© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (04/05/2009)
SPORT
POPULAIRE
Renault Sport a le vent en poupe et poursuit le développement
de sa gamme de modèles routiers. Après la Mégane RS et ses
variantes, la Clio RS de la même veine, voici la Twingo RS qui se fait fort
d'offrir un accès au label Renault Sport plus démocratique. Avec
son 1600 cm3 atmo travaillé pour développer 133 ch, deux châssis
disponibles (dont un Cup) et sa présentation pimpante, Renault Sport entend
bien poursuivre son développement commercial et toucher une nouvelle clientèle...
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Chez Renault,
le sport est une composante majeure de la stratégie de communication. Certes, la partie la plus médiatique et visible
aux yeux du grand public, la Formule 1 n'est pas au mieux de sa forme depuis quelques saisons, mais en revanche pour le
label Renault Sport, c'est du tout bon ! Après
le Spider Renault qui fut le premier produit à
inaugurer l'appellation d'origine contrôlée (suite à la reconversion de l'ex-usine Alpine de Dieppe), la Clio
RS et son caractère exacerbé, suivi de la charismatique Clio
V6 confirmèrent alors que pour Renault, sa branche sportive devait
aussi passer par les show-rooms et la route. Depuis, entre un marketing étudié,
des produits tous au top de leurs catégories respectives, une stratégie de
présence vers les circuits, et un réseau de spécialistes
Renault Sport, les ventes Renault Sport dans le monde sont passées de 8000
unités en 2006 à 14000 en 2007. Un joli score qui est un sacré
pied de nez aux empêcheurs de rouler "sport". Avec la Twingo RS, troisième volet du catalogue
Renault Sport, c'est le ticket d'entrée qui tombe désormais aux
alentours des 15 000 euros contre 21 900 euros avec la Clio
RS "WSR", jusqu'alors la moins chère des autos badgées
Renault Sport.
DESIGN
Autant le dire tout de suite, après la présentation du concept Car Twingo RS au Mondial de Paris en 2006, qui était très séduisant, nous avions été désapointés devant le résultat final sur la Twingo de base. Fade semble un mot bien timide pour décrire une auto qui assurément n'a pas réédité le coup de sa devancière qui marqua de son empreinte le paysage automobile français. Mais la patience paie puisque lorsque Renault nous dévoilà sa GT, sa tenue déjà plus sportive retenait à nouveau notre attention. Avec l'arrivée de la RS, surtout avec ses strippings de guerre et ses jantes de 17 pouces pour celles dotées du châssis Cup. De timide, la Twingo devient "mauvaise fille" en RS. Les boucliers avant et arrière spécifiques intègrent des antibrouillards à l'avant et un faux diffuseur à l'arrière. L'échappement chromé donne quelques éclat à cette poupe surmontée d'un hayon. Afin de mieux distinguer cette Twingo RS de ses soeurs plus placides, certains éléments sont tous en gris métal foncé quelque soit la couleur de caisse retenue : coque de rétroviseurs extérieurs, aileron spécifique (voir ci-contre), jantes 16 ou 17", entourage des anti-brouillards. Les jantes anthracites en 17 pouces du châssis cup (nous y reviendrons plus bas) sont assurément plus sportives et agressives que celles en 16 pouces de série avec le châssis sport. Les élargisseurs d'ailes rapportés à l'arrière rappellent furieusement les réalisations des GTI des années 80 comme les Supercinq GT Turbo. L'habitacle est présenté plus sportivement que le reste de la gamme Twingo, mais on sent bien que Renault y a compté ses sous... Les sièges baquets offrent un bon maintien et sont siglés Renault Sport. Toutefois les plastiques durs omniprésents et la qualité perçue générale font très "pas cher". Même à ce prix, on peu le regretter lorsqu'on aime les belles choses. D'ailleurs, c'est tout le design de la planche de bord qui manque cruellement d'élégance et d'inspiration. Le pédalier alu, et le volant sport sont là pour rappeler que cette Twingo n'est pas seulement une voiture de ville économique pour madame, mais aussi vouée à damer le bitume. Un peu perdu au milieu d'un environnement de citadine bon marché, le compte-tours en position centrale derrière le volant, face au pilote, avec une lumière qui avertit à l'approche de la zone rouge pour changer de rapport, fait office de phare dans la nuit pour les amoureux d'habitacles sportifs. C'est d'ailleurs le seul signe d'instrumentation spécifique à la RS puisque la température d'eau ou d'huile ont été négligés. Un gage de confiance en la mécanique ? Autre petite dose de piment, les ceintures de sécurité sont de couleur orange sanguine, une couleur qui avait été inaugurée sur la Clio 2 RS Team.

MOTEUR
Alors que la Twingo
GT possède un "petit" moteur turbo, chez Renault Sport on a opté
pour la solution la plus noble qui soit pour motoriser la Twingo RS sous la forme
d'un 1600 cm3 atmosphérique. Ce moteur K4M RS développe ainsi une
puissance de 133 ch à 6 750 tr/mn et un couple maximum de 160 Nm à
4 400 tr/mn. Dérivé du bloc essence de 1 598 cm3, les motoristes
sont intervenus sur plusieurs points afin d'améliorer les performances
et le caractère, sans perdre l'indispensable souplesse d'usage de nos habitudes
d'automobilistes modernes. Ainsi le taux de remplissage d'air est augmenté
par un boîtier papillon et un répartiteur aluminium spécifiques,
une optimisation des sections et longueurs de conduits d'admission. Pour favoriser
l'arrivée de l'air et l'évacuation des gaz brulés des chambres
de combustion, les sièges de soupapes ont été particulièrement
étudiés et optimisés. Les lois de levées des arbres
à cames ont été modifié pour permettre une ouverture
des soupapes plus importante et plus longue (11 mm contre 9 mm en moyenne auparavant).
La chambre de combustion spécifique et le piston ont permis d'accroître
le taux de compression qui passe à 11,0:1. A noter le calage variable de
la distribution pour optimiser l'ouverture et fermeture des soupapes selon le
rythme de conduite. La boîte de vitesses JR5 est manuelle et à 5
rapports.
CHASSIS SPORT
La Twingo GT avait déjà démontré de belles capacités dynamiques (et pour cause, la Twingo est basée sur la plateforme de la Clio 2), les ingénieurs de Renault Sport sont donc partis de cette base. Mais pour être conforme à la stratégie qui est désormais en place chez Renault Sport, deux châssis sont disponibles au catalogue : le châssis sport et le châssis Cup. Par rapport à la Twingo GT, les voies de la sport sont élargies de 60 mm à l'avant et 59 mm l'arrière. Le train avant est de type pseudo McPherson, avec bras inférieur en aluminium. L'adoption de biellettes de poussée sur les amortisseurs doit améliorer le rendement de la barre anti-devers et mieux maîtriser le roulis. Le train arrière est constitué d'un essieu de type H à épure programmée. Il est doté d'amortisseurs positionnés verticalement et de ressorts hélicoïdaux à flexibilité variable. La barre anti-roulis arrière de 24 mm de diamètre (contre 22,5 mm pour la GT), apporte une raideur de +25%. L'assiette est abaissée de 10 mm tandis que la raideur des ressorts est augmentée de +30% et les tarages d'amortisseurs renforcés de +30% également. Les pneumatiques montés de série sur ce châssis sport sont des 195/45 R16 aux quatre roues.
CHASSIS CUP
En partant de la base de la Twingo RS châssis sport, les ingénieurs châssis sont allés encore plus loin dans la démarche sportive pour s'adresser aux amateurs les plus exigeants, à l'image de ce qui est déjà déployé dans la gamme Clio RS et Mégane RS. Les réglages moins tolérants avec les notions de confort et plus axés dans une optique "piste" sont encore plus extrêmes que sur le châssis sport : assiette abaissée de -4 mm (soit -14 mm par rapport à la GT), amortisseurs et ressorts tarés 10% plus fermes et surtout de très belles jantes aluminium 17 pouces gris métal foncé. Elles sont chaussées de pneumatiques en 195/40 R17. Seul le train avant diffère vraiment de celui des anciennes Clio. Il est vrai qu'il n'a pas à passer la même puissance et que sa direction est dotée d'une assistance électrique. Le freinage est confié à 4 disques ventilés aux quatre roues complété d'un ABS/AFU désormais incontournable. Bonne nouvelle, l'ESP disponible sur toute la gamme est totalement déconnectable.
ESSAI CIRCUIT
C'est à l'invitation de Renault Sport que nous avons pu découvrir sur le circuit de Dreux le contenu du stage de conduite « Renault Sport Experience » (lire notre reportage), proposé à 1 euro pour tout nouveau client de la Twingo RS. L'occasion pour nous de tester également la petite RS en conditions maximales d'utilisation. Après quelques tours de remise en jambes, la mécanique étant à température idéale (c'est une blague, aucun thermomètre n'étant installé...), on arrive sur un gros freinage au bout de la ligne droite, à 130 km/h en quatrième. Premier constat, la Twingo freine fort, et moi pas assez... Quelques tours plus tard, commence à s'établir une certaine amitié avec la pédale du milieu. Retardant de plus en plus le moment fatidique après le panneau "frein", jamais la Twingo ne faiblit, jamais l'ABS ne donne l'impression de venir briser cette remarquable quiétude et jamais il ne fait regretter sa présence, comme sur les meilleures sportives du monde. Le freinage composé de disques de Laguna et d'étriers de Megane, n'a pourtant pas le pédigrée d'un Brembo à la peinture rouge rutilante. Il assure toutefois un dosage facile, une efficacité incroyable et une endurance sans faille. Pour continuer l'analogie avec Porsche, saluons les efforts de Renault qui figure désormais parmi les références en matière de décélération. Punaise, c'est vraiment une Twingo ça ? J'imagine mal belle-maman lui en demander autant, et pourtant elle semble totalement à son aise sur l'asphalte accrocheur du circuit ! Les Continental SportContact 3 en prennent pour leur grade, et eux aussi confirment leur bonne réputation acquise sur la grande soeur Clio 3 RS. Direction la partie intérieure du circuit dont les courbes alternent diverses configurations plus techniques qu'il n'y parait. Le double-gauche avant la tour est d'ailleurs toujours aussi passionnant ! Oui, bon il faut vous avouer que votre serviteur a un léger avantage sur la plupart des candidats, il connait déjà un peu les lieux pour les voir pratiqués avec divers bolides. La comparaison y est donc inévitable autant qu'enrichissante. Même sans déconnecter l'ESP, notre Twingo RS Cup se montre agréablement mobile du popotin, sans pour autant la pousser jusqu'au "travers de porc" on s'autorise une légère dérive de 3 à 4° avant que l'électronique prenne progressivement la main pour remettre la voiture dans le droit chemin. La marge de tolérance est suffisante pour prendre du plaisir tout en gardant une grosse réserve de sécurité pour les pilotes les moins expérimentés. Plus qu'espéré, le châssis Cup dévoile pleinement son intérêt sur circuit, même si le châssis sport offre déjà un compromis très intéressant. La grande stabilité en courbe, en cabrage et en plongée justifient ici la fermeté si exigeante en usage routier. La voiture est équilibrée, agile grâce à son empattement court, mobile de l'arrière, et pour tout dire, très plaisante à piloter. On se sent vite en confiance et en jouant du transfert de masse on s'autorise quelques guignoleries en la brusquant un peu. Concrêtement, dans cet exercice des virages, le plus gros "défaut" de la Twingo RS se confirme être sa direction à assitance électrique, trop souple et avare en feeling. Autre grief : la petiote motrice certes très bien, aidée par son moteur est très (trop) linéaire, mais ce 1600 manque vraiment de couple dans les relances à bas régime pour les plus de 1200 kg de la voiture en charge sur le moment avec 2 personens à bord. Une conclusion s'impose alors, on aurait pu largement lui coller 20 ch de plus sans perdre cette homogénéité remarquable et appréciable.
Restylée fin 2011, la Twingo RS a tenté de survivre au malus CO2 très pénalisant pour son moteur atmosphérique. Au-delà de qualités dynamiques avérées du châssis, on peut toutefois regretter que la présentation n'ait pas été plus soignée, même avec le déguisement Gordini... Arrêt de la production en août 2013.
Renault Sport, Les extraordinaires (Livre)
La Twingo aura connu une seule déclinaison R.S. Son histoire et ses évolutions sont, pour la première fois, racontées dans le livre "Renault Sport : les extraordinaires", suite des opus consacrés aux Mégane R.S. et Clio R.S. au travers des 14 pages de ce chapitre agrémenté de photos collectors telle que la réunion des Gris Altica, Gordini, Jaune Sirius et Red Bull RB7.
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:: CONCLUSION
Au delà de qualités dynamiques avérées face à l'épreuve de la piste, la Twingo RS nous démontre une motivation
et une passion intactes chez ses concepteurs. Dans un contexte économique et autophobe difficile, l'automobile plaisir a donc encore la place d'exister à des prix attractifs. Avec un look à la hauteur de ses
prétentions, deux châssis différents, et la surprise de cette
mécanique atmosphérique en opposition à la mode de la suralimentation, la Twingo RS joue vraiment la carte du sport aux côtés des Suzuki Swift Sport et Citroën C2 VTS. Des petites sportives qui n'offrent pas des puissances
gargantuesques mais beaucoup de plaisir au volant, et c'est bien là l'essentiel. |