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CITROEN BX 4TC (1985 - 1986)

bx 4tc
© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (24/05/2010)

RENDEZ-VOUS MANQUÉ

Désireux de profiter des retombées médiatiques d’une participation au groupe B du championnat du monde des rallyes, Citroën décide d’y envoyer sa récente berline à succès, dans une version survitaminée. Subissant les effets d’un flagrant manque de moyens et de préparation, le résultat aboutit à un échec cuisant. Pourtant, cette BX si spéciale conserve aujourd’hui une belle cote d’amour auprès du public...

Texte : Maxime JOLY
Photos : Alexandre BESANÇON

L’idée initiale de Citroën sous la responsabilité de Guy Verrier, ancien pilote de rallyes devenu directeur de Citroën Compétitions, était de faire courir une voiture dans le championnat du monde des rallyes, dans le sillage de la Peugeot 205 Turbo 16. Dans ce but, Citroën explora deux pistes parallèles dès le début des années 80, sur la base de ses modèles phares : la Visa et la BX. La première tentative en groupe se fera avec la Visa Trophée en 1980 dans le gr.5. Puis, en 1984 Citroën lance la Visa 1000 Pistes, une série limitée à 200 exemplaires (construits chez Heuliez) de Visa groupe B dérivée de la Visa Chrono. La seconde voiture sera la BX. Si les protos de Visa furent nombreux (on compte même un prototype de Visa groupe B mis au point chez Lotus sur la base de l'Esprit Turbo), ceux de la BX se limitèrent à deux solutions relativement proches. Un proto Citroën à carrosserie cinq portes et un proto Polytechnic avec un moteur 2.4 turbo à culasse 16 soupapes préparé chez Roc à 325ch et une originale carrosserie 3 portes (les portes arrière sont condamnées) et une calandre à 6 phares (photo à gauche). Citroën engage ainsi cinq protos à 4 roues motrices à l'édition 1983 du rallye des 1000 Pistes : 4 Visa, chacune identifiée par une lettre, et la BX Polytechnic. Le volant est confié à Maurice Chomat mais le proto abandonne pour surchauffe moteur. Pour la BX, c'est finalement la solution Citroën qui sera retenue pour promouvoir la voiture de série et son système de suspensions hydrauliques. La Visa 1000 Pistes est homologuée en groupe B le 1er avril 1984 mais pour la BX, les choses se révèlent plus compliquées. La voiture n’étant pas prête en temps et en heure pour la saison 1985, la petite équipe dû se résoudre à retarder sa participation d’une année.

bx 4tcLA 4TC SERIE 200
Présentée en novembre 1985, la 4 TC (4 roues motrices Turbo Compétition), également appelée Série 200, comptait 200 exemplaires construits par Heuliez et prévus pour la vente aux particuliers, nombre obligatoire pour valider l’homologation au championnat groupe B. Vendue au prix de 248 500 Frs, soit plus du double de la BX Sport sortie quelques mois auparavant, elle ne bouscula pas les foules, peu aidée par des essais presse très critiques et une carrière sportive qui vire à la catastrophe…

PRESENTATION

citroen bx 4tc

De base, la Citroën BX n’est déjà pas ce qu’on peut appeler une reine de beauté. Sur cette version 4TC, le porte-à-faux avant est largement augmenté (sa longueur est de 1m10 !) pour placer le moteur en position longitudinale (comme sur les Audi Quattro), ceci ayant pour conséquence de déséquilibrer la silhouette originale de la BX dont la longueur augmente de 28 cm. Autant dire que de profil, c’est assez laid… Si extérieurement (mais pas uniquement), beaucoup de détails différencient cette BX spéciale du reste de la gamme, Citroën a fait le choix pour des raisons de coût d’implanter quelques pièces, à la fois de carrosserie et de mécanique, provenant directement de ses autres modèles. Par conséquent, si l’aileron arrière est le même que sur les BX Sport, les jantes alliage ont elles pour origine la CX GTi Turbo. Lorsque l’on ouvre l’une des portières arrières, on découvre avec amusement les renforts latéraux, montés « à l’arrache » qui fait davantage penser à un travail de bricoleur. Ah la fameuse rigueur française…

citroen bx 4tcbx 4tc citroen phares

Entre les phares avant se trouvent quatre feux longue portée ; de quoi éblouir la personne qui vous croise au moindre appel de phare ! C’est en fait tout l’avant qui a été revu, c’est-à-dire entre autres les ailes, le capot, la calandre et le bouclier. Les adhésifs BX 4TC et "Citroën x Citroën" sont placés en évidence à l’avant et sur le hayon avec en prime, un petit logo Heuliez qui trouve sa place sur les montants de portières. La seule couleur proposée était le blanc qui va plutôt bien à l’auto et fait ressortir les bandes latérales rouges et bleues. Inconnue du grand public, les gens contemplent cette BX avec étonnement mais aussi sympathie pensant quelque fois qu’il s’agit d’un modèle tuning (pardon, on doit dire bolidage…).

HABITACLE

bx 4tcbx 4tc

Côté équipements, on notera que cette BX née pour la compétition a tenté un positionnement haut de gamme avec un intérieur repris de la BX Sport, à quelques particularités près. A droite du siège conducteur, impossible de rater la manette de transmission (permettant de basculer de deux à quatre roues motrices, du moins en théorie…). Vous avez toujours rêvé de monter à bord de l’Enterprise ou du Galactica ? Venez vous installer dans la 4TC et vous aurez fait une partie du chemin… Il n’y a qu’à regarder le bloc compteur pour se croire en direction d'une autre planète, mais il vous faudra bien plusieurs minutes pour déchiffrer les 27 témoins présents (sic) ! Dans le genre intuitif et pratique, on a vu mieux mais peu importe, personnellement, j’adore ! En ce qui concerne le coffre, il est amputé d’une partie de son espace à cause de la roue de secours et du logement du pont arrière. Pour le reste, cela reste une BX dont l’intérieur a le mérite de très bien vieillir ! Simple mais résistant aux années, c’est déjà pas si mal…

CARACTERISTIQUES


CITROEN BX 4TC
bx 4tc
MOTEUR
Type : 4 cylindres en ligne, 8 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection Bosch L-Jetronic + turbocompresseur Garrett T3 + Echangeur air-air
Cylindrée (cm3) : 2141
Alésage x course (mm) : 91.4 x 81.6
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 200 à 5250
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 294 à 2750
TRANSMISSION
4x4
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1280
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 6,4
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés
Pneus Av-Ar : 210/55 15 VR390 TRX Michelin
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 220
400 m DA : 14"3
1000 m DA : 27"5
0 à 100 km/h : 7"5
0 à 200 km/h : ND
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 15
PRIX NEUF (1985) : 248.000 FF
COTE (2010) : 25.000€
PUISSANCE FISCALE : 10 CV

MOTEUR

Bien qu’empruntée à la Peugeot 505 Turbo, la mécanique n’est pas originaire du groupe. Il s’agit du moteur N9T Chrysler qui a subi quelques modifications pour atteindre la puissance de 200 ch sur cette version civilisée de la 4TC. Positionné longitudinalement et incliné de 15° vers la droite, on comprend pourquoi le porte-faux a été considérablement augmenté pour permettre son logement sous le capot. A ce propos, la présentation du moteur est désastreuse, digne des françaises de l’époque. Pas de quoi craner devant les copains… Comme sur la Peugeot, on retrouve un turbocompresseur Garrett T3 (avec une pression de 0,95 bar) auquel a été ajouté un échangeur air/air (apparu seulement en 1984 sur la 505). Pour être éligible, il fallut réaléser quelque peu le bloc en fonte 8 soupapes à alimentation électronique K-Jetronic Bosch à cause du coefficient correcteur de 1,4, passant de 2155 à 2141 cm3. Le couple revendiqué est élevé avec une valeur assez impressionnante de 294 Nm à 2750 tr/min, une poussée étant palpable à partir des 2500 tours, seuil à partir duquel le turbo s’active. Il faut distinguer deux séries : la première avait un compresseur électrique en amont du turbo destiné à diminuer l’effet de turbo lag. Le proposer en série sur la 4 TC était un moyen de permettre l’homologation de ce procédé sur la version course. La deuxième série (dont fait partie notre modèle d’essai) n’en fut plus pourvue puisque apparemment la pratique ne suivait pas tellement la théorie… Les performances annoncées par Citroën semblent assez optimistes : 7,5 secondes pour arriver à 100 km/h et 20 secondes supplémentaires pour abattre le kilomètre départ-arrêté. La boîte de vitesse choisie est celle de la Citroën SM, encore une fois pour diminuer les coûts, et il faut tabler sur une consommation moyenne d’essence de 15l/100. Guy Verrier choisit une autre voie que Peugeot en optant pour ce moteur fiable et facilement upgradable en terme de puissance, pour la version course appelée Evolution.

SUR LA ROUTE

citroen bx 4tc

La BX 4TC n’a pas été louée pour ses qualités sportives, la faute avant tout à un manque de budget criant et à une sortie précipitée. Ensuite, ce sont les choix qui ont été faits qui peuvent sembler discutables. Le moteur en porte-à-faux n’aura pas seulement déséquilibré la ligne de la Citroën mais aussi, et c’est là beaucoup plus problématique, son comportement routier, marqué par un sous-virage très prononcé. Avec une répartition du poids de l’ordre de 62% sur le train avant, nous voilà bien loin de la répartition idéale d'une voiture de course. Ajoutez à cela un système quatre roues motrices « du pauvre », comprenez qu’il n’y a pas de différentiel permettant une transmission intégrale permanente ; à la place vous trouverez entre le siège conducteur et le levier de vitesses, un petit levier qui permet de passer en roulant de 2 à 4 roues motrices, et inversement. Malheureusement, ce système conçu par Citroën Competition fonctionne quand bon lui semble, c’est-à-dire pas très souvent. Il faut patienter que la commande veuille bien se faire… La 4TC hérite de la direction assistée à rappel asservi Diravi de la CX (apparue sur la SM), de freins à disque ventilés à quatre pistons et elle est également le dernier modèle de compétition Citroën à être doté d’une suspension hydropneumatique à débattement réglable. Le pont arrière est issu de la Peugeot 505 et les arbres de transmission viennent de l'utilitaire C35. Cet imbroglio de pièces a de quoi faire sourire…

4tc montecarlo 1986LA BX 4TC EN COMPETITION
D’abord lors de la première course qui a lieu à Monte Carlo en 1986, où les deux pilotes (Andruet et Wambergue) sont contraints d’abandonner. L’équipe reprend espoir en Suède grâce à la 6ème place d’Andruet semble-t-il plus à son aise sur la neige. Mais c’est finalement le rallye de l’Acropole en 1986 qui sonne le glas de la carrière sportive de la BX 4TC et Citroën se résout à stopper ses investissement dès la mort annoncée du groupe B. L’Evolution est le nom de la version course de la BX 4TC. Produite à 20 exemplaires (dont cinq destinés à la vente pour 800 000 Frs) à Trappes par le Service Citroën Compétitions, elle développe 380 ch grâce à une culasse 16 soupapes, préparation assurée par Denis Mathiot Competition. Les différences esthétiques par rapport à la Série 200 sont une face avant pensée pour un meilleur refroidissement du moteur, les radiateurs délocalisés dans le coffre pour inverser tant que possible la mauvaise répartition des masses et un gigantesque aileron assurant un meilleur appui à grande vitesse.

ACHETER UNE CITROEN BX 4TC

Début 1987, Citroën se résout à réduire le prix de vente de 40% pour écouler des stocks devenus encombrants mais alors que seuls 86 exemplaires ont été vendus, les autres seront finalement détruits sous contrôle d’huissier. Pire encore, Citroën proposa aux propriétaires de "4TC" de les leur racheter jusqu’au double de leur valeur en précisant que de toute façon ils n’assureraient plus l’entretien ! Une bien belle façon de traiter sa clientèle… Du fait de sa rareté - environ 40 exemplaires recensés dans le monde pour la série 200 et 4 pour la version Evolution -, la BX 4TC a une cote relativement élevée en occasion, environ 25000 €. Assez chère par rapport à ses qualités intrinsèques, elle n’en demeure pas pour autant un mauvais investissement. D'autant que la plupart sont très peu kilométrées, voire pas du tout. Les collectionneurs lui ont donné la vie qu’elle n’avait pas connu à sa sortie et lui assurent une revente facile. Un bon placement donc mais réservé sans doute aux inconditionnels de la marque française qui l'achèteront en connaissance de cause. Le constructeur au double chevron refuse d’entretenir cette BX, inutile de les contacter pour qu’ils s’occupent de votre exemplaire. Au mieux, ils ne connaîtront pas ce modèle, au pire ils le connaîtront, et c’est bien là le problème… Un contrôle ponctuel de la chaîne de distribution est nécessaire mais reste bien plus appréciable qu’un changement périodique de courroie. Les pneumatiques Michelin TRX sont de plus en plus durs à trouver et surtout de plus en plus chers, de ce fait, certains propriétaires ont préféré changer les jantes pour ne plus être embêtés. Les pièces partagées avec les autres véhicules du groupe PSA devraient être encore trouvables, à vérifier tout de même étant donné la manie du groupe à ne plus fournir toutes ses pièces. Par contre, pour tout ce qui est spécifique à la 4TC, pas la peine d’y compter, comme par exemple l’échappement qui a causé bien des soucis au propriétaire du modèle qui vous est présenté ici…

La Citroën BX de mon père
La Sport, la GTi, la 16 Soupapes, la 4x4, sans compter le break conçu ailleurs et la 4TC, formeront une famille que nous vous proposons de retrouver. Cet ouvrage via des documents, des photos et des témoignages, retrace la carrière de cette Citroën, y compris en compétition.
> Commander

CONCLUSION

:-)
Look rallye
BX vraiment pas comme les autres
Freinage
Intérieur digne de Star Wars
Vrai collector !
:-(
Comportement routier imparfait
Position de conduite
Consommation élevée
Conception bâtarde
Aucun palmarès
Citroën ne veut plus en entendre parler…

Objectivement, on trouve plus de défauts que de qualités à la BX 4TC mais elle compense par sa rareté et ses nombreux détails atypiques la différenciant totalement du reste de la production. Prisée, elle conserve une cote d’amour importante et attise la curiosité des personnes que l’on croise. Imparfaite, mais réellement attachante…

Tous nos remerciements à Vincent pour nous avoir présenté sa rare BX 4TC, Manu sans qui cette rencontre n’aurait pas été possible, nos deux photographes Alexandre et Thomas et plus généralement tous ceux qui ont participé à cette journée.

PHOTOS


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Avis des propriétaires

bonjour, tout d'abord merci pour cette article sur la bx 4tc, voiture qui est malheureusement un peu oubliée à cause de son histoire... je possède une bx 4tc et il vrai que cette voiture a été construit comme un jeu de légo. mais malgré tous les défauts qu'on lui attribut, c'est une voiture très attachante à plus d'un titre: c'est une voiture très rare aujourd'hui, développée pour le groupe b, et sur lequel on se fait plaisir au volant. en effet, si le comportement de la voiture à l'époque était très critiqué, on arrive maintenant à lui trouver un comportement très sportif, voir survireur, en remplaçant les sphères par de plus dures qui n'existaient pas à son époque... la tenue de route en 4x4 sur le mouillé est phénoménale, mais le plus part du temps, c'est en 4x2 que l'on roule, les 200ch sur le train avant sont plutôt bien digérés grâce à l'auto-bloquant. pour le reste, c'est une citroën pur jus, frein (on/off) et la diravi auquel il faut s'y habituer!

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