RENAULT CLIO (2) V6 phase 1 (2000 - 2002)
LA CLIO EXTRAORDINAIRE
La Clio Trophy, noble descendante de la célèbre R5 Turbo, est une idée de Renault Sport pour les courses d'ouvertures de grands prix, élaborée par sur la base de la Clio II introduite en mars 1998. Mais la décision de produire la version routière d'un tel monstre ne sera due qu'aux très bonnes réactions du public et des médias face à la présentation d'un concept car flamboyant exposé au mondial de Paris 1998, à l'occasion des 100 ans de Renault. La Clio V6 est le choc de l'année et attise alors comme rarement le désir des passionnés devant l'oeuvre du "créateur d'automobiles"...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : Bahman Cars
Renault, devant l'engouement suscité par ce modèle auprès du public et des médias, a rapidement lancé une étude de développement et d'industrialisation. Confiée à la société TWR (Tom Walkinshaw Racing à qui l'on doit, entre autres, les Jaguar XJ220 et Aston Martin DB7) basée en Angleterre, l'étude de la Clio V6 a permis de confirmer la faisabilité industrielle de ce projet en accord avec le cahier des charges fixé par Renault en terme de qualité, de sécurité et de prestations routières. Au terme de cette étude d'industrialisation, Renault a pris la décision de produire en série limitée la Clio Renault Sport V6 24V. Assagie mais non aseptisée, la Clio Renault Sport V6 24V se veut ludique et sportive, tout en proposant un niveau de confort, de sécurité et une richesse d’équipements habituellement réservés aux véhicules de haut de gamme. Une voiture à forte polyvalence d’utilisation, aussi à l'aise en ville que sur route. Cet univers de véhicules à forte personnalité regroupe à l'époque l’Audi TT 1.8T 20V Quattro, la BMW Z3 Coupé 2.8, les Mercedes SLK 230K et SLK 320, la Porsche Boxster 2.7 ou la Honda S2000. Renault explique le dynamisme de cette niche du marché par la volonté d’un nombre croissant de conducteurs de rouler « autrement », au volant de voitures ludiques privilégiant le plaisir de conduire. C'est dans ce contexte qu'intervient la commercialisation de la Clio V6, véritable voiture passion à la française...
PRESENTATION
Très proche de la voiture exposée au Mondial de Paris, la Clio V6 24V Renault Sport est ajoutée au catalogue en novembre 2000 à un prix fixé à 240.000 FF. La Clio V6 c'est tout d'abord un choc visuel ! L'empattement augmenté de 38 mm, pour cause de moteur central arrière, passe presque inaperçu et on ne peut que rester béat devant cette boule de muscles de 3m80... Au petit jeu des différences avec le concept car, on note bien sûr le dessin des jantes, mais aussi les rappels de clignotants ajoutés dans les ailes avant et les phares antibrouillards dans le bouclier. Pour le reste, la promesse d'une voiture exclusive et tenue, et de quelle manière ! La fabrication est réalisée par le groupe TWR (alors reconnu pour ses talents en F1 avec l’écurie Arrows) dans l'usine d'Udevalla en Suéde. Si la caisse, le capot avant, le pavillon, le hayon et les phares proviennent de la Clio RS 2.0, nul ne manquera de remarquer que la Clio V6 partage au final assez peu de choses avec la citadine dont elle descend !
Tous les autres éléments de la carrosserie reçoivent un habillage composite réalisé par la société MOC (groupe FINUCHEM) dont le savoir-faire s’est déjà exprimé à travers l’Espace F1. Au terme d'une violente manipulation génétique, la Clio a vu toutes ses formes enfler pour accueillir un gros V6 dans le dos de ses passagers ! Plus longue et plus large aussi que le véhicule de série, la Clio V6 24V se distingue par des faces avant et arrière et des côtés de caisse spécifiques. Le large spoiler avant et les ailes élargies à l’arrière sont complètement intégrés au design de la voiture et évoquent la mythique R5 turbo.
HABITACLE
Intérieurement en revanche, mis à part la disparition de la banquette arrière, bien peu, trop peu, de choses vous feront oublier que la bête de laquelle vous prenez le volant est le fruit d'une industrialisation intensive dont les standards de qualités étaient proches du néant... Les critiques sont d'ailleurs les mêmes que celles émises envers la Clio RS 1, puisque la Clio V6 en reprend l'essentiel. En effet, comment ne pas s'offusquer devant cette planche de bord au plastique dur et granuleux, inutilement surchargée par des inserts en imitation d'aluminium dignes d'un centre auto ? Sans compter une ergonomie d'utilitaire avec une position de conduite mal agencée autour d'un volant très couché, obligeant à tendre le bras pour aller chercher le point milieu. Voilà un morceau qui aurait bien plus sa place dans un monospace de la marque que dans une authentique sportive ! La jolie sellerie cuir/alcantara brodée du logo Renault Sport ne sauve pas un bilan "ambiance intérieure" très décevant, parlant d'une GT à presque 250.000 FF. Et sur ce point, ce n'est pas l'artisanat qui peut tout justifier.
Pour ce qui est des particularités de la V6, le levier de vitesses avec boule en aluminium massif est hissé sur une tourelle pour le rapprocher du volant. Le levier est implanté sur une console en aluminium reprenant le design du cerclage du bouchon de réservoir. Les pédales sont également étudiées pour une conduite sportive et reçoivent un patin en aluminium avec inserts antidérapants. Tous les équipements de confort attendues à ce niveau de gamme sont en revanche de série : climatisation couplée au pare-brise réfléchissant et aux vitres teintées, lève-vitres électriques, fermeture centralisée avec télécommande, direction assistée, Radiosat 6000 avec changeur 6 CD. Une housse de protection de carrosserie spécialement conçue pour la Clio V6 est également disponible en accessoire. Enfin, le propriétaire dispose d’un rangement de 45 litres avec filet de retenue pour les bagages entre les dossiers de sièges et le compartiment moteur, en plus du coffre de 67 litres aménagé sous le capot avant. Mais pour ce qui est d'aller faire les courses au supermarché, ça n'est clairement pas l'engin idéal ! Au final donc, l'habitacle de la Clio V6 reste très loin de la "présentation cossue" que Renault n'hésitait pas à évoquer dans ses brochures.
MOTEUR
Sur la base du V6 "Peugeot-Renault" qui équipe le coupé 406 V6 ou la Laguna V6 24V, Renault Sport présente son concept car avec une version modifiée du moteur L7X développant 250 ch. Les pistons sont spécifiques, les conduits d’admission de la culasse ont été retravaillés, le régime de coupure a été relevé de 500 tr/min, la ligne d’échappement est spécifique et le volant moteur est allégé.
Malgré cela, une première déception refroidit notre engouement initial : les 250 ch qui avaient été annoncés ne sont pas au rendez-vous sur la voiture de série qui en offre 230, soit seulement 20 de plus que le V6 de base. Le rendement du moteur apparaît donc bien décevant de la part d'un motoriste 6 fois champion du monde de F1. Première fausse note, mais pas pour la sonorité car elle se fait très agréable à l'oreille avec l'échappement inox "court".
A l'usage, sur route, le moteur ne manque finalement pas de puissance ni de couple pour une sportive de plus de 1300 Kg, soit nettement plus que le concept car. Mais on pourra rester sur sa faim devant le manque d'entrain à hauts régimes de cette mécanique qui reste trop policée.
De plus, la nouvelle boîte de vitesses PK6 à 6 rapports introduite par l'Avantime apparaît relativement mal adaptée à une conduite réellement sportive. A commande par câbles, elle se montre un peu imprécise, les débattements du levier sont importants et la synchronisation est assez lente. Par ailleurs son étagement est trop long sur les derniers rapports. Des contraintes qui prédisposent la Clio V6 aux longue lignes droite d'autoroutes et un peu moins aux petits circuits tortueux. Avec un diamètre de braquage des plus larges, oubliez également la Clio citadine !
En alignant les 400 et 1000 m départ arrêté en 14,5 et 26,5 secondes la Clio V6 se trouve distancée en accélérations par ses rivales directes. De plus, malgré le couple important, les chronos de reprises sont pénalisés par un étagement de boîte trop long qui ne profite ni àla vitesse de pointe (235 km/h), ni à la consommation...
SUR LA ROUTE
Les trains avant et arrière de la Renault Clio V6 sont spécifiques tout en faisant appel à de nombreuses pièces mécaniques issues de la série. L'empattement augmenté de 38 mm, les voies élargies de 110 mm à l’avant et de 138 mm à l’arrière placent les roues aux quatre coins de la voiture, gage d’équilibre. Les jantes OZ « Superturismo » de 17’’ en alliage léger sont équipées de pneumatiques Michelin Pilot Sport de 205/50 à l’avant et de 235/45 à l’arrière. Le tarage des amortisseurs et la flexibilité de la suspension garantissent un confort et des performances dynamiques attendues d'un véhicule sportif de ce niveau. Le freinage est confié à quatre disques ventilés de 300 mm de diamètre, avec des étriers AP Racing à l'avant. L’ensemble est complété d’un ABS Bosch 5.3 avec répartiteur électronique de freinage EBV. Malgré une certaine imprécision de la direction à grande vitesse et un manque de "feeling", la Clio V6 tient bien la route et garde sa trajectoire. La suspension apparaît parfaitement adaptée à un usage sportif. Les routes sinueuses sont le terrain de jeu préféré de la Clio V6. Sa vivacité, son comportement et son moteur mélodieux dispensent un agrément de conduite rare. Attention cependant, la bête devient facilement difficile à contrôler. Comme toutes les voitures à moteur central, à fortiori de faible empattement, cette Clio mutante requiert des talents de pilote à l’approche des limites. Au freinage (puissant et endurant) ou sur simple lever de pied, les décrochements du train arrière apparaissent brutalement et nécessitent de sérieuses compétences et du sang froid. Dangereuse, piégeuse, espiègle, il ne faudra pas jouer avec les limites de la CLio V6 phase 1 à moins d'être un pilote confirmé sachant répondre aux tentatives de la bête de vous désarçonner. Globalement, le plaisir n'est pas de faire un chrono de toutes façons ou de se mettre en danger (sur route ouverte bien sûr) alors rouler à une allure soutenue suffit à procurer un énorme plaisir (attention, permis en danger permanent).
EVOLUTION
La Renault Clio V6 phase 1 se montrait trop caractérielle. Mise au point trop hâtivement elle avait aussi souffert d'une réalisation approximative chez l'anglais TWR qui n'aura finalement permis qu'à une poignée de passionnés d'acquérir celle qui devait devenir rapidement un authentique collector. Compte tenu de l'investissement réalisé, Renault n'a pas renoncé et présente en 2003 une nouvelle Clio V6 revue et corrigée, cette fois mise au point en interne...
> Lire notre essai de la Clio V6 phase 2
CLIO V6 TROPHY
En avril 1999, 85 Clio V6 qui disputeront le Clio V6 Trophy, le plus souvent en lever de rideau des épreuves de Formule 1, quittent l'usine de Dieppe. Elles succèdent ainsi aux Renault Spider trophy qui avaient eux-mêmes pris la suite des Megane coupé Coupe. A 260.000 francs HT l’unité, la Clio V6 trophy offre un bon rapport qualité/prix avec un plan de garantie de 3 ans aux écuries. Le poids de la voiture a été considérablement allégé pour atteindre environ 1100 kg, soit à peine plus qu'une Clio RS 1. L'habitacle de la Clio Renault Sport «Trophy» est donc totalement dépouillé avec une planche de bord spécifique en carbone et une instrumentation semi-numérique. L'arceau cage multibarres participe à la rigidité de la structure et à la protection du pilote, ce dernier étant par ailleurs sanglé dans son siège baquet par un harnais à 6 points. Une protection en composite isole entièrement l'habitacle du compartiment moteur, la rétrovision étant assurée par une vitre intégrée. Le V6 a reçu de nombreuses modifications pour son usage en compétition : une admission intégrant deux plenums pilotés par 2 boîtiers papillon, des arbres à cames dont le croisement et les levées de soupapes augmentées assurent un meilleur remplissage des cylindres, de nouveaux pistons permettant une augmentation du taux de compression. L'échappement est également spécifique et participe au gain de puissance tout en respectant les normes de bruits réglementaires sur circuit. Par rapport au moteur de série dont il dérive, la puissance maximum passe de 194 ch à 280 ch au régime de 7000 tr/mn ! D'un tempérament sportif, sa courbe de couple a été particulièrement retravaillée afin d'obtenir au minimum 30 mkg entre 5000 et 7000 tr/mn. La boîte de vitesses 6 rapports avec commande séquentielle est inédite. La pignonnerie à denture droite est à crabots non synchronisée, et le pont est équipé d'un autobloquant. Comme sur d'autres voitures de course, les trains et les suspensions sont réglables (carrossage, parallélisme, chasse). Le freinage est confié à quatre disques ventilés de 320 mm de diamètre équipés de pinces de frein Brembo à 4 pistons. De surcroît, le pilote dispose à l'intérieur d'une commande de réglage de la répartition de freinage. Les roues en alliage léger de 18 pouces sont également spécifiques à la Clio V6 Trophy.
ACHETER UNE RENAULT CLIO V6 phase 1
L'engin ne laisse pas indifférent, on adore ou on déteste mais la Clio V6 a indéniablement beaucoup de caractère. Difficile donc d'être neutre en parlant d'un tel engin de passion, qui compte des fans (dont nous faisons partie) et d'ardents détracteurs (qui pour la plupart ne l'ont jamais conduite d'ailleurs). Soyons clairs, on parle d'un prototype roulant, pensé, conçu et assemblé à la main par des passionnés et pour des passionnés. Un moteur, un bruit et par dessus tout, la sensation géniale d'être dans une voiture exclusive à tous points de vue pour le prix d'une Porsche d'entrée de gamme d'occasion... Bref le genre de produit qu'on ne risque pas de recroiser de si tôt chez Renault. Une voiture de passionné et connaisseur donc. Bien sûr, la cela implique évidemment quelques concessions sur la qualité de fabrication - quelques petits rossignols typiques d'une Renault Clio II et des plastiques très cheap - mais en revanche, la Clio V6 fait preuve d'une belle fiabilité mécanique et même électronique. Attention tout demême aux organes du compartiment moteur qui peuvent souffrir de la chaleur. Bien vérifier donc que celui-ci est correctement refroidi par ses ventilateurs. Le réglage des trains roulants et l'état des amortisseurs ont toute leur importance sur le comportement de l'auto et son guidage : ils doivent être irréprochables. Le rayon de braquage est vraiment catastrophique et c'est la principale critique que l'on peut émettre à l'usage sur une voiture dont les "défauts" font en grande partie le charme et le caractère. Par comparaison avec la Clio V6 Phase 2, la différence de prix peut sembler non justifiée pour une utilisation route et plaisir à état/kilométrage égal. Si les Clio V6 ne sont pas très nombreuses dans les colonnes de petites annonces auto, les prix démarrent à 20.000 euros pour une V6 phase 1 en bel état contre 30.000 pour une V6 phase 2. C'est un prix que l'on peut qualifier d'abordable pour un véhicule de ce calibre, produit à seulement 1630 exemplaires en 20 mois. Plus encore que pour d'autres voitures, nous vous recommandons d'éviter tout exemplaire accidenté (et il y en a vu le caractère impétueux de l'engin...), le tuning et les modifs en tout genre qui ont malheureusement déjà fait des ravages. On commence à voir quelques clubs et forums sur les Clio V6, n'hésitez donc pas à vous y référer avant un projet d'achat !
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
RENAULT CLIO (2) V6 phase 1
MOTEURType: 6 cylindres en V à 60°, 24 soupapes
Cylindrée (cm3) : 2946
Alésage x Course (mm) : 87 x 82,6
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 230 à 6000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 300 à 3750
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6)
ROUES
Freinage AV-AR (Ømm) : disques ventilés (330), étriers 4 pistons / disques ventilés (300), étriers 2 pistons
Pneus AV-AR: 205/50 - 235/45 ZR 17
POIDS
Constructeur (kg) : 1335
Rapport poids/puissance (kg/ch): 5,8
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 235
400m D.A : 14"5
1000m D.A : 26"5
0 à 100 KM/H : 6"4
CONSOMMATION
Mixte normalisée (L/100 km) : 11,2
PRIX NEUF (2000) : 240.000 FF
COTE (2011) : 20.000 €
PUISSANCE FISCALE : 16 CV
CONCLUSION
:-) Exclusivité Pure voiture passion Sonorité moteur Freinage Motricité Confort de suspension Comportement très ludique... |
:-( .. voire même un peu trop Moteur peu poussé (mais gage de fiabilité) Chaleur dans le compartiement moteur Implantation du volant peu sportive Qualité des plastiques intérieurs Autonomie un peu faible Rayon de braquage problématique en ville |
La plus grosse qualité de cette Clio V6, celle qui a poussé quelques centaines de passionnés à signer un gros chèque, c'est bien entendu l'aspect complètement extravagant du projet Renault Sport autant que sa rareté. Même si son habitacle est cheap, que sa boîte n'est pas parfaite et que son moteur mériterait une bonne poignée de chevaux supplémentaires, la Clio V6 est finalement une voiture très attachante ! Ce n'est pas la pure sportive que l'on pouvait espérer (plutôt voir du côté de la Trophy dans ce cas) mais une GT qui possède un charme et un charisme fou et s'introduit d'emblée dans le monde des automobiles à collectionner, les collectors.
Vous avez aimé cet article ? Merci de le partager
Je suis propriétaire d'une Renault 5 Turbo depuis 2003 et aussi d'une Clio V6 rouge de mars depuis 2007. La R5T comme cette Clio, même si elles sont différentes, sont des voitures fantastique. Je dois me séparer de la Clio mais se sera avec beaucoup de regret. Son Bruit, sa gueule, ses performances sont vraiment agréable. Avant de critiquer cette voiture, il faudrait déjà l'avoir essayé!! Mais attention, l'essayer c'est l’adopter!! Une vrais voiture plaisir.
Voir tous les avis sur la RENAULT CLIO (2) V6 phase 1
Vous possédez une CLIO (2) V6 phase 1 ? Publiez votre avis !