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CHEVROLET CORVETTE C6 Grand Sport (2011 - )

chevrolet corvette grand sport
© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (05/12/2011)

VETTE FAIT BIEN FAIT

Après une période pour le moins trouble, Corvette revient officiellement en Europe. L’appellation Grand Sport, reprise d’une version datant de 1963, sert de prétexte à une synergie avec la Z06, dont cette version spéciale de la C6 récupère quelques attributs. Le tout dans un seul but, montrer aux européennes qu’elles n’ont pas le monopole de la sportivité…

Texte : Maxime JOLY
Photos : Étienne ROVILLÉ

Joe Dassin chantait qu’il voulait l’Amérique et qu’il l’aurait. A partir de maintenant, vous pourrez en faire de même et vous précipiter chez l’un des concessionnaires Chevrolet, seuls distributeurs officiels de la Corvette. Le casse-tête des importations sauvages suite à la faillite de l’importateur privé est enfin terminé. Une aubaine pour tous les amoureux de cette américaine au grand cœur…

PRESENTATION

corvette grand sport

La Grand Sport (GS) est une édition spéciale de la nouvelle Corvette C6 sortie aux Etats-Unis l’année dernière. Immense succès, elle représente quasiment 50% des ventes du coupé et 70% du cabriolet. Oui, la Grand Sport existe aussi en cabriolet. Sans le haut, elle est facturée en France à 81.641 €, soit 6.372 € de plus que le coupé. Le carton commercial de cette version est due aux nombreux éléments hérités de la Z06, sans que cela ne nuise aux tarifs très compétitifs de la C6 classique. Chez nous, la Grand Sport équivaut à l’entrée de gamme de la Corvette. Mais cela n'a rien de péjoratif, bien au contraire ! Alors, on jette un coup d’œil à la voiture et on remarque le spoiler arrière, la lame à l’avant et les ailes élargies de Z06. Ensuite, il y a deux jeux de jantes - 18" à l’avant et 19 à l’arrière - dont celles de notre essai, inédites et spécialement dessinées pour la Grand Sport. Pour de l’entrée de gamme à connotation "bon marché", on repassera donc.

L’acheteur de Corvette a le choix entre dix couleurs pour sa monture. Les noir, blanc arctique, acier, gris cyber et rouge infernal ne demandent aucun supplément, contrairement aux orange, bleu supersonique, jaune vélocité, bleu jetstream et rouge cristal dont le surcoût va de 390 à 1.104 €. Plusieurs packs sont disponibles en option. Sur le Pack Heritage, deux bandes disponibles en quatre coloris sont frappées sur les ailes avant et des sièges bicolores sont offerts. Pour ceux qui veulent conserver un coupé mais profiter de la conduite cheveux au vent, le coupé peut se transformer en targa en optant pour le Pack Toit. Autre pack, l’Ultime Apparence comprend grille de calandre, gorges latérales en maille, écran de plaque d’échappement, béquet arrière pleine largeur et housse de véhicule.

HABITACLE

compteurscompteurs

Bien que la finition ne soit pas un critère primordial sur une sportive, il n’empêche qu’à partir de 75k€, l’exigence n’est plus un vilain défaut. C’est pourquoi la finition à l’américaine des Chevrolet Corvette a toujours figuré dans les points négatifs face à ses rivales européennes. Malheureusement, de ce point de vue, rien n'a vraiment changé et les matériaux utilisés demeurent décevants. Cette finition assez quelconque est toutefois contrebalancée par un équipement de série conséquent incluant la climatisation automatique bizone et un système audio Bose à 7 haut-parleurs. avec lecteur CD MP3 et prise USB pour les lecteurs multimédia portables. En versant 1.818 € supplémentaires, le Bluetooth et la navigation par satellite complètent les cadeaux sous le sapin. Entre nous, le GPS est une véritable calamité, aussi bien dans son utilisation incompréhensible que dans son interface antique aux allures de Windows 3.11… Contre un autre surplus financier, du cuir peut être rajouté sur la planche de bord, le tableau de bord, les panneaux de porte et les surfaces de siège (code option 4LT). « Où sont les clés ? ». Vous avez forcément vu cette publicité. La Corvette Grand Sport dispose d’un accès et d’un démarrage mains-libres. Aux ouvertures et fermetures de la portière conducteur, un coup de klaxon retentit. Impossible de le désactiver. Vous allez vous faire des amis au sein de votre voisinage et bonjour la discrétion…

Le bouton qui sert d’ouverture aux portières, en lieu et place d’une classique poignée, est aussi un peu déstabilisant, au même titre que la marche arrière à enclencher à chaque arrêt pour pouvoir verrouiller la voiture. Le point fort de la Corvette est la capacité de chargement de son coffre. Peu profond, il est en revanche très étendu et en liaison directe avec le cockpit. La contrepartie est de ne pas avoir les deux places supplémentaires que peut offrir une Porsche 911 Carrera S. Un dernier point sur l’affichage tête haute. Pratique, il évite d’avoir les yeux rivés sur cadran du tableau de bord. Mais vous savez ce qu’on dit, chassez le naturel, il revient au galop…

CARACTERISTIQUES


CHEVROLET CORVETTE C6 Grand Sport
v8 ls3
MOTEUR
Type : 8 cylindres en V à 90°, 16 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection électronique
Cylindrée (cm3) : 6162
Alésage x course (mm) : 103.25 x 92
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 437 à 5900
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 575 à 4600
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1511
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 3,45
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés (309/269)
Pneus Av-Ar : 275/35 ZR 18 - 325/30 ZR 19
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 300
1000 m DA: ND
0 à 100 km/h : 4"5
CONSOMMATION
Moyenne constructeur (L/100 Km) : 12,6
Moyenne de l'essai (L/100 Km) : 18
CO2 (g/km) : 293
PRIX (12/2011) : 75.279 €
PUISSANCE FISCALE : 35 CV

MOTEUR

Le V8 LS3 Chevrolet fait partie de la famille Small Block. En voilà un drôle de nom au vu des cylindrées affichées par ces « petits blocs », comme en témoignent les 6162 cm³ de la Corvette C6 Grand Sport ! En réalité, ce terme fait référence à leur compacité. Apparu en 2008, le LS troisième du nom est né du réalésage du LS2 de 6 litres des premières Corvette C6. Il est le premier moteur à faire partie de la génération IV des Small Blocks et fut conçu pour célébrer la sortie de la nouvelle Camaro SS. C’est donc la Corvette qui récupère une mécanique de Camaro, et non l’inverse. Au premier abord, ce V8 en aluminium de 183 kg semble rustique dans sa conception. Cela fait bien longtemps que les 16 soupapes européens et japonais sont des 4 cylindres mais il faut toujours aux américains le double de pistons, la faute à l’incontournable arbre à came central. En creusant un peu, de nombreuses améliorations se dévoilent par rapport au moteur des Corvette C6 de 400 ch. Chez Chevrolet, on ne s'est donc pas contenté d’augmenter la cylindrée et on est allé piocher quelques éléments à droite et à gauche. A commencer par les injecteurs en provenance du LS7, le moteur 7 litres de la Z06. Des soupapes plus larges et un arbre à came plus pointu sont d’autres caractéristiques lui permettant de gagner en caractère. Le "moteur de camion" appartient bel et bien du passé. Ultra souple dès le régime de ralenti grâce à l’orgie de couple et aux deux soupapes par cylindre, ce V8 américain étonne à partir de 4.000 tr/min où il sait se montrer plein de rage, sans jamais fléchir jusqu’au rupteur. Un vrai coeur sportif ! Le nouveau contrôle électronique de l’accélérateur retranscrit à la lettre l’intensité donnée, par le conducteur, à l’aide d’un capteur qui mesure l’angle de la pédale et envoie un signal au module de contrôle. Pied au plancher, le moteur se délivre totalement. Attention sur chaussée mouillée…

Le taux de compression passe à 10.7:1 et ainsi parée, la Corvette Grand Sport revendique des chiffres plus que flatteurs : 437 ch à 5900 tr/min et 575 Nm à 4600 tours, voire 442 ch et 580 Nm avec l’échappement bi-mode optionnel. Option qui a le malheur de rendre le moteur désespérément discret sous les 3.000 tours. Sachant que le LS3 est vendu par Chevrolet comme étant particulièrement sonore grâce à un travail fait sur le collecteur d’échappement… c'est assez regrettable. Le V8 à l’ordre d’allumage 1-8-7-2-6-5-4-3 dispose d’un système d’injection 58X. Un encodeur est capable d’indiquer en temps réel la position du vilebrequin et ainsi optimiser le timing d’allumage. Ce dispositif se voit associé à la levée des soupapes, héritée du bloc L92, un autre moteur GM de 6.2L. Un capteur de came est localisé dans le cache-culbuteur et reçoit les informations d’un autre capteur placé sur le pignon. Ce capteur a pour nom 4X, en référence aux quatre segments utilisés, contre un seul précédemment. Plus rapide et surtout plus fiable, ce procédé se veut plus efficient, terme décidément bien à la mode.

Pour en revenir aux données purement mécaniques, les frictions ont été diminuées afin d’abaisser la consommation, que l’on nous promet extrêmement basse. Dans la vraie vie, les 8,9l/100 km annoncés sur un trajet autoroutier sont parfaitement utopiques. En 6ème à 130, l’aiguille n’atteint même pas 2.000 tr/min, merci les rapports qui tirent long, mais l’ordinateur de bord s’obstine à rester au-dessus des 11 litres aux 100 en instantané. Que l’on s’entende bien, au vu de la puissance et des performances affichées, cela reste très bien. Sans doute moins « écologique » qu’une Carrera S, vendue plus chère et avec deux cylindres de moins, surtout avec un malus co2 qui passe dans la catégorie annualisée. A allure légale, aucun bruit à bord de la Corvette, aucune sensation, on s’ennuie à mourir… Si bien que l’envie d’appuyer sur le champignon est trop présente pour résister. Et même sans être trop méchant sur la route, tout en comptabilisant notre session sur circuit, nous avons terminé sur une note de 18 litres. Valeur parfaitement dans la moyenne de nos autres essais de sportives de puissance équivalente. Chevrolet France a eu la bonne idée de monter la boîte mécanique Tremec sur ses voitures presse et nous les en remercions. Son débattement court offre un bon guidage et on regrettera tout au plus une course d’embrayage un peu longue. Contrairement aux Z06 et ZR1, une boîte automatique, aussi pourvue de six rapports, reste accessible. Fournie par Hydra-matic, la 6L80 est vendue avec des palettes au volant. Des temps de passage excessivement longs limitent son intérêt.

SUR LA ROUTE

essai corvette grand sport

Le gabarit imposant de la Chevrolet Corvette C6 est intimidant au début. Surtout quand on va chercher la voiture dans un parking parisien et qu’il faut traverser la capitale. Ce n’est pas sa longueur qui pose problème, elle n’est qu’un centimètre plus longue qu’une Porsche Carrera 997. C’est sa largeur qui donne quelques sueurs froides, sans oublier la lame avant qui frotte presque partout. Du consommable à moyen terme ! Au vu du méchant angle mort côté conducteur, on se croirait dans un cabriolet. Autant dire qu’il demande une grande dextérité lors des manœuvres urbaines. Allez, on a suffisamment traîné ici. En attendant de rejoindre notre destination, le trajet est un mélange de nationales et d’autoroutes, l’occasion de se faire une idée sur le confort général de la voiture. La suspension Magnetic Ride reçoit des tarages d’amortisseurs spécifiques, des ressorts de barres stabilisatrices modifiés. Rien à redire, nous sommes paisiblement installés. Nous nous devions toutefois que la suspension type racing n’était pas une appellation usurpée. Nous nous sommes donc rendus chez nos amis d’EIA, au circuit de Pont l’Évêque. Il faut bien admettre que ce tracé court et très sinueux n’est pas fait pour un engin tel que la Corvette mais après une séance de torture, le verdict n’en demeure pas moins imparable. Les freins volés à la Z06 n’ont jamais montré le moindre signe de faiblesse et sont d’une puissance phénoménale. Avec 355 mm et six pistons devant pour 340 mm et quatre pistons derrière, ils ne sont pas là que pour remplir les grandes roues. Leur refroidissement a aussi fait l’objet d’un travail spécifique. Chapeau ! Avec 1.500 kg annoncés, la Corvette grand Sport ne peut pas être considérée comme une sportive obèse. Ses concurrentes à V8 de puissance équivalente accusent en moyenne 200 kg de plus sur la balance… Cela se traduit dans l’agilité dont elle fait preuve, favorisée par un empattement relativement court ainsi que par des accélérations démoniaques. L’équilibre de la voiture est quasi-parfait, avec 51% de la masse supportée par l’essieu avant. Autre signe que tout a été fait pour transformer la Grand Sport en pistarde accomplie, la lubrification se fait par carter sec.

Autre chose, les assistances sont déconnectables, partiellement ou totalement. La mention « conduite sportive » apparaît alors sur le tableau de bord. Nous voilà prévenus ! Ni une ni deux, le premier virage se fait en travers. Mieux vaut avoir les mains bien accrochées au volant au moment de la dérive, d’autant que celle-ci n’est pas simple à anticiper. Le grip délivré par les monstrueux pneus de 275/35ZR18 et 325/30ZR19 rendent le retour à la normale assez violent, avec un coup de raquette digne des meilleurs tennismen. Le trait est volontairement exagéré. En conduite propre, le comportement est excellent et démontre le savoir-faire des metteurs au point américains. Ils sont si souvent critiqués qu’ils méritent bien le double de compliments lorsque c'est justifié ! Roulis et sous-virage, connaît pas. Survirage, connaît bien ! En résumé, voilà une sportive qui délivre beaucoup de plaisir mais qui demande de faire preuve d’humilité avant de se laisser maîtriser… pour peu que vous y arriviez un jour. Le compromis de la Corvette Grand Sport est tellement réussi sur piste que l’on en vient à remettre en question l’intérêt réel de la Z06. Plus légère, plus puissante, mais tellement plus chère !

CONCLUSION

:-)
Look spectaculaire
Performances
Châssis sérieux et ludique
Freinage endurant
Lubrification par carter sec
Boîte manuelle
Tarifs bien placés
Taille du coffre
:-(
Motricité sur le mouillé
Longueur des rapports
Manque de noblesse mécanique
Sonorité trop discrète à l’intérieur
Quelques bips irritants
Finition à l’américaine

De notre essai incluant une incartade sur circuit, nous pouvons retenir une chose. La Chevrolet Corvette Grand Sport n’a pas à rougir face à la concurrence. Parfaitement équilibrée, elle ne souffre d’aucun défaut majeur et son freinage est l’ultime pierre d’un bel édifice à l’américaine. Dommage qu’elle soit un peu triste à manier dans la vie de tous les jours, où elle se montre trop sage. Un comble !

PHOTOS


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