SEX-APPEAL !
Nous l'avions découvert comme Concept
Car en 2000 à Turin, cet irrésistible petit roadster dessiné par
Ghia sur base de Ka avait alors fortement séduit le public du salon.
Ford a entendu ses (futurs) clients potentiels et donc décidé de
fabriquer la Streetka en réponse aux Peugeot 206 CC et Smart Roadster.
Et pour célébrer ses 100 ans avec éclat à Paris en 2002, Ford a
offert une star comme marraine à son charmant roadster, en la personne
non moins charmante de Killie Minogue. Histoire de nous en mettre
plein les yeux...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
PRESENTATION
3 ans seulement après
l'étude Ghia d'un roadster 2 places réalisée
sur la base de la Ka, Ford lance donc un cabriolet très fidèle
au séduisant concept-car présenté à
Turin et apte à faire chavirer les curs, tout comme
sa marraine. Séduisant toujours l'oeil du passant, ses formes
(celles de la Streetka bien sûr...) mêlant arrêtes
vives et courbes très féminines ont été
légèrement revues par Chris Bird et par Pininfarina
qui en assure également lassemblage. Modernisées
et dynamisées par de nouvelles optiques, un arrière
spécifique et un pare-brise plus incliné on n'oublie
pourtant pas les formes générales "new edge design"
de la Ka qui n'ont malheureusement jamais vraiment séduit
le public en 1996. La robe de la Streetka possède pourtant
un charme indéniable. Posées aux quatre coins, ses
jantes alliage de 16" pouces chaussées de pneus tailles
basses et son assiette abaissée de 30 mm comme ses deux arceaux
en aluminium à la manière d'une Audi TT lui donnent
une belle allure sportive.
Force est de constater que c'est sans
la capote que la Ford StreetKa se laisse le mieux apprécier.
Hum ! ... Elle possède en effet une sérieuse dose
de sex-appeal ! Malgré le succès écrasant de
la Peugeot 206 CC, Ford a fait limpasse sur le toit rigide
escamotable électriquement pour des raisons desthétique,
de temps de conception et surtout de... coût. Heureusement,
cette capote se plie ou se déplie en moins de 30 secondes
à larrêt... mais manuellement.
HABITACLE
Sur ce point, avouons que c'est la douche froide.
L'habitacle de la Streetka demeure quasi identique à celui
de sa sur berline, la principale différence étant
l'abandon des places arrière. Le volant décoré
d'alu étant fixe (et désagréable au toucher),
lassise du siège ajustable en hauteur permet, seule,
d'obtenir une position de conduite somme toute convenable. La planche
de bord na guère évolué et cest
dommage, car les plastiques très bas de gamme tranchent brutalement
avec les jolis sièges chauffants en cuir, montés de
série, qui manquent juste un peu de maintien latéral.
Comme à l'habitude Ford se démarque par un équipement
de série bien appréciable comprenant le cuir, la climatisation
(manuelle), un système audio très convaincant avec
lecteur CD et 4 HP de bonne qualité, les rétros électriques
et dégivrants, 4 airbags, ABS, etc.
MOTEUR
Il est temps de mettre le contact et d'aller profiter de ce
roadster cheveux au vent ! Aussitôt tourné la clé,
on se réjouit les tympans de la sonorité sourde et
sportive de léchappement qui laisse imaginer une mécanique
pétillante et d'une cylindrée plus importante que
celle affichée. Pourtant, sous le capot ne se trouve qu'un
modeste 4 cylindres 1.6 litre, certes nouveau mais étonnamment
toujours à 8 soupapes ! Sa puissance maxi de 95 ch obtenue
à 5500 tr/mn pour un couple maxi de 135 Nm à 4250
tr/mn n'ont donc rien d'exceptionnels dans la catégorie,
bien au contraire. Dérivé de lantédiluvien
bloc fonte 1.3 Duratec de la Ka, le nouveau 1.6L se révèle
souple et très disponible à bas régime sur
les premiers kilomètres parcourus à allure modérée.
Une fois à température, ce n'est qu'une supposition
car aucun mano ne permet de le vérifier, nous décidons
de pousser un peu la Streetka dans ses retranchements afin de mesurer
son potentiel sportif. Le moteur avoue instantanément son
manque de coopération à tout type de conduite brutale...
en effet, il noffre ni la fougue ni les performances du plus
moderne 1.6 16v de 110 ch de la 206 CC. Passé les 5000 tr/mn
les montées en régime sont laborieuses malgré
une boîte pourtant bien étagée et assez courte.
Cette transmission mécanique à 5 vitesses dont la
fine tige de levier en acier semble issue d'une vieille camionnette
utilitaire, est remarquable de précision et ses débattements
courts s'apprécient sans fermeté excessive des commandes.
Les chronos revendiqués par Ford (0 à 100 Km/H en
12s1 et Vmax de 173 Km/H) sont là pour confirmer un manque
de puissance évident eu égard au poids conséquent
de la bestiole (1064 Kg à vide). Enfin, au chapitre des consommations,
la Streetka ne se démarque pas par une sobriété
particulière avec 8L/100 Km en moyenne normalisée.
SUR LA ROUTE
Si le moteur préfère les balades cheveux au vent,
c'est une chose d'autant plus paradoxale et frustrante que les qualités
dynamiques du châssis de la Streetka sont au diapason des
dernières réalisations de la marque et se prêtent
bien à une conduite dynamique. Par rapport à la Ka,
le châssis a donc été modifié, renforcé,
la direction est plus vive et précise (2,6 tours de butée
à butée), les suspensions ont été adaptées
et les freins à disques redimensionnés. La fermeté
du châssis, à la rigidité renforcée et
aux voies élargies, profite de son train arrière spécifique
pour limiter la prise de roulis et améliorer l'efficacité
sans pour autant nuire au confort. Hormis sur les grosses imperfections
et malgré les pneus taille basse, lamortissement ne
martyrise pas les passagers et le train avant digère sans
mal les 95 ch.
Quant à la capote, ce n'est pas un modèle
de qualité. Elle limite la visibilité arrière
et génère des bruits aérodynamiques trop vite
envahissants qui incitent à la plier dès que possible.
Mais dans ce cas et en l'absence de filet coupe-vent, les remous
d'air sont vraiment importants et tout aussi gênants à
bonne allure. Mais quimporte, le plaisir de conduire est bien
là et ce joli roadster conviendra parfaitement aux acheteurs
recherchant une voiture ludique et agréable à défaut
d'être réellement sportive. Et puis, point positif
que sauront apprécier à sa juste valeur les possesseurs
de 206 CC, le coffre offre une plus grande contenance que la berline
Ka et son volume de chargement demeure de taille fixe. En clair,
c'est une automobile idéale pour les balades en amoureux
!
::
CONCLUSION
1400 exemplaires de la Streetka seront disponibles pour la France
en 2003. Une quantité limitée qui devrait permettre à Ford d'écouler
sans mal la production, tout en maintenant un tarif de vente assez
élevé. En effet, la StreetKa s’affiche tout de même à 18900 euros,
soit 50 euros de plus que la Smart Roadster et 1700 euros de plus
que la 206 CC 1.6 16v, toutes les deux étant, il est vrai, moins
bien équipées de série et ne possédant peut-être pas autant de "sex-appeal"
que la Ford Streetka. Pour les amateurs de sensations, elles constitueront
en revanche un meilleur choix, principalement en termes de performances.
Mais est-ce là la principale vocation d'un cabriolet ? |