© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (06/04/2012)
SPORTIVE A PETIT PRIX
En 1963 lors d'une course de moto sur le circuit de Montlhéry André Marcadier rencontre Colin Chapman qui était venu avec des Lotus 11. C'est la révélation et l'idée du châssis léger et rigide habillé par une carrosserie en polyester et mu par une mécanique de série lui paru excellente...
Texte :
Aurélien RABBIA
Photos : D.R.
André Marcadier fut d'abord un constructeur de cycles sous la marque CIM (Cycle Imbert et Marcadier) puis Marcadier, près de Lyon. Le cadre de ses cycles était réalisé à partir de feuilles de duralumin roulées et soudées, une technique d'avant-garde et haut de gamme. La légèreté et la qualité de fabrication de ces cadres leurs valurent de nombreuses victoires. La maîtrise de ces châssis tubulaires l'amena à fabriquer des cadres de motos de compétition à la fin des années 50. Puis il se lança en 1956 dans une nouvelle discipline, le karting, pour laquelle il fit environ une centaine de châssis en acier. Il s'arrêta lors d'un changement de réglementation où le poids minimum imposé des châssis de 55 kg représentait le double de ceux des Marcadier et il refusa de lester ses châssis pour s'y conformer.
En 1963, avec l'aide du carrossier Marcel Fournier il dessine une barquette évoquant la Lotus 23. Cette barquette baptisée FM repose comme son inspiratrice anglaise sur un châssis multitubulaire en acier avec les traverses avant et arrières de la Renault 8 ainsi que les suspensions et la mécanique en position centrale arrière pour un poids de 460 kg. Grâce à la bienveillance de la préfecture du Rhône, ces barquettes réussiront l'exploit d'être homologuées comme des Renault 8 modifiées, avec la carte grise de la voiture donneuses d'organes !! Les jantes en alliage léger étant assez rares à l'époque, Marcadier fabriquera ses propres jantes, vendues en option. Proposé à 6700 F en kit avec châssis et carrosserie montée mais sans mécanique environ 50 exemplaires seront construits jusqu'en 1966.
PRESENTATION
Fin 1967, la société Fournier-Marcadier conçoit une évolution de la barquette, un petit coupé de 540 kg reprenant en partie les mêmes soubassements. Le nom de ce coupé vient de l'autre passion d'André Marcadier que sont les chiens et notamment de ce lévrier russe, le barzoï. On le retrouve sur le logo de la marque. Même si sa première destination est la route, il se destine aussi à une belle carrière en compétition notamment en course de côte. Lui aussi est livré en kit pré-monté, en effet le châssis, la carrosserie avec l'arceau intégré et le pare-brise sont montés et ajustés, de façon artisanale, en usine. Il ne reste plus à l'acheteur qu'à trouver une R8 accidentée pour en récupérer le moteur, la boîte de vitesse, le train avant, le système de freinage, l'éclairage et tout le faisceau électrique… bref, pas grand chose!
Vendu 6900 F en kit, il était possible pour les moins courageux de les monter soi-même chez Marcadier. Qui dit "kit car" dit reprise d'éléments de la grande série afin de faciliter l'assemblage, les feux arrières proviennent donc d'une Simca 1000, le pare-brise d'une Peugeot 404 et l'instrumentation des R8 Gordini. Le capot arrière reprend le dessin de celui de la barquette.
A BORD DE LA MARCADIER MARZOI
Marcadier offre à son coupé une particularité, des portes «papillon» afin d'améliorer l'installation au volant de ce minuscule coupé culminant à 98 cm du sol. La finition est très spartiate, sans aucun insonorisant, dans cet étroit habitacle constitué d'une baignoire en polyester avec les deux baquets intégrés. Ceux-ci donnent une position très couchée et pour affiner la position de conduite on ne pourra jouer que sur le pédalier réglable, ce qui ne convient pas vraiment à ceux mesurant plus de 1,80 m. La planche de bord regroupe sur toute sa largeur l'instrumentation de la R8 Gordini dont le client a bien voulu.
MOTEUR
Les coupés Marcadier Barzoï étaient livrés aux clients sans moteur. Ils avaient donc le choix dans toute la gamme de moteur Renault du petit 1000 cm3 de la R8 Major délivrant laborieusement 55 ch au 1800 Alpine A110 Gr4 de 170 ch pour ceux voulant courir en compétition. Ils sont tous accouplés à une boite de vitesse venant des R8, R16 TS ou R12, à 4 ou 5 rapports, dont le sens de rotation a été inversé. Seule la commande de boîte sera fait maison afin d'être adaptée à cette boite se trouvant en bout de châssis.
Pour ce que est des performances c'est difficile à dire, de banales avec le 1000 à très bonnes avec le 1800. Le coupé Marcadier Barzoï a souvent était essayé par la presse avec le 1300 Gordini de 100 ch, ce qui donnait une vitesse de pointe de 210 km/h déjà fort respectable à la fin des années 60.
CHASSIS
Le châssis de la Barzoï est une évolution de celui de la barquette Marcadier FM et sera au fur et à mesure des années modifié selon le désir des clients. André Marcadier travaillait à l'instinct, sans plan. Cet assemblage de tubes carrés, pour faciliter la fabrication, peut être jugé comme frêle mais il est étonnamment rigide et bien sûr très léger. Les suspensions comme les traverses sur lesquelles elles sont montées proviennent de la R8. Le freinage est assuré par quatre disques, des étriers de R8 Gordini et un double circuit mais sans assistance. Les deux caissons de 30 litres servant de réservoirs sont de chaque côté de l'habitacle et font partie intégrante du châssis.
Pour ceux qui veulent se tourner vers la compétition il sera possible pour 1000 F de plus de recevoir son kit monté avec des suspensions triangulées avec rotules type Unibal à l'arrière, dérivées de celles de la monoplace Aral.
EVOLUTION
En 1970 Marcel Fournier se retire de la construction automobile. André Marcadier continue seul à vendre des Barzoï, des barquettes et des monoplaces sous le seul nom Marcadier. En 1972 deux évolutions arrivent. Premièrement le coupé peut être commandé avec une suspensions entièrement triangulée, les ailes avant et arrière deviennent plus larges, l'entrée d'air avant aussi. Les feux arrière sont troqués pour ceux des Renault 12 break et le capot arrière est de type fast-back avec des persiennes. Cette version sera vendue jusqu'en 1974 mais le prix aura au passage doublé à 14000 Francs. Deuxièmement, par souci d'économie le Barzoï sera proposé avec le moteur en porte-à-faux arrière afin d'adapter le train arrière complet des R8 sans autre modification. Autre particularité, le châssis n'est plus du type tubulaire mais repose sur une poutre central moins chère mais plus lourde d'une vingtaine de kilo. Le prix du kit redescendra à 8100 F et la commercialisation s'arrête en 1976.
PRODUCTION MARCADIER BARZOI*
Fournier-Marcadier Barzoï (1967-1969) : 30 exemplaires
Marcadier Barzoï (1970/1971) : 70 exemplaires
Marcadier Barzoï (1972/1974) : 20 exemplaires
Marcadier Barzoï (1972/1976) : 100 exemplaires
*estimations
:: CONCLUSION
Ce coupé Barzoï construit à plus de 200 exemplaires sera un succès pour Marcadier. En 1977 il sera remplacé par le Barzoï 2, cette fois-ci à mécanique de Simca 1000, produit jusqu'en 1983. Marcadier commença ensuite à construire des répliques de Lotus Seven en 1987 puis de GT 40 et 550 RS. Le Barzoï sera encore utilisé très longtemps en course de côte avec diverses mécaniques pour son faible poids et son excellent châssis triangulé. Cette longue carrière en course fait qu'aujourd'hui assez peu d'exemplaires sont encore en circulation et les quelques uns en vente sont souvent en mauvais état. Avec le soutien du club de la marque crée en 2001 l'histoire des Fournier-Marcadier continue. Elles sont devenues des voitures appréciées des amateurs et collectionneurs de tous pays, glanant leurs lettres de noblesse dans les nombreuses manifestations historiques...
Nos plus vifs remerciements à Pierre Tedeschi du Club Marcadier, à Alain Mercier et aux membres du forum Autodiva.
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Avis des propriétaires
Bonjour à tous ! Quel génie ce Monsieur Marcadier que j'ai rencontré en 1977 à Mions lorsque j'ai découvert le début de la production du Barzoï 2 (engin futuriste pour l'époque)
Dont j'ai fait l'acquisition quelques mois plus tard,je le possède toujours 46 ans après !
Après plusieurs années à l'abri dans une grange (cause carrière professionnelle) et étant désormais en retraite je viens de passer 6 mois à sa reconstruction complète car cette perle très rare en valait la peine !
Bientôt le printemps et les premières conventions !!!
Il est évident qu'il va être un objet de curiosité pour une grange partie du public et c'est bien normal.
Ce commentaire pour vous dire que je suis un homme heureux avec ce petit bolide .
Merci Monsieur Marcadier 👍👍 Voir tous les avis sur la MARCADIER BARZOI
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