FERRARI 456 M GT (1998 - 2004)
CHEF D'OEUVRE
Les Ferrari, ce ne sont pas que des bolides prisés par la Jet Set ou les footballeurs. Ce sont aussi et avant tout des modèles qui perpétuent une certaine idée de l’excellence telle que la voyait « El Commendatore » Enzo Ferrari, disparu quelques années avant le lancement de cette 456 GT. Ne trahissant pas la philosophie du maître, cette 2+2 est désormais érigée au panthéon des mythes de la marque. Et c’est tout sauf un hasard...
Texte :
Maxime JOLY
Photos : Thomas POSLUSZNY
Il y a des voitures d’exception qui éveillent les sens. On les admire, les écoute, et c’est alors que tout prend un autre sens, nous rendant comme hypnotisés. C’est avec une chance formidable que l’une d’entre elles à pu croiser mon chemin. Rare sur nos routes, la Ferrari 456 GT (lire notre dossier guide d'achat) et sa version revue MGT sont des œuvres d’art. C’est grâce à la générosité de Florent, heureux possesseur d’une 456M GT, que cette rencontre a été possible, aboutissant à une séance photo dont la vedette ne fut autre que ce mannequin bleu, animé par un fantastique V12. Excusez du peu ! Cette matinée dans la vallée de Chevreuse restera gravée dans nos mémoires, et ce n’est pas notre ami photographe qui dira le contraire. Pourvu que cet instant ne s’arrête jamais…
PRESENTATION
Il n’y a peut-être pas meilleur exemple que cette Ferrari 456 pour faire comprendre à tous les détracteurs de l’automobile ou autres personnes pensant qu’une voiture « ne sert qu’à rouler » qu’il se peut qu’ils aient tort. Il n’y a qu’à la voir pour comprendre que certaines voitures ont une âme et sont capables de vous transporter dans un autre monde… même à l’arrêt… Perpétuant la tradition des coupés Ferrari 2+2, le projet de la 456 a été lancé en 1989 avant d’aboutir à une présentation deux ans plus tard et une commercialisation l’année suivante. Le designer Pininfarina privilégia le raffinement et la discrétion à une surenchère sportive, tout juste suggérée par les deux doubles sorties d’échappement. Le travail accompli est d’autant plus remarquable que l’aérodynamisme n’a pas été sacrifié. Un aileron rétractable se déploie en fonction de la vitesse et il est cocasse de remarquer comme les jantes de 17 pouces semblent « petites » par rapport aux normes actuelles. Les flancs quant à eux sont creusés pour permettre un meilleur refroidissement du moteur. Aucune fausse note ne vient entacher ce design très pur qui se laisse contempler. A tel point que pour beaucoup, c’est peut-être la plus belle Ferrari jamais produite. On ne peut pas meilleur compliment.
En 1998, Ferrari décide de mettre à jour son joyau et le présente au Salon de Genève. Déjà auteur d’une belle carrière commerciale, la 456 GT devient la 456M GT (M pour Modificata) et ce qui vu de loin semble être une petite retouche, est en réalité une importante évolution… Esthétiquement, l’arrière de la 456M ne change presque pas puisque la seule modification a lieu sur l’aileron qui devient fixe et s’intègre dans le bouclier arrière. L’avant a été retravaillé et les prises d’air sont agrandies pour obtenir un meilleur refroidissement du V12. Un long travail en soufflerie a permis une amélioration de l’aérodynamisme. Ces modifications firent l’objet de certaines critiques tant la version de base était jugée parfaite. Comme toujours, le design reste une affaire de goût…
HABITACLE
Dans la Ferrari 456M GT, l’intérieur évolue par rapport à la 456 GT et se montre désormais un peu plus digne de son rang. Il empreinte de nombreuses pièces à la 550 Maranello, dont les compteurs du tableau de bord et les grilels d'aération rondes. Le système audio évolue et l’habilité à l’arrière progresse. L’accoudoir central rabattable remplace le fixe du précédent modèle. Pour privilégier l’espace à l’arrière, le constructeur est revenu à un positionnement du moteur à l’avant, de ce fait la 456M GT est une véritable 4 places et dispose d’un coffre relativement généreux grâce à une longueur affichant 4,73m.
Malgré une présentation soignée, l’intérieur de la 456M GT n’est pas à la hauteur de son tarif, qui rappelons-le démarrait au-delà du million de francs de l’époque. Heureusement, le confort de l’italienne (procuré par ses fauteuils en cuir et à réglage électrique) et l’espace à bord compensent ce petit désagrément et permettent à ses occupants de se sentir à bord d’une limousine. Un petit détail flatte l’ego de l’acheteur et accentue le sentiment d’exclusivité avec la sacoche à outils en cuir, plus décorative qu’efficace, mais il faut bien reconnaître que cela fait son petit effet.
MOTEUR
Comme le veut la tradition Ferrari, l'appellation 456 est une abréviation de la cylindrée unitaire, c’est-à-dire que les 5472 cm3 s’obtiennent en multipliant 456 par les 12 cylindres du moteur. Le retour au V12 positionné à l’avant n’est pas anodin et subit d’ailleurs quelques critiques des « puristes » de la marque jugeant que cette disposition est une hérésie. Les 208 et 308 GT4 avaient beau jouir d’une architecture à moteur central, ça ne les a pas empêchées d’être les mal aimées de la gamme Ferrari. Tout ça pour dire que cela ressemble plus à une sorte de snobisme qu’autre chose sachant que certains trouveront toujours quelque chose à y redire… Développant 442 ch, le rapport ch/l est de 80 ce qui reste finalement assez « faible » mais a pour avantage d’améliorer la fiabilité du bloc. Les 550 Nm de couple sont disponibles à 6250 tr/min, autant dire une éternité par rapport à de nombreux moteurs actuels, pour un régime maxi culminant à 7250 tr/min.
Capable d’atteindre les 100 km/h en 5,2s et d’abattre le kilomètre arrêté en 23,3s, la 456 GT était à sa sortie la première voiture 4 places à atteindre les 300 km/h. Mieux vaut éviter les sujets qui fâchent, la consommation est évidemment gargantuesque pour laquelle il faudra compter en moyenne aux alentours des 20 l/100. Mais on achète pas une Ferrari pour sa consommation…
Du point de vue sonore, à bord, le 12 cylindres se fait entendre mais sans folie. Pour profiter pleinement de la mélodie du V12 de la 456M GT, le mieux est encore... à l’extérieur ! Là c’est tout simplement extraordinaire ! Se faire dépasser par cet orchestre procure un sentiment difficilement descriptible et vraiment unique. C’est juste phénoménal !
Pour une meilleure répartition des masses, l’ensemble boîte de vitesse et différentiel à glissement limité ZF est placé à l’arrière. A propos de la boîte, la seule disponible à son lancement était la mécanique à six rapports. A froid, la seconde a du mal à passer, c’est pourquoi il est conseillé de la « skipper » purement et simplement. Ferrari a eu le bon goût de rester fidèle à la sportivité là où d’autres constructeurs auraient imposé une boite automatique,. Pour cela, il faudra attendre la version GTA…
SUR LA ROUTE
Comme son nom l’indique, l’orientation de la 456M GT est le « Gran Turismo ». C’est-à-dire qu’elle a pour but d’adoucir sa conduite par rapport aux modèles plus radicaux de la marque, facilitant ainsi l’approche du conducteur. Pour arriver à un tel résultat, les ingénieurs italiens ont pensé à une suspension à amortissement piloté pour épauler brillamment l’excellent châssis tandis que la suspension arrière bénéficie d'un correcteur d'assiette.
Attention quand même, les 442 ch aux roues arrière incitent à une certaine retenue (absence d’ESP), son apparente facilité de conduite peut être piégeuse. Comme on dit, il faut se méfier de l’eau qui dort… Avec sa boîte accrocheuse et son rayon de braquage digne d’un poids lourd, rouler en ville ou pire encore, dans les bouchons peut rapidement devenir un calvaire. Pour assurer un confort optimal, l’amortissement peut être réglé en deux positions : sport ou normal. Les réglages varient automatiquement et s’adaptent à la vitesse. Pas excessivement basse, elle est capable de franchir les dos d’âne sans trop de peine, sauf ceux qui ne sont pas aux normes. Et justement, ceux-là furent nombreux sur notre trajet en Chevreuse… De série, l’ABS et l’ASR (antipatinage) sont fournis. Le freinage, bien que très efficace, manque un peu de mordant. Construite sur structure tubulaire en acier, la 456 profite également de pièces de carrosserie en aluminium sont soudées par points. L’utilisation du métal appelé Feran a permis cette prouesse technique. Conçue pour la route, et pas uniquement les autoroutes, ce salon roulant n’a que pour seul réel défaut un poids élevé puisque s’approchant des 1700 kilos et se retrouve de ce fait pénalisée sur les routes sinueuses. C’est aussi son utilisation sur circuit qui peut s’en retrouver compromis…
ACHETER UNE FERRARI 456 GT/MGT
Si vous songez à cette Ferrari bien précisément et que votre budget suit, il y a peu de chances pour que vous soyez tenté d’aller voir ailleurs. D’abord, le manque de concurrence à ce niveau de gamme est certain et les véhicules s’en approchant n’offrent pas un tel cahier des charges. De toute façon soyons clairs, toute résistance serait inutile… Certes, les coûts d’entretien, que nous allons étudier en détail, peuvent rebuter mais ne feront que ralentir l’échéance si la passion est au rendez-vous. Nous voici dans le dilemme habituel dès lors qu’il s’agit de l’achat d’une Ferrari : passion ou raison ? Après tout comme le dit si bien l’adage, l’amour a des raisons que la raison ignore... Car oui il est bien question d’amour… Avec dans ce cas-ci un sérieux avantage qui est que si votre femme est jalouse, il vous suffira de l’emmener faire un tour pour que la magie Ferrari opère… Sur le marché de l’occasion, la différence de prix entre les 456 GT et les 456M GT est de minimum 20 000 € mais peut facilement varier d’un modèle à l’autre selon le passé du véhicule. Un entretien assuré chez Ferrari permettra une valeur de revente supérieure mais il existe quelques spécialistes réputés capables d’effectuer ce travail pour un tarif largement inférieur. Ce choix reste à l’appréciation de chacun.
La 456M jouit d’une bien meilleure fiabilité, ceci rendant la différence de prix par rapport à son aînée logique et intéressante. Les GT classiques peuvent souffrir de maladies pour lesquelles la Modificata semble protégée (soucis électriques, problèmes avec les phares rétractables, …). Si on ajoute à cela les progrès faits entre les deux variantes, la MGT est assurément un meilleur choix, à moins que votre budget de départ ne vous le permette pas… Quoi qu’il en soit, un carnet détaillé et un examen minutieux avant l’achat est fortement conseillé. L’accessibilité du merveilleux V12 48 soupapes à carter sec est facilitée par sa compacité grâce à un angle de 65° assez fermé. Cette accessibilité se montre en outre bien appréciable pour l’entretien. En terme de budget, la révision des 60 000 kms coûtera environ 2000 € et plus du double chez un garage Ferrari. Comptez 1000 euros l’amortisseur mais là où les choses se gâtent, il s’agit de retours qui font état d’une faiblesse sur les joints de queue de soupape. Pas de kilométrage connu pour le problème, et en réalité tous les exemplaires ne sont pas concernés par ce souci. Si par malheur c’est le cas, il faut tabler sur un prix de 7000 €… hors réseau Ferrari ! La courroie de distribution doit être changée tous les 60 000 kms ou tous les trois ans, mais cette intervention ne nécessite pas de déposer le moteur, réduisant ainsi la note. Dernier point, les pneus arrière étant spécifiques à la 456M GT, il n’y a plus que Pirelli pour les fournir, et sur commande. Michelin ayant cessé leur production. Dans la vie de tous les jours, le niveau d’huile est à contrôler tous les 700 kms. Une bonne nouvelle pour finir, les disques de freins et plaquettes ne sont pas hors de prix (pour un tel véhicule).
PRODUCTION FERRARI 456
456 GT (1992-1998) : 1536 exemplaires
456 GTA (1996-1998) , 403 exemplaires
456m GT
(1998-2004) : 688 exemplaires
456m GTA (1998-2004) :
650 exemplaires
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
FERRARI 456 M GT
MOTEURType : V12 à 60°, 48 soupapes 2x2 ACT
Position : longitudinal AV
Alimentation: Gestion électronique Bosch Motronic 5.2
Cylindrée (cm3) : 5474
Alésage x course (mm) : 88 x 74
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 442 à 6250
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 550 à 4500
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6) ou automatique (4)
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés + ABS
Pneus Av-Ar : 255/45 - 285/40 ZR 17
POIDS
Données constructeur (kg) : 1770
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 4,04
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 309
400 m DA : 13"2
1 000 m DA : 23"5
0 à 100 km/h : 5"3
0 à 200 km/h : 17"2
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 20
PRIX NEUF (1998) : 197.421 €
PUISSANCE FISCALE : 40 CV
CONCLUSION
:-) Sublime ! Quel son ! V12 magique Performances Boîte manuelle Désormais « abordable » Freinage Fiabilité à partir de la MGT |
:-( Boîte automatique dépassée Consommation inavouable Poids |
Presque parfaite, splendide et animée par une mécanique d’exception, cette 456 MGT fait partie de ce qui se fait de mieux en matière d’automobile. A la fois salon et sportive, elle saura s’adapter à vos envies du moment et saura faire pardonner ses coûts d’entretien. En conclusion je citerai Florent : « ma prochaine voiture sera une Ferrari 456M GT ». Tout est dit…
Tous nos remerciements à Florent pour s’être si gentiment déplacé et nous avoir fait profité de sa magnifique Ferrari 456 GTM.
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Deux ans de bonheur avec la 456 MGT, gris titane intérieur havane, échangée contre une DB7 vantage volante. Sur la route les marques de sympathie sont légion. les moteurs 12 cylindres de pratiquement la même puissance ont des caractères diamétralement opposé comme le comportement routier, certe l'anglaise est un cabriolet donc moins rigide. Lors de roulages sur le Bugatti (au Mans) la différence est énorme. L'italienne si docile en utilisation routière révèle un tempérament de feu sur circuit. J'ai la sensation d'être au volant d'une 250 GTO ou d'une 275 GTB! L'entretient est notablement moins chère que sur l'Aston ce qui ne gâte rien au plaisir...!(les plaquettes de frein cinq fois moins chère) et touti quanti.... philippe