FURIE GERMANIQUE !
Peu d'entre-vous connaissent le constructeur
de voitures de sport YES!. Pourtant, depuis 2001, un petit constructeur
artisanal allemand se pose en dernier bastion de l'intégrisme
du sport automobile. Une vision partiale de l'automobile de sport
spartiate qui n'est pas pour nous déplaire, bien au contraire.
Focus sur un petit constructeur pas comme les autres...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
C'est la rencontre de deux ingénieurs
au Collège Technique de Cologne, Herbert Funke et Philipp
Will, qui a donné naissance au roadster YES!. Pourquoi "
YES! " ? Cela signifie Young Engineers Sportscar. D'emblée,
le ton est donné, et on le verra par la suite, les productions
de Grossenhain, dans la région de Dresde en Allemagne affichent
et revendiquent très clairement leur vocation de sportives
radicales. Dans le cadre de leur thèse de fin d'études,
nos deux ingénieurs étudient un roadster sportif.
Un ami designer de Stuttgart, Oliver Schweitzer, s'est charger de
dessiner les lignes du roadster de nos deux compères selon
leur cahier des charges. Le premier prototype fut présenté
au salon de Frankfort et a généré une importante
et inattendue demande de la part du public et de clients potentiels.
Suite à cet événement, nos deux amis ingénieurs
décident de poursuivre leur étude et de la commercialiser
à leur propre compte. La société Funke und
Will AG est donc créée en 2001, et va construire des
automobiles d'une manière totalement opposée à
la fabrication industrielle des principaux acteurs du marché
automobile. Ainsi, chaque modèle de la firme produit, est
unique et réalisé à la demande du client. Chacun
peut donc opter pour une finition selon ses désirs et ses
moyens (élevés tout de même vu les tarifs affichés).
Lorsque la voiture est en phase finale d'assemblage, le client est
invité à venir pour choisir et être conseillé
dans la personnalisation de son auto. Il choisit donc la couleur,
la position de conduite idéale avec réglage du siège,
du pédalier, plus les divers équipements de confort.
Ce concept de participation active du client dans la construction
de sa voiture, et la centaine de roadster déjà fabriqués
prouvent la justesse et la particularité de ce concept dans
l'univers des voitures de sport.
PRESENTATION
Pour habiller ce monstre
de sportivité, Oliver Schweitzer a réinterprété
le style de la petite barquette de course mais dans des dimensions
extérieures vraiment réduites avec 3,63 mètres
de long et un empattement de 2,35 mètres. Si de profil, une
parenté semble patente avec l'Audi TT, la face avant est
nettement plus agressive et ses dimensions alliées à
des grosses roues de 18 pouces rendent le roadster YES! intimidant.
Si le roadster YES! n'est certes pas le plus élégant,
il est le plus bestial et surtout le mieux fini. Sa fabrication
artisanale réalisée à la main et à la
demande du client est un gage de sérieux. L'équipement
est des plus succin puisque même la direction assistée
ou l'ESP sont absent du catalogue, même dans la liste des
options. Cela ne fait que conforter l'esprit roadster pur et dur
de la YES!. Chaque détail stylistique et de finition a été
peaufiné et étudié, et l'ensemble est très
convaincant.
MOTEUR
Sous le capot moteur, nos deux compères n'ont pas souhaité
reproduire la Lotus Elise, première du nom, avec un châssis
top, un poids contenu et un moteur peu puissant (120 ch). C'est
donc vers le groupe VW que nos deux amis se sont tournés
en optant pour le 1,8 litres turbocompressé à 20 soupapes
bien connu de tous. L'avantage de ce choix mécanique est
bien évidemment une puissance et un couple important dans
un encombrement réduit (quatre cylindres seulement) et surtout
des pièces largement diffusées et un réseau
existant suffisamment étendu pour parer au plus pressé
en cas de pépin. Installé en position longitudinale
arrière dans notre roadster du jour, le moteur VW développe
tout de même 286 ch à 5 900 tr/mn et 350 Nm de couple
! Pour parvenir à leurs fin, toute l'admission et l'échappement
ont été retravaillés, de même que la
gestion électronique du moteur qui est spécifique.
Avec de telles caractéristiques, l'usine annonce 264 km/h
en pointe et surtout 0 à 100 km/h en 4,2 secondes ! Pour
atteindre les 200 km/h elle n'a besoin que de 12,2 secondes
Sans commentaire. Nous sommes réellement en présence
d'une dynamite prête à exploser. A noter pour les amateurs,
qu'il existe deux variantes encore plus exclusives : le roadster
YES! Clubsport et YES! Cup/R. Le premier allégé, passe
de 820 à 790 kg et améliore encore ses performances
et le deuxième plus réservé au circuits hérite
d'un 2 litres turbo de 340 ch. Chaud !
CHASSIS
Pour un plaisir de conduite et une efficacité optimale,
Herbert Funke et Philipp Will ont privilégié un poids
réduit. Le rapport poids/puissance le plus bas possible étant
synonyme de sport et efficacité. C'est le cas dans les extrêmes
des Formule 1 et mieux encore dans les productions commercialisées
des motos. C'est donc une structure totale réalisée
en aluminium du type Space Frame qui a été retenue
pour la caisse. Dessus viennent se greffer les suspensions avant
et arrière qui sont toutes deux composées de triangles
superposés et de quatre roues indépendantes. Légère,
rigide et dotée de suspensions élaborées et
à priori efficaces, le roadster YES! est freiné par
quatre disques ventilés à étriers à
quatre pistons. L'auto est ensuite posée sur de très
belles jantes alu maison de 18 pouces de diamètre chaussées
en 225/40 ZR 18 à l'avant et 265/35 ZR 18 à l'arrière.
ACHETER UNE YES! ROADSTER
Alors que les grands constructeurs haut
de gamme ne propose éventuellement ce privilège que
sur des modèles dépassant allègrement les 100
000 euros, YES! Le propose sur des autos nettement plus abordables.
Toujours plus performant et innovant dans son approche commerciale,
l'usine est implantée sur une ancienne base militaire de
l'armée de l'air Est Allemande. Le client peut donc essayer
à loisir son roadster jusqu'à la vitesse maximale
sur le circuit long de 2,2 km. Enfin, le service de l'usine contrôle
chaque auto individuellement. Si cela est nécessaire, un
partenaire YES! se déplace chez le client, 24 heures sur
24 et sept jours sur sept, comme chez Maybach !
Seul hic, son prix de 65 121 euros qui est tout de
même excessif comparé à ses rivales directes
(Caterham, Donkervoort, Lotus
) et surtout l'absence d'importateur
français à ce jour. Si le métier d'importateur
vous tente, n'hésitez pas, même si les homologations
européennes vous permettent d'immatriculer ce beau jouet
en France au prix de quelques démarches administratives
:: CONCLUSION
Il est bien regrettable que la YES! Roadster ne soit pas importée
chez nous. Cela complique ainsi la tâche des clients potentiellement
intéressés par l'esprit Lotus, Donkervoort ou Caterham,
avec en prime un service d'excellence digne des marques automobiles
les plus prestigieuses au monde. YES! n'a pourtant rien révolutionné,
mais s'est concentré sur le basique de la voiture de sport
performante et efficace : légèreté, moteur
puissant, châssis rigide et répartition des masses
idéale. Le bonheur automobile en quelque sorte...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"En tout juste un an, le roadster YES!, petit constructeur
allemand qui existe depuis 2001, a séduit plus d'une centaine
de clients
et se verrait bien sillonner les routes de France.
En effet, la jeune marque cherche activement un distributeur dans
notre pays. L'aventure du commerce automobile vous tente ? Sachez
tout de même que cette rustique deux places, longue comme
une StreetKa, dépourvue de direction assistée et d'antidérapage,
mais dotée d'un 1,8 litres turbo de 286 ch d'origine VW,
est vendue 78 000 euros. A ce prix-là, vos concurrents s'appelle
Porsche, BMW et Mercedes
"
L'AUTOMOBILE MAGAZINE - Juin 2004 - YES! Roadster. |