L'INSPIRATRICE !
Lorsque Mercedes-Benz
dévoile son concept car SLK dans les salons internationaux, il préfigure
déjà ce que sera le modèle définitif, à quelques
détails de présentation près. Ce qui frappe évidemment
les esprits est son toit escamotable qui est le premier du genre en série
depuis l'après-guerre. Véritable caméléon qui se mue
à la demande en coupé ou en cabriolet, le SLK R170 a connu un succès
sans précédent à sa sortie avec des délais de livraison
à rallonge. Une fois la fièvre passée, et le nouveau SLK
R171 commercialisé, la magie opère-t-elle toujours ?...
Texte : Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Lors de la présentation officielle
du SLK en 1996, les hauts dirigeants de Daimler-Benz (pas encore fusionné à
l'époque avec Chrysler Group) s'en sont donné à cur
joie dans les belles phrases : " Nous assistons avec elle à une renaissance
de l'esthétique automobile " disait Helmut Werner alors président
du directoire de Mercedes-Benz AG ou encore " Dans une telle automobile, la route est la destination "
surenchérissait Jürgen Hübbert, membre du directoire de la division
voitures particulières. Derrière la solennité des phrases
et de leurs formes propres à un lancement en fanfare d'une nouvelle auto,
ils n'avaient peut être pas totalement tord
Le concept car du SLK,
dévoilé dès 1994 avait suscité une émotion
particulière auprès du public, notamment en raison de son toit "
Vario ", comprenez un toit en dur escamotable électriquement qui permet
d'avoir ainsi deux autos en une seule : un coupé et un cabriolet. Si aujourd'hui
avec la démocratisation d'un tel concept avec la Peugeot
206 CC puis des Mégane
CC, 307
CC et même Tigra
TT on ne s'étonne plus de cette technique, le SLK comblait une lacune
que la Peugeot Eclipse dans les années 30 avait laissé orpheline.
Le SLK fut un tel succès à son lancement officiel en 1996 que les
délais de livraison vont vite grimper jusqu'à un an pour attendre
son coupé-cabriolet ! La spéculation allait alors bon train avec
des petits malins qui revendaient des SLK récents plus chers que le tarif
neuf. Mais lorsque la demande est là, les prix officiels sont dépassés
par l'impatience des acheteurs
La stratégie de Mercedes-Benz dans
sa diversification des gammes s'annonçait alors comme un franc succès.
Le SLK est en effet une des étapes importantes de cet élargissement
de gamme
DESIGN
Avec son nouveau SLK type R170, c'est l'équipe de Bruno Sacco qui va se charger du design de
la future auto à succès de Stuttgart. Dans son équipe, un
jeune designer plein de talents va plus particulièrement s'occuper de la
partie extérieure. Ce jeune talent s'appelle Mura Günak, qui fera
ensuite quelques allers-retours chez d'autres constructeurs pour signer également
quelques dessins qui feront date. La ligne générale du SLK est très
classique et sobre. C'est surtout sur des détails que le SLK va se remarquer
et évidemment sur sa capacité à se muer à la demande
en coupé ou en cabriolet. L'étoile encastrée dans sa calandre
n'est pas étrangère non plus à son succès, car malgré
les " on-dit " il n'est pas toujours évident de résister
aux sirènes de l'image de marque
Arrière court et ramassé,
long capot avec deux bossages sur le dessus, le tout ponctué d'une calandre
grillagée à l'avant et tous les artifices du parfait roadster sont
là. Mais, cerise sur le gâteau, avec son toit mis en place, le profil
s'adonne au genre petit coupé solitaire (comprenez pour deux exclusivement)
dans la veine des Maserati Karif ou plus tard de la Cadillac
XLR. Malgré la petitesse du toit, il arrive à s'articuler en
25 secondes électriquement pour aller se replier dans son compartiment
derrière les sièges. Le toit Vario, c'est son nom chez Mercedes-Benz,
déploie alors toute une cinématique complexe qui dans un premier
temps vas soulever la malle de coffre dans le sens inverse de son ouverture usuelle,
puis le toit vas se replier en deux pour venir se poser dans le coffre (amputant
ainsi un volume de chargement plutôt appréciable qui passe de 348
dm3 à 145 dm3 en version décapotable). Ingénieux, et fiable
dans le temps s'il est manipulé régulièrement. Malgré
une ligne très classique et élégante, mais novatrice, on
l'identifie immédiatement à un modèle de la gamme Mercedes.
Les blocs optiques arrière sont en triangles et préfigurent le dessin
de ceux actuellement en vigueur sur la gamme des berlines Mercedes. Les jantes
alu de série sur le SLK 230 K des modèles non face-liftés
sont très décevantes d'aspects puisqu'on les confondrait avec des
jantes tôle. Dommage.
A BORD DU SLK R170
L'habitacle du SLK R170 est également très classique
dans sa présentation. Les acheteurs ont cependant opté parfois pour
des habillages en cuir rouge pour accentuer le côté sportif de l'ensemble.
Les blocs compteurs sont encastrés dans la planche de bord et offre un
graphisme moderne assez sympa. Le dessin des sièges n'est pas assez enveloppant,
rappelant ainsi aux occupants que le sport n'est pas la priorité du SLK.
Pas question en effet à Stuttgart de laisser de côté le diktat
du confort
L'équipement de série n'était pas très
généreux sur les premiers modèles avec notamment la climatisation
en option. L'habillage de la planche de bord pouvait être en carbone, ou
en alu brossé, du meilleur effet.
MOTEUR
Le SLK R170 est basé
sur la berline Classe C W202. C'est donc fort logiquement qu'elle lui emprunte
bon nombre d'organes mécaniques à commencer par ses moteurs. Au
début des années 90, Mercedes est aller rechercher au placard des
méthodes disparues depuis plusieurs décennies à Stuttgart
: le compresseur. Les ingénieurs de Mercedes sont obsédés
par la notion de confort de conduite et de souplesse. Et pour pouvoir offrir au
conducteur ce cahier des charges, il faut lui garantir un couple moteur suffisant
dès les plus bas régimes. Ainsi, fini les rétrogradages incessants
et les boîtes automatiques trouvent tout leur intérêt. Dès
lors, le compresseur paraît retenir tous les avantages possibles pour les
motoristes puisqu'il agit dès les plus bas régimes par rapport à
un moteur équipé d'un turbocompresseur (les turbos à géométrie
variable ne sont alors pas encore très répandus). L'autre avantage
du compresseur est de pouvoir retenir un moteur de cylindrée plus petite
tout en offrant autant de couple et de puissance qu'un gros moteur. Sur le SLK,
comme sur les CLK et Classe C, le moteur 2,3 litres sera donc doté d'un compresseur. Bien
évidemment le taux de compression sera revu. Les performances prodiguées
par cette mécanique sont intéressantes avec 193 ch à 5300
tr/mn et surtout un couple de 280 Nm de 2500 à 4800 tr/mn. C'est évidemment
ce dernier point qui intéressait d'avantage les motoristes de Stuttgart.
Avec une telle mécanique, le SLK 230 Kompressor pouvait ainsi se permettre
des performances dignes d'une sportive : 240 km/h en vitesse maxi, autour des
28 secondes sur le kilomètre départ arrêté et 7,2 secondes
pour franchir les 100 km/h depuis l'arrêt. Mais ce qui impressionne le plus
avec cette mécanique, c'est son souffle inépuisable. On ne ressent
pas de perte de poussée en montant en vitesse. C'est tout l'avantage du
compresseur. En revanche, le revers de la médaille est une sonorité
très quelconque. Un bruit banal, avec le compresseur qui fait limite quincaillerie.
Dommage, car pour le reste c'est presque le sans faute. Puisque le SLK n'est pas
sportif dans l'âme mais qu'il se prête de bonne guerre aux figures
de style, mieux vaut lui préférer une boîte automatique à
4 rapports éprouvée et efficace que la boîte mécanique
irritante à l'usage (caoutchouteuse et peu précise en maniement).
CHASSIS
En reprenant les techniques de la Classe C et la technologie Mercedes-Benz en
matière de sécurité active, il ne faut pas s'attendre à
aller disputer la coupe des circuits. Une caisse pas assez rigide, cabriolet oblige,
quelques systèmes castrateurs comme l'ETS, successeur de l'ASD et précurseur
de l'ESP qui sera monté dès 2000, auront vite fait de venir brider
vos velléités de pilote. En plus les modèles équipés
de la boîte automatique ne sont pas nécessairement mieux lotis sur
circuit que la commande lente et caoutchouteuse de la boîte mécanique
à 5 rapports. Vous l'aurez compris, s'il est possible de violenter un SLK
230 Kompresseur sur circuit, sa place privilégiée n'est pas ici
et plutôt sur les routes et petites routes, là où l'expression
déguster la route prend toute sa saveur. Dès que les virages se
resserrent, le SLK, s'il n'est pas non plus très vivace, se laisse brusquer
avec grâce et prévenance
Il sous-vire sur le sec histoire de
rassurer n'importe quel conducteur un peu optimiste à l'entrée d'un
virage, et au pire, si le sol est mouillé, les roues arrière veulent
passer devant, mais un simple contre-braquage avec petit contrôle frein-accélérateur
suffit. Et sur les modèles post-2000, l'ESP se chargera de mettre sa "
claque protectrice " pour remettre le SLK sur ses rails
Une auto polyvalente
et pour tous qui se distingue avant tout par sa facilité de conduite. Puisqu'elle
n'est pas réservée pour les circuits, le choix retenu est donc plutôt
opportun. En plus, assis très bas, avec des suspensions assez fermes, le
SLK donnerait presque l'impression de conduire une voiture de sport. Les freins
sont suffisants, mais on aimerait plus de mordant surtout en usage intensif. Sur
routes dégradées, les petits bruits sont légions signe d'une
rigidité pas toujours suffisante. Enfin on chipote, car ils n'interviennent
qu'à un rythme particulièrement soutenu. Une auto donc polyvalente
et bien agréable à l'usage pour qui cherche une auto pour la balade
et même parfois de la balade rapide !
ACHETER UNE MERCEDES-BENZ SLK R170
Avec la commercialisation du SLK
type R171 en 2004, puis l'arrivée de très nombreux concurrentes
sur le marché des roadsters deux places (Chrysler Crossfire roadster, Nissan
350Z roadster, Porsche
Boxster, BMW
Z3 puis Z4, Honda
S2000, Alfa Romeo Spider
), les SLK type R170, et les 230 Kompressor
en tête, ont vu leur cote chuter pour notre plus grand plaisir. Aujourd'hui,
il n'est pas rare d'en trouver à partir de 14-15 000 euros. Toutefois,
dans ces prix-là, ils seront souvent fort chargés en kilomètres,
et parfois d'origine douteuse ou étrangère. Souvent, les modèles
allemands importés se reconnaissent à leurs choix de couleurs (mauve
ou jaune). C'est dommage de céder aux sirènes des prix les plus
bas pour avoir après des tonnes de frais de remise en état à
faire. D'autant plus que le SLK ne souffre pas de tares particulières.
Il faut avant tout vérifier que le toit Vario fonctionne correctement.
Les cas de toit qui fonctionnent mal, comme sur beaucoup de coupés-cabriolets,
sont dus avant tout à leurs propriétaires qui les laissent finalement
toujours en version coupé. Les contacteurs se grippent alors et il faut
les nettoyer. Rien de grave, mais mieux vaut faire fonctionner régulièrement
ce système à la cinématique complexe. Autre petits points
noirs parfois des voyants moteurs qui s'allument. A vérifier au moment
de l'achat, avec une très forte accélération comme en "
burns "afin de vérifier qu'il n'y ait pas le témoin moteur
qui s'allume soudainement. En général cela vient soit du faisceau
qui s'est abîmé avec le temps, soit de l'antiparasite ou encore du
papillon des gaz. Une révision standard revient environ à 300 euros
(appelée Assyst A chez Mercedes-Benz) et la complète 600 euros (Assyst
B). Le prix des pièces reste raisonnable comme souvent chez Mercedes-Benz
avec quelques exemples : phare AV, 261 euros TTC ; Pare-chocs AV, 386 euros TTC
; disques AV, 100 euros TTC le jeu, plaquettes AV, 63 euros TTC la paire, échappement
(silencieux seul), 385 euros TTC
Attention toutefois, certaines pièces
sont plus chères comme le catalyseur à plus de 1000 euros l'intervention.
Il faut donc évidemment privilégier impérativement une version
dont le carnet d'entretien prouve un suivi régulier dans le réseau
Mercedes-Benz, gage de plus de tranquillité et de soin apporté par
son propriétaire. Pour un bel exemplaire avec moins de 50 000 km, en phase
deux avec l'équipement et la finition améliorée, comptez
plutôt autour de 20 000 euros, ce qui n'est pas cher payé compte-tenu
du concept de l'engin, de son " blason " et de sa fiabilité générale
exceptionnelle. On déplora juste parfois des habitacles qui vieillissent
plutôt moins bien que les autres modèles de la gamme et quelques
cas de lève-vitres qui déclarent forfait avant l'heure. Pour le
reste, c'est du tout bon !
CHRONOLOGIE SLK R170
1994 : En septembre,
présentation du prototype SLK au Mondial de Paris.
1996 : En
avril, présentation officielle du SLK au salon de Turin. Deux versions
disponibles : SLK 200 atmo de 136 ch et SLK 230 K de 163 ch.
2000 :
Face-lift léger du SLK (essentiellement pare-chocs avant et arrière,
volant, calandre, rétroviseurs)
ESP de série sur toute la gamme
SLK
Nouveau SLK 200 avec compresseur de 163 ch contre 136 ch.
2001 :
Commercialisation du SLK 32 AMG Kompressor.
2003 : Commercialisation
de la série spéciale " Final Edition "
2004 : Arrêt de la production du SLK type R170 et commercialisation du nouveau
SLK type R171.
:: CONCLUSION
Voilà certainement avec la BMW Z3, un des achats passion du moment en cabriolet
qui est le plus judicieux dans la fourchette de budget de 15 à 20 000 euros.
Doté d'une élégance et de la primeur du concept moderne des
coupés-cabriolets, une étoile au bout du capot, une fiabilité
générale exceptionnelle et suffisamment de performances pour en
pas se faire humilier par le premier mazout venu, le SLK rappelle ainsi à
tous que rouler plaisir en connaisseur n'est pas forcément synonyme de
gros chéquiers. Evidemment si vous êtes adepte du sport pur et dur,
une Honda S2000 fera plus l'affaire, de même qu'un Porsche Boxster. Mais
les prix de ce dernier sont nettement plus haut...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Avec son châssis
" ultrasûr, le roadster Mercedes rassuee les conducteurs les plus maladroits
tout en offrant un confort qu'apprécient les clients traditionnels de la
marque
et les autres. Pour un prix qui n'est pas prohibitif, à l'inverse
des délais de livraison
"
Le Moniteur Automobile - juillet
1997 - Mercedes SLK 230 K. |