UNE CERTAINE IDEE DU LUXE SPORTIF
Quelle marque a connu
un passé plus inconstant et torturé que Maserati ?
Depuis son intégration dans le giron de Ferrari, les Maserati
semblent avoir retrouvé la sérénité
sans perdre leur âme. Avec sa nouvelle Quattroporte, Maserati
revisite avec ses gènes une certaine idée du luxe
sportif.
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
C'est en 1963 que Maserati, alors encore
indépendante, avait commercialisé au compte-goutte
sa première Quattroporte dessinée par Pietro Frua.
Mue par un V8 dérivé d'une mécanique de course,
elle avait marqué les esprits. Par la suite, deux autres
générations différentes de Quattroporte avaient
vu le jour. La deuxième génération commercialisée
dans les années 70 étaient très carrée
et ne correspondait pas réellement aux standards sportifs
de la marque. Puis c'est au cours des années 90, que la troisième
génération avait été commercialisée.
Quelque peu caractérielle, elle s'était forgée
une réputation à part sur le segment des berlines
haut de gamme sportives. Pendant toute cette généalogie,
Maserati a été revendu à des investisseurs,
puis à Citroën, puis à Alejandro de Tomaso et
pour finir, c'est le groupe Fiat qui a racheté Maserati et
qui l'a intégré dans le giron de Ferrari. Cela explique
ainsi le montage du V8 de Ferrari remanié dans les coupés
GT qui sont devenus des références incontournables
dans le segment des GT à très hautes performances.
CONCEPTION
Pour renouer avec le succès sur sa limousine sportive, Maserati
a fait appel au partenaire privilégié de Ferrari :
Pininfarina. Force est de reconnaître que le couturier de
l'automobile italien a réussi un design plaisant et élégant.
Malgré ses plus de 5 mètres de long, la Maserati Quattroporte
réussi à faire oublier son gabarit. Le dessin de certains
détails est notamment très réussi comme les
prises d'air disséminées sur la carrosserie avec bon
goût, et la découpe des vitres latérales est
très originale et réussie. En revanche les blocs optiques
avant et arrière manquent d'originalité et les rétroviseurs
affichent trop clairement leur coque en plastique. Pour l'architecture
mécanique, Maserati a utilisé les recettes dignes
des meilleures GT et qui ont fait les beaux jours de certaines GT
à moteur avant chez Porsche. Ainsi, le V8 de 4,2 litres est
monté en arrière de l'essieu avant (pour le recentrage
des masses) et la boîte de vitesse Cambiocorsa a été
rejetée à l'arrière. Un système transaxle
relie le moteur et la boîte. Une telle architecture favorise
bien évidemment la répartition des masses et la Maserati
Quattroporte affiche 47% du poids sur l'avant et 53% sur l'arrière.
Une telle disposition, malgré un poids total de 1 930 kg
devrait avoir une incidence positive sur le comportement routier.
HABITACLE
Les habitacles des Maserati sont toujours des moments d'anthologie.
Nous sommes presque persuadés que tout est bâtit autour
de l'antique montre centrale. Et ensuite seulement, les designers
ont construit la planche de bord autour. Dans cette Quattroporte,
Maserati reste fidèle à sa tradition mais en y mettant
la manière. L'ensemble est homogène et harmonieux
mais sans grande originalité. Les matériaux utilisés
sont en revanche plus intéressants avec notamment du recours
au bois et au titane. Cela donne un peu une ambiance de yacht luxueux.
Tout l'équipement indispensable sur ce type de limousine
est présent, mais Maserati a eu la bonne idée de conserver
des commandes classiques et basiques. Tant pis pour les férus
des nouvelles technologies, mais au moins on ne doit pas cliquer
partout pour modifier la température ambiante, si vous voyez
ce que je veux dire
Les sièges sont accueillants et
confortables et l'espace arrière est correct sans plus. A
noter l'absence de levier de vitesses puisque c'est la boîte
robotisée Cambiocorsa qui est montée d'office. Seul
un petit levier permet de passer la marche arrière.
MOTEUR
Sous le capot, c'est l'exceptionnel V8 de 4,2 dérivé
de celui de la Ferrari 430, déjà installé
sous le capot de la Maserati GT. S'il développe 390 ch sur
le coupé, dans la Quattroporte il dégage 400 ch grâce
à une gestion électronique moteur spécifique,
mais également une distribution revue avec notamment un arbre
à cames modifié. Comme tout bon V8 italien atmosphérique,
ce moteur accepte avec bonheur de monter dans les tours, et présente
donc des valeurs maximales de couple à un niveau relativement
élevé (4 500 tr/mn). Pour transmettre la puissance
au sol, c'est via la boîte Cambiocorsa déjà
montée sur les Ferrari et la Maserati Coupé. Entièrement
robotisée et dotée de 6 rapports, elle se met d'office
sur le mode automatique, mais peut être dirigée par
les palettes situées derrière le volant.
SUR ROUTE
Mener une limousine de plus de 5 mètres de long, de
près de 2 tonnes et de 400 ch incite à la prudence
sur les premiers kilomètres. Après s'être laissé
émerveillé par cette ambiance unique que dégagent
les habitacles baroques de Maserati, l'il exercé commence
à déceler quelques plastiques indignes à ce
niveau de prix. En revanche la qualité d'assemblage a nettement
progressé. Cela restera à être confirmé
sur les modèles produits par la suite. Pour les premiers
tours de roue, le parti pris est de laisser la boîte sur le
mode automatique. Mauvaise idée tant la boîte robotisée
nous rappelle que n'est pas une excellente boîte automatique
qui veut. En pleine courbe, je me retrouve en roue libre, le passage
des rapports un peu longs peut paraître déroutant
Je reprends la main, et la Quattroporte se révèle
sous son vrai visage. Les accélérations sont dantesques
et les vocalises du V8 atmo, malgré le double vitrage réussi
à tonner dans l'habitacle. Cravacher ce V8 magique du bout
des doigts est un pur régal, et j'en viens même à
oublier les dimensions et le poids conséquents de cette noble
italienne. Le châssis bien conçu (avec une originale
double triangulation avant et arrière) et l'architecture
de l'auto propice à un bon équilibre permet d'exploiter
au maximum les possibilités de la Quattroporte. Le système
adaptatif Shyhook permet d'exploiter au mieux les limites de la
Quattroporte. Le revers de la médaille est une suspension
un peu dur avec des répercussions dans l'habitacle lorsque
l'auto roule à faible allure sur de mauvais revêtements.
Un très bon point positif sur la direction assistée
qui a été choisie suffisamment dur pour que l'on ressente
encore bien la route. Finalement cette Maserati Quattroporte est
réellement à part dans son segment. Face à
l'offre allemande où tout la conduite est sur-assistée,
la Maserati Quattroporte est certainement la seule limousine qui
se pilote encore. Il n'y a que la Jaguar XJR qui se place sur un
même terrain, mais sa boîte automatique, au demeurant
excellente, l'empêche de lutter contre la Maserati.
:: CONCLUSION
Une nouvelle Maserati est toujours un événement particulier.
Surtout lorsque le label Quattroporte est ressorti des cartons.
Performante, une ligne innovante, un V8 fabuleux et une ambiance
à nulle autre pareille, la Maserati Quattroporte est une
réelle opportunité de vous démarquer dans la
catégorie des limousines. Une caste des connaisseurs, de
ceux qui savent en quelque sorte
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