A LA FRAICHE...
BMW ne s'était jusqu'à
présent jamais attaqué au segment des cabriolets très
haut de gamme. La série 6 des années 70-80, et après
la série 8 n'ont jamais bénéficié d'une
variante cabriolet. Certes, les série 3 cabriolet, depuis
la génération E30, ont toujours rencontré un
succès constant, mais elle ne pouvaient aller lutter dans
la catégorie des Mercedes SL, Jaguar XK ou Lexus SC430. La
nouvelle Série 6 E64 vient combler cette lacune pour le plus
grand bonheur des amateurs de la marque à l'hélice
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Avec quelques années de retard sur
son grand rival de Stuttgart, Mecedes-Benz, BMW poursuit l'élargissement
de sa gamme. Après les SUV (X3 et X5), les petits roadsters
(Z3 puis Z4) et bientôt la catégorie des compacte avec
la future Série 1, BMW a renouvelé le genre du Grand
Tourisme avec sa Série 6. Initialement présentée
et commercialisée en variante coupé avec le V8 4,4
litres de 333 ch, c'est désormais vêtue d'une robe
découverte que la BMW 645 Ci se présente. C'est donc
une nouvelle niche de marché que est explorée par
BMW, car si la 645 Ci Coupé vient remplacer en fait la Série
8, la BMW 645 Ci cabriolet ne remplace aucun modèle connu
dans le catalogue bavarois. Le BMW Z8 est quant à lui trop
atypique et extrême dans sa définition pour prétendre
lutter face à des Jaguar XK, Lexus SC430 et Mercedes-Benz
SL particulièrement affûtés et rodés
sur ce segment des cabriolets très haut de gamme. C'est donc
ce rôle qui est dévolu à la BMW 645 Ci Cabriolet,
en allant également écumer le créneau des cabriolets
4 places très haut de gamme, notamment l'Audi A4 et S4 cabriolet
et la Mercedes CLK 500 cabriolet.
DESIGN
Nous l'avions déjà présenté avec la
BMW 645 Ci coupé (E63), le design extérieur porte la patte
stylistique évidente de Chris Bangle. Ce dernier, très
violemment critiqué par une bonne partie du public depuis
sa prise de pouvoir sur le design BMW arrive à ajuster le
tir. Soyons francs et honnêtes : certes, la Série 7
n'est pas très heureuse de style et a été la
première à inaugurer le changement radical du style
BMW. Mais, conserver une continuité perpétuelle d'un
style réussi n'est-il pas à terme destructeur? Chez
Jaguar, à l'inverse, les designers semblent enfermés
dans le style " XJ " et depuis 1968 ils nous remettent
le même dessin au goût du jour. Qu'en sera-t-il dans
quelques années ? Avec le Z4, puis la Série 5, Chris
Bangle et son équipe ont retravaillé leur copie, tout
en conservant leurs spécificités qui identifient immédiatement
les productions de Münich. Un peu perplexes au départ,
nous nous résignons à mieux appréhender ces
designs innovants et même à mieux cerner leur force
d'attraction. Avec la série 6, en coupé et en cabriolet,
l'exercice de style est encore plus abouti et réussi. Certes,
il reste toujours cette malle arrière de coffre peu esthétique
qui semble être encore la dernière faute de goût
de Chris Bangle et son équipe, à moins que dans un
ou deux ans on s'y fasse et que l'on arrive même à
l'apprécier. Mais n'anticipons pas trop
Avec la 645
Ci Cabriolet, la ligne pure de profil semble d'ailleurs intégrer
nettement mieux cette malle de coffre, puisque avec ou sans capote,
la ligne n'est pas en fastback comme sur le coupé, mais plus
en berlinette, comme une Ferrari 360 Modena. La BMW 645 Ci Cabriolet
E64 est l'un des rares cabriolets aussi élégants (voire
plus élégant !) capoté que décapoté.
Extérieurement ou en photo, la 645 Ci cabriolet semble petite
et bien proportionnée. En réalité, ses dimensions
extérieures en impose plus dans les tableaux de mesures que
visuellement parlant, car avec 4,82 mètres de long, ce cabriolet
ne fait pas vraiment partie de la catégorie des roadsters.
C'est certainement là une des forces les plus marquantes
de ce nouveau style voulu par Chris Bangle : réaliser des
autos visuellement plus imposantes qu'elle ne le paraissent à
l'il nu.
HABITACLE
L'habitacle est repris tel quel au coupé 645
Ci E63. Seule les commandes de la capote électrique font leur
apparition. On retrouve donc un très haut niveau de confort
et d'équipements qui varient plus ou moins en fonction de
vos choix dans la (trop ?!) longue liste d'options. Si le design
intérieur innove lui aussi et perturbe dans un premier temps
les habitués de la marque, plus acclimatés au planches
de bord orientées vers le conducteur, c'est surtout la qualité
des matériaux et de certains assemblages qui déçoivent.
Nous sommes loin des standards de la marque, et un BMW X5 par exemple
profite d'une bien meilleure qualité de finition. Pour commander
la maximum d'accessoires, vous êtes toujours obligés
de passer par l'i-Drive. Véritable gadget d'ingénieur,
fausse bonne idée d'innovation, nous persistons à
affirmer qu'il n'est pas normal, et encore moins sécuritaire
de devoir chercher et tâtonner dans un ordinateur pour enclencher
certains réglages. Malgré cette débauche de
technologie, certains gadgets finalement bien utiles et agréables
à l'usage comme le démarrage sans clé ne sont
pas disponibles en option. Heureusement, BMW innove et rattrape
Cadillac et Chevrolet avec l'affichage tête haute. Une fois
le mode d'emploi assimilé, c'est un véritable régal,
et pour une fois, seules les informations importantes sont retenues.
L'espace arrière est des plus étroits, et seuls deux
enfants y seront à leur aise, surtout pour les grands parcours.
La capote en toile est de très haute facture et petite astuce,
la lunette arrière en dur est indépendante et se range
directement dans sont propre logement derrière les sièges
arrière. Elle sert ainsi également de saute-vent.
Il fallait y penser !
MOTEUR
BMW, comme Mercedes-Benz d'ailleurs, avait bâtit sa réputation
de motoriste sur des 6 cylindres en ligne d'exception. Mais avec
le temps et l'évolution tant des automobiles que des réglementations
anti-pollution notamment, le recours à des moteurs à
l'architecture en V devient inéluctable. Le choix du V8 de
4,4 litres est donc retenu pour la série 6. Cela n'est pas
pour nous déplaire car le V8 est à notre avis l'une
des architectures moteur les plus sportives qui soient et qui conjugue
à merveille un son et des performances remarquables. Ici,
les motoristes BMW ont tiré 333 ch à 6100 tr/mn et
un couple appréciable de 45,9 mkg à 3600 tr/mn.
Les
performances revendiquées par le cabriolet 645 Ci sont très
convaincantes avec 250 km/h auto-limités et surtout 26,1
secondes au kilomètre départ arrêté et
moins de 7 secondes pour franchir les 100 km/h. A noter que BMW
est l'un des rares constructeurs à proposer des autos équipées
de moteur V8 avec des transmissions mécaniques à 6
rapports. Jaguar et Mercedes imposent la boîte automatique.
Seul Audi, en faisant exception des constructeurs italiens plus
exclusifs, vient s'intercaler. Mais outre la boîte mécanique,
BMW propose à ses clients de pouvoir choisir une boîte
automatique à 6 rapports Steptronic (+2 290 euros !) ou la
très réussie boîte séquentielle SMG II
à 6 rapports (+1 430 euros). A l'usage, dans tous les cas,
c'est plutôt la boîte SMG II ou la boîte Septronic
qui retient le plus notre attention, car le caractère très
Grand Tourisme de ce cabriolet bourgeois s'adapte mieux à
l'automatisme. Qui en effet à envie de mettre à l'équerre
un cabriolet de près de 2 tonnes au prix frisant les 100
000 euros ?
CHASSIS
Bien campé sur ses larges jantes de 18 pouces de séries
montées en 245/45 R18, le cabriolet 645 Ci profite des dernières
innovations de BMW en matière de liaison au sol et sécurité
active. Ainsi, dès la conception initiale de la Série
6, les ingénieurs ont privilégié une bonne
répartition des masses pour favoriser l'équilibre
de la tenue de route. La carrosserie en acier zingué est
autoportante et reçoit de nombreux éléments
en aluminium pour maintenir la prise de poids. Si les suspensions
avant font appel à de traditionnels pseudo-McPherson à
double pivot, triangles obliques et tirants en aluminium, l'essieu
arrière multi-bras est totalement réalisé en
aluminium. Si d'origine, la 645 Ci Cabriolet offre donc à
son conducteur une tenue de route saine et équilibrée,
il est très recommandé d'opter pour l'option Dynamic
Drive à 2 980 euros qui renforce la tenue de route en efficacité.
D'équilibrée, la tenue de route s'améliore
en précision et en légèreté ! Une prouesse
lorsque l'on se souvient du poids de ce cabriolet qui frise les
deux tonnes.
Cette prise de poids par rapport au coupé
est justifiée par les nombreux renforts qui permettent de
conserver une rigidité de la caisse malgré l'ablation
du toit. Le Dynamic Drive se compose donc de l'AFS, la direction
active, et également de barres anti-roulis actives à
réglage hydraulique. La BMW 645 Ci cabriolet vire donc à
plat en toute circonstance et ferait presque oublier son poids tant
elle semble agile. Le freinage est assuré par des larges
disques ventilés de 348 mm à l'avant et 345 mm à
l'arrière. Bien entendu, les accessoires de sécurité
active comme le DSC (contrôle de stabilité, équivalent
de l'ESP chez les autres constructeurs
) et le DTC (Dynamic
Traction Control) et l'ABS sont de la partie. Il faut remarquer
que le DSC est déconnectable totalement, comme chez Ferrari.
Avec une telle débauche de technique et d'électronique
dans les assistances à la conduite, il est donc logique que
la BMW 645 Ci cabriolet soit sûre en toute circonstance. Elle
est non seulement sûre et facile à conduire, mais elle
peut même se révéler joueuse si son pilote connaît
les ficelles rudimentaires du pilotage. Toujours rigide, bien suspendue,
cette série 6 décapsulée est un régal
à conduire, et permet en outre de profiter des vocalises
du V8 en plein air. Gaz
:: CONCLUSION
Le coupé Série 6 nous avait bien séduit, mais
le cabriolet vient avec des arguments encore plus aiguisés.
Sa ligne est notamment plus homogène, et son esprit Grand
Toursime se prête finalement bien mieux à un cabriolet.
Certes, la finition pèche encore un peu, et à ce niveau
de prix c'est irritant, mais vous serez certains de rouler dans
une auto réellement différente et innovante qui vous
offrira un plaisir de conduite (et non de pilotage) sans pareil.
Son châssis très incisif et élaboré vous
laissera même l'impression de savoir piloter vite une auto...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"A bord, le luxe cotoie la technologie puisque le cuir recouvre
la majorité de l'habitacle, depuis le tunnel central jusqu'au
portes. Le critiqué i-Drive est de la partie, et permet de
commander jusqu'à l'affichage tête haute qui projette
les infos (vitesse, régime, rapport, navigation) devant les
yeux du conducteur. Spacieux à deux, le cockpit est étriqué
à quatre tant et si bien que seuls deux enfants prendront
place à l'arrière, bien abrités par la vitre
de lunette verticale. En couple, le saute-vent fourni de série
autorise bien des excès puisque chauffage des sièges
et ventilation en route, à près de 180 km/h décapoté
ne pose aucun souci. Un engin qui fait la part belle au plaisir
de conduite au point de rendre l'achat du coupé superflu,
le soin apporté à la version découvrable étant
tel que l'option hard top n'est pas envisagé. Les Mercedes
SL, Jaguar XK et autres Porsche 996 ont trouvé là
une concurrence de premier choix
"
CLASSIC & RACING - Juin-Juillet 2004 - BMW 645 Ci Cabriolet.
"Plutôt ennuyeuse dans sa version
coupé, la 645 Ci s'anime une fois découverte. Sa variante
décapotable apparaît d'emblée plus attachante.
Le vent et le soleil dans l'habitacle ainsi que le chant du V8 donne
vie à cette BMW. Du coup, on savoure pleinement les qualités
du châssis, dont la rigidité ne semble pas avoir été
affectée par la suppression du toit. Malgré ses 1900
kg, ce cabriolet se montre en effet très surprenant par son
apparente légèreté et son efficacité
sportive. Autre point fort, il parvient à préserver
le confort de ses passagers avec un amortissement efficace et des
remous d'airs bien contenus. En revanche, l'habitabilité
s'avère restreinte car, en dépit de son gabarit imposant,
cette BMW n'est capable de transporter que 4 adultes."
AUTO PLUS - Hors Série Essais 2004 - BMW 645 Ci Cabriolet.
"Les prestations routières
du cabriolet 645 Ci n'ont rien à envier à celles du
coupé, malgré son poids plus élevé.
Le comportement routier est toujours aussi fantastique, tant par
sa puissance que par sa souplesse. Ces qualités dynamiques
se doublent d'un confort de haute volée, qui fait de ce cabriolet
un " outil " parfaitement adapté aux grands voyages.
Que ce soit pour aller chercher le soleil dans le sud
ou pour
visiter les nouveaux Etats-membres de l'Europe des vingt-cinq !
Une utilisation pour laquelle nous troquerions sans hésitation
la boîte SMG, contre la transmission automatique à
6 rapports."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 20 mai 2004 - BMW 645 Ci Cabriolet. |