"ESSE" DE TROP ?
Abarth est de retour et donne des couleurs à la gamme
Fiat actuelle. Après les premières moutures "
standard " Abarth (500 et Grande Punto), voici désormais
les kits d'amélioration esse esse qui entrent dans la danse.
Montés en atelier avant la livraison, ou même après,
comme les kits JCWS pour les premières New Mini, le client
peut ainsi gagner en look mais aussi en puissance et performances.
Le pot de yaourt donne ainsi dans le bifidus actif lorsque le kit
esse esse est choisi avec désormais 160 ch sous le capot.
Attention, ça va secouer !...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Il est des histoires qui se répètent et fonctionnent.
Alors que Renault n'est pas parvenu
à recréer l'effet Twingo I avec son modèle actuel, trop consensuel au niveau look
pour créer l'émotion, le groupe BMW avec la résurrection de la Mini a tapé juste. Depuis
2001, on est déjà à la deuxième génération
de New Mini avec un succès
qui ne se dément pas et une gamme qui poursuit son développement
(Cabrio, Clubman
). Fiat attentif à cette réussite,
avec en prime un travail admirable sur l'image de Mini,
a sorti de sa manche également un "revival" avec
la nouvelle Fiat 500. Les ingrédients
du succès sont les mêmes que la Mini : puiser l'inspiration
d'un best seller du passé, jouer sur la corde de l'émotion
et nostalgie, une bouille craquante, une communication étudiée
pour et un réseau de distribution motivé par la nouvelle
venue (faut dire que c'est autrement plus excitant que la Croma
).
Après le succès de la résurrection de la nouvelle Fiat 500, ainsi que le blason Abarth entretenu discrètement sur certains modèles (Stilo
Abarth), Fiat nous avait déjà séduit avec
sa 500 Abarth. Mais dès son lancement
et les présentations, il était annoncé un kit
esse esse qui faisait grimper la puissance moteur de 135 à
160 ch, avec en prime des améliorations de châssis.
Plus craquante que jamais, la 500 Abarth en tenue esse
esse vient mettre la barre toujours plus haut. Toujours trop
haute ?...
DESIGN
Partant de la base déjà séduisante de la 500
Abarth, Fiat, pardon
Abarth a ajouté encore une petite
dose de piment corsé. Ce qui se remarque au premier coup
d'il sont évidemment les très belles jantes
OZ de 17 pouces siglées Abarth. Elles sont d'autant plus
visibles que la puce italienne semble plus assise dessus, et pour
cause avec les nouveaux ressorts courts (-10 mm à l'avant
et -15 mm à l'arrière). Enfin pour les plus observateurs,
un petit logo "esse esse" est apposé sur la poupe.
Pour le reste, c'est du 100% Abarth avec le bouclier avant largement
aéré et plus agressif, les bas de caisse, les logos
du Scorpion et les ailes bien renflées.
Phares ronds devant, petits phares stylisés derrière,
l'ensemble s'inspirant clairement de la petite 500 d'antan, tandis
que les deux sorties d'échappement et l'extracteur d'air
se chargent de rouler les mécaniques et faire sport.
HABITACLE
Dans
l'habitacle c'est un peu la déception. Entre l'Abarth et
la esse esse, tout est identique. A la position de conduite toujours
trop haute (volant réglable uniquement en hauteur) dans les
toujours bons baquets Corbeaux. Déception relative cependant
puisque l'Abarth avait déjà soigné son espace
intérieur avec une planche de bord noire et couleur caisse
(façon Fiat Coupé) et
son équipement de série assez complet (batterie de
manos, volant trois branches siglés Abarth, clim', vitres
électriques, prise USB, radio CD
). Il faudra en revanche
avoir recours au catalogue des options pour disposer de la navigation
avec le système de télémétrie embarquée
mesurant les chronos sur circuit. A 21 500 euros le bout, il est
dommage de n'avoir pas mis cet accessoire de série. Surtout
vu la vocation du kit esse esse qui
représente la quintessence de la sportivité pour la
petite italienne.
MOTEUR
Le 1,4 litres T-Jet de la 500 est largement déployé
sous les capots des autos du groupe. On le trouve déjà
dans l'Alfa Romeo MiTo, mais aussi sa grande sur la Grande
Punto Abarth. Un moteur moderne et bien conçu avec sa suralimentation
et son couple très présent dès les plus bas
régimes. A l'origine, l'Abarth dispose de 135 ch à
5 500 tr/mn et d'un couple de 21 mkg à 3 000 tr/mn. Avec
le kit "SS", la petite
500 peut compter sur 160 ch à 5 750 tr/mn et un couple de
23,4 mkg toujours à 3 000 tr/mn. Pour y parvenir, les motoristes
italiens ont joué la facilité avec une nouvelle cartographie
moteur et un filtre à air BMC. Contrairement à la
Grande Punto, le turbo reste ici identique (toujours le petit turbo
IHI soufflant à 1,2 bars). Le mode "Sport" est
assez incongru sur l'Abarth esse esse puisqu'en fait pour profiter des performances de la fiche technique
il doit être activé. En mode " off " vous
ne profitez que des valeurs de
l'Abarth normale ! Quel est
donc l'intérêt du mode sport si c'est pas pour avoir
plus mais garantir le maxi ?? Si le couvre culasse est donc logoté
"esse esse", ne vous attendez donc pas à une préparation
digne des temps passés (culasse rabotée, arbres à
cames plus pointus
), il s'agit ni plus ni moins que d'une
préparation électronique avec un filtre à air.
La boîte mécanique ne change pas et reste à
5 rapports. Les performances avec la 500 ainsi gréée
deviennent très alléchantes avec un 0 à 100
km/h en moins de 8" et le 1 000 mètre DA en moins de
29". Gonflée la petiote
Et puis les reprises sont
canon car cette mécanique offre du gaz à tous les
étages. A noter que l'intérêt de cette amélioration
est d'être homologuée, ce qui vaut à l'Abarth
SS de gagner un cheval fiscal (de 8 à 9 CV), alors que
les émissions de CO2 restent stables (tant mieux pour l'EcoTaxe).
KIT ESSE ESSE !
Le kit Esse Esse est monté dans le réseau après-vente
Abarth officiel, avant la livraison s'il a été
commandé en même temps que la 500 Abarth, ou
même plus tard, une fois avoir pris habitude de la version
normale et ses 135 ch. Pour le fun, Abarth a prévu
que la caisse dans laquelle est livrée le kit complet,
est restituée au client avec ses éléments
d'origine... La classe dans votre salon ?!
CHASSIS
La 500 Abarth avait laissé un souvenir mitigé sur
ses liaisons au sol. Alors qu'Abarth joue à fond la nostalgie
et le sport d'usage (la mise en avant de la conduite sur circuit),
la tenue de route est loin d'être un hymne au sport. Pour
la esse esse, les ressorts sont plus courts et durs mais les amortisseurs
ne changent pas ! Incroyable mais vrais. Déjà mis
au banc des accusés sur l'Abarth, la "SS"
les conservent alors que les performances augmentent tandis que
les ressorts sont plus durs. Les jantes de 17 pouces OZ sont chaussées
de pneus Pirelli PZero Nero très accrocheurs, efficaces et
rigides. Résultat, le confort est inexistant dans l'Abarth
"SS". Tout est dur et rien ne semble amorti. Si à
l'arrêt la 500 semble assise et posée par terre, une
fois en mouvement, c'est nettement moins évident. Ca sautille
partout du train arrière. Déjà que sur une
traction le train arrière ne travaille pas toujours efficacement
sur ses pneus, mais dans le cas de l'Abarth c'est d'autant plus
flagrant. Du coup, les talonnements incessants du train arrière,
déstabilisent la sérénité du train avant.
Ajoutez à cela l'ESP non déconnectable et le TTC qui
viennent jouer les arbitres et vous comprendrez vite que la esse
esse n'aime pas l'allure trop sportive. Un comble ! Dommage, Fiat
semble être passé à côté du sans-faute.
Le moteur est toujours plein et pousse sans réserve, mais
les trains roulants ne suivent pas. Le freinage, malgré des
étriers flottants monopiston, est excellent et efficace.
:: CONCLUSION
Las, Fiat semble avoir plus joué l'option de la flatterie
de l'ego du conducteur (look, ambiance sportive, image, perfs
pures et puissance) que celle de la pistarde chasseuse de voitures
plus velues. Alors que Renault Sport n'hésite pas à
aller vers plus de sport " efficace " et passion, Abarth
avec son kit esse esse sur la 500 n'a manifestement opté
que pour la passion. Dommage, car Fiat avait certainement un super
coup à jouer, d'autant plus que la Mini Cooper S a perdu
sa superbe homogénéité d'antan, surtout pour
son châssis. Il reste aux amateurs de futurs collectors une
auto craquante à souhait pour rouler passion et se démarquer
de la masse. Pour les tours de piste d'anthologie, il faudra chercher
ailleurs...
CE QU'EN PENSENT NOS CONFRERES :
"Couronne vacillante
Pionnière des " microcubes
survoltés ", la 500 esse esse règne sur la catégorie
sans grand mérite faute de concurrence. Si ses performances
sont indéniablement de premier ordre, leur exploitation demeure
précaire. Le châssis n'a pas reçu les mêmes
attentions que la mécanique
"
Echappement - Mars 2009 - Fiat 500 Abarth esse esse - Louis Philippe
Da Fonseca.
"En lui greffant des ressorts courts,
Abarth a commis une erreur. Alors qu'en compression, la 500 vous
tasse les lombaires en détente, elle n'est pas assez amortie
et les occupants se retrouvent secoués comme à la
foire du Trône. Outre l'inconfort, la tenue de route devient
alors problématique, l'arrière rebondissant comme
un ballon. Et cette suspension défaillante est d'autant plus
dommageable que pour le reste, la EsseEsse est une véritable
cure de bonheur."
Sport Auto - Mars 2009 - Fiat 500 Abarth esse esse - Laurent
Chevallier.
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