PLUS CHIC QUE SPORT !
En pleine tourmente,
il nous paraissait intéressant après les annonces officielles de
DaimlerChrysler sur sa marque Smart, de nous intéresser à la Smart
Fortwo Brabus dans sa variante cabriolet. Avec son look aguicheur, sa présentation
qui se veut exclusive et son concept unique sur le marché, la Smart Fortwo
dans sa variante la plus puissante tient-elle toutes ses promesses ? Alors sportive
avérée, ou plutôt urbaine pétillante? Réponse
dans ce dossier...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R. Pas toujours facile pour un petit constructeur automobile
de se faire une place au soleil. Smart
l'a appris à ses dépends avec une multiplication des gammes qui
n'ont pas rencontré le succès attendu par ses dirigeants. Nous ne
nous étendrons pas ici sur les raisons de ce repli, mais force est de constater
que la Smart qui a le vent en poupe est celle que tout le monde connaît
et identifie immédiatement : la Smart Fortwo. Son lancement a lui aussi
été compliqué et difficile. Compliqué car l'alliance
des débuts entre Mercedes-Benz
et Nicolas Hayek de Swatch n'ont pas duré longtemps en raison de divergences
de vues. Qu'importe Mercedes-Benz et Smart vont innover dans tous les domaines
et ont vont tout créer de toute pièce : réseau de distribution,
système de vente, Smart City Coupé
Pas si facile avec le recul
d'imposer au public, plutôt conservateur dans l'âme, un nouveau concept
de mobilité. Les débuts sont timorés, mais après quelques
efforts la Smart Fortwo (qui s'appelle alors encore City Coupé) trouve
son public (surtout en zones urbaines) et se déveppe au point d'avoir dans
sa gamme un coupé, un cabriolet et même exceptionnellement un Crossblade
! A partir de 2002, Smart, qui s'est trouvé un partenaire de choix avec
Brabus, va décliner une variante sportive en coupé et en cabriolet.
C'est cette dernière version que nous avons choisi d'essayer pour vérifier
le bienfondé du concept et déterminer ou non une sportivité
éventuelle...
DESIGN
Lors de la conception de la Smart
City Coupé, désormais Fortwo, il fallait réussir à
concilier une taille réduite tout en conservant une rigidité et
des capacités en crashtests en phase avec les standards de plus grosses
automobiles. C'est ainsi, que les ingénieurs ont élaboré
la cellule de sécurité "Tridion" qui est la marque de
reconnaissance de toutes les Smart de la Fortwo en passant par le roadster
jusqu'à la Forfour.
Cette cellule constituée de trois acier différents cnfère
à la Smart Fortwo une rigidité suffusante, même en cabriolet.
Avec 2,50 mètres, la Smart Fortwo offre un look unique dans le PAF (paysage
automobile français) puisque très courte et assez haute "sur
pattes". Par rapport à la variante coupé, le cabriolet offre
des feux arrières monoblocs au dessin différent. Les deux double
optiques en haricots de la face avant ont donné un sérieux coup
de fun au design de la Fortwo par rapport aux anciennes City Coupé. Ce
que le néophyte va remarquer au premier regard sur la Fortwo Brabus cabriolet
ce sont ses jantes Brabus en... 16 pouces ! Fichtre, de sacrés rouleaux
montés aux quatre coins de la petite Smart. Derrière, une double
sortie d'échappement centrale siglée "Brabus" rappelle
la vocation (finition ?) sportive de l'auto. Par rapport au reste de la gamme,
les ailes arrière sont plus échancrées à la manière
d'une Porsche
911 Turbo comparée à ses soeurs atmosphériques. Ici et
là quelques petits logos Brabus rappelle une nouvelle fois que cette Fortwo
n'est pas la Smart de monsieur et madame tout le monde.
A BORD DE LA FORTWO BRABUS CABRIO
Pour mieux apprécier
l'habitacle, nous découvrons l'auto. La capote est électrique et
se manipule sans efforts particulier si ce n'est l'action de votre index sur le
bouton sur la console centrale... Jusqu'au montant arrière latéral
du Tridion, la capote coulisse électriquement. Arrivée en butée,
il suffit alors de maintenir le bouton appuyé pendant quelques secondes
et la capote se déverrouille pour laisser la Fortwo totalement découvrable.
Reste plus alors, si l'envie vous en prend d'enlever les montants latéraux
pour les ranger dans le hayon du coffre. Pour recouvrir de nouveau la Fortwo,
il faudra bien évidemment remettre les montants latéraux et également
reverrouiller la capot manuellement, sans forcer, au niveau des montants arrière.
Plutôt pratique et facile d'utilisation ! L'intérieur est une vraie
surprise tant la place et l'habitabilité sont grandes pour les deux occupants
de ce petit cabriolet pétillant. La planche de bord est réduite
à sa plus simple expression avec un compteur en demi-lune derrière
le volant trois branches et une petite console centrale tournée vers le
conducteur. Réduite à sa plus simple expression, cette console centrale
regroupe l'autoradio, les commandes de chauffage plus quelques détails.
Les aérateurs latéraux semblent comme rapportés à
l'instar des petits manomètres additionnels montés sur la planche
de bord. Quelques détails trahissent la vocation "sportive" de
la Fortwo Brabus avec le pédalier en alu, le pommeau de levier de vitesses
et le frein à main du même métal, ainsi que le cuir qui recouvre
la planche de bord et les sièges. Très sympa à l'oeil, cet
attirail exclusif ne peut masquer totalement des plastiques durs un peu partout
dans l'habitacle. Le volant offre une très bonne préhension en main,
et les petites palettes derrière permettent de changer de rapports en mode
séquentiel. Les sièges sont bien dessinés mais manquent de
maintient latéral ce qui est pénalisant dès que l'on brusque
un peu cette petite Fortwo, car avec la hauteur du véhicule, la gite vous
fait bouger latéralement. Le coffre est de taille réduite (il était
prévu dans le cahier des charges initial de Nicolas Hayek de pouvoir mettre
un caisse de bières !) et vous empêcher certainement d'aller faire
le plein de courses chez Carrefour... Mais ce n'est pas non plus pour cet usage
que les clients achètent une Smart Fortwo. L'équipement de série
n'est pas très généreux, surtout rapporté au prix
de vente coquet de la Smart Fortwo Brabus cabriolet affiché à 21
590 euros ! Prix auquel il faudra rajouter en option les rétroviseurs électriques,
le régulateur de vitesse...
MOTEUR
Malgré le label
prestigieux qui orne la Smart Fortwo un peu partout, ne vous attendez tout de
même pas à trouver une mécanique gargantuesque comme Brabus
les affectionne sur les Mercedes comme la Rocket
par exemple. Brabus est donc reparti du petit trois cylindres Smart, conçu
et développé sous l'égide de Mercedes-Benz, un gage de sérieux
et fiabilité aux yeux des clients. Avec ses 698 cm3 et son turbocompresseur
Suprex, il developpe après les bonnes grâces du préparateur
de Bottrop 75 ch. Lorsque l'on sait que c'est le même moteur qui est dans
le roadster Brabus avec ses 101 ch, on devine qu'il y a encore de la marge. D'ailleurs,
Brabus ne s'est pas privé avec la version "101" en Fortwo de
le proposer, mais à un tarif supersonique ! Mais pour revenir au moteur
de la Fortwo Brabus, les 75 ch peuvent faire sourire, mais lorsque l'on regarde
le rendement mécanique, on atteint les 107,44 ch/litre, ce qui devient
une valeur très respectable. Avec son échappement Brabus il distille
donc une sonorité bien sympathique. Et puis cette petite puce pèse
moins de 750 kg, une vertue dont ne peuvent plus se prévaloir les sportives
modernes. Alors évidemment, pas question d'atteindre des sommets en performances,
d'autant moins que la transmission séquentielle robotisée n'est
pas un modèle de rapidité. Pour résumer, les grosses jantes
Brabus, les 75 (petits ?) chevaux et la boîte encore un poil lente ne permet
d'atteindre les 100 km/h depuis arrêt qu'en 12,3 secondes. La vitesse de
pointe est bridée volontairement à 150 km/h car il est vrai qu'à
hautes vitesses, le faible empattement de la Smart et sa direction légère
offre son lot de sensations, bien qu'ici avec la Brabus et sa monte pneumatique
généreuse le phénomène soit très atténué.
En revanche, la bonne nouvelle est la consommation de l'auto qui est très
basse pour une sportive. Si le chrono est sévère avec la Fortwo
Brabus cabriolet, les sensations offertes sont sans comparaison. Le moteur est
pétillant, l'auto vivante et sonore, et, surtout en ville ou sur petites
routes, on se prendrait au jeu de l'arsouille et de la vivacité.
CHASSIS
Avec son centre de gravité plutôt haut perché et son faible
empattement, nous ne nous attendions pas à des exploits extraordinaires
en matière de tenue de route. Finalement, dès les premiers tours
de roue, la surprise est plutôt positive. La suspension Brabus (l'auto possède
des réglages qui lui sont propres) est très ferme et mise en relief
par la monte pneumatique à profil très bas (du 50 à l'avant
et du 45 à l'arrière). Les freins semblent suffisants en usage normal
mais on aurait souhaité une attaque de pédale plus franche. Dès
que des virages approchent, premier handicap, une direction trop démultipliée,
comme sur le roadster Smart d'ailleurs. Résultat, on mouline des bras pour
placer le train avant. Heureusement que la direction assistée facilite
la tâche. Mais bon, c'est pas très pratique. La stabilité
de l'auto est améliorée grâce aux suspensions et pneumatiques
par rapport aux Smart Fortwo standard (Passion, Pulse et Pure). Une petite enfilade
de virages se profile à l'horizon avec une chaussée dégradée
et bombée. Nous rentrons dedans pleins gaz (pas si vite en regardant le
compteur, tout l'intérêt de ce compromis impressions/vitesse réelle
qui fera plaisir à notre permis et à nos ministres !) et la déception
se dessine vite sur notre visage. L'ESP castrateur s'active comme il le peut avec
son copain l'ASR pour limiter la puissance et freiner une ou plusieurs roues.
On doit alors attendre des reprises d'adhérence des roues arrière
pour que l'on ai la puissance maximale à disposition sous la semelle droite.
Rageant ! C'est d'autant plus rageant que sur des chaussées plutôt
lisses, en plein traffic urbain, la Smart Fortwo retrouve toute sa superbe et
efface le flot de voitures par sa vivacité, son gabarit et son comportement
routier pétillant. Inutile après cet essai sur route de s'aventurer
sur les pistes d'un circuit, qui ne risque pas d'être son terrain de jeu
préféré. Un sentiment mitigé donc qui met en lumière
un vrai concept pétillant, mais dont l'amateur de sport pur et dur ne trouvera
pas son compte. En revanche, en zone urbaine, la Smart Fortwo Brabus étale
tout son talent. Sur les petites routes de campagne également...
::
CONCLUSION
Sportive la Smart Fortwo Brabus ? Certainement pas au sens
où les passionnés et amateurs de voitures performantes l'entendent.
En revanche la Smart Fortwo Brabus cabriolet offre (au prix fort !) un comportement
et moteur pétillant, une présentation exclusive et un concept encore
unique et inexploré par les autres constructeurs. Plutôt évocatrice
de sport, et également voiture chic, la Smart Fortwo Brabus est surtout
faite pour faire du sport "politiquement correct" en ville laissant
les circuits aux sportives plus aguerries...
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