© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (15/07/2005)
LE STRICT MAXIMUM
Vous êtes blasé de croiser autant de Caterham
? Votre Enzo vous lasse ? Madame vous refuse la moto ? Ne vous inquiétez
pas, Ariel nous propose une synthèse de tout ceci en une
seule machine, lATOM 2. Des voitures de course de Brooklands
aux célèbres motos, cette voiture est lhéritage
de 100 ans de dévotion aux sports mécaniques. Accrochez
votre harnais, c'est du violent !...
Texte :
Jérôme TILLARD
Photos : D.R.
DESIGN
Nous devons le dessin si particulier de lATOM à Simon
SAUNDERS, directeur dARIEL. Cet ingénieur est dabord
passé par la case moto, en travaillant chez NORTON, pour
basculer ensuite dans le monde automobile à la General Motors
dans un premier temps, chez Aston Martin dans un deuxième
temps, puis consultant en développement pour le compte de
la Porsche 959. Dans les années 90, SAUNDERS réfléchit
à la conception dune voiture qui serait pensée
à sa manière. Il se concentre alors sur ce quil
affectionne particulièrement, la simplicité au service
de lefficacité. Le toit, portières et autres
fenêtres sont un handicap sur la balance ? Quimporte,
lATOM nen aura pas. Le directeur dARIEL décide
alors de sengager sur une voie que les grands constructeurs
généralistes boudent faute de retours commerciaux
suffisants, le plaisir de conduite maximum, sans aucun artifice
ni compromis. Cest en fait le milieu de la moto et notamment
DUCATI, qui inspirera le treillis tubulaire de lATOM. Celui-ci
est assemblé et soudé entièrement à
la main, avant dêtre phosphaté. Le moteur, dénué
de capot, prend place juste devant lessieu arrière.
Encadré au même titre que lhabitacle par ce fameux
treillis en acier, il est surmonté dune écope
dadmission quune Formule Ford ne renierait pas. Le museau,
réalisé en matériaux composites tient lieu
de carrosserie et donne à lensemble une allure tout
à fait craquante. La réalisation ne souffre aucun
défaut, nous sommes ici au royaume de lartisanat dans
le sens noble du terme. Laérodynamique de cette auto
a elle aussi bénéficiée de tous les égards.
Le coût horaire pour la location dun tunnel étant
peu en rapport avec le budget fixé, Simon SAUNDERS en appelle
alors à danciens collègues pour concevoir la
géométrie de suspension et examiner le châssis,
afin dobtenir la meilleure intégration possible des
différents éléments. Cest ainsi quARIEL
a pu bénéficier des heures de soufflerie sans lesquelles
la réalisation finale de lATOM eu été
impossible.
VIE A BORD
Lhabitacle, quant à lui, se résume
au strict nécessaire. A savoir deux baquets plastiques, un
rétroviseur extérieur et une instrumentation, logée
dans une console minimaliste. Le tout assemblé très
sérieusement. Une chose est certaine. Le résultat
final ne peut laisser personne indifférent. Quon se
le dise, lARIEL ATOM nest pas handicapée par
une quelconque carence de personnalité. Enfin et dans un
ordre plus pratique, ne cherchez pas de coffre à bagages,
il ny en a pas. Vous en serez quitte pour acheter votre brosse
à dent sur place !
MOTEUR
Contrairement à la première version de lATOM,
équipée dun bloc ROVER de 125 ou 160 ch, cest
chez HONDA
que Simon SAUNDERS va cette fois-ci chercher avec bonheur ses ensembles
moteur/boite. Cest une mécanique Suzuki Hayabusa qui
avait été retenu à la base. Même si le
1300 cc ne manquait évidemment pas de caractère pour
animer lATOM, il péchait par un comportement trop pointu,
propre aux mécaniques de moto. Cest pourquoi cette
solution fut écartée au profit de HONDA. Les unités
VTEC TYPE R de 1998 cc sont envoyées directement du Japon
à latelier de Somerset, en Angleterre. Deux versions
existent, de 220 et 300 chevaux, ce qui fait de cette ATOM lun
des engins les plus méchants jamais lâchés sur
route ouverte. Le couple maxi, quant à lui est fixé
à 20 mkg à 6100 trs/mn, pour la version 220 ch. Cette
valeur, plutôt moyenne sous le capot de la Honda
Civic Type R se révèle tout à fait adapté
dans lATOM, en raison du peu de kilos quil y a à
déplacer. En effet, si ces puissances brut(e)s ne vous épatent
pas plus que ça, il vous faut prendre en considération
le poids de la voiture, oscillant entre 496 et 540 kg selon les
versions. Il faudrait plus de 150 chevaux supplémentaires
à une Lamborghini Murciélago pour rivaliser en rapport
poids/puissance avec lATOM. Convaincu ? Contrairement à
ce que laisserait suggérer le superbe échappement
inox à larrière, le démarrage de lATOM
est discret. Le VTEC HONDA nest pas là pour épater
la galerie mais pour fonctionner là où il se sent
le mieux : à droite du compte tour, et plus particulièrement
passé les 5200 trs/mn, régime à partir duquel
le VTEC change de phase. Parvenu à cette étape, LATOM
se catapulte jusquà 8600 trs/mn avec une incroyable
férocité, par le biais dune boite 6 dorigine
HONDA aussi rapide que précise.
Les chiffres parlent deux
même : 0 à 100 km/h en 36, 235 km/h, nous
sommes bien plus proches des temps dune monoplace que dune
berline de série. Il paraîtrait dailleurs que
Simon SAUNDERS déconseille lachat dune version
300 ch aux clients inexpérimentés, ce qui laisse songeur
quand aux possibilités daccélérations
de lauto. Larchitecture si typique de cette ARIEL aidant,
le pilote vit littéralement avec son moteur. Linsonorisation
est inexistante et la prise dair dynamique, juste au dessus
de la tête, vous rappelle régulièrement que
derrière, ça ne demande quà respirer.
Les liaisons moteur/châssis sont assurées par de simples
bagues de nylon, ce qui laisse passer la moindre vibration. Si lonctuosité
dun V8 et les mises en vitesses sur un filet de couple vous
sont indispensables, passez votre chemin, lARIEL ATOM, cest
du viril.
CHASSIS
Dérivé des monoplaces de compétition, lensemble
suspensions/amortisseurs a été confié à
LOTUS, qui
utilisera des éléments BILSTEIN, totalement personnalisables
selon lusage que souhaite faire le propriétaire de
son ATOM. Le résultat est retransmis en direct du cockpit,
doù lon peut observer le travail des portes moyeux
à lavant. Peut-on rêver plus ludique ? Afin de
générer de lappui à lavant comme
à larrière, une attention toute particulière
a été donnée à la circulation de lair
dessous la « carrosserie ». Le développement
en soufflerie, permettant lintégration optimum des
divers composants, a été une priorité absolue
lors de la conception de lauto.
Bien sûr, la direction ultra directe et les remous dair
très présents nengagent pas forcément
à regarder trop souvent ce quil se passe au fond du
compteur de vitesse. En contrepartie, les voies larges de lauto
autorisent un grip et une réactivité hallucinant sur
sol sec. Même si le rayon de braquage limité ne permet
pas toutes les fantaisies possibles, le pont autobloquant et les
trains roulants très évolués confèrent
à lATOM un comportement très joueur, tout en
restant facile à vivre. Cerise sur le gâteau, le confort
de suspension nest pas sacrifié sur lautel de
la tenue de route. Le freinage, quand à lui, aurait gagné
sans doute à être plus franc à lattaque
de la pédale. Cela naltère en rien les capacités
de décélération de lATOM mais nuit tout
de même à la précision. Le plus remarquable
reste quil ny a pas vraiment besoin daller vite
pour se faire plaisir, bien au contraire. A condition de fuir les
lignes droites, il est impossible de sennuyer à bord
de lARIEL ATOM. A noter que cette auto, étant voué
aux sorties clubs, est prise en charge après achat par les
antennes ARIEL. Cette dernière réglera la voiture
pour un usage circuit, sur simple demande de lheureux propriétaire.
:: CONCLUSION
Ce nest pas vraiment une nouveauté que décrire
que nos voisins doutre-manche abritent ce qui se fait de plus
excitant en matière dautomobiles décalées.
ARIEL, illustre enseigne britannique depuis 1898 ne déroge
pas à cette règle, en produisant lun des engins
les plus improbables que lon ai vu sur route ouverte. Forte
de son concept extrême, lATOM se veut lexacte
jonction entre le monde de la moto et celui de lautomobile.
La réalisation est imparable, la recette exquise, cette motomaubile
remplit parfaitement son contrat : procurer le maximum de plaisir.
Bien entendu et comme de coutume, nous en sommes malheureusement
privés sur nos routes nationales, pour dobscures et
confuses contraintes dhomologations... |