© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (24/12/2005)
CLASSE AFFAIRE
Perpétuant la tradition des coupés Ferrari 2+2, le projet de la 456 a été lancé en 1989 avant d’aboutir à une présentation deux ans plus tard et une commercialisation l’année suivante...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Avec l'arrêt des 412 fin 1989, la gamme Ferrari se retrouve sans coupé 4 places (2+2). Réinterprétation moderne des 365 GTC/4 produites à seulement 18 exemplaires en 1971 et 1972, la 456 va s'inscrire parmi les plus belles réalisations de la marque en puisant son inspiration dans la fantastique 365 Daytona. La présentation a lieu au FF40, évènement des célébrations internationales Ferrari à Bruxelles et sur le circuit de Spa Francorchamps en septembre 1992. La 456 GT est un succès immédiat. Jamais auparavant une Ferrari n'avait réussi à combiner à ce point un design ravageur proche d'une berlinette, des performances exceptionnelles et un habitacle accueillant pour quatre personnes.
PRESENTATION
Sans surprise, le design de la 456 GT fût confié au bureau de design Pininfarina. Celui-ci privilégia le raffinement et la discrétion à une surenchère sportive, tout juste suggérée par les deux doubles sorties d’échappement. Le travail accompli est d’autant plus remarquable que l’aérodynamisme n’a pas été sacrifié. Un aileron rétractable se déploie en fonction de la vitesse et il est cocasse de remarquer comme les jantes de 17 pouces semblent « petites » par rapport aux normes actuelles. Les flancs quant à eux sont creusés pour permettre un meilleur refroidissement du moteur. Aucune fausse note ne vient entacher ce design très pur qui se laisse contempler. A tel point que pour beaucoup, c’est peut-être la plus belle Ferrari jamais produite. On ne peut pas meilleur compliment. A noter que toute la carrosserie assemblée à Turin chez Pininfarina est réalisée en aluminium, même si le poids de la 456 GT peut paraître relativement élevé.
HABITACLE
L'intérieur tapissé de cuir Connolly ne se montre toutefois pas totalement à la hauteur du tarif demandé et quelques plastiques ou assemblages peuvent apparaître "légers" dans une voiture d'un tel standing. La Ferrari 456 GT est néanmoins confortable et la position de conduite bien étudiée permet d'enfiler les kilomètres comme des perles, bercé par la douce mélodie du V12...
MOTEUR
L’appellation 456 est une abréviation de la cylindrée unitaire, c’est-à-dire que les 5472 cm3 s’obtiennent en multipliant 456 par les 12 cylindres du moteur. Le retour au V12 positionné à l’avant n’est pas anodin et subit d’ailleurs quelques critiques des « puristes » de la marque jugeant que cette disposition est une hérésie. Les 208 et 308 GT4 avaient beau jouir d’une architecture à moteur central, ça ne les a pas empêchées d’être les mal aimées de la gamme Ferrari. Tout ça pour dire que cela ressemble plus à une sorte de snobisme qu’autre chose sachant que certains trouveront toujours quelque chose à y redire… Développant 442 ch, le rapport ch/l est de 80 ce qui reste finalement assez « faible » mais a pour avantage d’améliorer la fiabilité du bloc. Les 550 Nm de couple sont disponibles à 6250 tr/min, autant dire une éternité par rapport à de nombreux moteurs actuels, pour un régime maxi culminant à 7250 tr/min. Capable d’atteindre les 100 km/h en 5,2s et d’abattre le kilomètre arrêté en 23,3s, la 456 GT était à sa sortie la première voiture 4 places à atteindre les 300 km/h. Mieux vaut éviter les sujets qui fâchent mais la consommation est évidemment gargantuesque et il faudra compter en moyenne aux alentours des 20 l/100.
CHASSIS
Comme son nom l’indique, l’orientation de cette 456 est le « Gran Turismo ». C’est-à-dire qu’elle a pour but d’adoucir sa conduite par rapport aux modèles plus radicaux de la marque, facilitant ainsi l’approche du conducteur. Pour arriver à un tel résultat, les ingénieurs italiens ont pensé à une suspension à amortissement piloté pour épauler brillamment l’excellent châssis tandis que la suspension arrière bénéficie d'un correcteur d'assiette. Attention quand même, les 442 ch aux roues arrière incitent à une certaine retenue (absence d’ESP), son apparente facilité de conduite peut être piégeuse. Comme on dit, il faut se méfier de l’eau qui dort… Avec sa boîte accrocheuse et son rayon de braquage digne d’un poids lourd, rouler en ville ou pire encore, dans les bouchons peut rapidement devenir un calvaire. Pour assurer un confort optimal, l’amortissement peut être réglé en trois positions : sport, normal et tourisme. Les réglages varient automatiquement et s’adaptent à la vitesse.
EVOLUTION
La 456 GTA, version à boîte automatique de la 456 GT, apparaît en 1996 en complément de la version boîte manuelle. Elle propose une boîte automatique à quatre rapports. Conçue pour le marché américain mais disponible en Europe, cette version souffre d’un criant manque d’agrément par rapport à la version manuelle, la faute à l’antique boîte automatique utilisée. A moins de vouloir absolument rouler en automatique, mieux vaut laisser de côté cette GTA.
En 1998, Ferrari décide de mettre à jour son joyau et le présente au Salon de Genève. Déjà auteur d’une belle carrière commerciale, la 456 GT devient la 456M GT (M pour Modificata) et ce qui vu de loin semble être une petite retouche, est en réalité une importante évolution… Esthétiquement, l’arrière de la 456M ne change presque pas puisque la seule modification a lieu sur l’aileron qui devient fixe et s’intègre dans le bouclier arrière. L’avant a été retravaillé et les prises d’air sont agrandies pour obtenir un meilleur refroidissement du V12.
Au rayon fantaisies, le sultan de Brunei a commandé à Pininfarina deux 456 GT "spéciales", baptisées 456 GT Venice. Il s'agit de déclinaisons cabriolet et berline de la 456 GT. Mais ce n’était pas suffisant pour lui, donc il demanda aussi une version baptisée Estate qui n’est autre qu’un break 456 ! Ces modèles lui auraient été facturés à 1 500 000 $ l'unité et confiés à Italtecnica pour en assurer la réalisation en 1995 et 1996. Au total 4 shooting break seront assemblés sur base 456 GT, au moins 3 cabriolets et plusieurs berlines. Le Prince Jeffrey n'achetera que 6 voitures, les autres finiront dans les collections privées de riches collectionneurs.
ACHETER UNE FERRARI 456 GT
Si vous songez à cette Ferrari bien précisément et que votre budget suit, il y a peu de chances pour que vous soyez tenté d’aller voir ailleurs. D’abord, le manque de concurrence à ce niveau de gamme est certain et les véhicules s’en approchant n’offrent pas un tel cahier des charges. De toute façon soyons clairs, toute résistance serait inutile. Certes, les coûts d’entretien, que nous allons étudier en détail, peuvent rebuter mais ne feront que ralentir l’échéance si la passion est au rendez-vous. Nous voici dans le dilemme habituel dès lors qu’il s’agit de l’achat d’une Ferrari : passion ou raison ? Après tout comme le dit si bien l’adage, l’amour a des raisons que la raison ignore... Car oui il est bien question d’amour… Avec dans ce cas-ci un sérieux avantage qui est que si votre femme est jalouse, il vous suffira de l’emmener faire un tour pour la magie opère… Sur le marché de l’occasion, le prix des 456 GT débute à 40.000 € mais peut facilement varier d’un modèle à l’autre selon le passé du véhicule. Preuve de sa vocation grand tourisme et familiale, les Ferrari 456 GT ont parfois beaucoup roulé.
Un entretien assuré chez Ferrari permettra une valeur de revente supérieure mais il existe quelques spécialistes réputés capables d’effectuer ce travail pour un tarif largement inférieur. Ce choix reste à l’appréciation de chacun. La 456M jouit toutefois d’une bien meilleure fiabilité que la 456 GT, ce qui explique sa cote plus élevée. Les Ferrari 456 GT classiques peuvent souffrir de soucis électriques, problèmes avec les phares rétractables, … Quoi qu’il en soit, un carnet d'entretien et des factures détaillées ainsi qu'un examen minutieux avant l’achat sont fortement conseillés. La courroie de distribution doit être changée tous les 60 000 kms ou tous les trois ans, mais cette intervention ne nécessite de déposer le moteur, réduisant ainsi la note. Dernier point, les pneus arrière étant spécifiques à la 456, il n’y a plus que Pirelli pour les fournir, et sur commande. Michelin ayant cessé leur production...
PRODUCTION FERRARI 456 GT
456 GT (1992-1998) : 1536 exemplaires
456 GTA (1996-1998) , 403 exemplaires
:: CONCLUSION
Sans être irréprochable, la Ferrari 456 GT s'offre désormais à des tarifs très alléchants pour qui veut goûter au mythe Ferrari, de surcroit en famille. Toujours aussi splendide, animée par une mécanique d’exception, la 456 GT fait partie de ces rêves automobiles qui ont marqué une génération. A la fois salon et sportive, elle saura s’adapter à vos envies du moment et saura faire pardonner avec un plaisir de conduite immense des coûts d’entretien parfois décourageants... |