TICKET D'ENTREE
Depuis l'avènement du roadster BMW Z4, au-delà
d'une ligne très marquée de l'empreinte de Chris Bangle,
c'est surtout une gamme repositionnée plus haut de gamme
avec l'absence de quatre cylindres qui rendit malheureux les anciens
possesseurs de BMW Z3 1,8 et 1,9 litres. Heureusement, BMW les a
enfin entendu ans plus tard et commercialise la BMW Z4 2.0i avec
un prix revu à la baisse. Pourtant à plus de 30 000
euros, le ticket d'entrée reste encore assez élitiste.
Et ainsi dotée, la BMW Z4 n'est-elle pas trop édulcorée
?...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
La BMW
Z3 avait été lancée en 1995 en fanfare
avec le film Goldeneye, un opus de la saga James Bond. Pour BMW,
le roadster Z3 était un gros challenge avec une auto fabriquée
aux USA, reprenant plateforme et composants de modèles "
périmés " (comprenez ceux des BMW
Série 3 E30 alors que la BMW
Série 3 E36 était au catalogue). Et si la réputation
de BMW s'était alors établie avec ses célèbres
moteurs six en ligne, la BMW Z3 n'était au départ
commercialisée qu'avec des moteurs quatre cylindres : un
1,8 litres et un 1,9 litres. Cela permettait en plus de proposer
des prix d'accès intéressants. Par la suite, la montée
en gamme a démarré réellement pour aller jusqu'à
la BMW
Z3 M. Pour la BMW
Z4, c'est l'effet inverse. Le marché beaucoup plus encombré
d'offre de roadsters 2 places (Audi
TT roadster, Mercedes
SLK, Porsche
Boxster, Honda
S2000, Nissan
350 Z, Mazda
MX-5, Alfa Romeo Spider,
) et un design plus affirmé
incite BMW à de la prudence. Avant même de souhaiter
jouer à fond la carte des volumes de ventes, c'est donc avec
des moteurs six cylindres en ligne maison, endiablés et performants
que le BMW Z4 sera lancé comme avec la BMW Z4 3.0i et la
BMW Z4 2.5i. Nous sommes loin déjà du mono-modèle
BMW Z1 qui fut pourtant l'initiateur de toute une généalogie
de roadster BMW. Depuis 3 années que le roadster Z4 est commercialisé,
une version plus accessible, la BMW Z4 2.2i, toujours dotée
d'un six en ligne a intégré l'offre BMW Z4 et depuis
peu, BMW vient a ratisser plus large avec la BMW Z4 2.0i équipée
d'un quatre cylindres de 150 ch. C'est donc une stratégie
exactement inverse à celle opérée avec la BMW
Z3 que BMW a finement mené. Mais en perdant deux cylindres,
le roadster BMW Z4 ne va-t-il pas perdre son âme ?
DESIGN
Le roadster BMW Z4 2.0i est bien entendu dans la pleine mouvance
du design Chris Bangle. Souvent controversé, ce design nouveau
de Bangle souffle un vent nouveau dans la marque à l'hélice
depuis plusieurs années déjà. Si au départ,
avec notamment la BMW Série 7, quelques essais non transformés
ont été industrialisés, il faut aujourd'hui
reconnaître que le résultat sur certains modèles
de la gamme (BMW
M6, BMW
M5
) est réellement frappant d'innovation et de
charme. La BMW Z4 2.0i appartient à cette catégorie.
Certes, lors de la présentation de la BMW Z4 trois ans plus
tôt, les avis étaient alors partagés. Mais nous
osons affirmer que comme tout art nouveau, il n'est pas évident
d'apprécier pleinement et immédiatement de nouveaux
chef-d'uvres. Il faut éduquer ses yeux et ses goûts
un peu comme le plaisir du vin s'acquiert au fil de l'expérience
et de l'éveil de son palet. Un long capot, une large calandre
en double haricot et un arrière court et trapu caractérisent
le design de la BMW Z4 2.0i. De nombreux détails concourent
à accentuer le potentiel de séduction du roadster
Z4 : répétiteurs de clignotants intégrés
derrière le logo sur les flancs, petits feux arrière
subtilement travaillés, aileron intégré dans
la malle de coffre un peu à l'instar d'une Ferrari
550 Maranello, arceaux séparés par passagers,
et lignes tranchantes parcourant les flancs pour faire jouer la
lumière sur la carrosserie. La méthode Bangle pour
le design donne finalement beaucoup plus d'expression à la
carrosserie elle-même qu'à de nombreux accessoires
ajoutés. Les jeux de lumière sur la carrosserie du
BMW Z4 2.0i sont indéniablement une des forces du design
de Chris Bangle. Evidemment, les teintes retenues par le client
peuvent avoir une incidence plus ou moins grande sur ces jeux de
lumière. Pour les amateurs de grosses jantes, ce dont la
BMW Z4 s'accommode fort bien visuellement, du 18 pouces de diamètre
est possible en option à plus de 2000 euros (!), sinon le
modèle est équipé de série de très
belles jantes alu de 16 pouces.
HABITACLE
L'habitacle s'offre par un accès
à bord très aisé, malgré une garde au
sol plutôt basse. La position de conduite est bien étudiée
et les sièges d'origine, même sans recourir à
l'option sièges Sport, offrent confort et maintien. La planche
de bord est très simple dans son dessin, tranchant ainsi
avec les formes travaillées de la carrosserie. L'ergonomie
est comme souvent chez BMW parfaite, et il n'est pas question ici
de se perdre avec l'I-Drive, puisqu'il n'y en a pas ! Le volant
offre une bonne prise en main avec sa jante épaisse en cuir
et présente une intégration intelligente de l'Airbag.
Enfin un volant qui ne ressemble pas à un " sac à
ballon ". Avec ses trois branches, il confère un petit
cachet sportif indéniable. Le combiné d'instruments
est regroupé sous deux cadrans derrière le volant.
Les seuls griefs que l'on peut adresser à cet habitacle sont
la qualité parfois douteuse de certains plastiques et l'absence
de rangements réellement pratiques. Mais il ne faut pas se
focaliser dessus car nous ne jugeons pas là une berline familiale
et encore moins un monospace
Reste que le coffre de la BMW
Z4 2.0i avec ses 260 dm3 est un des plus vastes de sa catégorie.
Les options toujours trop nombreuses permettent d'équiper
correctement la BMW Z4 2.0i, mais alors le prix de 30 900 euros
n'est plus qu'un lointain souvenir.
MOTEUR
Pour son roadster Z4 2.0i, BMW a repris le moteur qui équipait
la Série 3 E46 320i. Basé au départ sur
l'ancienne BMW 318i, ce quatre cylindres en ligne que l'on retrouve
également sur la nouvelle BMW 320i, possède donc désormais
une cylindrée de 1995 cm3. Il développe 150 ch à
6200 tr/mn et 200 Nm de couple à 3600 tr/mn. Bien que doté
d'un collecteur d'admission étagé DISA et du Valvetronic
permettant de modifier automatiquement la durée et la levée
des soupapes en fonction des circonstances, ce quatre cylindres
est plutôt très linéaire. Ce qui se remarque
également sur la courbe de couple annoncée par BMW.
Avec en outre un poids CEE de 1295 kg
(réservoir plein à 90% + conducteur de 68 Kg + 7 Kg de bagages), ce roadster BMW Z4 2.0i n'est
certes pas à la peine (215 km/h en pointe, 0 à 100
km/h en moins de 9 secondes et le kilomètre DA en moins de
30 secondes), mais il est loin de revendiquer un caractère
fougueux. Doit-on cependant lui reprocher cet aspect durement ?
Pas si sûr, car la BMW Z4 2.0i offre deux compensations. La
première est son échappement spécifiquement
travaillé par les motoristes de BMW afin de conférer
une sonorité envoûtante. Mission réussie car
à bas régime, les graves dégagés par
ce moteur laisseraient presque à penser qu'un six en ligne
est sous le capot ! La deuxième compensation est la commande
de boîte BMW qui actionne la boîte Getrag I à
6 rapports (une boîte 5+1 en vérité dans sa
définition). Elle est fidèle à la tradition
BMW : ferme, précise aux verrouillages francs. Un vrai régal
! Finalement, certes le caractère de ce quatre cylindres
est un peu terne, mais pour les amoureux de la balade cheveux aux
vent et amateurs de lignes réussi et de roadsters, cela est
bien suffisant pour se faire plaisir. Et puis en y regardant de
plus près, ses concurrents directs, Audi et Mercedes ne proposent
pas de roadster au même prix.
CHASSIS
C'est la plate-forme de la BMW Z3 qui a été reprise
mais fortement modifiée pour la BMW Z4. Les voies sont élargies
et l'empattement est également différent. Comme pour
la BMW Z3, il faut aller lorgner sur la BMW Série 3 précédente
avec son essieu arrière multibras à point de guidage
central pour découvrir l'essieu arrière de la BMW
Z4 2.0i. L'essieu avant est constitué de jambes monoarticulées
avec des leviers triangulaires inférieurs (système
type McPherson) et barre antiroulis. Le freinage est intégralement
repris des modèles BMW Z4 2.2i et BMW Z4 2.5i. L'efficacité
de ce dernier, rapporté aux performances octroyées
par le quatre cylindres de 150 ch, donne pour une fois chez BMW
un freinage efficace et endurant. A noter que le BMW Z4 2.0i est
doté comme le reste de la gamme de l'ESP et du DTC. Mais
ces deux derniers peuvent être partiellement ou totalement
déconnectables, rappelant ainsi la démarche sportive
de BMW. On peut d'ailleurs se faire plaisir sans ses éléments
castrateurs (seul l'ABS reste toujours actif avec le freinage d'urgence),
sans trop de notions de pilotage, car le châssis encaisse
largement la puissance du quatre cylindres et surtout son caractère
lisse. Si la tenue de route est efficace et sportive, les amortisseurs
viennent trop rapidement taper en butée si la route est déformée.
On imagine que le véhicule doit sautiller si le client opte
pour une monte pneumatique supérieure (du 17 ou pire du 18
pouces !). A notre avis, quitte à ajouter des options, nous
laisserions la monte d'origine largement suffisante et opterions
pour d'autres options bien plus indispensables comme le filet anti-remous.
La direction avec son assistance variable électriquement
n'appelle aucune critique bien au contraire. Sa précision
fait toujours honneur à la marque.
:: CONCLUSION
Une " gueule d'amour ", une présentation charmeuse,
un châssis sport et un freinage enfin efficace, la BMW Z4
2.0i a presque tout pour plaire. Tout ? Enfin presque si vous n'êtes
pas trop regardant sur les performances pures et le caractère.
Car si la BMW Z4 2.0i sonne juste, son quatre cylindres est un peu
juste pour animer pleinement ce roadster allemand. Une auto à
réserver donc pour les amateurs de style et de balade cheveux
au vent, ce qui est bien le premier objectif d'un roadster. Mais
malheureusement, les tarifs avantageux des BMW Z3 1,8 et 1,9 litres
en 1995 semblent bien loin et le ticket d'entrée à
plus de 30 000 euros est tout de même un peu élitiste,
bien que sans concurrente directe en attendant la future Mazda MX-5
2.0...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Il aura fallut attendre 3 ans pour que BMW démocratise
sa Z4. Bon, dans l'opération, elle a bien sûr perdu
un peu de sa superbe. Parce que, bien que le quatre cylindres produise
une sonorité agréable, il manque de caractère
On ne peut pas tout avoir. Cela dit, cette Z4 2.0i reste une offre
alléchante face à ses concurrentes directes que sont
l'Audi TT et la (très chère) Mercedes SLK ; cette
dernière a par contre le mérite de proposer un toit
rigide escamotable. Non seulement la Béhème se singularise
par sa ligne ravageuse, mais elle reste l'une des plus pratique
au quotidien."
Le Moniteur Automobile - 28 juillet 2005 - BMW Z4 2.0i.
"Facturée 30900 euros, cette
nouvelle version 2.0i est alléchante sur le papier. Reste
que pour 1400 euros de plus et 1,3 litres aux 100 km de plus, la
2.2 litres de 170 ch offre deux cylindres supplémentaires.
Et quand on a goûté à l'agrément et à
la musique des " Six en ligne " BMW, difficile de résister
à la tentation."
Action Auto Moto - Août 2005 - BMW Z4 2.0i. |