UNE VRAIE GTI !
Dans la gamme Ford, la Fiesta a toujours eu sa version sportive
depuis 1981. Toujours, sauf depuis quelques années pendant
lesquelles les fans de Ford sportives devaient patienter jusqu'à
un éventuel retour. A partir de 1983, la Ford Fiesta XR2
se muscle en se dotant du moteur de l'Escort XR3 et perd par là-même
sa superbe. Dès lors, chaque génération de
Ford Fiesta sportive va se distinguer par des moteurs fougueux et
un train avant dépassé par les évènements.
Pour sa nouvelle Ford Fiesta ST150, Ford et son Team RS ont dupliqué
la politique du groupe actuel : avoir des châssis en béton
pour préserver un plaisir de conduite. Objectif atteint ?...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Depuis 1981, Ford nous gratifie d'une Fiesta sportive dans sa gamme.
Née XR2 avec un moteur de 84 ch seulement, la Fiesta a su
évoluer au fil des millésimes mécaniquement
s'entend. Car si la puissance du moteur, notamment sur la virulente
RS Turbo avait alors atteint les 130 ch, le train avant ne cessait
de déclarer forfait devant les coups de butoirs répétés
de la mécanique. A partir de l' énième-restyling
de la Ford Fiesta 89 en 1996 puis en 1999, les versions sportives
avaient disparu du catalogue. Il ne restait plus que la Fiesta S
pour donner du baume au cur des amateurs de Ford sportives.
Et puis avec la présentation de la nouvelle Ford Fiesta en
2002, coup de tonnerre ! Ford annonce l'arrivée prochaine
d'une version RS de sa nouvelle égérie avec un moteur
de 200 ch et un look de WRC. Mais las, la douche écossaise
a rappelé à tous les impératifs économiques
avec l'abandon pur et simple du projet faute de rentabilité
suffisante. En revanche, la Ford Fiesta ST 150, version sportive
de la gamme est toujours maintenue au programme avec de solides
arguments.
DESIGN
La Ford Fiesta 2002 a singé sa grande sur la Focus
avec un design similaire. Si on ne peut plus parler de New Edge
Design, on reste pourtant toujours dans cette mouvance avec des
lignes tendues qui viennent dynamiser la caisse. On retrouve donc
les blocs optiques arrière logés dans le haut des
montants du hayon et de très larges feux avant qui viennent
mordre le haut du capot. En version 3 portes, la Fiesta affichait
déjà une petite bouille sympathique, mais une fois
parée du jogging du Ford Team RS (unité créée
en 2003 par Ford à l'image d'AMG chez Mercedes-Benz ou Motorsport
chez BMW), la Ford Fiesta ST 150 en met plein les yeux. Bouclier
avant agressif et inspiré de ceux des dernières Seat
Ibiza Cupra (prises d'aire béantes avec bas de spoiler peint
en noir mat), arches de roues prononcées, jantes alu de 16
ou 17 pouces à multiples bâtons, rétros peints
ton caisse, sortie d'échappement chromée
Pour
les amateurs de détails, on peut opter en option à
250 euros pour les bandes blanches sur le dessus de la voiture avec
en plus les bandes latérales au-dessus des bas de caisse
façon " GT40 " et siglées " ST ".
Terrible mais cher !
HABITACLE
L'habitacle tranche par sa retenue. Certes,
les assises et dossiers des sièges baquets sont bien de couleur
rouge comme à la belle époque et quelques touches
d'aluminium agrémentent l'habitacle, mais globalement cela
reste noir, gris et terne. Pourquoi ne pas avoir opté pour
une moquette rouge ? L'instrumentation, malgré un tachymètre
gradué jusqu'à 240 km/h reste indigente pour une sportive.
L'équipement est très complet pour le prix affiché
(16 900 euros) même si l'ordinateur de bord manque à
l'appel. La position de conduite est bonne, même si nous sommes
toujours trop haut à notre goût dans ces autos modernes
privilégiant la hauteur pour une meilleure visibilité
et une sensation de sécurité (fictive) accrue. Le
seul bémol réel est l'absence de place pour poser
son pied gauche qui gène lors des phases de freinage en usage
intensif.
MOTEUR
Le moteur de la Fiesta ST est déjà connu puisque ce 2 litres rebadgé Duratec est dérivé de la famille de moteurs MZR de Mazda et équipe déjà
la Mazda 3 2.0 MZR. Un gros travail a été effectué
par les techniciens du Ford Team RS pour insérer ce gros
moteur dans le compartiment moteur de la Fiesta. Pour y parvenir,
ils ont incliné le bloc de 6° vers l'arrière.
Ce bloc tout alu est coiffé d'une culasse (faite du même
métal) à 4 soupapes par cylindres disposées
asymétriquement. Ce 2 litres Duratec se remarque par une
courbe de puissance particulièrement plate et longue. Il
faut aller chercher du côté de son nouveau système
d'admission à longueur variable (VIS). Ce système exploite la dynamique
des gaz dans le circuit d'admission pour adapter ses performances
par l'intermédiaire de conduits de longueur variable. Le
collecteur d'admission VIS est doté de papillons montés
dans les conduits. Ils sont actionnés par un moteur à
dépression et séparent les conduits en circuit long
et circuit court. Les papillons sont fermés à faible
régime pour que l'air emprunte les circuits longs et ouverts
à haut régime pour relier tous les conduits à
une chambre d'air commune qui crée un effet de vagues de
pression qui génère un circuit plus court. Cela explique
ainsi, avec l'échappement également travaillé
que la Fiesta ST 150 développe 150 ch à 6 000 tr/mn
contre les 145 ch à 6 000 tr/mn du Duratec 2 litres standard.
Ford annonce 90% du couple disponible (190 Nm à 4 500 tr/mn)
dès 1 350 tr/mn. Volant en main, on perçoit bien la
volonté des motoristes du Ford Team RS d'avoir voulu donner
un caractère lisse et plein à ce deux litres. Malgré
cela, à partir de 4 000 tr/mn, le moteur donne encore plus
de la voix et de puissance pour rappeler qu'il est bien un moteur
essence et non un mazout
L'usine annonce une vitesse maximale
de 208 km/h et un 0 à 100 km/h en 8,4 secondes, ce qui lui
confère de très bonnes performances dans sa catégorie.
Les reprises ne sont pas en reste avec un cinquième rapport
qui permet de passer de 80 à 120 km/h en 11,2 secondes. La
boîte Durashift n'est en revanche qu'à 5 rapports mais
offre une précision et un étagement idéal.
CHASSIS
Le Ford Team RS avait pour cahier des charges avec la Fiesta ST de concevoir une auto
amusante à conduire mais également plaisante et sûr.
C'est après 2 années de développements et de
tests effectués sur tous types de routes. Le travail des
ingénieurs a cependant été grandement facilité
par la rigidité déjà exceptionnelle de la caisse
de la Fiesta. Le faux châssis avant reçoit la suspension
à éléments MacPherson et la direction. La suspension
arrière à essieu travaillant la torsion offre un contrôle
précis de la géométrie du train arrière.
Les ressorts ont été considérablement renforcés
et passent de 16,5 N/mm sur la Fiesta de série à 24
N/mm tandis que les amortisseurs ont été recalibrés.
Le carrossage avant a été modifié pour accroître
le carrossage négatif et générer ainsi davantage
d'adhérence. Les ressorts arrière ont été
également renforcés (de 15 à 17 N/mm) et sont
complétés par des amortisseurs adaptés. La
direction a vu sa démultiplication réduite de 10%
pour offrir un meilleur placement du train avant dans les courbes.
Avec sa rigidité excellente et sa direction précise,
la Ford Fiesta ST 150 possède un train avant indestructible
qui permet de l'inscrire au millimètre dans la corde avant
de ré-accélérer. En forçant l'allure,
la Fiesta ST 150 se révèle sous-vireuse et il faut
vraiment la provoquer pour déclencher une dérive de
l'arrière, même ESP déconnecté totalement.
Les larges pneus Pirelli Pzero Nero du modèle d'essai n'y
sont certainement pas étrangers surtout en 205 de large.
Comme toute traction avant au train avant très rigide et
précis généreusement chaussé, la Fiesta
ST 150 a tendance à suivre les irrégularités
de la route. Surprenant pour les néophytes mais pas inquiétant.
Pour ralentir notre enthousiasme, quatre freins à disques
(dont ceux à l'avant ventilés) offrent un ralentissement
à la hauteur des performances. Ford est depuis la Ford Focus (Cf. dossier Ford Focus
RS) devenu une référence en matière de
liaison au sol, et la nouvelle Ford Fiesta ST 150 ne déroge
pas à cette règle. Et en plus, elle y met la manière
sportive avec un ESP totalement déconnectable, ce qui n'est
pas pour nous déplaire. Les autres constructeurs devraient
bien en faire autant.
:: CONCLUSION
Ford a l'art et la manière de surprendre son monde. Des années
de vaches maigres et puis on annonce une Fiesta ST 150 et une Fiesta
RS 200. Las, la RS 200 va être sacrifiée avant même
sa sortie sur l'autel de la rentabilité immédiate. Finalement
il ne reste plus que la Fiesta ST 150.Mais rassurez-vous, elle reprend
la bonne vieille recette de Ford Europe : un prix canon, un look ravageur,
un équipement généreux de série et des
performances alléchantes. Et cerise sur le gâteau, cette
nouvelle Ford Fiesta ST 150 offre un châssis à la hauteur
ce qui n'avait pas toujours été le cas. Avec une telle
proposition, Ford pourrait bien ravir la place de petite GTI la plus
vendue, car la concurrence, à ce niveau de prix, est bien loin
derrière...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Homogène. Heureusement, chez Ford, les versions se
suivent et ne se ressemblent pas car, si la Fiesta ST semble perpétuer
la tradition d'une petite auto performante et pas chère,
elle rompt avec celle qui voulait que toutes les sportives de la
marque aient une tenue de route souvent erratique. La perfection
n'étant pas de ce monde, elle pourrait encore progresser
dans certains domaines. Peut être au niveau de la direction
? Quoiqu'il en soit, cette ST peut déjà présenter
sa candidature pour l'élection de la sportive 2005."
ECHAPPEMENT - janvier 2005 - Ford Fiesta ST150.
"Correctement équipée
(climatisation mécanique, ESP totalement débrayable,
radio-CD avec commandes au volant, etc.) même si certaines
lacunes sont surprenantes (absence d'ordinateur de bord), la Fiesta
ST ne manque pas d'attraits. Surtout si l'on compare son prix à
celui d'une concurrence qui ne veut pas toujours étaler une
carte de visite aussi flatteuse."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 16 décembre 2004 - Ford Fiesta
ST150. |