SALON DE MONTREAL 2014
L'AUTRE VISION DU CHAR
On est à la mi-janvier, il fait -20 degrés, il y a environ 40 centimètres de neige dehors, et pourtant, je suis au volant de la nouvelle Chevrolet Corvette C7. Malheureusement, elle est à l’intérieure, immobile, et la clé est cachée quelque part parmi le service presse Chevrolet. C’est donc ça un salon de l’automobile nord-américain de début d’année !
Texte & Photos : Kévin VALDELIEVRE
Quand on pense salon de l’automobile américain, on pense naturellement à Detroit, terre de l’automobile. En effet cette année, Detroit était l’endroit où il fallait être pour voir le concept Toyota FT-1 ou la nouvelle Corvette Z06. Cependant, les voisins canadiens ont aussi leur propre salon de l’auto, maintenant à sa 46ème édition, et cette année on s’est rendu à Montréal pour en faire l’expérience. Non, il n’y avait pas de poutine, mais tout de même la nouvelle Porsche 911 Turbo.
Même si le salon de Detroit se paye le luxe de toute les premières mondiales, le salon de Montréal se permet quelque chose que Detroit ne peut pas avoir. Oui, Detroit est la capitale américaine de la voiture, mais depuis la disparition de sa seule industrie, illustré par sa faillite l’année dernière, ce n’est pas vraiment l’endroit où l’on peut voir des Porsche et Ferrari rouler dans les rues. Montréal, d’un autre coté, est assez diversifié économiquement parlant et les voitures de prestige pullulent dans les rues tout l’été. Lors du weekend du Grand Prix de Formule 1, le centre-ville devient même une parade géante des voitures les plus rares et exclusives que l’on peut voir sur la planète !
LES SUPERCARS AU RENDEZ-VOUS
Du coté des autos de prestige, si Aston Martin snobe Detroit, la marque était bel et bien présente, montrant la nouvelle Vanquish dans sa version Volante. Mais ce n’est pas tout : Lamborghini faisait preuve de force avec, parmi les Aventador et Gallardo, l’Aventador LP720-4 50 Anniversario dans un noir menaçant, pour fêter les 50 ans de la marque l’année dernière, ainsi qu’une des dernières éditions de la Gallardo, la Squadra Corse dans un jaune pétillant. Du coté de Porsche, c’était du classique, avec les nouvelles 911 Turbo et Turbo S, les Cayman/Boxster et une Panamera hybride, branchée à une prise électrique… assez déconcertant ! Mais un des plus gros coups de cœur du salon de cette année, c’était bel et bien chez les anglais, avec la présentation de la F-Type Coupé V6S dans un British Racing Green du plus bel effet. On est grand fan de la F-Type roadster ici, mais en version Coupé, elle gagne encore en charme et en beauté autant qu’en rigidité. La XFR-S que Jaguar présentait également cette année faisait presque datée comparée à la ligne de la F-Type.
SPORT MADE IN USA
Mais ce n’est pas que pour le prestige que le Salon de Montréal nous intéresse. Bien sûr, étant en Amérique du Nord, on se devait de traiter les nouveautés américaines, et cette année, nous avons été gâtés ! La Corvette C7 Stingray, qui divise tellement niveau dessin arrière était enfin présentée, et pour l’avoir vu et touché de près, on peut dire que la Corvette est enfin prête pour jouer dans la cour des grands. A confirmer lors de notre prochain essai, en tout cas. Pour compléter la gamme coté Corvette, General Motors présentait aussi la version Cabriolet de la C7, de quoi profiter du nouveau V8 LT1 les cheveux (un peu plus) au vent. L’autre sportive de GM, la Camaro, en version ZL1 était presque ignorée à coté des deux Corvettes du stand, à tord, car étant motorisée du puissant V8 LSA trouvé aussi dans la Cadillac CTS-V et pourvue d’un châssis « moderne », elle est même considérée plus sportive que la Ford Mustang Shelby GT500, elle aussi présente à Montréal. Mais la grande nouveauté chez Ford, c’était bien la Mustang 2015, maintenant à sa 6ème génération. Certaines critiques trouvent que le design n’a pas beaucoup évolué, mais il faut vraiment la voir de près pour se rendre compte du travail qui a été réalisé sur cette nouvelle génération. Outre la calandre entièrement revue pour mieux intégrer « l’identité » Ford et l’arrière plus dynamique, c’est un tout nouveau châssis qui fait la base de la nouvelle Mustang. Au-revoir le pont arrière rigide, bonjour suspension arrière indépendante ! Et il parait que certains fans de la Mustang ne sont toujours pas contents, comme quoi, le changement ne rend pas toujours heureux. Dans cette logique, les fans de Dodge/Chrysler/SRT devraient être aux anges, car leur stand était vraiment vide de nouveauté. Bon, il y avait tout de même la nouvelle Viper, toujours aussi imposante, mais en voyant la Chrysler 300C (ou Lancia Théma….), on serait excusé de penser qu’une petite cure de jeunesse ne ferait pas de mal à la marque.
L'EXOTISME CANADIEN
Puisqu’on parle de jeunesse, parlons donc d’Antoine Bessette. Ce nom vous dit quelque chose ? Non ? Pourtant, c’est un jeune pilote québécois automobile de calibre international, ayant notamment été nommé champion pilote canadien en 2005. Etant passionné par le circuit, il décida de créer « sa » voiture parfaite pour le pilotage. En 2010, il créa Felino, et cette année, il présenta la CB7 au Salon de Montréal. Outre son design assez tranchant, la CB7 est propulsée soit par un 4 cylindres turbo dans le premier prototype (noir), ou un V8 6.2l de 525ch dans le deuxième prototype blanc. La particularité de la Felino CB7 est vraiment sa position de conduite, Antoine Bessette étant véritablement parti d’un siège sur une planche de bois pour construire la voiture autour du conducteur. Disponible internationalement en 2015, mais seulement pour le circuit, au tarif de 100 000$CAD, le pilote réfléchit aussi à un championnat mono-modèle basé sur sa voiture. Pourquoi est-ce que l’on parle de ce projet ? Tout simplement parce que Felino ne vient pas d’un endroit typique, comme Detroit ou Maranello, mais de Montréal, tout simplement ! Avec l’annonce récemment de la Magnum Mk5, une autre automobile montréalaise destinée pour la conduite sur circuit, est-ce que le Québec deviendrait une nouvelle destination en matière de sport automobile ? On le verra bien.
DU COTE DES BERLINES
C’est tout ? Bien sûr que non ! Outre la nouvelle Mini Cooper au look très discutable soyons honnêtes, BMW profitait aussi du salon pour présenter en première canadienne les BMW M3 et M4. Certains crient au scandale avec l’apparition de la dénomination M4, mais il parait qu’il y a une logique derrière. Ce qui nous intéresse le plus par contre, c’est son moteur. Si l’on peut regretter le V8 rageur de l’E92, le retour du 6 en ligne est une bonne nouvelle, même s’il se voit greffé de deux escargots. Du côté de Mercedes-Benz, il y avait de l’ancien et du nouveau, tout d’abords avec l’adieu de la magnifique C63 AMG, dans son édition spéciale 507. Si vous ne l’aviez pas compris, le V8 M156 développe 507 chevaux dans cette version, et maintenant est vraiment le temps d’acheter, étant donné qu’il va disparaitre cette année, au profit d’un V8 4.0l bi-turbo. Le nouveau chez Mercedes prenait la forme de la CLA 45 AMG, la marque ayant décidé de suivre Audi et BMW dans la descente en gamme, tout en nous concoctant une petite sportive assez incroyable. De l’autre coté du monde, Subaru, qui a bien du mal à survivre en France, connait un véritable succès en Amérique du Nord. Ainsi, ils n’ont pas hésité à nous dévoiler l’Impreza WRX, tant attendu. Niveau design, cela reste très conservateur, cependant, les premiers essais sont assez positifs. Vivement qu’on l’essaye !
UN PEU DE FOLKLORE
Bien sûr, ceci ne pourrait pas être un compte rendu d’un salon automobile nord-américain sans mentionner les fameux pick-ups. Je ne vais pas épiloguer dessus, mais la variété est assez impressionnante. Coup de cœur spécial pour le Ford F-150 SVT Raptor, véritable arme pour le Paris-Dakar homologuée pour la route et utilisable au quotidien ! De plus, on ne peut pas parler Amérique du Nord et automobile, sans évoquer le bolidage, les américains et canadiens étant friands de la modification. Pour satisfaire à ce besoin, le Salon de Montréal avait un hall entier dédié aux voitures modifiées, sponsorisé par Volkswagen. Chez les constructeurs, cela restait assez sage. Hyundai présentait la Genesis de Rhys Millen, engagée à Pikes Peak, et Lexus avait un prototype assez perturbant sur la base de l’IS350. Mais le meilleur était Scion (la sous-marque « jeune » de Toyota) qui avait organisé le Scion Tuner Challenge au Canada, mettant en concurrence Toronto, Montréal et Vancouver dans une série de compétitions automobiles avec des FRS (Toyota GT86) préparées. Ainsi, le stand Scion disposait de la voiture gagnante de ce challenge, la FRS de Top Tuner, agrémentée de Nitro et d’un compresseur Twin-Scroll. Tabernacle !
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