A CONTRE-COURANT
La compétition
est toujours un bon prétexte pour concocter une voiture de sport pour tous
les jours. Les règles d'homologation dans certaines catégories imposent
en effet aux constructeurs de produire en séries limitées des autos
atypiques afin de pouvoir concourir avec l'arme idéale dans leur catégorie.
C'est le cas de cette BMW 320si, limitée à 2600 exemplaires seulement
et qui possède une personnalité qu'on ne trouve hélas désormais
que trop rarement...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Sans remonter jusqu'aux années 60 avec la mythique Ferrari GTO, les constructeurs automobile ont
souvent été obligés par les règlements sportifs de
produire en série limitée des voitures de sport afin de pouvoir
courir dans la catégorie désirée. Un des paroxysme de l'hypocrisie
fut atteint avec les groupe B dont les parcs des constructeurs étaient
garnis d'autos à vendre dont peu de gens voulaient comme les BX 4TC ou
les MG Metro 6R4 par exemple.
BMW,
désirant pouvoir être plus compétitifs dans le Championnat
du Monde de Tourisme de la FIA (World Touring Car Championship - WTCC) ils ont
développé un modèle spécialement pour l'occasion sur
la base de la berline 320i. Rééditant ainsi la belle aventure des Mercedes 190 2.3-16 ou des BMW
M3 E30 pour le DTM, la production de la BMW 320si sera limitée à
2600 exemplaires.
PRESENTATION
La nouvelle berline série 3 type e90, dessinée sous la houlette de Chris
Bangle, conserve l'air de famille désormais commun à toutes les BMW.
Elle exhibe des arêtes marquées et des arches sur ses flancs qui
dynamisent sa ligne. La patte de Chris Bangle passe de mieux en mieux en raison
à la fois d'un style mieux maîtrisé mais également
d'une meilleure acceptation collective de cette mouvance stylistique. Outre ses
suspensions sport, le Package M Sports monté de série sur ce modèle
exclusif comprend le Package Aérodynamique BMW avec boucliers et bas de
caisse modifiés, des sièges avant sport, un volant en cuir et un
repose-pied signé " M ", des antibrouillards avant et une finition
intérieure aluminium.
Cette version est également équipée
de jantes de 18 pouces spécifiques. Signées
de l'emblème BMW Motorsport elles proviennent directement de la version engagée
par BMW dans le WTCC ! Les amateurs avertis reconnaîtront la BMW 320si à
ses rétroviseurs recouverts de chrome satiné et à sa sortie
d'échappement chromée. Autre élément de différenciation
: la zone rouge du compte-tours commence à 7300 t/min et s'arrête
à 8000 t/min.
En plus des six coloris normalement disponibles pour la
berline Série 3 équipée du Package M Sport, la 320si peut
également recevoir une couleur exclusive, le Noir Carbone métallisé.
L'habitacle offre une finition discrète mais sportive qui sied à
merveille aux modèles de la firme bavaroise.
MOTEUR
Le
capot de la 320si cache un quatre cylindres de deux litres. Par rapport à
la motorisation de série de la 320i, il faut observer que les cotes du bloc sont sensiblement différentes. Et pour cause, puisque ce 2.0 inédit baptisé N45B20S est dérivé du 1.6 type N45B16 et non du N46B20 de la 320i e90 ! Il en résulte un alésage supérieur de 1 mm tandis que la course est
inférieure de 2 mm. De même, les chemises
en fonte grise ont été remplacées par des chemises spéciales
en aluminium. Autres signes de noblesse de ce moteur : les bielles plus rigides
et une structure de carter renforcée. Le moteur de la BMW 320si se passe en revanche du système
de contrôle continu de la levée des soupapes d'admission Valvetronic apparu sur le N46. Les ingénieurs ont préféré une solution plus conventionnelle
avec deux arbres à cames en tête, culbuteurs et quatre soupapes par
cylindre, sans doute mieux adaptée à son dérivé de compétition. Limitant ainsi le nombre de pièces en mouvement, cette distribution
se montre beaucoup plus rigide et précise même aux régimes
très élevés atteints par la version routière tout
comme par la version de compétition. La culasse est entièrement
nouvelle, les pièces brutes de finition provenant de la fonderie F1 de
l'usine BMW de Landshut. Les collecteurs d'admission et d'échappement ainsi
que les chambres de combustion font l'objet d'un usinage et d'un surfaçage
très précis grâce à des machines-outils pilotées
par ordinateur. Avec les soupapes plus grandes et les contours de joint modifiés
côté admission et côté échappement, cet usinage
assure une formation optimale du mélange air/carburant. Enfin, les bougies
spéciales sont pilotées par des bobines d'allumage individuelles.
Le taux de compression passant de 10,5 à 11,0:1 n'est pas étranger
non plus à l'augmentation de puissance de 17 kW (23 ch) par rapport au
modèle " standard ". Le moteur se contente malgré tout
d'essence sans plomb 95 RON, exactement comme le moteur de série. La technologie
issue de la F1 est également visible dans d'autres composants du moteur
comme les culbuteurs traités au moyen d'un procédé mis au
point pour les moteurs des monoplaces bavaroises.
Le quatre cylindres développe
une puissance maxi de 127 kW (173 ch) à 7 000 t/min, le rupteur se déclenchant
à 7 300 t/min. Grâce à des conduits d'admission de longueur
variable (DISA) et au contrôle continu de la variation de l'angle de came
(double VANOS), le couple culmine à 200 Nm au régime de 4 250 t/min.
Afin de prendre en compte les très hautes températures rencontrées
en compétition, les ingénieurs BMW se sont penchés tout spécialement
sur l'optimisation de la circulation de liquide de refroidissement dans la culasse.
De même, le radiateur des modèles six cylindres assure un excellent
équilibre des températures en toute circonstance.
Non content de
soigner son look, la chasse aux kilos est également de la partie avec un
couvre-culasse en fibres de carbone. Cet accessoire réduit le poids de
la voiture d'une dizaine de kilos par rapport à la BMW 320i. Très
esthétique, il permet également d'abaisser le centre de gravité
du moteur en réduisant le poids d'une pièce placée en son
point le plus haut. Les moteurs sont assemblés en grande partie à
la main par les spécialistes de l'usine de moteurs de Hams Hall. Ils partent
ensuite vers l'usine BMW de Munich.
La boîte de vitesses manuelle à
six rapports de la BMW 320si lui permet d'atteindre 225 km/h en sixième.
Le 0 à 100 km/h est franchi en 8,1 secondes. Le kilomètre départ
arrêté n'est franchi qu'après 30 longues secondes. Des résultats
décevants, d'autant plus que les ancêtres ayant le même concept
et objet (M3 E30, 190 2.3-16) sont toujours plus performantes 20 ans après
! Sans vouloir réclamer les performances d'une Porsche ou d'une M3 CSL, même une GTI moderne (Clio RS, Renault
Mégane RS, VW Golf 5 GTI)
fait nettement mieux...
CHASSIS
Conjuguant rapport final court
(4,10) et suspensions sport M avec roues de 18 pouces, pneumatiques larges à
l'avant et encore plus larges à l'arrière (AV 225/40 ZR 18 et AR
255/35 ZR 18), la BMW 320is permet à son conducteur d'adopter un style
de conduite sportif sans devenir totalement inconfortable pour autant. Enfin, pour un conducteur
féru d'autos sportives... car pour le quidam, elle se révèlera
vite trop ferme et ses larges pneus très directeurs vont l'exaspérer
sur chaussée dégradée où il faudra corriger sans cesse la trajectoire
avec le volant.
Grâce à une répartition des masses très
équilibrée, cette berline sportive exclusive offre un comportement
neutre et une étonnante tenue de route. Selon BMW, un conducteur expérimenté
au volant de la 320is sera capable de parcourir la Boucle Nord du célèbre
Nürburgring en moins de 9 minutes.
Pour la ralentir, BMW a doté
sa 320si d'un système de freinage encore plus performant avec des disques
avant et arrière à ventilation interne de 16 pouces (et un diamètre
de 300 mm) qui doit assurer une décélération optimale en
toute circonstance. De plus, ce modèle est équipé de porte-moyeux
extra-larges, signe qui ne trompe pas sur la vocation de "pistarde".
Si les performances de cette BMW série 3 pas comme les autres ne sont pas
étonnantes, c'est vraiment avec son châssis mitonné aux petits oignons
qu'elle assure le show ! Précision, efficacité et sportivité...
Du coup on aimerait bien plus de puissance pour pouvoir mieux jouer avec.
LA BMW 320 E90 EN COMPETITION
Sur la base de la BMW 320si routière, BMW Motorsport n'a pas manqué
de développer une version compétition offrant 275 ch. Cette version
course de la BMW 320is sera engagée dans le Championnat du Monde des Voitures
de Tourisme FIA 2006 (WTCC) ainsi que dans d'autres compétitions répondant
au règlement Super 2000. BMW n'a pas renoncé à sa longue
et fructueuse tradition de la compétition-client ! La catégorie
Tourisme est en effet celle où BMW a toujours excellé, récoltant
plus de victoires que n'importe quel constructeur : vingt-quatre Championnats
d'Europe FIA ainsi que le seul Championnat du Monde attribué jusqu'ici
(en 1987) ainsi que le nouveau Championnat en 2005, tel est le palmarès
de BMW ! Avec la 320i engagée dans le Championnat d'Europe des Voitures
de Tourisme, BMW a remporté en 2003 et 2004 le titre constructeur et en
2004, le titre pilote. Enfin, en 2005, BMW a remporté à la fois
le titre pilote (avec Andy Priaulx) et le titre constructeur. Désormais,
la version compétition de la BMW 320is est prête à reprendre
le flambeau.
ACHETER UNE BMW 320SI E90
Les premières
320si E90 ont été assemblées au printemps 2006 avec une présentation
en première mondiale au Salon de l'Automobile de Genève en mars
mais une prise de commande possible en concession BMW depuis décembre 2005.
Le prix de base de cette version de 32 150 euros en fait, à première vue, une proposition bien moins intéressante que la simple 320i de série mais le meilleur est à l'intérieur. Compte tenu de la rareté de cette série limitée, même si les évolutions techniques ne sauteront pas aux yeux, au quotidien, il n'est pas impossible que cette version représente un investissement plus solide à (très) long terme, comme d'autres avant elle...
::
CONCLUSION
Une auto qui nous rappelle quelques bons souvenirs dans
les années 80 avec quelques autos sportives "prétextes"
qui font plaisir à voir et surtout à conduire ! On regrettera cependant
qu'à ce niveau de prix les performances soient si maigres. Mais peu importe
les chiffres bruts car ce qui compte c'est la manière, et là, cette
nouvelle BMW 320si excelle ! Une vraie fille de course qui contient des solutions
très sophistiquées dérivées de la compétition
pour le moteur mais aussi le châssis. "Gentlemen, Start your engine"...
CE
QU'ILS EN ONT PENSE :
"Avec un peu de bonne volonté, on pourrait
voir dans cette 320si une sorte de junior M3 contemporaine. Il est bien dommage
que BMW ne décide pas de proposer ce modèle en série autre
que limitée. Tout le monde n'a pas nécessairement les moyens d'investir
dans une M3. Et ce n'est pas la nouvelle de génération à
moteur V8 qui risque d'arranger les choses ! Or la 320si, si elle est moins ambitieuse,
permet néanmoins de se faire plaisir : la cavalerie n'est pas la même,
bien sûr, mas le prix non plus
En fait, cette 320si est une voiture
à l'image du championnat WTCC pour lequel elle a été créée
: ce ne sont pas les accélérations démoniaques qui y apporteront
la différence, mais un pilotage fait de précision et de technique
bien assimilée
"
Le Moniteur Automobile - 13 juillet 2006
- BMW 320si. |