LA
BELLE PROMISE...
Après avoir
réussi à faire monter l'attention sur sa nouvelle sportive pendant des mois, Renault
dévoile enfin son bébé à la presse en 1990. La R19 dans sa définition sportive
a l'honneur de s'équiper du tout nouveau moteur multisoupapes, premier du genre
pour la marque française. Malheureusement, l'absence de turbo va longtemps faire
grogner les inconditionnels des années 80. Qu'importe, la R19 16S possède d'autres
qualités...
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
DESIGN
La R19 est
apparue en 1988, pour remplacer 2 voitures, la R9 et R11. En fait, le concept
de la R19 était en prolongation avec ces deux devancières, puisqu'elle allait
se décomposer en plusieurs familles, 3/5 portes ou chamade. Ensuite le cabriolet
fera son apparition, mais la famille ne s'aggrandira jamais d'un break. Cette
intention de Renault, de développer plusieurs carrosseries pour une seule voiture,
sera repris par celle qui lui succèdera, c'est à dire la Renault Mégane. Pour
séduire une nouvelle clientèle sur le marché des GTi
familales qu'il a abandonné depuis l'arrêt des R18
turbo et R11 turbo, Renault
a conçu sur la base de sa 19, un modèle qui se démarque du lot par son homogénéité
plus que par ses performances... Exit le turbo, place au moteur atmosphérique
multisoupapes. La Renault 19 16s apparaît donc en 1990 après moultes retards (une
spécialité maison...) est va ainsi se démarquer de ses rivales par son choix de
carrosseries : 3 portes, 4 portes et cabriolet. La présentation de ce modèle est
bien évidemment spécifique et comprend entre autres des boucliers sports, une
originale sortie d'échappement ovale, des juppes latérales, un bequet de coffre
et des sièges type baquet. Très sobre le kit carrosserie de la 19 16s permet néanmoins
de la distinguer de ses soeurs au premier coup d'oeil. Voilà donc de quoi aller
conquérir le marché des berlines compactes sportives, très prisé en Europe. N'oublions
pas non plus qu'à cette époque là, la référence en Europe s'appelle Golf
II GTI 16s et a fait sa place chez les sportives multisoupapes depuis 4 ans.
Encore une fois, tout le monde va suivre la mode du 16s (ou 16v) et Renault n'y
resistera pas non plus. Pour se faire rapidement une place au soleil et ratrapper
son retard sur ses petits copains, Renault lance son modèle sportif à un prix
d'appel particulièrement alléchant. Pour 107 500 FF en 1990, la belle française
fait cependant l'impasse sur un grand nombre d'équipements comme les jantes alliages,
pourtant généralisées sur ce type de véhicules.
MOTEUR
Depuis avril 1990, la R19 dispose d'une nouvelle motorisation (F7P) qu'elle a eu l'honneur
d'étréner. Ce moteur est dérivé du bloc Energy 1.7L, déjà bien éprouvé chez Renault.
Pour cette version il passe à 1764 cm3 et développe, grâce à sa culasse 16 soupapes,
137ch CEE. Plus écologique et plus économiques, les moteurs multisoupapes sont
aussi plus fiables et moins couteux à fabriquer que les modèles turbocompressés.
Cependant le niveau de sophistication de cette mécanique est déjà étonnant. Ainsi,
la culasse en alliage léger est du type hémisphérique et reçoit des poussoirs
hydrauliques afin de limiter l'usure et le bruit et de supprimer l'entretien.
Les soupapes d'échappement sont refoidies au sodium. Les pistons sont d'un dessin
très particulier avec des juppes ajourées alors que les segments sont d'une épaisseur
réduite. Enfin, un gicleur d'huile logé à la base des chemises refroidit les fonds
de pistons. Comme sur toute mécanique moderne, allumage et injection sont entièrement
cartographiques et couplés. Handicapée par un creux dans sa courbe de couple entre
3500 et 4500 tr/mn, la R19 16S est peu à l'aise en bas du compte-tours et se prête
mieux à une conduite en limite de zone rouge.
CHASSIS
Pour ce qui est de l'agrément de conduite, elle craint peu de concurrentes de
l'époque. Mais autant dire tout de suite qu'au niveau des sensations la Renault
19 16S n'impressione pas autant qu'une Peugeot
309 GTI 16, plus puissante et plus légère. Avec 100kg de plus et 20ch de moins
tous pleins faits, la 19 affiche logiquement une moins bonne santé. Malgré tout,
les chiffres relevés par les différents essais réalisés à l'époque indiquent des
chronos très acceptables en accélération mais nettement moins bons en reprises.
Les relances ne se font correctement qu'en jouant de la boîte et en allant chercher
la puissance dans les tours. Heureusement, ce manque de couple offre l'avantage
de contribuer à l'excellente motricité. C'est assurément le point fort de la renault
19 16s. Equipée à l'avant de classiques Pseudo mc-Pherson triangulés et à l'arrière
de l'essieu maison à 4 barres la 19 16s impressionne en matière de comportement
routier et d'efficacité. Elle possède même un confort de suspension très appréciable
au quotidien et relativement nouveau dans la catégorie des "GTI". Son train avant
remarquable en motricité est un modèle de précision. Gràce à ses trains roulants
revus (géométrie spécifique, suspension raffermie, ressorts, barres antiroulis),
l'éfficacité de la Renault est diabolique. A tel point que l'arrière en vient
à "lever la patte". La mise en appui est aisée et l'arrière suit avec une incroyable
fidélité. Pour corriger un excès d'optimisme en virage il suffit de lever légèrement
le pied et tout revient dans l'ordre. L'adhérence latérale est absolument bluffante
et on regrette de ne pas en avoir plus sous la pédale de droite. Facile à conduire
et très efficace, la renault se joue des enchainements de virages rapides. Le
manque de couple à bas régime du moteur permet d'attaquer plus nerveusement dans
les virages et de passer aussi rapidement qu'avec la 309 tout en étant plus "tolérante".
Les 4 freins à disques (ventilés à l'avant) se montrent suffisamment efficaces
et endurant pour un usage sportif. L'ABS, disponible en option sur les premières
séries ne semble pas du tout indispensable. Offrant un maintien latéral très correct
les sièges avant de la Renault 19 16s sont bien dessinés et plutôt confortables.
Il seront d'ailleur réutilisés sur la Clio Williams. A noter également que l'insonorisation
de la 19 16s se montre fort acceptable. Enfin, si la liste des équipements disponibles
était bien courte, celle des options avait de quoi faire grimper le prix en flêche
!
EVOLUTION
La Renault 19 est restylée en 1992, avec
une calandre et des phares redessinés, ainsi qu'un intérieur inédit (nouvelle
planche de bord et sièges). Enfin, après s'être vendue à près de 3 000 000 d'exemplaires,
toutes carrosseries confondues, elle va laisser sa place en novembre 1995 à la
Mégane, déclinée en une vraie version coupé qui partage son moteur avec la Clio Williams. La berline, elle, restera sur la touche, privée de version sportive dans un contexte déjà moins favorable aux petites sportives...
PROTOTYPE : LA RENAULT 19 16S TURBO ET QUADRA TURBO !
Bien qu'il n'ait pas participé au développement de la Renault 19 16S, le BEREX s'est cependant penché sur la comapcte sportive du losange dans le but de sortir une version plus performante, destinée notamment à la compétition. Ainsi, il y eut deux prototypes conçus sur la base de la Renault 19 16S avec un moteur 1.8l turbo d'environ 200 ch et des trains roulants élargis, dont une ambitieuse version "Quadra Turbo" qui aurait pu venir bousculer la Lancia Delta HF Integrale Evolution dans le championnat du monde des rallyes. L'Histoire sera finalement différente avec l'arrrivée de la Megane "Maxi" en 1996, répondant à la réglementation Kit-Car. De nombreux pilotes, dont Jean Ragnotti et Philippe Bugalski récolteront bien des trophées à son volant...
En savoir plus : Prototype Renault 19 16S QUADRA TURBO
ACHETER UNE RENAULT 19 16S / 16V
Sa bonne
fiabilité générale et un budget d'utilisation mesuré la rendent accessible au
plus grand nombre. Sa diffusion de 1990 à 1995 permet de trouver encore quelques
beaux modèles "d'origine" à des prix allant de 3000 à 7000 euros. Les versions
Chamade étant moins appréciées, il vous sera possible d'en
dénicher à des prix défiant toute concurrence ! A l'inverse,
les cours du cabriolet 16s ne sont pas encore au plus bas et les voitures souvent
fatiguées se négocient largement au-dessus de leur valeur réelle.
Le meilleur compromis pour goûter à l'agrément de cette berline
sportive semble être d'acheter une voiture pas trop kilométrée
et à l'historique connu. En étudiant attentivement les factures,
vous éviterez les déconvenues mécaniques rapidement coûteuses.
L'ensemble des pièces est encore relativement facile à trouver et bon marché,
hormis le moteur en lui-même dont la fiabilité est assez variable.
Méfiance aux alentours des 200 000 km, le 1,8 16s Renault peut se montrer
"rincé" si l'entretien n'a pas été
scrupuleux. Nos versions préférées sont celles d'après
restylage, les "16 16V", mieux finies et équipées.
::
CONCLUSION
En dépit d'un moteur un peu "creux", la
Renault 19 16S est une familiale compacte sportive globalement intéressante. Cette
réussite est le fruit d'un compromis idéal confort/tenue de route, par son amortissement
bien choisi, un train avant rigoureux et une direction précise. Ajoutez à celà
une fabrication et une finition en net progrès chez Renault et vous obtenenez
une familiale de caractère, plutôt séduisante en occasion. |