VOLKSWAGEN GOLF (5) GTI (2004 - 2008)
La reconquête
Aujourd'hui encore, les initiales GTI pèsent beaucoup dans l'image de Volkswagen qui vient de fêter les 40 ans de la Golf éponyme. Mais après avoir connu des hauts et des bas (et débats aussi), la success story aurait pu s'achever à la 5ème génération sans une véritable volonté de reconquête...
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : Mathieu BERGER
A lorigine, face aux réticences des responsables commerciaux de Volkswagen, la première Golf GTI ne devait être qu'une série limitée à seulement 5000 exemplaires. Mais limprobable se produisit. Alors que le monde se remettait à peine d'une crise pétrolière sans précédent et que le Diesel en profitait pour pointer le bout de son nez, la Golf GTI atteignait les 182 km/h avec un petit 1.6L de 110 ch. Des performances qui démodaient d'un seul coup tous les petits coupés sportifs du marché et allaient lancer un véritable phénomène de mode durant une décennie...
Présentée à Francfort en 2003 sous le nom de "GTI Concept" et commercialisée en janvier 2005, la nouvelle et 5ème Golf avait donc la lourde charge de réinstaller la GTI comme une valeur étalon dans la catégorie des compactes sportives, tout en restant fidèle à son homogénéité légendaire. Une tâche ardue car en quelques années seulement, la catégorie des "grosses" GTI va se peupler de prétendantes toutes plus féroces les unes que les autres avec les Alfa Romeo 147 GTA, Ford Focus RS, Honda Civic Type R, Opel Astra 2.0 Turbo et autre Renault Megane RS...
PRESENTATION
Comme l’originale, qui faisait figure de pionnière, la Golf V GTI est proposée en trois et cinq portes. Elle se caractérise par un look sportif qui ne trompe pas, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, tout en restant d'une sobriété exemplaire. Murat Günak, responsable du design chez Volkswagen à l'époque, souhaitait précisément que la Golf GTI MkV reste fidèle à "l'idée de génie" qui l'avait vu naître. Les habitués de la marque apprécieront donc toujours autant la sobriété du modèle qui ne verse pas dans le look "tuning" contrairement à une Golf 5 R32 plus démonstrative.
Bref, sans trop en faire, la GTI se démarque immédiatement par son style de petite "sportive bourgeoise", qu'elle a finalement inventé. La Golf GTI affirme ainsi sa personnalité sur le reste de la gamme par petites touches, avec une grille de radiateur noire en nid d'abeille et un cerclage métallique rouge, un spoiler avant spécifique intégrant des feux anti-brouillard, un becquet arrière et une double sortie d'échappement. Ce kit carrosserie était relevé par de superbes jantes alu "Denver" de 17 pouces de diamètre, ou "Detroit" de 18 pouces en option pour mieux remplir les passages de roues. Bien sûr, les 3 lettres mythiques figurent en bonne place sur le hayon et la calandre.
HABITACLE
A l'image du volant en cuir à 3 branches, plat dans le bas de son cercle, du pédalier alu et des sièges baquets estampillés GTI, l'habitacle est bien celui d'une version sportive. Très soignée au niveau de l'ergonomie - les multiples réglages permettent de trouver rapidement une position de conduite agréable - la GTI ne néglige pas non plus le confort ni son statut de haut de gamme. De série, les rebords des sièges sont en cuir et l'habillage du centre est en tissu écossais, comme sur la "vieille". Les dossiers avec appuie-tête réglables intégrés, soulignent l’esprit de cet intérieur qui se veut à la fois sportif et fonctionnel.
En revanche, la qualité perçue apparaît en baisse par rapport à une Golf 4 GTI en raison de plastiques moins flatteurs. L'ambiance est toujours aussi terne avec le noir omniprésent mais on s'en remet rapidement à l'annonce des équipements fournis en série. L’air conditionné, l’ordinateur de bord multifonctions, le rétroviseur intérieur avec fonction jour-nuit automatique, capteur de pluie, fonctions coming et leaving home, 6 airbags, ESP et l’indicateur de pression des pneus, tout cela était offert dans la dotation de base malgré un tarif qui était, à l'époque, très compétitif !
CARACTERISTIQUES
VOLKSWAGEN GOLF (5) GTI
MOTEUR
Type : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes VVT
Position : Transversal AV
Alimentation : Injection directe + turbo KKK K03 (0,9 bars)
Cylindrée (cm3) : 1984
Alésage x course (mm) : 82,5 x 92,8
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 200 de 5100 à 6000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 280 de 1800 à 5000
TRANSMISSION
AV
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (6)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1355
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 6,8
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés (312) - disques (286)
Pneus Av-Ar : 225/45 ZR 17
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 233
400 m DA : 15,3"
1 000 m DA : 27,8"
0 à 100 km/h : 7,1"
(mesures Le Moniteur Automobile, boîte DSG)
CONSOMMATION
Mixte constructeur (L/100 Km) : 8,0
PRIX NEUF (2005) : 26.990 €
PUISSANCE FISCALE : 12 CV
MOTEUR
La Golf 5 GTI est équipée du moteur 2.0 FSI Turbo EA113, introduit dans l'Audi A3. Dérivé du moteur atmosphérique à injection directe essence(FSI), cette version Turbo se distingue par une série de modifications ayant porté la puissance à 200 ch avec l'originalité de fournir un plateau entre 5100 et 6000 tr/mn. Par rapport à la, décevante, Golf 4 GTI, c'est donc un gain de 50 ch ! Par ailleurs, l'admission à calage variable remplace les 5 soupapes par cylindres de l'ancien 1.8T pour fournir plus de couple à tous les régimes. Comme sur le précédent moteur, la distribution reste à courroie. L'air d'admission est refroidi par un échangeur air/air et le mélange est injecté dans les chambres à l’état homogène, ce qui constitue une différence importante par rapport au moteur 2.0 FSI atmosphérique. Le rapport volumétrique de 10,5:1 de ce moteur turbocompressé par un Borg Warner K03 est au niveau des très bons moteurs atmosphériques du moment, fait inédit pour un moteur turbo. Le retardement du cliquetis est principalement obtenu grâce à l'injection directe. Ce moteur répondant à la norme Euro 4 affiche une consommation moyenne plutôt sobre, variant de 8 litres aux 100 kilomètres en usage normal à plus du double en usage très sportif.
Le nouveau 4 cylindres turbo donne des ailes à la Golf, le 0 à 100 km/h est ainsi effectué en toute décontraction en seulement 7"1. Mêmes progrès côtés reprises, la GTI passant de 60 à 100 km/h en cinquième en 7"5. Même s'il n'a toutefois pas le panache d'un bon bloc atmosphérique à l'approche de la zone rouge le TFSI se montre très à son aise pour déplacer la lourde Golf V GTI qui pèse plus de 1350 Kg (contre 820 au modèle originel !) grâce à son couple de 280 Nm disponible entre 1800 et 5000 tours minute et à sa boîte manuelle à 6 vitesses très bien étagée mais juste un peu lente. Ajoutons que la Golf 5 GTI était la première à recevoir la transmission DSG (Direct-Shift Gearbox) à double embrayage, technologie inaugurée par la Golf 4 R32 juste avant l'Audi TT V6. Disponible en option à 1600 €, elle a su conquérir beaucoup d'adeptes par sa rapidité, malgré une gestion perfectible et des palettes peu pratiques.
Côté sensations, l'insonorisation poussée ne laisse filtrer qu'une légère mélodie dont le timbre est plutôt agréable pour un quatre pattes suralimenté. A bord, on a du mal à deviner la vitesse exacte de déplacement en l'absence de véhicules "témoins" circulant en même temps dans le décor. Bref, cette GTI se montre finalement, comme attendu, très GT dans l'âme mais on aurait aimé un moteur plus démonstratif.
SUR LA ROUTE
Contre toute attente, Volkswagen a relevé le défi de fournir à la Golf GTI un châssis à la hauteur de ses ambitions. Certes, elle reste une traction avant, typée sous-vireuse, et qui plus est affublée de la panoplie complète des aides électroniques du moment, à savoir l'ESP et l'EDS, la fonction antipatinage de VW. Toutefois, l'ordinateur dispose de 2 programmes, permettant de ne pas trop sentir sa présence, sauf en cas extrême. On imagine d'ailleurs que la difficulté de faire passer 200 ch et 28 Mkg aux seules roues avant, sans autobloquant, a imposé aux ingénieurs de recourir à l'électronique. Comme sur ses rivales, l'antipatinage se montre donc indispensable au bon déroulement des opérations. Par ailleurs, la direction assistée électromécanique reçoit une cartographie spécifique qui se distingue entre autres par des couples de rappel ainsi que des forces de braquage plus élevés. Coté suspensions, on apprécie un semblant de confort, bien que le choix des ressorts et amortisseurs des deux essieux s'est porté vers une suspension plus dure et le degré de rigidité de la barre stabilisatrice arrière a été augmenté de 20 %, accompagnant un abaissement de 15 mm de la caisse.
En poussant la Golf aux limites, les quatre roues restent parfaitement rivées au sol, bien aidées par les enveloppes en 225/45 ZR 17. Quant au freinage, il comprend de grands disques ventilés (312 mm) à l'avant, avec de beaux étriers rouges, secondé par un ABS avec répartiteur électronique de freinage. La Golf 5 GTI se montre donc fidèle à ses origines, efficace et sûre, jamais surprenante. Toutefois, pour les amateurs de circuit, sachez que l'électronique demeure toujours active par le biais de l'ESP. S'il ne se fait pas remarquer négativement, le châssis de la Golf V GTI se veut avant tout homogène et sûr, ce qui signifie pas forcément taillé pour les pilotes aguerris.
EVOLUTION
Remplacée dès octobre 2008 par la Golf 6 (avril 2009 pour la version GTI), la Golf 5 reste la génération la plus brève de l'histoire du modèle. Mais si elle a officiellement échappé au restylage, sa plateforme a été très largement réutilisée sur la génération suivante... Pour seules évolutions notables à signaler durant la courte carrière française de la Golf 5 GTI, deux séries limitées dignes d'intérêt : la GTI Edition 30 et la Pirelli (voir encadrés et dossiers respectifs).
En 2007, la Golf GTI va également recevoir en toute discrétion une évolution moteur (code BWA) qui conserve cependant les mêmes valeurs de couple et de puissance mais se distingue par un taux de compression réduit (10,3:1) et diverses améliorations visant à améliorer sa fiabilité. Ainsi, on peut dire que la plupart des problèmes de jeunesse de la Golf 5 GTI sont résolus à partir du modèle 2007 (cf. chapitre suivant).
GTI EDITION 30
En novembre 2006, Volkswagen fête de nouveau l'anniversaire de sa Golf GTI avec une "Edition 30" qui présente plus d'évolutions qu'il n'y paraît. Avec un objectif initial de production limitée à seulement 1500 exemplaires, c'est un total de 2280 voitures qui seront finalement construites dans les 6 coloris disponibles (Tornado Red, Black, Candy White, Reflex Silver, Steel Grey et Diamond Black). En France, ce sont seulement 150 exemplaires qui auront été attribués à VW, tous étant des 5 portes, livrés en rouge avec la boite DSG. Mais le plus gros changement par rapport au modèle standard concerne le moteur qui délivre 30 ch de plus. Il s'agit en fait d'une version assagie du 2.0L TFSI de l'Audi S3 (moteur BYD) et non d'un simple changement de cartographie moteur sur la GTI standard.
> Pour en savoir plus, lire notre essai de la Golf GTI Edition 30
GTI PIRELLI
Seconde édition spéciale de la Golf V GTI, la Pirelli a été développée en 2007 par Volkswagen Individual. Rendant hommage à la Golf GTI Mk1 Pirelli, elle reprend le moteur de l'Edition 30 et s'équipe de pneus 225/40 R18 - évidemment fournis par Pirelli ! - sur des jantes inédites en alliage de titane.
> Pour en savoir plus, lire notre essai de la Golf mkV GTI Pirelli
ACHETER UNE VOLKSWAGEN GOLF 5 GTI
Produite seulement quatre ans, de 2004 à 2008, mais avec un réel succès commercial, la VW Golf 5 GTI n'est pas rare sur le marché de l'occasion. Elle garde toutefois une cote soutenue, plus encore les séries spéciales, le gros du panier se situant dans une fourchette de 7.000 à 10.000 € avec des compteurs affichant entre 100 et 150.000 km. Il ne faut toutefois pas craindre les plus gros kilométrages car la mécanique tient bon lorsqu'elle est bien suivie. Pour avoir l'esprit tranquille, évitez quand même les reprogrammations moteur fantaisistes. Même si le bloc supporte effectivement plus de puissance, la première incidence sera d'accélérer l'usure des divers composants moteur, transmission et châssis.
Hormis la courroie de distribution à faire tous les 150.000 km (ou 10 ans), l'entretien des Golf 5 GTI est tout à fait classique. Préférez les vidanges rapprochées (10.000 km), le turbo vous en sera reconnaissant. Parmi les problèmes bien connus, qui concernent surtout les premiers millésimes (moteur AXX), citons la faiblesse des dump valve et des bobines d'allumage. Si ces interventions n'ont pas déjà été faites, prévoir aussi en préventif le système de récupération de vapeurs d'huile (vanne PCV), le poussoir de la pompe haute pression gérant le décalage des arbres à cames (cam follower) ou encore la pompe à huile. Les pièces elles-mêmes ne sont pas hors de prix, autant en profiter. Côté transmission, rien à signaler pour la boîte manuelle mais la DSG réclame des vidanges rapprochées (60.000 km) sous peine de montrer des dysfonctionnements.
Aucune corrosion n'est heureusement à craindre sur l'ensemble de la carrosserie en revanche l'intérieur vieillit globalement moins bien que sur la Golf 4 (plastiques plus fragiles, ciel de toit qui se décolle, cuir mois épais, etc.). Sur les trains roulants, ce sont surtout les silent-blocs de triangles avant (jeu) et les réglages de géométrie qu'il faut inspecter (une usure irrégulière des pneus est un bon indice).
CONCLUSION
:-) Design pas trop démodé Equipement Polyvalence Consommation Fiabilité (2007-2008) Moteur efficace... |
:-( ... à défaut de passionnant Habitacle moins qualitatif Pas d'autobloquant Poids |
Parfaitement fidèle à son esprit de "petite GT", la Volkswagen Golf GTI 5ème génération a renoué avec le plaisir de conduire. Le moteur plein à tous les régimes manques certes de caractère mais la polyvalence et l'homogénéité de cette compacte qui n'oublie pas les aspects pratiques en fait encore aujourd'hui un daily driver de choix.
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Voiture parfaite pour tous les jours, confortable et agrement de conduite, je ne m en lasse pas, le bruit rauque du moteur 😊 super