleurs le plus souvent. Mais quand vous en verrez une,
faites un vu : il n'y en aura que 200 dans le monde !"
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 12 février 2004. |