IL FAUT SAUVER MORRIS GARAGE !
La British Leyland est en mauvaise
posture. Ses gammes sont vieillissantes et son image confuse. Les
années 70 vont être fatales au groupe anglais à
l'indépendance menacée. Alors pour relancer son groupe,
British Leyland dépoussière quelques blasons et les
colle sur des modèles de série de la gamme Austin.
Finalement, l'histoire est un éternel recommencement avec
la même stratégie aujourd'hui pour la gamme MG 2004...
Texte :
Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Nous sommes à la fin des années
70. British Leyland est au bord du précipice. Toutes ses
marques rencontrent alors des difficultés. Jaguar est empêtré
dans des grèves à répétition et des
soucis de fiabilité entachent son image, Triumph n'est plus
que l'ombre d'elle-même avec les TR7 moribondes, MG disparaît
avec ma MGB en 1980, et l'Austin Mini devient vieillissante et pas
encore une voiture fashion. La disparition de MG ? Une très
mauvaise nouvelle pour tous les amateurs de roadsters sportifs,
mais également de berlines sportives. MG, qui signifie "Morris Garage", a été créé en
1924. De nombreux engagements en compétition et des modèles
aux qualités sportives reconnues à des prix étudiés,
auront vite fait de placer la marque MG parmi les sportives phares
des Trente Glorieuses avec les MG TF, A, B et Midget.
En 1980, les
dirigeants de British Leyland décident donc de remplacer
leur auto à succès : la Mini. Toutefois, l'option
retenue est plus la ré-interprétation du thème
Mini, avec des moyens de développement limités. La
Mini Metro, c'est son nom, a la lourde tâche de remplacer
un mythe vivant. L'usurpation n'aura toutefois pas lieu, puisque
la Mini restera au catalogue d'Austin, puis Rover et poursuit la
carrière que l'on sait sous les cieux de la Bavière.
Si des projets de MG Mini étaient dans les cartons, c'est
la Metro qui va finalement hériter du prestigieux blason
et va par-là même ressusciter la marque MG. L'occasion
de revenir sur un modèle oublié à l'occasion
des 80 ans de la marque MG...
DESIGN
Les MG Metro Turbo se distinguent par une longueur contenue,
avec 3,40 mètres. Il faut dire qu'elles reprennent la plate-forme
de la Mini (en augmentant sensiblement ses cotes), celle qu'elle
est censée remplacer. Dessinées par David Bache, sa
ligne est jugée plutôt favorablement par la presse
de l'époque. Le moins que l'on puisse dire est que ce design
a vieilli et revendique l'âge de son coup de crayon. Pour
ses variantes sportives, British Leyland a sorti le grand jeu.
Outre
le blason MG trônant fièrement au milieu de la calandre,
la Metro reçoit des stickers et des filets rouges sur ses
flancs. Un filet rouge entoure la calandre. Mais pour corser la
présentation et rappeler à tous que la marque MG est
de retour, se sont au total treize écussons MG qui parent
notre Metro. Comparé à la Mini, la Metro, c'est l'ère
cubique avec une carrosserie très carrée. Pour compléter
la panoplie de la parfaite GTI des temps modernes, la Metro est
équipée de jantes alu de 12 pouces.
HABITACLE
A l'intérieur,
l'habitacle profite d'une présentation sportive et sympathique.
Les moquettes sont rouges, sport oblige, et le volant arbore également
l'écusson MG. La planche de bord reprend le principe déjà
vu dans la Mini d'un vide poche intégral dans lequel est
inséré le bloc d'instrumentations. Les compteurs ont
un fond noir et rouge et des sièges baquets ont été
montés à l'avant.
La position de conduite est identique
ou presque à celle des Mini. Le volant est très horizontal,
le conducteur singeant ainsi le chauffeur routier dans sa position
de conduite.
MOTEUR
Les ingénieurs de British Leyland vont appliquer la même
recette que pour la devancière de la Metro, la Mini. Puisque
la Mini eu le droit à sa version Cooper, et puis Cooper S,
qui lui fut très bénéfique pour son image,
la Metro aurait sa version MG et MG Turbo. Pour parvenir à
leurs fins, c'est le vaillant 1 275 cm3 de la Mini (à arbre
à cames latéral) qui reprend du service. Dans sa version
de base, il reste atmosphérique. Les motoristes anglais en
tire 71 ch DIN à 6 000 tr/mn. Pour y parvenir, ils ont fait
appel à un carburateur SU HIF-44. Avec son poids contenu
à 790 kg, la MG Metro à défaut d'être
une véritable sportive, est avant tout une petite voiture
vivante. Son moteur reprend bien dans les tours et montre une bonne
disponibilité. Toutefois, comme tout bon moteur anglais ancien
qui se respecte, la zone rouge n'est pas son terrain de prédilection.
Les anglaises se conduisent souvent plus sur le couple que dans
les tours comme avec les "machina" italiennes.
Avec
ses 163 km/h, la MG Metro abat le 0 à 100 km/h en moins de
12 secondes. Des chiffres bien en deçà des sportives
contemporaines. Pour son modèle de pointe, difficile de monter
un moteur plus gros dans un compartiment moteur qui n'est pas prévu
au départ pour les grosses cylindrées. La première
Metro présentée en 1980 était dotée,
rappelons-le, d'un 998 cm3 de 44 ch
Alors comme nous sommes
en plein dans les années 80 et la "turbomania",
synonyme de sport, puissance et rapidité dans l'esprit du
public, les motoristes anglais vont donc greffer un turbocompresseur
à la vénérable MG Metro. C'est un turbocompresseur
Garrett qui permet ainsi de tirer 94 ch à 6 130 tr/mn.
Avec
un tel moteur, les performances font un bon en avant avec 180 km/h
en vitesse de pointe et moins de 10 secondes sur le 0 à 100
km/h. Avec le turbo, la plage d'utilisation idéale se situe
entre 3 000 jusqu'à 4 500 tr/mn. La remplaçante de
la mythique Mini Cooper serait-elle née ?
Pour animer
ces mécaniques, c'est une boîte mécanique à
seulement 4 rapports qui est employée, alors que la concurrence
est passée à la boîte 5 depuis des années,
voire plus encore (Cf. Renault 8 Gordini). Les consommations sont
élevées notamment en conduite sportive avec plus de
10 litres/100 km.
CHASSIS
Sur la MG Metro, les solutions innovantes et avant-gardistes de
la Mini sont reprises : Coque autoporteuse acier avec châssis
auxiliaire avant et arrière, 4 roues indépendantes,
éléments en caoutchouc, amortisseurs télescopiques
avant, ressorts hélicoïdaux. La suspension Hydragas
avec coussins à gaz azote est bien entendu de la partie,
et pour parer à l'augmentation très importante de
la puissance, des barres stabilisatrices avant et arrière
de forte sections sont montées. La direction à crémaillère
permet d'offrir aux MG Metro et Metro Turbo une direction très
directe et précise. C'est un héritage bienvenu de
la Mini. Les quatre roues sont équipées de jantes
en tôle en 12 pouces chaussées en 155/70 SR 12 sur
la MG Metro, et en 13 pouces de 165/65 HR 13 sur la Turbo. Pour
les ralentir, les freins à disques à l'avant et à
tambours (sic !) à l'arrière sont assistés.
Qu'en est-il réellement de ce réchauffé de
Mini sportive ? A allure modérée, sur un revêtement
parfaitement lisse, cela se passe très bien. Malheureusement,
dès que la chaussée se déforme, les MG Metro
et Metro Turbo sautillent sur les moindres bosses avec leur suspension
Hydragas. Alors que les Mini s'étaient forgé une réputation
sur leur tenue de route et leur maniabilité, les MG Metro
et Metro Turbo pêchent sur ce point. C'est d'autant plus criant
lorsque le conducteur hausse le rythme. Le pire ? Une petite route
de campagne bosselée et bombée sur laquelle on souhaite
attaquer
Grosses sensations, et surtout frayeurs assurées.
A droite, à gauche, au milieu, les MG Metro et Metro Turbo
semblent prendre toute la route sans vous demander votre avis. Et
n'allez pas croire qu'une version est mieux amortie que l'autre.
Elles sont toutes deux logées à la même enseigne.
EVOLUTION
Après la commercialisation en 1982 de la MG Metro, puis quelques
mois plus tard de la MG Metro Turbo, la gamme MG Metro ne vas pas
connaître d'évolutions notables. En 1984, la gamme
Metro reçoit un nouveau tableau de bord. La finition est
toujours sympathique mais très plastique. Le volant, plus
carré en son centre, reprend le dessin de celui des Rover
Série 800, et des coloris plus gais sont disponibles. En
1985, British Leyland présente sa MG Metro 6R4 pour disputer
le championnat du monde des rallyes en Groupe B (Voir encadré). Produite à 200
exemplaires, elle est devenue un collector pour les amateurs du
genre.
En 1986, toute la gamme MG Metro est revue. Leur présentation
change en effet avec des jantes et des stickers différents.
On se souviendra avec émotion de la MG Metro bardée
de ses gros stickers " MG " en biais
Une pure merveille,
qui aujourd'hui ajoute encore au charme de ces autos méconnues.
En 1989, les MG Metro sont arrêtées et la marque MG
va bientôt encore disparaître avant de renaître
une deuxième fois avec une évolution réactualisée
de la MGB RV8 entre 1992 et 94, puis avec la MG F née en
1995 et devenue depuis MG TF. Ce sont 67 110 exemplaires (MG Metro
+ MG Metro Turbo) qui seront sortis des chaînes de production.
MG
METRO 6R4 Gr. B
Dans le
cadre d'une participation au championnat du monde des
Rallies en groupe B, British Leyland construit 200 exemplaires
d'une vraie furie : la MG Metro 6R4. Avec 4 roues motrices
comme il se doit, et un moteur en position centrale
AR, la MG Metro 6R4 présentait la particularité
d'avoir opté pour un V6 de 3 litres atmosphérique,
gage d'une meilleure fiabilité selon ses concepteurs.
Sur les versions commercialisées, le V6 développait
200 ch, et il fallait s'acquitter de 400 000 Francs
de l'époque pour l'acquérir. A l'inverse
des autres constructeurs, MG avait décidé
que les versions routes et courses seraient identiques.
Ils ont pu ainsi écouler une bonne part de leurs
200 exemplaires imposés par le règlement
des Groupe B à des Rallymens privés pour
courir en Rallye. Il fallait y penser ! L'arrêt
des Groupe B a toutefois porté un coup fatal
à cette MG sur-vitaminée, qui servi notamment
à Didier Auriol en Rallye
> Dossier Metro 6R4
ACHETER UNE
MG METRO Turbo
Si l'idée d'acheter une MG Metro Turbo vous traverse
l'esprit, sachez que vous n'êtes pas au bout de vos peines.
Leur rareté, et le manque d'intérêt prodigué
à ces autos leur a rarement permis de bénéficier
d'un entretien ad hoc. A des tarifs raisonnables, à partir
de 2 500 euros pour des autos en état correct, il faudra
attendre qu'un des rares propriétaires décide de s'en
séparer.
Lorsque vous êtes décidé, et
que vous en avez trouvé une, inspectez soigneusement la carrosserie
qui connaît la rouille plus qu'à son habitude. Les
points usuels sont à contrôler (bas de caisse, passage
de roues
). La mécanique atmosphérique est très
fiable, même si en bonne vieille anglaise, elle s'oublie de
tant à autres (quelques fuites d'huile pas bien graves).
Autre bonne nouvelle, toutes les pièces mécaniques
sont disponibles chez les spécialistes des Mini, qui pourront
également en assurer l'entretien. Evitez le réseau
Rover officiel, car une partie du réseau est composée
de concessionnaires BMW ayant repris le panneau suite aux évolutions
des repreneurs que l'on sait. Les ateliers, avec du personnel parfois
trop récent dans la marque, n'a pas connu cette période
et aura du mal à solutionner certaines problèmes à
moindre coût. Le turbocompresseur Garrett a la fiabilité
de son époque. Il nécessite donc un entretien et une
utilisation en rapport avec son temps : vidange d'huile fréquente
avec huile de synthèse, ne pas donner de coup de gaz avant
de couper le moteur,
Une auto attachante et exotique comme
on en voit que trop rarement. Le MG Club de France affirme qu'ils
acceptent toutes les MG en leur sein, même les actuelles vendues
par MG Rover France. Alors n'hésitez pas à vous rapprocher
d'eux, ou de clubs Mini. Vous y rencontrerez certainement un succès
garanti !
CHRONOLOGIE MG METRO
1980 : En octobre, présentation de l'Austin Mini Metro.
998 cm3, 44 ch, 140 km/h. Elle a la lourde tâche de succéder
à la Mini.
1982 : En mai au salon de Birmingham, présentation
de la MG Metro, 71 ch et 163 km/h et de la MG Metro Turbo, 94 ch
et 180 km/h. La commercialisation de la Turbo intervient quelques
temps après la version atmosphérique. Quelques différences
d'équipements et de présentation distinguent visuellement
les deux modèles.
1984 : Le tableau de bord est modifié.
1985 : Présentation de la MG Metro 6R4 : V6 2,5 litres
en position centrale AR et transmission intégrale. Elle fut
produite à 200 exemplaires pour l'homologation en Groupe
B. Elle fut notamment pilotée par Didier Auriol.
1986 : La présentation des MG Metro est légèrement
modifiée (jantes, stickers
).
1989 : Fin de production des MG Metro.
1990 : Les derniers exemplaires sont écoulés.
PRODUCTION MG METRO
MG Metro : 37 500 exemplaires
MG Metro Turbo : 29 610 exemplaires
TOTAL : 67 110 exemplaires
:: CONCLUSION
Totalement oubliée de nos jours, spécialement en France
(en Angleterre elles sont plus nombreuses en état de rouler),
les MG Metro et Metro Turbo sont boudées et délaissées,
voire inconnues des amateurs français de petites sportives.
Pourtant, avec le temps qui passe, la performance pure des GTI anciennes
passe au second plan, et les MG Metro et Metro Turbo peuvent alors
se présenter sous leur meilleur visage. A condition d'en
trouver une et de respecter l'entretien et les conditions d'utilisation
requis, spécialement pour la Turbo...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"La MG Metro ne peut camoufler longtemps ses origines et, dès
la prise de contact, on retrouve derrière son volant la célèbre
" position du camionneur " si caractéristique de
toute une génération de Minis ! Puis, après
quelques kilomètres de conduite, on se souvient à
nouveau de l'effet particulier engendré par son type de suspension,
déjà utilisé dans le passé par British
Leyland. Chahuté tel une balle de ping pong bondissante,
le conducteur se demande en permanence de quel côté
de la Metro va choisir : le milieu, la partie de droite ou
l'herbe du bas-côté ? Possédant un train avant
directionnel et efficace -malgré une direction la moins directe
de ce comparatif- cette voiture prend beaucoup trop de roulis pour
être neutre et ses réactions, sous forme de pertes
d'adhérence ou de " louvoyage " sont nombreuses.
Le quatre cylindres de 71 ch prend moyennement son régime
maxi et il n'est pas aidé dans cette tâche par une
boîte de vitesses possédant seulement quatre rapports
Malgré un freinage correct, la performance absolue de cette
MG sur notre circuit test reflète donc l'ensemble de ses
aptitudes routières."
L'AUTOMOBILE MAGAZINE - Janvier 1984 - MG Metro 71 ch.
"Si l'on ne pousse pas cette MG miniature dans ses derniers
retranchements, elle prodiguera à son conducteur un sentiment
de sécurité d'ailleurs justifié. Stable en
ligne droite, la voiture vire docilement et ne manifeste que tardivement
une certaine tendance à sous-virer, c'est à dire à
glisser de l'avant. La plupart des cahots engendrés par un
revêtement médiocre seront correctement absorbés
et le bilan d'ensemble demeure satisfaisant. Il suffit cependant
de peser lourdement du pied droit sur la pédale d'accélérateur,
de laisser le compte-tours monter vers les altitudes -pourtant modestes-
et de saluer comme il convient de saluer comme il convient la mémoire
des fameuses Mini Cooper pour que le panorama s'assombrisse."
AUTO-JOURNAL - Septembre 1983 - MG Metro 71 ch. |