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SPORT
Chez Renault Sport, c'est la valse des séries spéciales.
Réelles évolutions et nouveautés ou simples opérations
de marketing pour faire du "teasing" comme on dit dans les milieux autorisés
? La dernière Clio RS "World Series by Renault" nous semblait
appartenir à la deuxième catégorie lors des premières
présentations. Pourtant au-delà de la déco spécifique
et la poignée de kilos perdus, la Clio RS WSR se révèle comme
une vraie RS à part entière qui possède sa propre personnalité
et nous ramène des années en arrière. Pas de doute, c'est
bien une GTI, et il faut impérativement en prendre le volant pour s'en
apercevoir...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Dans les années 80, la vague GTI battait son plein
(serions-nous des anciens combattants ?!), et il suffisait de peu de chose pour
que le succès commercial soit au rendez-vous. Aujourd'hui, concevoir et
commercialiser des GTI relève plus d'un marketing poussé et abouti pour mieux cerner chaque
profil d'acheteur potentiel. Mais surtout, le personnel du constructeur doit être
passionné par son produit et les petites sportives. Chez Renault
Sport, inutile de devoir préciser qu'ils ont pris ce virage dès
la création du label sportif de l'ex-Régie,
avec l'apparition du Spider Renault. Puis vinrent ensuite
comme confirmation de cet engagement passionnel la Clio RS1,
la Clio V6 pour arriver aujourd'hui à une gamme
complète et bientôt forte de trois modèles (la Twingo
RS arrive
) avec de multiples dérivés. La saga des Clio
3 RS a de quoi donner le tournis. Lancée en 2006 en version "
standard " à 23 200 euros actuellement, le client exigeant amateur
de look et présentation soignée peut opter pour 25 200 euros avec
la "Luxe", et l'amateur de sortie circuit et d'exclusivité pour
la "F1 Team R27" qui inclut le châssis
Cup de série à 24 700 euros. Restait à combler l'amateur
de bombinette au gros cur inversement proportionnel à la taille de
son porte-monnaie. Rappelez-vous de la Clio RS Ragnotti ou de la RS Team
La Clio RS Word Series by Renault,
appelée aussi "WSR" est justement
une de leur digne héritière. Au programme, cure d'amaigrissement,
présentation spécifique, châssis Cup de série et prix
serré à 21 900 euros. Vite, au volant !...
DESIGN
La Clio RS est désormais un sportive au physique
reconnu dans le milieu des voitures de sport et des GTI et sportives compactes.
Son physique bodybuildé à souhait (ailes larges, voies larges) nous
ramène au look similaire de feue la Clio 16S (la première qui détrôna
enfin la 205 GTI 1,9 litres alors en fin
de vie !). Les larges entrées d'air dans le bouclier avant proéminant
encadré par des feux antibrouillards ronds la différencie ainsi
très nettement de ses surs plus consensuelles du reste de la gamme
Clio. Le travail des aérodynamiciens a permis avec l'intégration
d'un diffuseur actif sous le bouclier arrière (masquant ainsi les échappement)
de se dispenser d'un becquet ou aileron disgracieux. Bien campée sur ses
roues jetées au quatre coins, la Clio RS en jette et joue des épaules.
Enfin une GTI qui s'assume, à l'instar de la Corsa
OPC qui va encore plus loin dans l'excès physique. La Clio
RS WSR se distingue par une présentation spécifique. Sa teinte
blanche qui semble reprise du catalogue des utilitaires, est rehaussée
et tranche avec les jantes spécifiques de 17 pouces noires vernies, les
poignées de portes et rétros noirs mats non peints, et les strippings
latéraux "World Series by Renault".
La présentation se veut donc simple mais sportive et différente.
A BORD DE LA CLIO RS WSR
A l'intérieur, cette volonté d'allègement et sportivité
est encore plus criante. Les plastiques durs de la planche de bord nous ramènent
à une autre époque, tandis que l'équipement est, pour une
fois, minimaliste. Pas de climatisation (manuelle en option à 900 euros),
pas de rétros électriques, pas de fermeture centralisée automatique
après le démarrage, pas de carte main libre, pas de régulateur
de vitesse,
bref un retour bienvenu à l'essentiel en somme. Seul
regret, n'avoir pas été jusqu'au bout de la logique du sport pur
et dur avec l'intégration de série des Recaro. On réapprend
après quelques kilomètres à utiliser des commandes manuelles
de chauffage et ventilation sans clim pour éviter la buée sur les
vitres (!), et on le fait finalement avec d'autant plus de plaisir et d'amusement
que c'est pour la bonne cause. Les trente kilos gagnés environ sont au
prix de notre petit confort douillet d'automobiliste moderne, mais après
tout, on ne fait pas du jogging avec des mocassins, alors pourquoi rouler sport
avec trop de confort ? Avec un peu de recul, une Clio
WSR offre le même équipement, et même plus malgré
ces allègements, qu'une GTI des années 80 qui se prétendait
chic et sport. Comme on ne peut plaisanter avec la sécurité, la
Clio WSR conserve néanmoins sa direction assistée (électrique),
et l'armada usuelle (Airbags, ESP, ABS, ASR, AFU...). La position de conduite
reste bonne mais toujours un peu haute et on aimerait un volant qui se règle
pas uniquement qu'en hauteur, mais aussi en profondeur comme sur les RS équipées
de la carte et non de la clé. Le pédalier est idéalement
disposé pour le talon-pointe, même s'il a perdu son revêtement
alu et ses picots (on est dans le discount, on vous avait prévenu), mais
on peine à trouver une position de conduite idéale avec des jambes
trop repliées. Dites "M'sieur Renault", la touch Design, c'est
bien joli, mais à quand la "Position de conduite Design" étudiée
en accord avec vos pilotes de courses qui tournent pendant les week-ends de vos
World Series by Renault ? Si on ne peut que louer ce parti pris de l'allègement
et de la simplification dans les équipements et la présentation,
plus pour l'état d'esprit que pour la quantité de kilos gagnés,
on s'étonne toujours de deux absences de taille à nos yeux sur une
bombinette de ce type. En effet, comment se fait-il qu'une sportive de cette trempe
se contente de si peu d'informations sur la vie du moteur d'une part (instrumentation
indigente), et surtout n'offre aucun signe distinctif majeur dans l'habitacle
! Les moquettes rouges d'antan, ou des sigles éparses dans l'habitacle
contribuaient (et contribuent encore) à émerveiller les passionnés
que nous sommes. Là tout est standard, triste et noir
Même
pas un logo WSR ou une plaque numérotée dans l'habitacle.
MOTEUR
La Clio RS est une
habituée du guide des sportives de L'Automobile Sportive, et c'est donc
certain d'être en terrain connu que l'on démarre alors le deux litres
16 soupapes sur le parking du parc presse Renault. Pourtant, dès les premiers
kilomètres, le temps que les températures (enfin que celle de l'eau
vu la pauvreté de l'instrumentation) arrivent dans les normes pour titiller
le compte-tours, on se sent dans une autre Clio RS. Tiens, le moteur a-t-il plus
de chevaux ?! On regarde alors la fiche technique, pour confirmer ce que l'on
savait déjà : le moteur conserve toujours son calage variable à
l'admission, et est gérée par une électronique Valeo bi-mode.
Dans les particularités de ce F4R commun à toutes les Clio RS, il
est équipé d'un collecteur d'échappement de type 3Y permettant
ainsi un compromis optimal entre acoustique, dépollution et puissance.
Il développe donc toujours 197 ch à 7 250 tr/mn et un couple (haut
perché !) de 21,9 mkg à 5 550 tr/mn (à opposer en comparaison
aux 27,1 mkg de la Corsa OPC, un peu moins que la Clio certes, mais disponibles
dès 1 980 tr/mn
Merci le turbo !). Seule réelle nouveauté
inaugurée par la Clio WSR et qui est déployé à toute
la gamme Clio RS, l'allongement de la transmission sur le 6e rapport pour améliorer
le bilan acoustique (300 tr/mn en moins à 130 km/h) et baisser de concert
consommation et émissions de CO2. Si rien n'a donc changé, la WSR
semble plus alerte et communicative. Plus que la trentaine de kilos gagnés,
on mettra ces sensations sur le compte d'une insonorisation beaucoup plus laxiste.
Les impressions de vitesses et vivacités sont ainsi décuplées.
Vers les 5 000 tr/mn le deux litres semble enfin se libérer dans un vacarme
assourdissant, très rauque avec les plaques anti-chaleurs des échappements
qui vibrent à souhait. Ambiance sorties circuits assurées, et pour
un peu on se croirait l'espace de quelques instants dans les Saxo
VTS vidées de nos amis de la Sax', ou dans les 205 et 106 Rallye lors des sorties circuits clubs. A vivre impérativement de
l'intérieur, car la Clio RS WSR met l'art et la manière. Le chrono
progresse légèrement avec des valeurs toujours intéressantes
: km DA en 28", le 0 à 100 km/h en 7"3 et 223 km/h en Vmax. Très
rapidement, vous ne cessez de tomber un ou deux rapports à la volée
pour être dans le bon tempo et arsouiller partout où il est possible
de le faire. Seules les reprises pâtissent un peu face au " gang des
turbo " (207 RC, Mini Cooper S, Corsa
OPC), obligeant à tomber les rapports pour retrouver de la vigueur. Avec
ce bruit accru et plus présent, on retrouve un peu les sensations procurées
par la Civic Type R, même si dans cette dernière, les rotations mécaniques
grimpent encore plus haut et que la sonorité laisse croire à une
voiture de course. Le pompiste aime bien cette génération de Clio
RS, car le sportif du cerceau aura du mal à descendre sous les 10 litres,
et en ayant un rythme soutenu lors d'une conduite dynamique les 12 litres au cent
ne sont pas une surprise. Malgré l'allongement de la transmission, la Clio
WSR reste une sportive exigeante en usage courant avec un niveau sonore élevé.
Si le sportif va adorer, un Paris-Marseille pour le quidam va vite le faire déchanter,
surtout sans climatisation avec la votre entrouverte
La Clio WSR serait-elle
une sorte de " R3 Street Version " ?
CHASSIS
La Clio 3 RS nous avait emballé par les qualités
XXL de son châssis. La R27 allait encore plus loin, même si nous devions
le reconnaître, les différences ressenties au volant étaient
plus d'ordre cérébrales que chronométriques, tant il faut
ensuite du talent de pilote pour aller chercher la différence sur circuit
entre une RS et une R27. La simple option Châssis Cup suffit d'ailleurs
à faire plaisir à la plupart d'entre-nous par la sensation de plus
grande fermeté et le roulis plus contrôlé que jamais. D'ordinaire,
une " simple " RS est gâtée par ses concepteurs avec un
train avant à pivots indépendant permettant de ne souffrir d'aucune
remontée de couple dans le volant. Bon avec un couple maxi disponible qu'à
5 500 tr/mn, ce n'était pas non plus l'argument technique massue, mais
cela contribue à une précision de conduite et placement indéniable
pour le train avant. Avec des voies avant et arrière de 1 520 mm, la Clio
fait office de sangsue du bitume, tandis que les jantes Cup noire satinées
sont chaussées d'excellents et accrocheurs ContiSportContact3 en 215/45
R17. Toujours dans les bonnes nouvelles, toutes les Clio RS profitent des freins
avant de la Mégane RS, avec ses étriers
fixes Brembo à 4 pistons qui viennent pincer des disques ventilés
à l'avant. L'arrière se contente de disques pleins avec étriers
flottants à un piston, mais une fois aux pédales le résultat
est toujours aussi impressionnant. L'attaque à la pédale est très
sensible et les ralentissements vite énormes. A tel point, que la Clio
WSR, malgré le châssis Cup de série (-7mm d'assiette, ressorts
plus raides de 27% AV et +30% AR et amortisseurs spécifiques), comme ses
surs, possède un essieu arrière qui peine à ne pas
danser lors des grosses décélérations. L'adhérence
de la Clio, conjuguée à son freinage béton sont ses principaux
atouts qui étonnent à chaque fois qu'on en prend le volant. Autant
la Clio RS avec ses suspensions standard (déjà fort réussies
!) a tendance à plus glisser des quatre roues et de finir en sous-virage
pour rassurer son (apprenti !) pilote, autant avec le châssis Cup, l'arrière
train devient plus sensible pour enrouler comme il se doit sur une sportive. Un
vrai jeu d'enfant, presque un gros kart, tant la WSR est facile à mener.
Elle saute avec vivacité et légèreté d'un virage à
l'autre, l'arrière suivant les ordre du pilote au freinage et au transfert
des masses. L'absence de tout problème de motricité et une direction
idéalement calibrée autorise une conduite chirurgicale dans sa précision.
Bien plus qu'une Mégane RS R26 qui souffre
sur route (sur circuit c'est différent) de sa direction peu communicative
amènant parfois à se demander où a-t-on posé ses roues
?... Ce que la Clio WSR adore et qu'elle vous fait apprécier, c'est le
compte-tours au-dessus de 5 000 tr/mn, des virages et des délestages de
l'arrière au frein excellemment dosé. La poupe pivote gentiment
sans surprise, et jamais la Clio RS ne se désunit. Ferme et rigide, elle
se mène de main de maître, donne son lot de sensations et laisse
croire à son pilote qu'il est bon, alors qu'elle est juste faite pour ça
20 ANS : CLIO RS WSR vs 205 GTI
1900
En 1988, la Peugeot
205 GTI entame son deuxième millésime avec sa motorisation de pointe
apparue quelques temps plus tôt : le 1 905 cm3 de 130 ch. Elle est en tête
de la catégorie GTI dans les chiffres et dans le cur des passionnés
et journalistes spécialisés. 20 ans plus tard, en 2008, Renault
Sport commercialise la Clio RS WSR. Une version allégée et simplifiée
de la RS avec finalement un état d'esprit assez proche de la sochalienne
" d'antan "...
> Lire
la suite du match
::
CONCLUSION
Pourquoi faire une WSR ? A quoi bon moins d'équipements
? Vous avez connu les GTI des années 80 et leur ambiance "vroom-vroom",
ou vous fréquentez les sorties circuits et êtes étonnés
de la vigueur communicative des petites GTI vidées ? Alors foncez essayer
les Clio RS WSR. Certes son moteur n'est toujours pas totalement libéré
la faute au poids conséquent (1 240 kg) malgré un allègement
de 30 kilos environ, mais il a trouvé une voix plus libre pour donner un
tempo sportif sur la voie. A 21 900 euros, elle se place en bonne affaire à
condition d'accepter un rudiment de confort et de considérer que le sport
authentique mérite certains efforts. Pour ceux qui tentent l'aventure,
ils ne seront pas déçus, la Clio WSR garantit une personnalité
intacte. Les GTI sont de retour et c'est tant mieux !
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Notre
préférée. Des quatre Clio RS actuellement proposées,
cette WSR est sans doute la plus intéressante étant donné
ses performances, son efficacité et surtout son prix. Pour atteindre la
perfection, il faudrait que ses chronos progressent davantage. Ce qui ne pourrait
être le cas qu'avec le concours d'une poignée de chevaux supplémentaires.
Mais d'après ce que l'on sait, l'arrivée de ce type de renfort n'est
pas du tout d'actualité."
Echappement - Février 2008
- Renault Clio RS WSR - Jorge Clavell. |