© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (04/05/2013)
APRES LES MARMITTA
Mécanicien autrichien de talent, Karl Abarth, n'a qu'un rêve : construire des voitures de course. Fuyant l'Allemagne nazie dès 1939 pour l'Italie, sa nouvelle terre d'accueil est aussi celle des belles mécaniques. Après la guerre, la sortie de la Fiat 600 va donner un nouvel élan à sa carrière...
Texte :
Aurélien RABBIA
Photos : RM Auctions & D.R.
Karl Abarth devient Carlo Abarth en 1945 lorsqu'il acquiert la nationalité italienne. En 1946 il travaille avec son ami Ferry Porsche au développement d'un réseau pour sa nouvelle marque de voitures sportives. Il rencontre Piero Dusio, fondateur de Cisitalia, mais le projet de fabriquer une voiture de Grand Prix tourne court faute de moyens. Carlo Abarth ferme l'entreprise en 1949 et récupère quelques châssis et pièces du roadster 204 qu'il va faire courir sous son nom. C'est cette année là qu'il crée à Turin l'officine Abarth & Co avec Armando Scagliarini et qu'il reprend la fabrication d'échappements sportifs (les fameuses "marmitta"), soupapes, collecteurs et d'autres accessoires pour améliorer les performances de diverses voitures.
En 1956 Carlo Abarth se rapproche de Fiat afin de toucher une plus large clientèle grâce au réseau du constructeur. Fiat y trouve aussi son compte en sous-traitant le développement de ses véhicules pour sa clientèle voulant plus de sport. Le premier modèle qui va ainsi passer officiellement entre les mains d'Abarth est la nouvelle Fiat 600, une berline populaire conçue en un temps record pour remplacer la vieillissante Topolino. Il en fait la 600 Derivazione 750 Abarth.
PRESENTATION
La Fiat 600 est destinée à motoriser en masse l’Italie d'après guerre. A l’instar de la Renault 4 CV, son petit quatre cylindres se trouve à l'arrière afin d'améliorer l'espace intérieur. La boite de vitesse est bien sûr accolée au moteur et le radiateur se trouve lui aussi dans le compartiment arrière libérant totalement celui à l'avant pour la roue de secours et les bagages.
C'est avec la Fiat 600 qu'Abarth commence sa longue collaboration avec le géant italien. Abarth propose d'abord deux kits à installer soi-même avec une notice de montage. Ces kits sont livrés dans une boite en bois, idée reprise plus récemment par le marketing de Fiat pour la 500 Abarth EsseEsse. Malgré le prix élevé du kit (la moitié du prix de la voiture) c'est un énorme succès international. A tel point que Franklyn D. Roosevelt Jr (fils du président) signe un accord exclusif de distribution des kits Abarth aux Etats-Unis. Quasiment la moitié de la production partira là-bas. La ligne générale de la Fiat 600 n'est pas du tout modifiée, seuls les logo Fiat sont remplacés par le fameux Scorpion, signe astrologique de Carlo Abarth.
MOTEUR
La base moteur dont dispose Abarth est modeste mais moderne puisque ce quatre cylindres en ligne de 633 cm3, de seulement 21 ch, est à refroidissement liquide, entièrement en aluminium et est facilement modifiable. Le kit conçu par Abarth permet de passer à une cylindrée de 747 cm3 grâce à un nouveau vilebrequin en acier trempé augmentant la course de 8 mm et l'alésage de 1 mm avec de nouvelles chemises et pistons. Un carburateur Weber de 32 mm, un arbre à cames plus pointu, un carter d'huile de plus grande capacité et bien sûr un échappement et une admission Abarth (la spécialité de la maison) permettent enfin de doubler la puissance à 42 ch à 5500 tr/min !
Les performances font un bond énorme, à l'image de la vitesse de pointe qui passe de 93 à 130 km/h. Mais l'histoire ne s'arrête pas là puisque la vie de la Fiat 600 Abarth va connaître de nombreuses évolutions.
CHASSIS
A sa sortie, le châssis de la Fiat 600 est relativement moderne avec ses quatre roues indépendantes et sa coque autoporteuse. La suspension se caractérise à l'avant par deux bras triangulaires et un double ressort à lames transversal et à l'arrière des bras oscillants et des ressorts hélicoïdaux. Le freinage n'est en revanche pas très sportif avec ses quatre tambours.
La 750 Abarth gardera cette configuration mais celle-ci évoluera avec les performances. Sur la Fiat-Abarth 850 TC les freins avants passent aux disques Girling et la lame transversale de l'essieu avant est remplacée par des ressorts hélicoïdaux et des triangles supérieurs, à l'arrière la suspension est renforcée.
EVOLUTION
En 1960 Fiat fait évoluer la 600 avec la version D dont le nouveau moteur est porté à 767 cm3. Abarth suit et développe un kit de 847 cm3 donnant naissance à la 850 TC (Turismo Competizione), à ne pas confondre avec la Fiat 850 qui sortira en 1964. La 850 TC sort 10 ch de plus, soit 52 ch, pour atteindre maintenant les 140 km/h. Abarth a du construire un minimum de 1000 unités pour l'homologuer en compétition. Esthétiquement les 850 TC reçoivent des jantes Campagnolo en alliage de 12 pouces, un volant trois branches, des attaches rapides sur les deux capots et deux larges autocollants courants le long de la carrosserie.
A partir de 1961, les voitures sont appelées officiellement Fiat-Abarth et sortent des usines Fiat nues pour être finies dans les ateliers Abarth. Elles sont donc vendues finies par Abarth mais avec la garantie Fiat.
En 1962, deux nouvelles versions apparaissent avec le moteur gonflé à 982 cm3 : les Berlina 1000 et Berlina 1000 Corsa avec un radiateur situé à la place du pare-choc avant (puis intégré au bouclier avant en 1966). La Fiat-Abarth 1000 Berlina et son moteur de 982 cm3 de 60 ch se veut moins pointue que la 850 TC, permettant une plus large utilisation.
En 1963, suite à la victoire des 1000 km, une version 850 TC Nürburgring apporte un gain de 3 ch et une suspension rabaissée. La version 1000 Corsa sort 68 ch à 6500 tr/min et adopte la boite 5 Abarth en série (en fait la boite 4 Fiat modifié pour ajouter un rapport), les performances commencent à vraiment sortir de l'ordinaire avec 170 km/h et un 0 à 100 en 12,8 secondes. C'est sur cette version que le capot moteur sera ouvert en permanence pour à la fois améliorer le refroidissement et la vitesse de pointe (réduction de la traînée). En succédant à la 850 TC, la 850 TC Corsa gagne 10 ch (70 ch) grâce à son carburateur Weber double corps de 36 mm, son échappement 4 en 1 et ses culbuteurs montés sur roulement à aiguille. La vitesse de pointe atteint maintenant 170 km/h.
En 1964 la Fiat-Abarth 850 TC est remplacée par la 850 TC Corsa qui reçoit un radiateur plus grand. Cette même année la 1000 Corsa devient 1000 TC Corsa avec une puissance en hausse. En 1964, la 850 TC Corsa est maintenant pourvue de freins à disques à l'avant et à l'arrière, d'un différentiel à glissement limité, d'amortisseurs plus fermes et d'une barre anti-roulis à l'avant.
En 1965 la puissance est encore augmentée à 78 ch à 7400 tr/min. La 1000 TC Corsa emprunte le même carburateur pour une puissance similaire de 76 ch mais peut atteindre 190 km/h ce qui commence à faire beaucoup dans cette petit Fiat dont le comportement devient très précaire à ces vitesses...
LA FIAT 600 ABARTH EN COMPETITION
La 750 recevra des modifications pour faire passer sa puissance à 47 ch et courir dans la catégorie moins de 750 cm3. A partir de 1963 le championnat européen de voiture de tourisme ouvre une catégorie groupe 2 avec une Classe 3 (moins de 850 cm3) et une Classe 4 (moins de 1000 cm3). Abarth fournira des version dédié à la course sur piste ou en course de côté, les moteurs voient leur taux de compression passer de 11,5/1 à 12,5/1, des cornets prennent la place du filtre à air et l'échappement est plus libre. Les 850 TC Corsa et 1000 Corsa deviennent les concurrentes des BMW 700, Glas 1004, Saab 96, Mini Cooper, Simca 1000 et DKW F11. En 1963 elles butent sur les redoutables Saab 96 et en 1964 Abarth ne trouve pas de pilotes pour faire la saison complète. En 1965 les trois premières Classe deviennent le division 1, Ed Swart gagne la division sur 1000 TC suivi de Kurt Ahrens et Klaus Steinmetz. En 1966 Abarth inonde le championnat de ses voitures et rafle toutes les courses et c'est Giancarlo Baghetti qui gagne le championnat. Willi Kauhsen gagne le titre en 1967. En 1967 sort la 1000 TCR uniquement destiné à la course avec sa nouvelle culasse radiale (soupapes non parallèles) à chambres hémisphériques et ces deux Weber de 40 le 982 développe 101 ch à 8000 tr/min en 1968 il passe à 106ch pour 208 km/h. En 1968 et 1969 la 1000 TCR est secondé par la 850 TCR de 93 ch à 8400 tr/min. Accaparé par Mini en 1968 Abarth et le pilote Marsilio Pasotti reprend le titre en 1969. En 1970 le championnat impose un classement unique, Abarth ne peut lutter contre des voitures bien plus puissantes. Pourtant la nouvelle culasse radiale à plus grande soupapes accouplé à deux carburateurs Weber double corps de 40 mm permet de sortir 112 ch du 982 cm2 au régime de 8200 tr/min et 132 Nm à 7000 tr/min. Grâce à un ultime régime baissant le poids à 568 km elle pointe à 215 km/h. En 1971 Abarth retire ses 850 et 1000 car la plus petite Classe est la 1300 et ces voitures ne peuvent plus suivre.
CHRONOLOGIE FIAT ABARTH 850 TC
1949 : Création de la firme Abarth & Co.
1956 : Sortie du kit Dérivazione 750 pour la Fiat 600.
1960 : Sortie du kit 850 Turismo Competizione (TC) pour la Fiat 600 D.
1961 : Les kits Abarth deviennent officiels et vendus sous le nom Fiat-Abarth.
1962 : Sortie des 1000 Berlina et 1000 Berlina Corsa.
1964 : Sortie des 850 TC Corsa et 1000 TC Corsa.
1971 : Arrêt de la production des Fiat 600 Abarth.
:: CONCLUSION
La production prend fin en 1971 lors du rachat d'Abarth par Fiat. Fiat veut se tourner ,vers le rallye et se retire de tous les championnats sur piste. La production de la Fiat 600 a fini en 1969 et pour les deux dernière années Abarth pris dans les stocks. Pour couronner quinze ans de succès Abarth étudie une culasse radiale pour la 1000 TCR. En 1972 maintenant intégré au groupe Fiat Carlo Abarth se penche sur les Fiat 124 et Autobianchi A112 pour le rallye.
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