UN
R DE DEJA VU ?
La très éphémère Volkswagen
Golf R32 nous avait laissé un léger goût de travail bâclé
en guise d'adieu à la Golf IV. VW n'aura pour autant pas abandonné
l'idée de transformer une banale berline compacte en Grand Tourisme compacte,
à défaut de véritable sportive, comme nous le prouve cette
Golf R32 Mk2...
Texte : Anthony SINCLAIR
Photos : D.R.
Présentée au Mondial de Paris en 2002, la Golf
IV R32 a été la Golf de série la plus puissante jamais
produite. Au lieu des 5000 exemplaires prévus, elle aura même trouvé
14000 clients, prouvant l'attente certaine pour une voiture plus méchante
que les Golf IV GTI 150 et Golf
V6 4motion. Présentée au public lors du 59ème Salon de
l'Automobile de Francfort, le 15 septembre 2005, la nouvelle Golf R32, bien que
basée sur la plate-forme Golf V a un sérieux air de déjà
vu. 4 roues motrices, V6 de 250 ch, boîte DSG et look tuning, la recette
est en tous points identique. A cela prêt qu'avec le changement de plate-forme,
qu'elle partage avec l'Audi A3 V6, la compacte
de VW s'est achetée une tenue de route comme nous avions pu le constater
avec la Golf V GTI, qui perd pour l'occasion son trône
au sommet de la gamme Golf.
DESIGN
La Golf R32 n'est pas immédiatement
identifiable grâce à son badge R32, mais plutôt à cause
de ses grandes roues de 18" et sa double sortie d'échappement centrale.
De même, les jupes latérales et sa calandres spécifique en
V façon aluminium. Sous la plaque d'immatriculation, une prise d'air centrale
assure le refroidissement du puissant V6. Deux autres grilles de grandes dimensions disposées de chaque côté de la calandre
remplacent les antibrouillards. Un choix surprenant vu qu'elles sont... factices ! A l'arrière, un becquet garantit l'adhérence
des roues arrière à la route tout comme l'abaissement général
de la caisse de 20 mm. Les clients moins démonstratifs opteront certainement
pour le noir ou le gris métallisé, tandis que les amateurs de look
tuning préféreront le Deep Blue de notre modèle d'essai.
Volkswagen reste cependant étrangement muet sur la question du CX de son
nouveau fleuron Golf, bien que fier de nous vanter une aérodynamique très
travaillée, notamment au niveau de la maîtrise des bruits d'air.
L'intérieur se distingue également par un tableau de bord spécifique
et un pédalier façon aluminium, qui participent au look de cette
Golf "d'exception". On apprécie également le volant en
cuir avec sa partie inférieure plate, proposé depuis la GTI et qui
se montre très agréable en main. De même, l'ergonomie des
commandes et les réglages de position de conduite sont irréprochables.
L'ensemble est cossu, très bien fini et solide, tout noir et gris, bref
c'est du Volkswagen. Côté équipement, VW la joue "généreuse",
ce qui est en rapport avec le prix demandé. Climatisation, 6 airbags, ESP et ABS, phares
bi-xénon, système audio
multi-CD avec 10 haut-parleurs, alarme antivol, détecteur de pluie, régulateur
de vitesse, radar de recul, bref tout l'attirail de gadgets qui différencie une simple
sportive d'une véritable GT. D'autant plus que la liste des options est
bien garnie (19). On pourra par exemple opter pour la sellerie cuir (1900
euros) ou de superbes baquets Recaro (3500 euros!), dignes d'une
vraie voiture de course ! L'accès à bord en devient toutefois assez
ressemblant, ce que n'appréciera pas forcément un passager (ou "-gère"...)
régulier.
MOTEUR
Implanté pour la première
fois en 1991 dans la Golf VR6 - V pour la disposition,
R pour "Reihe" qui signifie "en ligne" outre Rhin, et 6 vous
aurez compris... - le moteur V6 à angle fermé (15°) est une
solution pour le moins originale, comme le prouve sa culasse unique. Reprenant
un concept des années 50 développé par Lancia, il possède
tous les avantages que recherche Volkswagen : faible largeur, faible longueur,
masses en mouvement réduites et bien équilibrées. La nouvelle
Golf R32 reprend la dernière évolution en date de "V6 en ligne",
qui est passé en 15 ans de 2.8L (174 ch) à 3.2 L de cylindrés
et désormais 250 ch à 6300 tr/mn (au lieu de 241 ch à 6250
en 2000). Pourtant, on s'étonne que le nouveau fleuron de la gamme Golf
ne bénéficie pas de la technologie FSI, comme sa petite soeur la
GTI. Au menu des évolutions on note simplement un gestion recalibrée
du papillon motorisé des gaz, un rapport volumétrique descendu de
11,3:1 à 10,9:1 et une nouvelle ligne d'échappement "bi-mode" avec un clapet piloté qui contrôle le flux des gazs. A l'usage,
le V6 Volkswagen ne démérite pas, montrant beaucoup de coffre à
bas régime grâce à son calage variable à l'admission
et l'échappement ainsi qu'une belle volonté à prendre des
tours. Linéaire, certes, peu démonstratif à haut régime,
il s'apparente beaucoup aux 6 cylindres en ligne BMW (hors Motorsport bien sûr
!), ce qui n'a finalement rien d'étonnant vu son architecture très
proche. Au niveau de la sonorité également, il nous régale
les esgourdes comme les 6 pattes bavarois, passant d'un grave sensuel et poignant
façon contrebasse, jusqu'à des aigus métalliques et puissants
façon trombone. Dans ce domaine, la Golf GTI fait pâle figure en
comparaison. Accouplée à une boîte à 6 rapports manuelle
ou, pour 1770 euros de plus (aïe !), séquentielle robotisée
DSG (cf. essai AUDI TT 3.2 DSG pour la technique)
dont l'étagement lui est spécifique, la Golf R32 est incontestablement
une berline très performante. Avec une vitesse de pointe annoncée
de 250 km/h (ce qui rend tout de même un peu ridicule le compteur gradué
jusqu'à 300...), une accélération de
0 à 100km/h en 6"2, la Golf R32 relègue clairement la GTI au
second plan lors des accélérations, bien aidée dans cet exercice
par sa transmission intégrale qui évite d'avoir à se battre
avec le train avant. Toutefois, compte tenu de l'écart de puissance, on
aurait pu s'attendre à mieux, notamment dans le domaine des reprises ou
le turbo de la GTI fait presque jeu égal. La faute en revient naturellement
aux plus de 200 kg d'écart entre les deux autos... notre mammifère
motorisé affichant un poids indécent de 1569 kg ! Enorme pour une
simple berline compacte. Du coup, les performances sont tout de même assez
moyennes pour une sportive de 250 chevaux, y compris face à sa cousine
l'AUDI A3 V6, elle aussi luxueuse et dotée
de la transmission Quattro mais qui ne pèse "que" 1495 Kg. Autre
revers de la médaille, la Volkswagen Golf R32 figure parmi les mauvais
élèves en matière de consommation, outrageusement gourmande
en comparaison de la toute dernière BMW 130i et de son 3.0 de 265 ch (avec un lest de 200 Kg en moins il est vrai) qui dévore
jusqu'à 2 litres de moins en moyenne. Il n'y a guère que l'Alfa
Romeo 147 GTA avec son antique V6 3.2, mais nettement plus légère
elle aussi, qui fasse ex-aequo. A une époque où l'on recommence
à se préoccuper sérieusement de ces aspects là, pas
tant pour le portefeuille que pour notre environnement, c'est regrettable.
CHASSIS
C'est de toute évidence en matière de liaisons au sol que Volkswagen
se devait le plus de progresser. Trop fermement suspendue, la précédente
Golf R32 était une bonne monture sur circuit mais avait tôt fait
de vous transformer un trajet sur mauvaise route en séance de rodéo
peu supportable. Le fait que l'ensemble roue / pneu trouve parfaitement sa place
dans les passages de roues est dû, en partie, aux roues de 18 pouces chaussées
de pneus 225/40 mais aussi au rabaissement de 20 mm. Derrière ces très
belles jantes à 20 rayons, on admire des étriers de freins peints
en bleu, pas seulement pour leur couleur originale mais surtout pour leur diamètre
imposant respectivement de 345 mm et 310 mm de diamètre à l'avant
(+ étriers à 4 pistons) et l'arrière. L'ensemble est,
bien entendu, assisté par l'ESP (non déconnectable entièrement)
qui supervise l'ABS, le BA, l'EBD, l'EDS et l'ASR... Heureusement pour nous, Volkswagen
a sérieusement reconsidéré le niveau d'intervention de toutes
cette armada ainsi que l'activation du différentiel Haldex, bien moins
perceptible qu'avant. Concernant le comportement, le tarage des amortisseurs et
ressorts, les barres antiroulis et les points d'articulation des trains roulants,
la Golf R32 profite de solutions "personnelles". A la fois plus confortable
et plus précise, la Volkswagen R32 devient une sportive tout à fait
contrôlable et agréable en dehors des boulevards et des autoroutes.
Bien sûr, elle n'est pas joueuse, mais alors pas du tout. Ne caressez même
pas l'once d'une tentative d'amorce de dérive. La R32 vire à plat,
vite et fort, elle n'est pas là pour faire crisser les pneus inutilement
! Son truc c'est l'efficacité. Bon, ok. Le plaisir de la direction très
directe (2,9 tours de butée à butée) à assistance
électomécanique est lui aussi exempt de parasites, la Golf R32 étant
en cela aussi irréprochable qu'une propulsion et donc bien plus agréable
que les tractions puissantes.
:: CONCLUSION
Copie revue et corrigée par le biais de la 5ème génération
de Golf, la R32 de Volkswagen a de sérieux atouts en mains pour séduire
une clientèle à la recherche d'une voiture performante, passe-partout
(ou presque) et utilisable au quotidien. Bref, le beurre et l'argent du beurre
? Non, car ceux qui recherchent une sportive, une vraie, feront mieux d'aller
voir la concurrence. Car côté prix, la Golf R32 DSG entre
même en lutte avec des coupés sportifs comme la Nissan 350Z ou la
Mazda RX-8...
CE
QU'ILS EN ONT PENSE :
"Qu'apporte la Golf par rapport à l'ancienne.
Rien, ou presque, si l'on se cantonne aux performances pures. mais beaucoup si
c'est le confort global qui est pris en ligne de compte. Nous évoquons
par là le soutien des baquets (accès excepté...) et la qualité
de la suspension sport qui, malgré une nécessaire fermeté,
parvient à traiter les passagers beaucoup plus délicatement que
la précédente. Qui dit châssis mieux amorti, dit comportement
plus précis et conduite plus sereine sur les mauvais revêtements."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - N°1358 - ESSAI VW GOLF R32 DSG. |