LA FORCE DE L'AGE
Sportive au sein d'une gamme constituée d'un modèle unique, la Mini Cooper S est la petite GTI la plus huppée et branchée de ces dernières années. Référence de sa catégorie en matière de style et de présentation, la Mini a fait parler d'elle à travers des versions exclusives ultra-performantes signées John Cooper Works, préparateur attitré de la marque, mais la Cooper S "de base" manquait, elle, un peu d'arguments. Alors cette "nouvelle nouvelle Mini" est-elle la même en mieux ? Un premier essai nous a permis de sentir l'évolution...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Il y a plus de 40 ans, lorsque John Cooper suggère à Alec Issigonis, concepteur de la Mini, de faire de la voiture de Monsieur Tout-le-Monde une voiture de course destinée à aller empocher des titres et de records sur circuit, celui-ci réagit de manière très réservée. Les succès de la Mini sur circuit et en rallye ont finalement eu raison des réticences d’Issigonis : la Mini Cooper s'est imposée comme une authentique voiture de sport grâce à son châssis de kart. La nouvelle Mini, lancée en 2001 n'a plus grand chose à voir avec sa glorieuse aînée mais a battu elle aussi, record de ventes sur record de ventes. Aussi, lorsque BMW présente sa remplaçante à Paris le 28 septembre dernier pendant le Mondial de l'automobile, on se demande bien pourquoi... car depuis le lancement, BMW affirmait même ne pas pouvoir satisfaire totalement la demande, y compris en 2006 malgré des ventes en légère baisse. La décision en faveur d’une nouvelle Mini est pourtant industrielle et commerciale. Il était question d’agrandir à cette occasion les capacités de production et de vente de cette citadine de luxe très rentable. Commercialisée en Europe depuis le 18 novembre 2006, date du jour du 100e anniversaire de Sir Alec Issigonis décédé en 1988, la nouvelle Mini promet encore plus de plaisir. Voilà une bonne nouvelle !
DESIGN
Habituellement, pour celui qui change de voiture, il est important que le style se distingue nettement du précédent modèle. Et bien c ’est tout le contraire pour les clients MINI ! Ils ne veulent aucun changement ! Pourtant, la nouvelle MINI (code R56), tout en restant fidèle à elle-même, s’est modernisée plus qu'il n'y paraît. Les designers de la ont réinterprété la carrosserie si typique. Aucune pièce n’a été épargnée par cette métamorphose. Cependant, la deux-portes compacte reste immédiatement reconnaissable au premier coup d’œil dans sa nouvelle version. On avait même pensé au départ à un simple "face-lift". Mais non. Il faut la décrypter dans le détail pour que les changements se révèlent. La nouvelle Mini fait environ 60 mm de plus en longueur que l’ancienne, la partie avant s’étant agrandie de 38 mm. Les nouveaux moteurs nécessitent plus de place et les nouvelles dispositions légales en matière de protection des piétons exigent de laisser plus d’espace entre le capot et le moteur qu’il abrite. Les grandes roues de 16" (17 pouces en option), l’ébauche discrète de forme en coin et la légère remontée vers l’arrière de la ligne de caractère (+18 mm) reflètent un regain de dynamisme à la conduite et un caractère plus masculin. A noter maintenant l’intégration aux projecteurs des clignotants qui avaient jusqu’ici un emplacement à part. Les projecteurs antibrouillard sont éventuellement intégrés aux feux de position, seuls éléments isolés. La nouvelle calandre est désormais d’un seul tenant. Vue de face, la Mini Cooper S se différencie par un abord plus sportif et dominateur. Le bossage du capot moteur est plus marqué que celui de la Mini Cooper (20 mm de plus en son point le plus haut), ceci pour tenir compte du besoin accru en place du moteur turbo. Le grillage en matière synthétique de la calandre au contour chromé reprend le motif hexagonal de la calandre et se retrouve dans l’entrée d’air inférieure. Autre réminiscence historique : le joint en diagonale entre le capot moteur et le répétiteur de clignotant rappelant la présence au même endroit d’une soudure nettement visible sur l’ancêtre de l’actuelle Mini. Les poignées de portière chromées et les clignotants disposés sur les flancs avant font aussi partie des icônes du design Mini. Les stylistes ont contrebalancé l’agrandissement de la partie avant par un étoffement équivalent de l’arrière, afin de maintenir en l’état les proportions d’origine de la carrosserie. Du fait de leur statut d’icône, le design des blocs optiques arrière verticaux n’a guère évolué. Ils sont toutefois un peu plus grands que sur les modèles précédents et disposent de cadres chromés que leur position fait paraître encore plus volumineux. Sur la Mini Cooper S, le becquet de toit, plus important, exerce une plus grande portance négative sur le train arrière. Douze teintes, dont deux exclusives à la Mini Cooper S (Dark Silver et Laser Blue) sont au catalogue. Comme précédemment, on pourra opter pour un toit noir ou en blanc, ou dans la teinte de la carrosserie et pour les doubles bandes sur le capot en noir ou en blanc accordé avec le toit.
HABITACLE
Equipement étoffé, ergonomie optimisée, espace disponible accru, matériaux de meilleure qualité et qualité de finition répondant aux exigences d’une automobile premium, l'intérieur de la nouvelle Mini évolue profondément tout en offrant toujours un design et une ambiance si spécifique. «Nous voulions souligner le caractère sportif et masculin ainsi que le progrès technologique de la nouvelle Mini», explique le patron du design Mini, Gert Hildebrand. Le relèvement, à l’extérieur, de la ceinture de caisse donne, à l’intérieur, une impression de "cockpit", appréciée différemment selon les personnes. On s'y sent presque plus à l'étroit, bien que l'espace soit en progrès. Toutefois, au volant on se sent toujours bien, même mieux, et c'est le principal ! Les sièges enveloppent bien le corps, le volant tombe bien en mains, tout comme le levier de vitesses. On ne met pas bien longtemps à se trouver une position de conduite aux petits oignons. L’amincissement de la console centrale a permis d’élargir l’espace pour les jambes au bénéfice du conducteur et du passager avant. Les buses d’aération rondes, dont la disposition est très excentrée, accentuent l’impression de largeur du tableau de bord. Devant les yeux du conducteur de la Cooper S, seul le compte-tours a droit de séjour. Il intégre un rappel numérique de la vitesse et l'ordinateur de bord. Comme sur les devancières, le grand compteur de vitesse analogique trône au milieu de la console centrale. Encore plus grand, ce «centre speedo» vire presque à la caricature de lui-même. Et pour cause, il intègre pour la première fois, les commandes du système audio ainsi que les fonctions de divertissement et de GPS (en option). En-dessous, on retrouve les interrupteurs à levier parfaitement anachroniques mais si sympathiques. On en trouve même sur le ciel de pavillon, pour enclencher la commande du toit coulissant. Une clé électronique au design rond typiquement Mini remplace la clé classique. Une fois cette «clé» introduite dans le contacteur à proximité du volant, il n’y a plus qu’à appuyer sur le bouton Start/Stop pour démarrer le moteur. En option, on peut même laisser la clé dans sa poche pour démarrer comme sur les berlines haut de gamme. Pour les garnissages, les couleurs proposées sont Carbon Black, Gotham Grey, Tuscan Beige et Redwood Red et peuvent, selon les préférences du client, soit s’harmoniser soit contraster avec les teintes de la carrosserie et des éléments décoratifs. Une vaste palette de tissus, de cuirs, de teintes d’habitacle et pour les éléments du bas de la planche de bord, de garnissages et de matériaux décoratifs permettra à chaque conducteur de se composer une Mini conforme à ses préférences personnelles. Avec, à la clé, une atmosphère dans l’habitacle allant de l’élégance haut de gamme à l’excentricité la plus marquée, en passant par une sportivité à tous crins. Mais dans tous les cas, qualité haut de gamme et amour du détail raviront les acheteurs de cette Mini qui se montre bien moins fade que ses rivales.
MOTEUR
Les Mini Cooper S et Cooper sont animées par un quatre-cylindres essence en alliage léger d'une cylindrée de 1,6 litre comme précédemment, mais entièrement nouveau. Issu d'un partenarait technique avec le groupe PSA, ils sont fabriqués à l’usine BMW Group de Hams Hall (en Grande-Bretagne), et profitent des toutes dernières avancées technologiques en la matière. Ainsi le carter chapeau en deux parties («bedplate»), comme sur les BMW M5 est une technologie empruntée au sport automobile. Bloc-cylindres et carters de roulement sont coulés dans un alliage d’aluminium. L’intégration du carter de chaîne au bloc moteur permet de réduire le poids, d’améliorer l’acoustique et de réduire le nombre de pièces. Une autre nouveauté réside dans le fait que les moteurs sont équipés pour la première fois d’une pompe à huile à débit piloté. Le débit de cette pompe entraînée par une chaîne est toujours limité à la quantité dont le moteur a réellement besoin. Ainsi, la puissance nécessaire aux organes auxiliaires est donc réduite d’environ 160 watts. Un effet comparable est obtenu grâce à la pompe débrayable du circuit de refroidissement. Celle-ci n’est activée que lorsque le moteur a atteint sa température de service. Le moteur consomme ainsi moins de carburant pendant la phase de mise en température et le catalysateur atteint plus rapidement la température nécessaire à un fonctionnement optimal. La nouvelle Mini Cooper S troque également son compresseur volumétrique Roots pour un moderne turbo Twin-Scroll. Avec une culasse spécifique à seize soupapes (refroidies au sodium, avec compensateurs de jeu) avec calage variable et l'injection directe haute pression type «common rail», la puissance du petit 1.6 atteint 175 ch à 5500 tr/mn, soit une puissance spécifique de 109,5 ch/litre de cylindrée, mais surtout un couple copieux de 240 Nm disponible sur presque toute la plage des régimes (de 1600 à 5 000 tr/min). Cerise sur le gâteau, un overboost permet de le faire grimper le couple à 260 Nm entre 1700 et 4500 tr/mn, ce qui nous donne au passage du 162 Nm au L ! L'injection directe est ici utilisée avec un mélange essence/air homogène (comme le 2.0 TFSI de la Golf V GTI), ce qui permet de conserver un taux de compression élévé de 10,5 : 1. La pression de charge du turbo, limitée à 0,8 bar par une soupape de décharge (Wastegate), s’établit déjà à 1400 tr/min. Le «trou du turbo» caractéristique en accélération disparaît donc quasiment sur la Mini Cooper S et l'on retrouve un plaisir de conduite semblable à celui d'un gros moteur atmosphérique, avec une accélération vive et franche dès les bas régimes. Inutile toutefois de brusquer la mécanique dans le haut du compte-tours car au-dela des 6000 tr/mn le moteur montre ses limites. Comme la plupart des turbos actuels, ce petit 1.6 se distingue par une grande docilité en conduite "normale" et une souplesse remarquable. Une force tranquille si l'on peut dire car la New Mini Cooper S bondit de 0 à 100 km/h en 7,1 secondes et les reprises sont aussi virulentes : 5,5 secondes suffisent ainsi pour repasser de 80 à 120 km/h en 4ème ! Pour ne pas gâcher la fête, le moteur est bien plus agréable aux oreilles que l'ancien avec son sifflement de perceuse. A travers la double sortie centrale, la Cooper S turbo sonne rauque avec juste un léger sifflement de turbine en arrière-plan et quelques post-combustions au lâcher de gaz, très agréable ! D'autant plus qu'avec son petit moteur très compact, la Mini n'affole pas trop la balance. 1200 kg environ avec les pleins faits (1130 à vide) c'est plutôt correct à notre époque. Autre atout du "downsizing" et du poids maîtrisé, la consommation mixte en usage modéré peut se limiter à une frugalité exemplaire : 6,9 litres au 100 kilomètres, soit 18% de moins que l'ancienne. Notons enfin que la Mini Cooper S est équipée d’une boîte de vitesses manuelle Getrag à six rapports dont l'étagement et l'agrément d'utilisation sont fidèles aux repères BMW. Précise, bien étagée, elle se manie avec facilité et ne fait aucunement regretter l'absence de boîte séquentielle. Et comme si la coupe n'était pas pleine, BMW nous informe que la Mini Cooper S disposera en outre en option d’un différentiel autobloquant mécanique, de quoi devenir une vraie bête de circuit !
CHASSIS
Si la Mini Cooper S est une citadine accomplie, elle se sent encore mieux dans son élément
sur les routes sinueuses ! Tout comme celle de 1959, la nouvelle Mini convainc par son agilité
de kart. Non seulement le nouveau moteur turbo offre davantage de
plaisir de conduire par sa grande disponibilité, mais les trains roulants revus confèrent
à la Mini un net progrès dans cette discipline, augmentant
à la fois son confort et sa précision de conduite.
La double articulation de pivots de fusée de type McPherson
du train avant se charge d’un excellent guidage de roue, limitant
aussi les remontées de couple dans la direction. Grâce
à une cinématique sophistiquée, le train arrière
à guidage central fournit une liaison au sol optimale. Inspiré
des derniers modèles BMW, le recours à des bras longitudinaux
en aluminium a permis un allègement de 6 kg et contribue à une meilleure
précision des trajectoires. Des systèmes de direction
d’une nouvelle génération font également
leur apparition, avec le lancement de la New Mini "2". La
nouvelle direction assistée électromécanique
EPAS (Electrical Power Assisted Steering) asservie à la vitesse
du véhicule. Celle-ci allie confort et dynamisme et marque un nouveau pas dans l'avancée
de ces systèmes en matière de feeling. Grâce
à un retour actif intégré, dans toutes les
situations de conduite, le volant revient aussi précisément
au centre. Le bouton sport, qui agit sur les caractéristiques,
permet même d’adapter encore plus le système au plaisir du pilotage.
Il est caractérisé par des couples de direction plus
élevés ainsi qu’une précision accrue
au braquage. La Mini Cooper S chausse toujours du 16 pouces de diamètre
en jantes, avec des gommards en 195/65 permettant le "roulage
à plat" (150 kilomètres à une vitesse
maximale de 80 km/h). La configuration des suspensions de la Mini Cooper S est la plus
sportive bien entendu mais offre désormais un confort inconnu à
ce jour à bord d'une Mini. Contre 200 euros environ, les amateurs de sorties circuits, dont font partie nombre de nos lecteurs, pourront également
opter pour un châssis sport plus radical avec des ressorts, des amortisseurs
et des barres anti-roulis plus fermes, complément idéal des jantes 17" optionnelles dont était équipé notre modèle d'essai (avec pneumatiques 205/45) en attendant un hypothétique châssis "cup" signé John Cooper Works... L'autre avantage de cette "surmonte" c'est d'optimiser une motricité parfois mise à mal par le couple généreux du petit 1.6L. Si jadis les grandes jantes dégradaient un peu inutilement un confort assez
ferme de base, elles sont aujourd'hui plus recommendables. Le freinage composé
de disques ventilés de 294 mm à l'avant fait preuve
d'une grande efficacité, mais reste à vérifier son endurance sur une journée de circuit. L'ABS n'intervient que très tard
et le répartiteur électronique de freinage EBD couplé
au contrôle du freinage en courbe CBC visent à mieux
gérer les situations délicates de freinage d'urgence
en courbe. En revanche, ces systèmes se montrent gênants
sur circuit car ils empêchent de bien doser son effort dégressif
à la pédale. Comme
une grosse "Béhème", la petite Cooper S dispose aussi
d'un antipatinage (ASC+T) de série, qu'il est possible de
compléter en option par le Contrôle Dynamique de Stabilité
(DSC). La Mini dispose par ailleurs d’un indicateur de perte de pression
qui surveille en permanence la pression des pneumatiques et avertit
le conducteur en cas d’urgence.
:: CONCLUSION
Plus sûre, plus confortable, plus précise et plus amusante encore, cette Mini dans la force de l'âge n'a rien perdu de son comportement
routier enchanteur, d'autant plus que la pêche de son moteur
à tous les régimes permet d'en tirer la quintessence avec un réel plaisir. Avec cette deuxième génération de "New Mini", la puce retrouve du peps, sans renier ce qui a toujours fait ses qualités. Reste que son prix est toujours un peu élevé, mais pas tant que ça au regard des performances proposées et de l'exclusivité de ce modèle. Autant vous dire que dans le clan des GTI, on a du souci à se faire, notamment celles qui jouent encore la carte de "l'atmo" comme la dernière Renault Clio RS.. |