LE DRIFT, MODE D'EMPLOI !
Qui
n'a pas rêvé un jour pouvoir mettre son auto en travers, comme dans
les films d'action et entretenir une dérive. C'est finalement cette envie
qui nous titillait depuis un bon moment déjà qui nous a décidé
à franchir le pas. Et n'allez pas vous imaginer qu'il vous faut comme monture
idéale un coupé sportif de renom. Le père de famille peut
également s'y essayer (sans enfants à bord naturellement) avec sa
berline, à fortiori lorsqu'elle est une propulsion sportive. Alors le drift
inaccessible ? Lisez ce qui suit
Textes
et photos : Nicolas LISZEWSKI
Au
fil des pages de vos revues automobiles préférées, vous pouvez
observer chaque auto prise en photo en pleine glisse. Roues contrebraquées,
le conducteur s'évertue à faire glisser l'auto du jour dans des
grandes courbes sur circuit, afin de pouvoir mettre ensuite de belles photos dynamiques
pour illustrer leur article. Cet exercice de style, communément appelé
" drift " par les amateurs du genre, connaît un engouement sans
précédent. D'ailleurs, les lecteurs assidus du magazine Option Auto
savent qu'à Hockenheim, circuit automobile célèbre pour accueillir
la Formule 1, a lieu chaque année une sorte de concours de meilleur drift
réalisé. Toutes sortes d'autos sont présentes et tentent
de remporter le précieux trophée. Des anciennes comme des modernes,
des versions de série (ou presque) comme des modèles de tuners parfois
renommés sont là. Peu importe le carrosse, puisque c'est la figure
qui prime ! Vous devriez voir le stadium d'Hockenheim plein à craquer d'un
public souvent chaleureux et connaisseur. Alors doit-on en déduire pour
autant que le drift n'est qu'une affaire de spécialistes ? Réservé
aux cascades dans les films ou aux pilotes de courses, tel Jean Ragnotti, avides
de séduire leur public ? Nous avons décidé à l'Automobile
Sportive de démontrer le contraire et même de s'y essayer afin
de sortir un peu de nos trajectoires " idéales " lors des sorties
clubs. Attention, les pneus vont fumer !...
UNE
MONTURE ADAPTEE
Ceux d'entre-vous qui nous suivent déjà
depuis plusieurs mois ou parfois années (qu'ils en soient remerciés
ici vivement), il est désormais de notoriété que nous utilisons
certaines autos régulièrement pour aller perfectionner notre pilotage
sur circuit, ou simplement pour essayer des nouveautés constructeur. Alors
pour nous lancer dans l'aventure du drift, nous avons retenu notre berline sportive
favorite du moment, notre Mercedes
190 2.3 16s. Certes plus si jeune du haut de ses 18 printemps et ses 245 000
km d'origine (moteur et boîte), mais toujours aussi fringante et volontaire.
Une vraie sportive avec seulement quatre places puisque les places arrière
sont séparées étant des sièges baquets. Si nous avons
retenu cette auto, c'est à la fois pour le côté rigolo et
provocateur de mettre une voiture de la firme à l'étoile en vrac,
mais également pour être plus proche de la voiture du papa sportif.
Et surtout, son mode de transmission aux seules roues arrière et son poids
encore contenu a finit par nous décider. Seule l'ASD,
on le verra, va nous perturber un peu au départ.
PREMIERES
DEMONSTRATIONS !
Pour apprendre de nouvelles expériences, il existe
deux méthodes. Soit on se jette dans le grand bain, sans aucune aide et
on tâtonne jusqu'à se rapprocher de son but, soit on se fait guider
par un " prof " qui va pouvoir rapidement défricher le terrain
et faire sauter les dernières barrières qui empêchent l'accomplissement
du bon geste. C'est la deuxième méthode que nous avons retenue avec
la complicité de l'association des Gentlemen
Drivers et de son président François Poirot. C'est lui en effet
qui va nous coacher sur le thème du drift tout au long de cette journée.
Première étape, notre " coach " du jour va prendre en
main et apprivoiser notre auto. Et première surprise, l'ASD, sorte d'autobloquant
électronique sur notre 190 2.3 16s, vient un peu perturber notre volonté
de justement mettre en dérive l'auto. Evidemment l'ASD lutte pour maintenir
l'auto en ligne, mais au-delà d'une certaine limite, il déclare
forfait et l'auto glisse enfin de l'arrière. Maintenant que ce paramètre
est assimilé par François Poirot, il est temps de passer aux choses
sérieuses !
LA TECHNIQUE DU DRIFT
Désormais,
sur plusieurs tours, François Poirot décortique la technique qui
finalement est assez simple et demande surtout de la pratique. Pour démarrer,
il n'est pas nécessaire de prendre de la vitesse ou d'arriver comme une
balle. Juste avant la courbe, au point de freinage, il faut donc presser fortement
la pédale de frein et procéder à l'appel, puis contre-appel.
Pour pouvoir lancer l'auto dans une glisse, il faut donc jouer sur le transfert
des masses au freinage. Tout en y ajoutant un coup de volant vers l'intérieur
du virage puis immédiatement vers l'extérieur afin que le train
arrière perde son adhérence et soit délesté. A partir
de cet instant précis où l'auto part en dérive (comprenez
que le train arrière passerait volontiers devant !) il faut donc contrebraquer
et ré-accélérer. Tout le reste est ensuite un savant dosage
à trouver entre le volant et l'accélérateur.
A
NOUS !
Bon, la théorie et la démonstration sont concluantes
et c'est désormais à nous de " jouer " ! Premier écueil
sur les premières tentatives, on n'ose pas assez lancer l'auto. Du coup,
la dérive n'est pas suffisante et ajoutez à cela que l'on accélère
trop fort
Bon un coup d'essai. Ensuite, passé ces premières
timides tentatives, l'auto commence à partir et là c'est le rattrapage
de fin de drift qui donne un méchant coup de raquette. Surprenant au départ,
mais logique puisque l'ASD, dépassé lors de la phase de dérive
(ou de dérapage selon les termes que vous souhaitez employer), reprend
la main dès que l'auto reprend de l'adhérence. Du coup vous êtes
en pleine phase de contre-braquage et l'ASD en rajoute, ce qui amène ce
coup de raquette. Mais globalement il nous faudra toute la journée pour
pouvoir commencer à réussir des figures acceptables. Certes, nous
sommes encore loin de la maîtrise d'un François Poirot, ou même
de certains participants à cette journée à Abbeville qui
semblaient être des drifteurs invétérés et talentueux.
Leurs BMW M5 E34 ou 325is E30 ont fait merveille ! Notre gros regret est d'avoir
pris une mauvaise habitude pour initier la dérive trop tardivement, en
étant déjà dans la courbe. Heureusement, François
Poirot va nous remettre dans le droit chemin, si l'on peut abuser de cette expression
dans des tentatives de drift. La fin de journée est là, et désormais,
quelques belles figures sont enfin à notre portée pour notre plus
grande joie. Assurément, il y a encore de la pratique à effectuer,
mais quel pied de sentir l'auto qui part et d'entretenir (ou tout du moins d'essayer
!) la dérive. Finalement, ce n'est pas si difficile.
LE
DRIFT AUJOURD'HUI
Le drift, on l'a dit plus haut, rencontre
de plus en plus d'adeptes. C'est finalement le pendant de la glisse (surfs, skate,
rollers
) version sports mécaniques. Le vrai problème, comme
à chaque fois, est la manière dont certains exercent leur passion.
On a tous reçu des vidéos par mails avec des " drifteurs sauvages
" qui réalisent leurs exploits (ou doit-on plutôt dire leurs
méfaits) en pleine ville ou en pleine circulation. Cela est fort dommage
alors que de nombreuses solutions, à moindre coûts existent de nos
jours, sans aller jusqu'au concours de drift de Hockenheim :
>
Sorties circuits clubs
> Stages drift
> LES 10 COMMANDEMENTS DU BON DRIFTEUR...
1. Pratiquer uniquement sur circuit.
2. Posséder idéalement
une propulsion.
3. Idéalement, déconnecter totalement
toutes les satanées aides électroniques castratrices.
4.
Venir avec des jantes et pneus usés pour s'exercer au drift, sous peine
de rentrer à pied ou avec des pneus sur la corde.
5. Veiller
à ne pas gêner un autre participant lors de sorties circuit qui arriverait
derrière.
6. Avoir les fesses sensibles pour sentir la dérive
et l'entretenir
7. Maîtriser l'art de l'appel - contre-appel.
8.
Jouer idéalement avec le transfert des masses en plaçant l'auto
sur les freins
9. Avoir une position des mains sur le volant à
9h15 pour pouvoir entretenir sereinement l'auto en glisse sans prendre un coup
de raquette en sortie de virage.
10. Avoir un copain photographe comme
celui des Gentlemen Drivers pour pouvoir faire baver vos collègues au boulot
le lundi matin
Finalement, ce fut une bonne tranche de rigolade ! Certes,
on aura appris à nos dépend qu'il vaut mieux éviter de venir
avec des pneus neufs, car ils seront morts en fin de journée. Passée
cette surprise, nous avons été surpris de constater que la méthode
pour drifter était relativement simple à assimiler et demandait
avant tout de la pratique pour avoir le bon geste au bon moment. Nous ne sommes
certes pas encore capables de se lancer dans des courses poursuites dignes des
plus grands films du genre, mais désormais, nous savons mettre en vrac
notre " berline à papa ". Imaginez un peu la tête des participants
de voir une " berline à papa " dans tous ses états, même
avec une étoile au bout de son capot... |