PETITE CAISSE ET GROS MOTEUR
Il
faut patienter jusqu'au restyling de la gamme Renault Supercinq pour que la bête
à succès (commerciaux) de Billancourt soit réhaussée
et montée en gamme. En piochant dans la banque d'organes Renault et en
équipant ses petites Supercinq du gros 1,7 L de 90 ch, les techniciens
de Renault ont en outre choisi deux tenues : le sport avec la GTX et le luxe avec
la Baccara
Texte : Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
En 1972, c'est le choc
sur le marché automobile français. Renault innove surtout dans le
design et le concept avec la Renault 5. Pour mieux s'en rendre compte aujourd'hui,
il suffit de comparer la Renault 5 du début des années 70 avec la
Peugeot 104 quatre portes de la même époque. Initialement commercialisée
en 3 portes, la Renault 5 sera par la suite complétée par une variante
5 portes. Mais sous les capots, Renault n'ira jamais au-delà du 1,3 litres,
et la finition sera toujours limitée. En octobre 1984, Renault dévoile
celle qui a la lourde tâche à la reine déchue, qui a laissé
son trône à la Peugeot 205 commercialisée depuis 1982. Pas
facile de remplacer un succès ! Alors les designers de Renault avec la
participation de Marcello Gandini (réalisateur des Countach, Diablo
)
n'ont pas réellement innové et ont plutôt ont modernisé
la Renault 5. Elle s'appellera donc Supercinq, bien que ses monogrammes arrières
indiquent " Renault 5 ". Première phase de 85 à 88 où
les moteurs utilisés sont encore les vieux quatre cylindres avec arbre
à cames latéral. Les versions les plus " luxueuses " sont
les TSE, tandis que la TS se charge du sport populaire.
LA SUPERCINQ
PHASE 2
Les critiques des premières Supercinq étaient
connues, puisque c'est surtout la finition intérieur et le manque d'aspect
cossu qui ressortaient le plus. Renault a préféré prendre
de l'avance et même innover sur le plan marketing et concept. Techniquement,
les Supercinq phase 2 évoluent peu, sauf sous les capots. En effet, Renault
décide de faire monter sa Supercinq en gamme, et de contrer ainsi Peugeot
et sa 205 dont les plus gros moteurs (en dehors des versions GTI
) étaient
des 1,3 litres avec la 205 XS et GT. Pour y parvenir, Renault utilise une recette
bien connue mais qui marche presque toujours avec la recherche dans la banque
d'organes existante (pour faire du neuf à moindre frais
) d'une mécanique
plus grosse et plus puissante à glisser sous le capot d'une auto compacte
ou de gamme inférieure, en gabarit tout du moins. C'est donc le quatre
cylindres de 1721 cm3 de 90 ch, alimenté par un carburateur qui est monté
sous le capot des Supercinq. Et pour cette motorisation, Renault prévoit
deux modèles différents : les GTX et les Baccara. La première
nommée, est plus accessible en prix et se veut un peu un modèle
" grand tourisme ". La Baccara en revanche vient défricher un
nouveau segment, celui de la petite urbaine de luxe. Il semble bien loin le temps
des Renault 4 Parisienne avec leur faux cannage peint sur les flancs qui jouaient
alors les autos des dames bourgeoises parisiennes.
BACCARA
: CHIC ET CHOC !
Les Renault Supercinq GTX, et les Baccara à fortiori,
bénéficiaient d'une présentation plus soignée. Renault
prenait en fait pour base celle de la GTS et l'avait agrémenté de
nombreux équipements en série, et le velours des sièges sur
la GTX se voulait plus cossu. La Baccara se démarquait en revanche avec
une présentation spécifique et plus haut de gamme. En fait, toute
la sellerie était recouverte de cuir beige Conolly (comme dans les Jaguar
et les Rolls !), les plastiques intérieurs étaient coordonnés
avec le beige de la sellerie cuir. Et le détail qui tue, comme sur les
Renault 25 du même nom, sous la plage arrière était fixée
une housse en simili imitant le cuir beige pour ranger ses affaires ou sa veste.
La banquette arrière était rabattable, et en option les plus exigeants
pouvaient alors opter pour une sono Pioneer digne des plus grandes. La direction
assistée était en série, de même que les vitres électriques,
la fermeture centralisée
La GTX avait en moins les jantes alu en
option, et quelques broutilles. Les deux modèles ne connurent pas d'évolutions
particulières sur seulement deux années millésimes. La GTX
pouvait être choisie avec 3 ou 5 portes, tandis que la Baccara n'était
au catalogue qu'en version 3 portes.
MOTEUR
La Supercinq Baccara était livrable en boîte mécanique
5 rapports ou boîte automatique à 3 rapports. Aussi curieux que cela
puisse paraître, sur les Baccara il y a deux moteurs différents.
La version à boîte mécanique est heureusement équipée
du même moteur 1,7 litres de 90 ch que la GTX, tandis que la version automatique
est équipée de l'antique moteur à arbre à cames latéral
1,4 litres de 68 ch. Certes, la boîte auto est très souple et agréable,
mais la puissance très juste de ce moteur antique ne parvient pas réellement
à convaincre, sauf pour les usages exclusivement urbains. Les mécaniques
ne vont pas évoluer sur les quelques millésimes de production. Il
y a juste la carburation des moteur 1,7 litres qui sera modifiée par la
suite en après-vente en raison de différents problèmes de
démarrage et de surconsommation d'essence.
SUR
LA ROUTE
Nous passerons sous silence l'essai de la version automatique
qui nous paraît peu appropriée à l'Automobile Sportive en
raison des faibles performances et caractéristiques annoncées. C'est
donc la version 1,7 litres des Supercinq Baccara et GTX qui nous intéresse.
Avec son gros moteur, le train avant est certes plus lourd, mais la direction
assistée de la Baccara permet d'oublier ce désagrément. Dotées
d'un châssis sain et équilibré, les Supercinq GTX et Baccara
se permettent ainsi de venir taquiner les routières contemporaines de leur
commercialisation. Si les 90 ch semblent suffisants, ils ne procurent toutefois
pas le même tempérament explosif de la Supercinq
GT Turbo. Leur terrain de prédilection est plutôt la souplesse
de fonctionnement et l'onctuosité procurée par ce gros moteur dans
une si petite caisse. Vive mais pas trop, agile tout en gardant un certain confort,
les Supercinq GTX et Baccara semblent être un bon compromis pour qui veut
un esprit luxe et/ou sport sans en subir trop les contraintes. L'équipement
de série est complet, mais le dessin de la planche de bord est toujours
aussi critiquable. Nous passerons sous silence la qualité des plastiques
intérieurs que le velours cossu des GTX ou le cuir Conolly des Baccara
ne parvient pas à compenser. Et en conduite tranquille, la consommation
est même raisonnable
ACHETER UNE SUPERCINQ
BACCARA / GTX
Lors de la commercialisation des Supercinq Baccara et
GTX, la première nommée était affichée alors au même
prix que la Supercinq GT Turbo. Pourtant les chiffres des ventes étaient
alors nettement en faveur des GT Turbo. La Renault Supercinq GTX fut en revanche
plus diffusée que la Baccara. Aujourd'hui il faut donc espérer environ
2 000 euros pour une belle GTX, et 3 000 euros pour une belle Supercinq Baccara.
Quant aux Baccara automatiques et leur petit moteur 1,4 litres, elles manquent
sérieusement de notoriété et s'échangent aujourd'hui
autour des 1 500 euros. Mais quoiqu'il arrive, sachez que pour les trois modèles
énoncés précédemment, les kilométrages commencent
à être chargés, les historiques flous ou inconnus et l'entretien
quasi absent. Dommage, car contrairement aux apparences, ces petites mignonnes
des années 80 révèlent quelques faiblesses d'usage. Le moteur
1,8 litres de 90 ch présente notamment quelques anomalies chroniques de
carburation qui se manifestent sous la forme de trous à l'accélération
et/ou de surconsommation d'essence. C'est en fait la semelle du carburateur et
la cale sur le collecteur qui se déforment. Depuis mai 1991, il existe
en pièce de rechange un nouveau carburateur plus fiable. A partir de 90
000 km il n'est pas surprenant ni anormal de constater quelques fuites d'huile.
Sur les boîtes mécaniques à 5 rapports équipant les
Supercinq Baccara et GTX, on notera la faiblesse du synchro de seconde. Les cardans
sont souvent très sollicités et la faiblesse des soufflets (souvent
ils se déchirent à partir de 60 à 80 000 km) laisse partir
la graisse nécessaires à la bonne longévité des cardans.
Enfin, bien que les GTX et encore plus la Baccara jouent la carte du haut de gamme,
il faut tout de même déplorer la piètre qualité des
matériaux employés et de l'assemblage. Les cigales et criquets sont
nombreux dans les habitacles ayant déjà vécu, tandis que
les équipements électriques présentent une longévité
d'époque. Enfin, il n'est pas à oublier que les intérieurs
cuir des Supercinq Baccara intéressent fortement les malfaisants de bas
étages qui les réemploient ensuite dans leurs propres Supercinq
ou celles de leur copains pour profiter d'un intérieur cuir. Un seul conseil
sur votre recherche pour acheter une Supercinq Baccara ou GTX : patience et recherches
minutieuses seront les meilleurs garants pour votre tranquillité et bonheur
de demain au volant de ses deux autos identiques mais à la présentation
différente
CHRONOLOGIE RENAUL 5 / SUPERCINQ
1972 : Commercialisation de la Renault 5.
1984 : En octobre,
présentation de la Renault Supercinq.
1988 : Restyling de la
gamme Renault Supercinq.
Commercialisation de la Supercinq GTX qui remplace
la TSE et de la Baccara.
1989 : En juillet, Renault Supercinq Saga
à la présentation spécifique.
1990 : Arrêt
de la commercialisation des Supercinq Baccara et GTX.
Lancement de la Renault
Clio Baccara et 1.8 RT.
1997 : Arrêt définitif des Renault
Supercinq avec les dernières Supercinq Five.
::
CONCLUSION
Lorsque nous étions adolescents, les Supercinq Baccara
et GTX représentaient alors des autos très sympa et aguicheuses.
Aujourd'hui le temps a passé, et comme avec vos idoles de jeunesse, vos
goûts ont évolué et votre rêve d'alors a perdu de son
éclat. Mais, au fond de vous il subsiste toujours cette petite lueur, ce
respect pour celle qui vous attirait alors. Les Renault Supercinq GTX et Baccara
sont à la bonne période pour être achetée afin de concrétiser
finalement cette fascination d'adolescent alors en pleine quête de soi,
surtout aux prix affichés aujourd'hui
A condition de trouver la bonne
!
CE
QU'ILS EN ONT PENSE :
"Dans
la catégorie des petites musclées, la Renault 5 GTX est une redoutable
cliente. Il y a peut être peu de domaines dans lesquels on ne trouve pas
une de ses concurrentes qui fasse mieux, mais elle ne présente pas de véritable
lacune. Elle est rapide mais pas trop vorace. Elle est à la fois souple
et relativement nerveuse. Elle tient bien la route mais demeure confortable. Elle
bénéficie d'une présentation de bon aloi mais pas provocante.
C'est sans doute le modèle le plus homogène de la gamme Renault
5, apte à tous les types d'utilisation, à condition de ne pas rechercher
l'habitabilité d'une berline."
AUTO PLUS - HS 400 ESSAIS 1990
- Renault Supercinq GTX.
"Proposée
au même prix en version boîte mécanique ou transmission automatique,
la R5 dispose dans cette première version d'un 1700 cm3 développant
90 ch reliés à une boîte à cinq rapports, et dans le
second cas d'un 1,4 litres délivrant 68 ch, accouplé à une
transmission automatique à 3 rapports. Notre voiture d'essai disposait
d'une boîte mécanique et pourvue du moteur 1,7 litres, la R5 offre
des performances très satisfaisantes, avec notamment une vitesse maxi de
l'ordre de 180 km/h, des reprises suffisantes pour une utilisation nerveuse en
ville et à la clé une consommation plus raisonnable, qui n'excédera
pas les 10 litres aux 100 même en démarrant fort aux feux verts."
AUTO REFERENCES - 1990 - Renault Supercinq Baccara. |